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Dix lunes
5 octobre 2009

En toute subjectivité

La lecture de cet article appelle plusieurs commentaires.

Le décès d’un enfant lors d’un accouchement est forcément tragique.
Chercher à comprendre les mécanismes qui ont conduit à ce drame afin de tenter de prévenir un même enchainement lors d’une autre naissance n’est pas contestable.

Mais, une fois ces évidences confirmées, deux passages sont à mes yeux irrecevables.

«En première instance, les juges (...) ont estimé que l'enfant était mort-né. Il n'y a donc pas eu, en vertu de la jurisprudence la plus récente de la Cour de cassation, d'homicide involontaire».
Que nous dit-on entre les lignes sinon qu'il serait fou de tenter de sauver un enfant lors d’un accouchement difficile ? S’il nait mort, personne ne peut être mis en cause, mais s’il nait vivant - ici le débat porte sur la réalité de quelques battements cardiaques pendant la réanimation - et qu’il ne survit pas, l'accusation d'homicide involontaire est alors recevable.
Folie du raisonnement judiciaire qui nous absout de ne rien faire mais nous condamne pour n’avoir pu en faire assez.

« En tant que chef de service, on lui reproche (…) de ne pas avoir prévu de protocole à suivre en cas de macrosomie».
Protocole ! Le dernier avatar de la médecine est de "protocoliser" l’ensemble des gestes afin de gagner en efficacité. Si la démarche se justifie en cas de complication avérée, il faut s'interroger sur sa légitimité en amont de toute difficulté. Comment faire entrer la vie dans des cases ?

Chaque accouchement est différent et de nombreux facteurs vont influencer son déroulement. Faut-il coder le poids du bébé et la taille de la mère, l’âge gestationnel et le temps de dilatation, la position de l’enfant et la posture maternelle, mais aussi la sérénité ou l’angoisse, la douleur vive ou acceptable, le compagnon attentif ou indifférent, l’heure du jour ou de la nuit, la disponibilité de la sage-femme et sa capacité à sourire, la longueur du couloir et l’âge du juge d'instruction… pour décider ensuite de la bonne conduite à tenir ?

Loin de moi l'idée de nier le caractère dramatique de ces faits. Mais nous devons aussi nous préoccuper de l'impact négatif de prises en charge standardisées et rigides. Où nous conduirait le légitime désir d'être irréprochables ?

La subjectivité n'a pas sa place dans les protocoles. C'est pourtant elle qui fait notre humanité.

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