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Dix lunes
26 octobre 2009

Sororité

Les anti-IVG tentent de s’acheter une conduite au travers d’un regroupement de sages-femmes. J’en tairai le nom pour éviter de leur faire de la publicité.
Leur courrier semble avoir été adressé, (accompagné d’une enveloppe T)  à l’ensemble de la profession. Nous sommes plus de 20 000 et aucune participation financière n’est sollicitée. D’où proviennent les fonds permettant une action de cette envergure ?

Evidemment,  elles avancent masquées… «Nous nous battons pour des maternités plus sures et plus naturelles». Qu’en termes choisis ces choses là sont dites.
Sous couvert de défendre les conditions de naissance, elles torpillent le recours à l’avortement, comme si l’un s’opposait à l’autre, comme si accouchement et IVG n’étaient pas les deux facettes d’une seule histoire, celle des femmes.

Nous considérer «comme prescriptrice d’avortement ferait basculer l’équilibre fragile de notre profession».
Si nous n’avons pas encore le droit de prescrire l’IVG médicamenteuse (le lobbying hélas efficace des anti-IVG a fait retirer des amendements à plusieurs reprises), j’accompagne déjà des femmes et des couples qui se posent la question de poursuivre ou non une grossesse.
Aucune fragilité, aucune ambigüité dans ma position.
Si l’on s’adresse à une sage-femme, c’est justement parce que l’on sait pouvoir trouver auprès d’elle attention et respect ; il ne s’agit pas de juger mais d’offrir notre écoute pour aider la décision à émerger, quelle qu’elle soit.

Choisir de ne pas poursuivre une grossesse ne se fait jamais facilement
Nul ne peut s’arroger le droit de décider du devenir des femmes.

La loi Veil a été votée un an avant le début de mes études. Grâce à ce vote, je n’ai pas eu à connaitre les femmes décédant d’hémorragie ou de septicémie après un avortement clandestin.

De nos jours,  l’IVG est attaquée de toutes parts. Certains centres sont fermés, (voir ici par exemple ici), les vacations, sous-payées, sont pour la plupart assurées par des médecins militants de la première heure et donc proches de la retraite. La relève tarde à venir.

Alors oui, je me bats pour les droits des femmes et pour l’accès à l’IVG et je veux bien m’y engager plus encore pour permettre à ces femmes de trouver les réponses qu’elles attendent.

Comme militante de la naissance respectée, je dénonce l’amalgame entre défense de la physiologie et opposition à l’avortement.

Comme citoyenne, je déplore que de jeunes sages-femmes soient assez naïves pour servir de de cheval de Troie aux extrémistes.

Et comme sage-femme, je m’indigne de ces assertions qui voudraient nous faire croire que l’histoire des femmes peut se morceler, que nous devons être près d’elles quand elles accouchent mais nous en éloigner quand elles avortent.

Ma place de professionnelle est, toujours, à leurs cotés.

Edit du 29 octobre :
Un collectif de soutien à l’extension des compétences des sages-femmes à l'IVG est en train de se constituer.
Vous pouvez adresser votre mail à sforthogeniques@orange.fr en indiquant vos nom, prénom, adresse, email, profession et votre volonté de soutien ou de participation active à ce collectif.

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Commentaires
B
Désolé d'intervenir aussi tardivement sur ce billet dont le titre m'a interpelé.<br /> <br /> Attention au discours sur la légalité. Imaginons la réponse d'"une SF citoyenne" en Irlande ou dans un autre pays, changeons simplement 2-3 tournures de phrase et voyons ce que ça donne...<br /> <br /> Le droit a l'IVG médicalisée est, à mon sens, un droit non pas parce qu'il est simplement légal mais parce qu'il fait partie des droits fondamentaux des êtres humains en général et des femmes en particulier. On peut, en particulier, le considérer comme un élément constitutif du droit à la santé, à la liberté et à la recherche du bonheur.<br /> <br /> C'est bien au nom de ces droits que certains ont courageusement aidé les femmes, et continuent de le faire ailleurs, lorsque c'était illégal.<br /> Les lois, ça change...
U
C'en est assez...<br /> Quelque soit la position individuelle de chacune et de chacun vis à vis de l'IVG, rappelons que nous devons tous respecter les lois de notre pays. <br /> L'IVG est légale et par conséquent doit absolument être accessible aux femmes qui le souhaitent, et ce dans les meilleures conditions.<br /> La clause de consience protège absolument les SF qui ne souhaitent pas s'investir autour de cette pratique, mais nombreuses sont celles qui pensent avec conviction et détermination que leur rôle est d'aider les femmes.<br /> Alors arrêtons de faire fi des lois au nom d'une quelquonque idéologie que nous ne partageons pas tous, loin s'en faut!!!<br /> Les notions de Liberté et de Fraternité ont encore un sens, et nous Sages-femmes citoyennes devons parler HAUT et FORT pour contrer ces lobbies anti-IVG et intolérants!!!<br /> Mobilisons nous, il est temps!!!
D
je te lis depuis peu.<br /> J'aime ta sérénité et ton écoute, la façon dont tu te remets en cause, ton attention aux autres. Quel métier formidable que le tien quand il est pratiqué avec autant d'humanité...<br /> J'ai eu la chance de croiser des consoeurs de ta trempe pour mes deux accouchements, et pour l'accompagnement de ma deuxième grossesse. Comme je remercie ces femmes, ces sages femmes!
S
Bonjour,<br /> juste pour apporter mon témoignage :<br /> Maman d'une petite fille de 3ans, j'attends le 2e pour mars. J'ai une soeur qui a un handicap physique(invalide à 80%, elle est sourde profonde), et quand je vois par quelles périodes de doutes, de découragements, de difficultés, de dépressions ... elle est passé pour accepter son handicap, pour oser chercher du travail, pour s'intégrer dans un groupe ... quand je vois les sacrifices de toutes sortes mes parents ont fait pour son éducation... les blessures que ça laissera pour toujours dans la vie de famille, je comprend tout à fait quant cas de trisomie 21, ou de très graves handicaps, les parents s'orientent vers une IMG. Ce n'est pas de la faiblesse, car c'est le plus lourd des choix que des parents puissent faire. Ce n'est pas par confort mais aussi après réflexions sur l'avenir de l'enfant : une vie de souffrance, de deuils... vaut-elle la peine ? <br /> Concernant l'IVG, on peut le voir comme une IMG, mais dans ce cas ce n'est pas le foetus qui a un handicap physique, ce sont les parents qui ont un "handicap social" qui les empêchent à ce moment là de se projeter comme parent. <br /> Je doute fortementque les femmes qui avortent "pour leur carrière" le font de gaité de coeur, elles s'en voudront surement toute leur vie d'avoir oublier ce soir là la pilule, de s'être dit "j'ai bien calculé, il n'y a pas de risques"... Mais si elles pensent qu'elles ne pourront pas élever cet enfant correctement, horaires contraignants, boulot de dingue même le weekend..., qu'elles ne sont pas prêtes pour faire ce sacrifice, pourquoi faire 2 malheureux (3 en comptant le papa)? <br /> le droit à l'avortement est un droit fondamental,je suis d'accord : vive Mme Veil !<br /> (bon, je suis désolée j'écris des tartines...)
E
Ce qui me consterne, du côté des médecins, c'est que 80-90% sont pour l'IVG, disant que c'est un progrès, la liberté de la femme etc etc... Mais personne ne veut en faire! <br /> <br /> Au moins les 10-20% qui refusent l'IVG restent en accord avec eux-mêmes!
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