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Dix lunes
11 novembre 2009

Savourer

Elle a mis son quatrième enfant au monde il y a quatre mois. Elle vient pour une rééducation postnatale mais ce jour là, sa mine défaite m’invite à négliger son tonus musculaire. A ma première question, elle fond en larmes. Son bébé ne se satisfait plus au sein, pleure beaucoup, dort peu. Tout le monde autour d’elle l’encourage à cesser cet allaitement, arguant que quatre mois c’est déjà beaucoup. Son compagnon la soutient mais il est bien le seul.

C’est son dernier enfant, son dernier allaitement et elle s’était promis de le savourer longuement. Arrêter maintenant serait un renoncement, une immense déception.
Mais le doute est là. N’est elle pas en train d’affamer son bébé, plus préoccupée de son propre plaisir que du bien être de son enfant ? Entre son désir et les avis donnés sans nuances, la culpabilité s’installe sournoisement.

J’évoque une crise de croissance ayant brusquement augmenté les besoins du bébé - je tais l’impact négatif des paroles égrenant le doute, prononcées sans penser à mal par un entourage ignorant. Je l’encourage à persister, lui proposant de passer une journée ou deux au fond de son lit, en peau à peau avec son petit,  avec des tétées aussi fréquentes qu’il le voudra. C’est la demande qui fait l’offre, et ses seins, plus stimulés, vont augmenter leur production.

Elle repart déterminée à passer autant de temps que nécessaire sous la couette. Nous sommes vendredi soir et  son homme pourra prendre en charge la maisonnée le temps du week-end afin de lui permettre cet allaitement intensif.

Un coup de fil le lendemain m’apprendra que tout est rentré dans l’ordre le soir même. Revenue chez elle avec un moral et une confiance retrouvés, elle a mis son petit au sein. La tétée s’est bien passée et il a dormi six heures de suite.  Depuis, ils ont retrouvé leur rythme et tout va pour le mieux.

Quelques mots de réassurance auront suffi.

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Commentaires
E
C'est fou l'impact que ces remarques nuisibles peuvent avoir...<br /> Heureusement les remarques positives aussi...
A
Merci pour elle / eux.<br /> Si j'avais entendu ses mots, j'aurai sûrement continué mon allaitement au delà des 2 mois 1/2.<br /> Mais après maintes "tu es sûre qu'il a pris assez ?" ou "comment tu fais pour savoir s'il prends assez ?" ou encore "tu ne te sens pas exclave de ton enfant ?", j'ai fini par craquer.<br /> Je serai plus forte pour le 2nd et je ferai en sorte de mieux entourée.
C
le poids des mots.... c'est super pour cette maman et son bébé de vous avoir rencontré à ce moment là...
P
Après longue réflexion, je me sens l'obligation de laisser un petit post ici... Si je sais que la confiance qu'on nous témoigne est salvatrice en bien des situations (et elle a "sauvé" mon 2è allaitement, entre autres) il est des fois où se jouent de tels sentiments contraires qu'elle ne suffira pas. <br /> Et ce n'est la faute de personne, et j'ai fini par me convaincre (difficilement!) que ce n'était pas si grave..
C
merci pour elle et pour bébé, et pour le papa; soulagement, ré-assurance,repos,confiance en soi, apaisement : tout ce dont cette maman avait besoin. Certaines SF ont ce don d'écoute, et de parole, pour sauver des situations mises à mal par les conseils "bienveillants" d'autrui..
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