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Dix lunes
7 décembre 2009

Heureux métier

Une collègue de PMI*, au bord de la retraite.

Une jeune femme avenante nous apporte le menu dans le restaurant où nous faisons étape.
Leurs regards se croisent et deux grands sourires illuminent leurs visages.  Quelques nouvelles du petit - "déjà trois ans !" - sont échangées. Dans la brève conversation arrachée au temps de la commande émergent quelques bribes d’une histoire mêlant grossesse, jeunesse, précarité et isolement. J'entends le soutien de cette sage-femme, aidant cette jeune mère à trouver l’énergie de sortir d’une impasse annoncée, sans qualification professionnelle, seule avec un enfant .

C’est le coup de chaud dans la salle et la jeune serveuse doit reprendre son service au pas de course. Mais avant, spontanément, elle claque deux gros baisers sur les joues de « sa » sage-femme.

Qui se retourne vers moi en disant "savoir d'où elle vient et la voir comme ça maintenant, je re-signe tout de suite !"

* Protection maternelle et infantile

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Commentaires
J
J'ai découvert votre blog hier et j'ai tout repris depuis le début... Je le trouve magnifique, humain. Il y a environ 4 ans, j'ai commencé les études de Sage-Femme (en Belgique) mais je n'étais pas prête ni bien entourée pour poursuivre et j'ai arrêté au bout de 6 mois prétextant ne pas être capable de faire le stage en milieu hospitalier... En vérité, mon copain venait de me plaquer et je n'avais plus envie de rien!!! Enfin soit,l'année dernière, j'ai voulu reprendre tout en continuant à toucher mon chômage mais le comble, je n'y avais pas droit car je n'avais pas assez de jours de chômage justement!!! Bon, pas bien grâve (surtout embêtant et pas très logique mais bon), je reprendrai cette année et bien non, car depuis février nous attendons un petit loulou... Bon, tout ça pour dire que nous avons décidé de faire la prépa à la naissance affective et que nous avons rencontré une SF géniale qui pratique les AAD et qui fait également partie d'une maison de naissance.. De fil en aiguille, nous avons opté pour aller là-bas et accompagner notre enfant dans sa naissance avec le plus de chaleur et d'amour possible. J'ai découvert un aspect que je ne pensais pas accessible dans nos pays médicalisés. Il faut savoir que l'envie d'exercer cette profession/vocation m'est apparue suite au visionnage, par une nuit triste pour moi (encore une rupture!), du film-documentaire "Amazonie, la vie au bout des doigts" sur fr5 et la je me suis dit j'aimerai faire ça... Le problème c'est qu'ici ce n'est pas aussi magique, enfin que je pensais... Depuis que nous avons rencontré "notre" SF, je découvre qu'il est possible que ce soit aussi magique. Mais je me suis bien égarée!!! Je voulais surtout parler de l'appropriation de la SF et quelque chose qui me perturbe assez en fin de consultation c'est quand on se dit au revoir en se serrant la main. Je trouve cela très étrange après s'être ainsi confier à une personne de remettre une barrière d'un seul coup. Faut dire aussi que je suis copine avec tout le monde et que je fais la bise facilement. Je comprends tout à fait qu'il faut laisser une certaine distance mais à chaque fois ça me fait le même effet bizarre... Bien vite effacé par l'attente impatiente du prochain rendez-vous... <br /> Enfin voilà désolée de m'être ainsi étalée et bravo pour ce que vous faites et peut-être qu'un jour, disons dans un an, je me lancerai dans cette magnifique aventure également... :)
1
Petrolleuse, tu lui en veux et cela se comprend.<br /> Pourquoi ne pas le lui avoir dit ? Peut-être a t-elle pensé que tout allait bien, peut-être que dans le flot des histoires mêlées, elle a oublié qu'elle n'avait pas entendu la tienne en détail, peut-être a t-elle évoqué cette césarienne au moment de la consultation postnatale et tu n'as pas entendu la perche tendue, peut-être a t-elle imaginé que puisque tu n'en disais rien, il n'y avait pas revenir sur le sujet.<br /> Peut-être aussi était-elle tout simplement fatiguée, débordée par le travail ou d'autres soucis, moins disponible. Elle est humaine...<br /> Et je sens tellement que je pourrais être cette sage-femme.<br /> Dans un monde idéal, évidemment, tu ne devrais rien avoir à dire pour que nous comprenions que... mais dans la vraie vie... combien de fois ai-je été "sauvée" par l'amertume ou la colère d'une femme qui m'a permis de comprendre mes erreurs...<br /> Pourquoi ne pas retourner la voir pour lui dire ce que tu nous as écrit ?
P
Hum… Je suis partagée. Moi aussi, j’ai été suivie par une SF pendant ma grossesse, une personne avec laquelle j’ai tout de suite accroché, charmante, douce, accueillante, à l'écoute, ne portant jamais aucun jugement, des RDV qui duraient 45 mn, bref le rêve de toute femme enceinte. J’ai pris conscience de la relation très particulière qui se noue entre une femme enceinte et sa SF, qui est à la fois une professionnelle de la santé, mais aussi une figure rassurante, maternelle et un peu psy sur les bords , à qui on est capable de dire des choses que l’on ne dirait à personne d’autres et cela m’a paru être le plus beau métier du monde (je le pense encore).<br /> <br /> Nous nous sommes revus 1 mois et demi après la naissance de ma fille, lors de la séance « post-accouchement », celle au cours de laquelle nous devions raconter comment s’était passé l’accouchement. J’étais en compagnie de deux autres jeunes femmes qui avaient suivi les séances avec moi. Chacune à leur tour, elles ont raconté leur histoire (accouchement par voie basse « classique », détails abondamment commentés par V.) puis mon tour est venu. A cette date, toute la tristesse de ma césarienne ne m’était pas encore remontée à la gorge. Donc je commence à expliquer mon « cas » avec l'intention de tout raconter par le menu, lorsque le téléphone de V. sonne dans son bureau. Elle se lève et va répondre tandis que je continue à raconter mon histoire. Sur le coup, je suis un peu décontenancée, je me demande si je dois l’attendre et puis je continue. Elle est restée 10 mn au téléphone et lorsqu’elle est revenue, j’avais terminé. On n’a pas eu le temps de faire un « debriefing » car elle était débordée (sa collègue était malade et lui avait refilé ses patientes) et la séance a été écourtée. <br /> <br /> Une fois dans la rue, j’ai repensé à ça, un peu déçue, un peu mal à l’aise, tout en me disant que ce n’était pas si grave. Mais en fait, c’est bien à elle seule que j’avais envie de tout déballer, j’avais besoin de son empathie, de son écoute, de son réconfort et je ne l’ai pas eu (je l'ai trouvé bien plus tard auprès de la psy de la maternité...). Je sais bien que c'était involontaire de sa part mais j’y ai souvent repensé et je sais bien pourquoi ça m’a tellement blessé : elle m’avait préparée à accoucher et je n’ai pas accouché, c’est comme si mon histoire n’était pas digne d’être entendue et donc, ne l’intéressait pas. Pourtant, elle savait quelles étaient mes attentes (accouchement physio) et à quel point, au regard de ce que j’ai vécu, elles ont été déçues. On avait parlé au cours des séances de la césarienne et de la souffrance psychologique que cela peut entrainer. Mais elle ne m’a pas demandé comment j’allais (ni ce jour, ni lors de la consultation post-natale le lendemain, ni lors des séances de rééducation périnéale, et, à sa décharge, je devais alors donner l’impression que j’allais bien, ce qui était vrai à ce moment-là). Je me suis sentie oubliée, négligée, trahie même, d’autant plus que c’était par une personne à qui je tenais beaucoup. <br /> <br /> Je lui en veux (je ne lui ai jamais dit). Je croyais avoir noué une relation forte avec elle et je me suis sentie flouée, voir piégée par l’intimité qu’elle avait su instaurer pendant le suivi. Je me suis aperçue que cette relation était en fait à sens unique (Cela me paraît assez comparable au transfert que l'on fait à un moment ou à un autre sur son psy. Bon, je ne suis pas en train de dire que je suis tombée amoureuse de ma SF mais c'est vrai qu'enceinte, il est réconfortant de s'en remettre entre les mains d'une personne bienveillante et soucieuse de notre bien-être). Même si je comprends que les SF doivent aussi se protéger et garder leurs distances pour ne pas laisser se créer un attachement qui déborderait le cadre professionnel, je trouve que la rupture est brutale. Je repense souvent à cette histoire, et, au-delà de son caractère anecdotique, elle participe de la tristesse que j’éprouve lorsque je repense à cette césarienne.
F
Je démarre la lecture de ton blog (émouvant & captivant) et ne peut m'empêcher de réagir sur ce post...même s'il est très ancien<br /> <br /> La sage femme qui m'a accompagnée pendant mes 2 grossesses... c'est effectivement "ma" sage-femme.<br /> C'est toujours ainsi que je l'évoque.<br /> <br /> Moi qui étais terrorisée par l'idée de l'accouchement avant mon premier enfant, j'ai oublié toutes ces appréhensions le jour où je l'ai rencontrée !<br /> <br /> Pour mon deuxième enfant, j'ai pris un RDV très tôt pour être sûre de sa disponibilité ; c'était une évidence pour moi : il fallait que ce soit elle qui m'accompagne cette fois encore !<br /> <br /> J'ai donné son nom en 2nd prénom à mon fils tant elle a compté dans l'histoire de notre famille
T
je crois que je garderai toujours un peu d'émotion quand je croiserais les sages femmes ou aide soignantes qui nous ont accompagné dans les naissances de mes deux enfants...
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