De loin

Coupure de presse : "Française d’origine, Caroline était sage-femme en France et travaille à la Maison de naissance de la Vieille Capitale depuis seulement quelques mois. Elle est venue au Québec suite à une insatisfaction relativement à la pratique sage-femme dans son pays. Intégrée au système de santé, la sage-femme pratique toujours à l’hôpital, tel un obstétricien, et ne fait aucun suivi post-natal. La particularité de son travail est l’accouchement naturel et contrairement aux sages-femmes québécoises, elle ne développe pas une relation privilégiée avec la cliente; aux dires de Caroline, il arrive parfois qu’une sage-femme relègue la fin d’un accouchement en cours à une collègue lorsque son quart de travail est terminé." *

La situation française n'est pas tout à fait celle dépeinte dans ces quelques lignes. Effectivement, les sages-femmes exercent très majoritairement à l’hôpital, mais l'on compte cependant quelques 3000 libérales, dont quelques unes - moins de cent - accompagnent les naissances à domicile.  L’exercice libéral, s’il ne facilite pas la pratique de l’accouchement (pas de maisons de naissance comme au Québec, très peu d’accès aux plateaux techniques des maternités, et une pratique à domicile très décriée et sans possibilité d’assurance…) permet malgré tout de proposer une certaine continuité dans l'accompagnement pre et post natal.

Mais c'est la dernière phrase que je souhaite particulièrement relever. Sa prudente introduction laisse entendre qu’il pourrait s’agir d’une simple rumeur tellement cela semble impossible à croire… Une sage-femme peut quitter un accouchement en cours et le laisser à sa collègue !

La différence de culture se révèle en quelques mots : outre-atlantique, la sage–femme assure toute la continuité de l’accompagnement. Au sein des maternités françaises, les sages-femmes prennent des gardes et il semble normal à tous les intervenants que le relai se fasse en fonction des horaires, 3/8 industriels appliqués à la vie.

Concrètement, les québécoises ne sont -heureusement pour elles ! - pas disponibles 24h/24 mais elles travaillent en équipe restreinte. La future mère connait l’ensemble des sages-femmes susceptibles de l'accompagner. Elle appelle la sage-femme d'astreinte qui restera présente jusqu'à la naissance.
Cette organisation à l'avantage de respecter les attentes des parents tout en préservant les professionnels. Etre au service des uns ne doit pas supposer le sacrifice des autres...

Il y aurait à s'inspirer du modèle québécois. La profession de sage-femme n'existait pas; elles se sont imposées avec le soutien des parents et leur exercice n'est reconnu et légal que depuis 10 ans. C'est certainement ce combat commun parents/sages-femmes qui fait la spécificité de leur pratique.  Il existe là bas une philosophie de la naissance physiologique, de l'accompagnement, que nous gagnerions à retrouver ici...

Comme il serait bon de trouver sur le site de notre Conseil de l'Ordre des propos similaires à ceux tenus par l'OSFQ...

* coupure de presse québécoise dont j'ai perdu la référence

Comments

[Mayolin]

Actuellement, les sages-femmes au Québec travaillent en équipe de 2 et souvent une troisième sage-femme est présente dans le suivi (visite prénatale pour la sage-femme qui est à un accouchement, remplacement de vacances). Il y a plusieurs modèles, mais le principal est garde 4 jours 24/24h, 1 journée de congé, puis garde 6 jours 24h/24, 3 journées de congé (sage-femme à temps plein).

La jeune génération de sage-femme est moins en accord avec cette façon de fonctionner (accorde plus d'importance à la conciliation travail-famille) et dans un proche futur, il y aura probablement des équipes de 3 sages-femmes.

Ceci dit, je suis entièrement en accord avec le fait que notre rôle est de rendre les femmes et leur partenaire confiant dans le processus de leur naissance et ce peu importe quelle sera la sage-femme présente.

Je pratique au Québec, mais je travaille 3/4 temps, donc j'ai 3 jours de garde, 4 jours de congé (pas de consultation, rien), 5 jours de garde, 2 jours de congé. Toujours en équipe avec une partenaire.

[Cindy]

Bien entendu que les sages femmes doivent avoir une vie personnelle et qu'il faut bien s'arrêter à un moment donné et passer la main.

Cependant, dans le cas de l'accouchement de ma fille, il est vrai que j'ai vu énormément de monde. Du fait de l'accouchement qui ne s'est pas aussi bien passé que ça, et par ce que je suis tombée au moment du changement d'équipe.

Au final j'ai commencé avec une équipe vers 4h du matin en salle d'accouchement. Puis complications, nouvelles personnes au bloc pour une césarienne. 7h du matin arrive, changement d'équipe. Puis comme ça se stabilisait, ils m'ont redescendue en salle de travail... 4ème équipe !
Et comme elle a mis longtemps à sortir, j'ai eu droit aux ventouses donc gynéco... Au final une bonne vingtaine de personne m'a vue à poil cette nuit là je crois.

Heureusement c'est pour la bonne cause ! Mais j'avoue notamment au bloc, quand la sage femme qui m'avait accompagné m'a dit qu'elle partait que c'était la fin de sa garde et qu'elle me souhaitait bon courage pour la suite, j'ai eu l'impression de ne plus avoir personne, mon mari n'étant évidemment pas avec moi à ce moment là.

J'aurais apprécié qu'au moins une personne soit là de bout en bout...

[parents bio]

Au final il y a quand même du positif et du négatif chez tous le monde mais c'est vrai que être dispo 24h/24 c'est , niveau familiale , ingérable !

A bientôt ( Parents Bio )

[margaux]

j'ai découvert votre blog tout récemment et c'est avec un immense plaisir que je l'ai lu de bout en bout! vos textes, superbes, m'aident à digérer (sans trop savoir pourquoi) les ratés de mon accouchement récent...
et si votre voix peut-être entendue pour améliorer vos conditions de travail et par conséquent le suivi des parturientes, c'est formidable! en plus de faire un métier sublime avec une passion que l'on sent sincère, vous êtes certainement une belle personne. chapeau madame!

[matermaude]

très heureuse de lire ce blog et spécialement ce matin, froid et ensoleillé de Montréal.

Je suis justement au coeur de cet intérêt les sf au Québec et les sf en France. Etant de retour au Québec après 10 ans de vie en France, où j'ai eu mes trois enfants, je mets en place des liens Québec-France avec l'asso française Femmes/sages-femmes.



Mme Keller et Mme Porret (Présidente de l'ordre France et Québec) ont fait les dernières signatures concernant la reconnaissance de diplome sage-femme France-Québec. Une réelle collaboration, influence pourrait avoir lieu. Il suffit que les prof. et les parents manifestent leurs besoins.

Si vous êtes intéressés , j'ai justement démarré un blog sur ce sujet.
www.matermaude.over-blog.com

Au plaisir et encore félicitation car ce blog est pertinent !