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Dix lunes
17 janvier 2010

Point de vue bis

Dans le vécu d’un accouchement, ce n’est pas tant la réalité des actes que l’accompagnement qui en est fait qui importe. "Bien accompagnée, on peut vivre sereinement…"  Mon ellipse a manqué de clarté mais c’est pourtant cela que je voulais souligner. Un accouchement difficile peut être transfiguré par une présence attentive, une naissance aisée peut devenir cauchemardesque parce que mal accompagnée.

Cette jeune femme souhaitait accoucher le plus naturellement possible. Elle y avait longuement réfléchi, s’y était préparée. Il n’était pas dans ses attentes de vivre l’enchainement péri/synto/forceps/épisio. Il n’était pas dans les projets de l’équipe de le lui imposer. Les circonstances ont fait que cela est devenu nécessaire et chacun s’y est adapté.
C’est aussi de la responsabilité des sages-femmes que d’aider et soutenir une femme devant renoncer à l’idéal projeté pendant la grossesse.

Il est vrai que certains établissements pêchent par une surmédicalisation systématique (une étudiante me racontait récemment avoir entendu une sage-femme s’alarmer «comment veux tu qu’elle arrive à pousser, elle n’est pas sous synto ?»)
Mais ne nous leurrons pas, la nature ne fait pas toujours bien les choses et l’intervention du médical peut s’avérer indispensable. Toute assertion inverse confinerait à l’irresponsabilité.

Il faut cependant souligner que le recours à la péridurale modifie la physiologie de l’accouchement. Dans le récit précédent, l’enchainement des actes n’est peut-être pas étranger à la demande d’analgésie.

Quand bien même, faudrait-il exiger le sacrifice des mères lorsqu’elles se sentent dépassées ? De quel droit  imposer à une femme de supporter ce qui lui devient insupportable ?

Il n’y a pas de réponse unique, pas d’accouchement idéal, pas de comportement maternel à modéliser. Chaque histoire est singulière. Chacune mérite toute notre attention et notre absence de jugement.

Ne tombons pas dans les travers du monde médical imposant trop souvent ses certitudes sans nuance. Rien n’est plus dangereux que la conviction de savoir ce qui est bon pour l’autre.

 

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Commentaires
1
"Un accouchement difficile peut être transfiguré par une présence attentive, une naissance aisée peut devenir cauchemardesque parce que mal accompagnée." <br /> J'adhère à titre personnel : naissance singulière, parce que fente labio-palatine complète de ma fille (le bébé naît défiguré). <br /> Le choc fut rude, mais l'équipe formidable. Reste le souvenir d'une très belle naissance.<br /> Même si la FLP n'est pas une pathologie gravissime, et que ce n'est peut-être pas, pour vous SF, une "naissance difficile", je suis intimement convaincue que la qualité de présence et d'accompagnement peut effectivement "transfigurer" - ou en tous cas colorer de belle lumière - une naissance pas comme les autres.<br /> Merci aux soignants lumineux, envers et contre tout...
I
merci pour ce blog trés intéressant...
S
Lorsque vous envisagez la question de l'accouchement idéal, bien qu'il ne puisse y avoir qu'une réponse personnelle à cette question, je constate que beaucoup d'entre vous s'accordent à préférer un accouchement peu médicalisé et préfèrent un accompagnement bienveillant. Si la péridural soulage une douleur qui peut devenir insupportable, on comprend aussi que cela peut impliquer des conséquences négatives sur le travail et éventuellement favoriser les déchirements/épisiotomies. L'idéal serait donc de bien supporter la douleur, ce qui n'est pas possible dans tous les cas et surtout, d'avoir la chance de ne pas subir de complications. Mais une fois l'enfant mis au monde, que pensez vous de l'injection d'une hormone qui a pour but de favoriser les contractions de l'utérus afin de mieux expulser la placenta, ce qui diviserait pas 3 le risque d'hémorragies postpartum ? Est-ce vraiment indiqué dans tous les cas ? A-t-on vraiment du recul sur les effets secondaires possibles de cette hormone, comme c'est les cas à présent avec la péridurale ou l'épisiotomie par exemple ?
M
c'est du cas par cas...incroyable.<br /> 10lunes, connaissant ton intérêt pour la naissance, pour la physiologie, pour la femme, j'imagine bien que ton travail sert les femmes dans leurs besoins.<br /> <br /> C'est avant tout à elles de choisir, la sf à l'accompagner du mieux qu'elle et il est certain que le lieu a une grande influence, pour tout le monde.<br /> <br /> De rencontrer la femme sauvage en soi est inhumain ...mais c'est ce dont la femme est capable de faire lorsqu'elle laisse tomber tout espoir...<br /> <br /> Comme Isabelle Brabant a dit un jour: la sage-femme elle n'est pas là pour aider la femme à avoir moins mal, à être juste plus confortable mais au contraire l'aider à vraiment se rencontrer, laisser tomber les barrières: Elle est un guide dans la tempête.
T
... dans la douleur" ...<br /> <br /> on l'entend un paquet de fois cette bétise soit disant dite par une personne haute placée, pour argumenter en faveur de la péridurale... comme si souffrir était une banalité. Effectivement il y a des tas de situations qui nécessitent une intervention médicale, que ça soit la péri, l'épisio ou autres charmes. Cependant, il est difficile d'actuellement faire la part des choses entre la véritable nécessité médicale et la nécessité culturelle, tellement nous sommes emprunt, population civilisée que nous sommes, à l'idée que l'accouchement fait mal, fait souffrir, et que sans le médecin qui est là "pour nous accoucher", point de salut ? Du coup, comment faire ?<br /> Et pour ma part, je suis convaincue que tant que j'accoucherai en maternité, j'aurais toujours cette tentation très fort d'avoir recours à la facilité de la péridurale ; après deux accouchements je sais qu'il y a un moment où je la demande ! et pourtant à postériori je sais que je peux faire sans !<br /> <br /> le culturel est fort !!!
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