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Dix lunes
3 janvier 2010

Renouveau

Elle prépare la naissance de son troisième enfant.
Préparation sereine, les deux précédents accouchements se sont passés sans aucune difficulté, sans douleur et même quasiment sans perception. Pour le second elle s’endormait dans l’eau chaude de la baignoire et son homme a du la porter sur le lit de naissance. Quelques instants plus tard, son bébé était dans ses bras.
Cette absence de sensation m’interroge et, tout au long de sa grossesse, je suggère des pistes pour l’aider à en comprendre le sens. Vainement.

Je passe la voir à la maternité le lendemain de cette troisième naissance. Elle me la raconte avec bonheur, décrivant avec forces détails les contractions, la douleur… « qu’est ce que j’ai eu mal ! » me répète t-elle en boucle avec un sourire éclatant.

Je tente de préciser «tu as senti plus de choses, mieux perçu la descente, eu envie de pousser?» 
« Oui, oui, bien sur, mais qu’est ce que j’ai eu mal…
»

Je reste décontenancée par l’apparente contradiction entre son évidente satisfaction et la description de sa douleur intense. 

Quelques jours plus tard, finalement perplexe devant ce paradoxe, elle souhaite en discuter à nouveau.
Petit à petit, nous élaborons ensemble une hypothèse. Tout chez elle est strict, maitrisé. Rien ne dépasse, rien de la déborde, sa coupe de cheveux, ses vêtements, sa façon de parler, d’être, tout est sous contrôle. Son métier, exercé avec passion, nécessite également beaucoup de rigueur, de maitrise de soi.
N'était-ce pas la première fois qu’elle se laissait déborder ?
Est ce que le "plaisir" de cette douleur ne résidait pas là, dans la découverte du lâcher prise, de la perte de contrôle ?

Deux ans plus tard, au cours d’un après-midi printanier, un coup de fil interrompt une consultation. C’est elle.
Elle souhaite simplement me confirmer que notre hypothèse était la bonne. Depuis cet accouchement, un champ d’expériences inédites, nouvelles sensations, débordement d’émotions s’est ouvert à elle.
Une autre vie.

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1 janvier 2010

Nouvel an, nouvel élan ?

Au sein des maisons de naissance québécoises, il est admis qu’une sage-femme peut suivre 40 à 50 femmes enceintes par an.
En France, il y a environ 830 000 naissances chaque année et plus de 20 000 sages-femmes… Faites le compte, nous sommes suffisamment nombreuses pour ouvrir des maisons de naissances réparties sur tout le territoire ! Enfin nous allons être en mesure de proposer cet accompagnement global, souhaité par les couples, revendiqué par les sages-femmes, à la fois chaleureux, préventif, sécurisant et économique.*

Quelle belle année 2010 !

...

...

Fin du «rêve». La DHOS avait annoncé l’adoption des décrets permettant cette expérimentation dans le cadre de la Loi de financement de la sécurité sociale 2010. Cette loi vient d'être publiée au journal officiel et on n'y trouve aucune mention des maisons de naissance.

Devons nous nous en étonner ? Nous avions là un projet répondant à une demande des parents comme des professionnels, économiquement viable, reconnu et en constant développement dans de nombreux autres pays.

Folie d’espérer que la France s’en inspire…

Ici, les petites maternités sont fermées et le regroupement des structures aboutit à la concentration des naissances.
Ici, les lieux d'accouchement s'éloignent du domicile des parents mais l’on affirme dans le même temps que - pour des raisons de sécurité  - une maison de naissance doit être attenante à une maternité.
Ici, les déremboursements  sont multipliés pour renflouer le budget de la sécurité sociale mais l'on renonce à mettre en œuvre des  mesures sources d'économie et répondant aux attentes des assurés afin de ne pas heurter l’électorat médical.

Les sages-femmes avaient avalé de multiples couleuvres dans l’espoir irraisonné que cela permettrait le début d’un demi-pas en avant…
Les maisons de naissance, cent fois annoncées, cent fois reportées, dénaturées avant que d’être nées…. ne seront pas pour 2010.


* Faut-il le préciser, bien évidemment toutes les femmes n’ont pas le souhait d’accoucher en maison de naissancetoutes n’en auraient pas la possibilité médicale et toutes les sages-femmes n’ont pas envie de travailler ainsi. Il ne s'agit pas d'imposer l'accouchement en MDN mais simplement de le permettre...

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