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Dix lunes
15 mars 2010

Lapsus linguae

Elle m’a longtemps irritée.
Working woman accomplie, horaires déments, planning saturé, avenir programmé, elle a décidé de "faire" ses enfants jeune pour pouvoir se consacrer ensuite à sa carrière. En ligne de mire de sa grossesse, une naissance déclenchée pour lui permettre de répondre à son calendrier professionnel. Elle prévoit ensuite de tirer son lait car si elle considère que c'est l’aliment le plus performant pour son enfant, donner le sein la révulse. D'ailleurs, pas de congé de maternité prévu, on a besoin d'elle au travail.

Irritante vous dis-je.

Ce jour là, mon inconscient m’a alertée.
En lui montrant un mouvement de relaxation où il était important qu’elle se laisse mobiliser, j’ai voulu dire « surtout ne m’aidez pas ». J’ai presque prononcé « surtout ne m’aimez pas »… Le "m" s’est arrêté sur mes lèvres mais j’ai alors réalisé l’ampleur de ma réticence à son égard.

Coupable, j’ai pris le temps de me libérer de mes a priori, de l’écouter mieux, autrement, pour découvrir derrière cette icône de la réussite sociale une fragile jeune femme cherchant à trouver sa place, soucieuse de prouver sa valeur, en quête permanente de réassurance.

Touchante bien plus qu'irritante.

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Commentaires
O
Je reconnais très bien ma mère dans l'article, et comme l'a dit quelqu'un, on trouve de l'affection ailleurs (moi c'était ma grand-mère maternelle). Pour ma mère le tire-lait n'y comptait même pas. L'inconvénient aujourd'hui pour moi, je déteste les féministes et l'avantage je ne veux surtout pas être une mère comme ça. Et je suis tout l'inverse...ouff.
1
Estelle, La région dans laquelle j'exerce n'apparait nulle part car elle n'a aucune importance.<br /> Mes récits viennent d'ici ou d'ailleurs, de mon lieu d'exercice actuel ou des précédents, des sages-femmes que je rencontre un peu partout en France, des femmes et des couples croisés au hasard de la vie...<br /> J'atteste que tout ce qui est écrit ici est issu de la réalité et du vécu des uns et des autres. Et seul cela compte.
E
Je viens de arcourir rapidement votre blog (je finirai plus tard).<br /> Vos récits -du côté de la professionnelle- sont très touchant. J'aurai aimé devenir sage-femme, mais il en a été décidé autrement. <br /> J'ai cherché un peu mais je n'ai pas trouvé la région dans laquelle vous exercez...
C
Je trouve votre analyse très fine. C'est vrai qu'on peut éprouver parfois des ressentis très forts face aux personnes dont on s'occupe. Comme vous dites, il est important d'en prendre conscience pour garder le recul nécessaire pour prendre les gens comme ils sont.
P
le dogme de la bonne mère je ne sais pas si il existe mais il y en a un qui m'a l'air d'exister c'est celui qui dit qu'on doit avoir un enfant, et c'est celui-là qui me dérange. <br /> Si vraiment on a une occupation professionnelle telle que le simple congé maternité est impossible et que tirer son lait devient un exploit ... autant je vois clairement ce que l'enfant peut apporter à ses parents dans ces cas là, autant je ne vois pas du tout la réciproque et le choix de cette maternité du coup, même si c'est la liberté de chacun bien entendu, me met mal à l'aise.<br /> <br /> (On peut croire aux miracles et se dire qu'à la naissance tout va changer mais dans ce cas là, naissance programmée pour coller à son agenda etc, honnêtement ça m'étonnerait bien...à moins que le bébé ait joué la surprise et soit sorti en trombe à l'avance en pleine réunion? il y a des petits farceurs qui savent très tôt comment casser les défenses maternelles! ;-P)
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