A son corps défendu
Il est comte, vicomte ou marquis je ne sais plus mais il a pris soin de me faire savoir sa noble ascendance… Plutôt jeune, plutôt avenant.
Il l’accompagne à tous les rendez-vous, plein d’attention et de prévenance, aux petits soins pour elle.
Elle est extrêmement belle, extrêmement réservée et parle un français laborieux. Elle vient de l’autre bout du monde et porte leur enfant.
Belle histoire d’amour reliant deux pays, deux cultures, deux êtres humains.
Lors d’une consultation, je soulève la question de l’alimentation de cet enfant à venir. Avec ses mots maladroits, elle explique que dans sa famille, dans son pays, toutes les femmes allaitent leur bébé et qu’elle sera très heureuse de faire de même.
Il l’interrompt brutalement, et me lance, sans même la regarder «Il n’en est pas question, ça va lui abimer les seins et ses seins sont à moi».
Soudain le sentiment qu’il est allé faire son marché dans cet autre pays, ramenant comme un trophée la femme au corps parfait choisie avec soin.
Elle a baissé la tête.
Je tente de lui donner la parole mais elle s’est déjà rangée à ses arguments. Elle est sa propriété et cette évidence acceptée me glace.