Toujours plus, toujours pire ?
Bref reportage le lundi de Pentecôte au journal de 20h de France 2. L’on s’y inquiète de l’inflation du taux de césarienne, plus de 20% en France, 33% aux Etats-Unis.
Outre-Atlantique, la demande de césarienne de "confort" serait en cause. Une femme témoigne avoir préféré cette solution afin «de pouvoir s’organiser», tout en évitant l’étape accouchement dont elle garde un souvenir douloureux pour son premier enfant.
Son médecin l’a encouragée à faire ce choix, affirmant que ce serait moins stressant pour l’enfant comme pour la mère… C’est oublier que les enfants nés par césarienne présentent plus souvent des difficultés d’adaptation respiratoire, c’est également omettre que la chirurgie multiplie le risque d’anomalie placentaire pouvant amener à des complications sévères lors des grossesses suivantes.
Mais il est surtout surprenant ? paradoxal ? incompréhensible ? que l’on puisse préférer le recours systématique à la chirurgie au simple respect de la physiologie. Car loin des situations périlleuses nécessitant l’intervention bienvenue de tout notre arsenal médical, il s’agit ici d'une femme lambda, présentant une grossesse tout aussi lambda.
Pourquoi les obstétriciens s’orientent-ils si aisément vers la césarienne ?
D'une part, chaque équipe redoute la plainte, l’accusation de ne pas en avoir fait suffisamment et la chirurgie peut apparaitre comme le summum de la prise en charge - difficile d’en faire plus, effectivement ! - et donc comme un bouclier parfait à toute velléité procédurière.
D'autre part, ces interventions programmées sont économes en temps et faciles à insérer dans la journée de consultation. De plus, elles "rentabilisent" le bloc opératoire et augmentent les prix de journée versés à l'établissement.
La journaliste précise d’ailleurs «le système de santé américain, largement privatisé, explique donc en partie cette inflation de césarienne».
Et en France ? Comme l’indique cette fiche "Taux de césarienne" disponible sur le site du ministère de la santé, les mêmes causes conduisent aux mêmes effets ; en voici la conclusion : «Ces résultats illustrent le fait que le risque obstétrical n’est pas le seul déterminant. En particulier la programmation des césariennes pour des raisons organisationnelles ou de préférence des femmes est un déterminant à prendre en compte. La tarification de la césarienne pourrait également influencer le taux de césarienne dans les établissements.»
Le reportage se termine sur une manifestation des américaines contre la banalisation de la césarienne. Aurons nous à faire de même en France ?
Devrons nous manifester pour que l'accouchement par voie basse soit la norme et non l'exception ?
Devrons nous manifester pour que les femmes soient mieux accompagnées afin de ne pas redouter la mise au monde au point de préférer se faire ouvrir le ventre ?
Devrons nous enfin manifester pour prendre conscience que cette chirurgie a un coup pour la société et que cet argent pourrait être mieux utilisé ?
Dans un rapport datant de mars 2010, Amnesty International dénonce l'augmentation de la mortalité maternelle aux USA du fait des difficultés d’accès aux soins. Hélas, les Etats-Unis n'ont souvent que quelques années "d'avance" sur l'Europe.