Cortège funèbre
Pourquoi n’ai-je pas encore évoqué la mobilisation du 18 juin… ?
J’ai pourtant l’habitude de commenter l’actualité et pour le coup, elle est brulante : appel à manifestation demain à Paris, tous en noirs, parents et professionnels, pour enterrer la profession de sage-femme.
Sommes-nous moribondes ?
En France, le suivi de la grossesse et de ses suites est assuré par de couteux spécialistes au sein d'établissements de soin sur-équipés. La clinique* est remplacée par les examens complémentaires, les pathologie sont traitées plutôt que prévenues, le stress généré par notre indisponibilité vient perturber la physiologie, les dépassements d'honoraires se banalisent. L'actuelle prise en charge de la maternité est surmédicalisée, anxiogène
et onéreuse.
Ailleurs, la sage-femme est la professionnelle référente en
début de grossesse, chargée de l'éventuelle orientation des femmes vers le praticien
compétent en cas d’antécédents particuliers ou de complications
justifiant un suivi plus spécialisé.
Ici,
Les compétences des sages-femmes sont méconnues du public; (l’UNCAM s’était engagée en 2007 à communiquer sur le sujet, nous attendons toujours ! )
De nombreux actes réalisés en structure par des sages-femmes sont invisibles car signés par des médecins pour être mieux tarifiés.
Les obstétriciens privés interviennent lors des naissances physiologiques afin de pouvoir coter l'accouchement.
Les sages-femmes libérales, cantonnées à certains actes, sont toujours dans l’attente d’être partenaires à part entière du système de soin.
Les sages-femmes salariées sont surchargées, pressurées et se découragent de ne pouvoir exercer le métier qu’elles avaient choisi.
Les maisons de naissance promises de longue date ne voient pas le jour.
L'accouchement à domicile est ostracisé.
Les parents enfin, les parents surtout, malmenés, écartelés entre de nombreux intervenants, dirigés plutôt qu'écoutés, perdent confiance.
La liste serait encore longue…
Alors oui, les sages-femmes sont en souffrance et ont toutes les raisons d’aller manifester.
Mais ne nous contentons pas de réclamer des "sous" au risque de sacrifier ceux dont nous sommes censées prendre soin sur l’autel de notre rémunération. En 2001, un mouvement massif, unissant l'ensemble de la profession, revendiquant d'autres conditions de travail pour améliorer la qualité de notre accompagnement s'est éteint avec quelques augmentations.
Ce mouvement doit s'inscrire dans une large réflexion ; dénoncer combien les besoins et désirs des couples sont laminés par nos prises en charge standardisées, exiger une autre organisation des soins, construire un projet de santé axé sur la prévention et la complémentarité de tous les professionnels concernés.
Mobilisons nous d'abord pour revendiquer toute notre autonomie, toute notre place, pour exercer au mieux.
Nous pourrons ensuite exiger une plus juste rétribution de notre travail, aisément financée du fait des économies générées par une prise en charge "douce".
*au sens d'examen clinique