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Dix lunes
17 juin 2010

Cortège funèbre

Pourquoi n’ai-je pas encore évoqué la mobilisation du 18 juin… ?
J’ai pourtant l’habitude de commenter l’actualité et pour le coup, elle est brulante : appel à manifestation demain à Paris, tous en noirs, parents et professionnels, pour enterrer la profession de sage-femme.

Sommes-nous moribondes ?

En France, le suivi de la grossesse et de ses suites est assuré par de couteux spécialistes au sein d'établissements de soin sur-équipés. La clinique* est remplacée par les examens complémentaires, les pathologie sont traitées plutôt que prévenues, le stress généré par notre indisponibilité vient perturber la physiologie, les dépassements d'honoraires se banalisent. L'actuelle prise en charge de la maternité est surmédicalisée, anxiogène et onéreuse.
Ailleurs, la sage-femme est la professionnelle référente en début de grossesse, chargée de l'éventuelle orientation des femmes vers le praticien compétent en cas d’antécédents particuliers ou de complications justifiant un suivi plus spécialisé.

Ici,
Les compétences des sages-femmes sont méconnues du public; (l’UNCAM s’était engagée en 2007 à communiquer sur le sujet, nous attendons toujours ! )

De nombreux actes réalisés en structure par des sages-femmes sont invisibles car signés par des médecins pour être mieux tarifiés.

Les obstétriciens privés interviennent lors des naissances physiologiques afin de pouvoir coter l'accouchement.

Les sages-femmes libérales, cantonnées à certains actes, sont toujours dans l’attente d’être partenaires à part entière du système de soin.

Les sages-femmes salariées sont surchargées, pressurées et se découragent de ne pouvoir exercer le métier qu’elles avaient choisi.

Les maisons de naissance promises de longue date ne voient pas le jour.

L'accouchement à domicile est ostracisé.

Les parents enfin, les parents surtout, malmenés, écartelés entre de nombreux intervenants, dirigés plutôt qu'écoutés, perdent confiance.

La liste serait encore longue…

Alors oui, les sages-femmes sont en souffrance et ont toutes les raisons d’aller manifester.

Mais ne nous contentons pas de réclamer des "sous" au risque de sacrifier ceux dont nous sommes censées prendre soin sur l’autel de notre rémunération. En 2001, un mouvement massif, unissant l'ensemble de la profession, revendiquant d'autres conditions de travail pour améliorer la qualité de notre accompagnement s'est éteint avec quelques augmentations.

Ce mouvement doit s'inscrire dans une large réflexion ; dénoncer combien les besoins et désirs des couples sont laminés par nos prises en charge standardisées, exiger une autre organisation des soins, construire un projet de santé axé sur la prévention et la complémentarité de tous les professionnels concernés.

Mobilisons nous d'abord pour revendiquer toute notre autonomie, toute notre place, pour exercer au mieux.

Nous pourrons ensuite exiger une plus juste rétribution de notre travail, aisément financée du fait des économies générées par une prise en charge "douce".

*au sens d'examen clinique

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Commentaires
U
je m'étonne quand même que ces paroles pleines de bon sens qui semblent pourtant être partagées par tant de personnes ne soient pas davantage entendues par les "chefs d'orchestre " <br /> merci en tout cas de continuer à témoigner de la vérité... preuve que l'on a quand même des raisons d'espérer dans le système....les bons artisans existent encore...
L
moi aussi je suis médecin et j'ai longtemps passé des nuits de garde dans des maternités... les sages femmes m'ont tout appris de la vie et de la mort... de l'action et de l'attente... du rire et de la mélancolie... la salle de travail un lieu étonnant de concentration...et d'humanité...merci à vous toutes d'être la dans le travail toujours étonnant de la naissance...
F
je dois être du coté du mal puisque je suis medecin, enfin que generaliste hein. Très dénigrée par les spécialistes. Sauf que je pense pareil. Qu'une grossesse c'est dans la grande majorité des cas physiologique, qu'on n'a pas besoin de sur-médicaliser, qu'au contraire tout cet encadrement ça fait flipper!<br /> Bon courage
M
J'ai deux enfants, deux filles. Pour la première, suivi par un gynobs en clinique privée, accouchement de 18 heures sous péridurale, épisiotomie, séparation pendant plusieurs heures après la naissance sans explication, dépression post-natale. Pour la deuxième, suivi par une sage-femme libérale, préparation en sophro, accouchement par une SF à l'hôpital public en 2h30 sans analgésie, pas d'épisio, pas de séparation, une relation maman-bébé sans heurts... tout est dit.<br /> J'aurais aimé que ma sage-femme continue à me suivre pour la contraception, les frottis etc, mais elle n'a pas le droit de me poser mon stérilet.....<br /> En tant que parents, comment soutenir concrètement votre mouvement ?
V
Amen...tout est dit et bien dit.<br /> Combien de femmes savent que la grossesse peut être suivie par des sages femmes du début à la fin? un frottis, la contraception?
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