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Dix lunes
25 août 2010

Mépris

« Le comité de défense de la gynécologie médicale a certes été créé par des gynécologues mais aussi par des femmes inquiètes pour leur santé et celle des générations futures. (...) A l'heure actuelle, il ne reste que 1000 gynécologues pour près de 30 millions de femmes en âge de les consulter. (...) La moyenne d'âge des gynécologues médicaux aujourd'hui en exercice est de 57 ans. Et à chaque départ en retraite, ce sont des centaines de femmes qui se retrouvent sans suivi gynécologique. Sans compter les jeunes filles qui ne trouvent pas de thérapeutes car les consultations sont saturées et que les médecins ne prennent plus de nouvelles patientes.
La proposition de les remplacer par des sages-femmes et des infirmières pour la pilule, à des médecins pour le frottis ne va pas dans le sens d’une protection cohérente. La pose d’un spéculum n’a rien à voir avec celle d’un abaisse langue.
Dévoiler son intimité exige un endroit et un interlocuteur particuliers. C’est faire de cette médecine dédiée aux femmes une sous médecine et peu de cas des patientes ».

Ce texte d’anthologie est extrait d'un article paru dans la revue Prima de septembre 2010.
Si l’auteur de ces lignes (signées "la rédaction") avait voulu déclencher la fronde des sages-femmes et des médecins généralistes, il ne s’y serait pas pris autrement. Je ne sais pas qu’elle est son histoire et quels comptes tentent de se régler ainsi mais son article de soutien à la gynécologie médicale m'apparait bien maladroit !

Je laisse les médecins généralistes se défendre eux même en les assurant de toute ma solidarité.

Et me permets de faire à nouveau - piqure de rappel - une petite mise au point sur les compétences des sages-femmes.
La prescription de contraceptifs (et pas seulement de pilule) par les sages-femmes est possible depuis 2004 en postnatal, et pour toute femme en bonne santé depuis 2009. (Pour les infirmier(e)s, la situation est quelque peu différente puisqu' ils peuvent renouveler la prescription d’un médecin ou d’une sage-femme afin d’éviter qu’une femme ne se retrouve en panne de pilule).

Je rappelle aussi, pour répondre à la louable préoccupation de cohérence, que les sages-femmes pratiquent les frottis. Dans un autre paragraphe de l’article, il est précisé que le nombre de cancer du col de l’utérus a été divisé par 4. Ces résultats seraient-ils liés au type de diplôme du praticien réalisant le prélèvement ? Merci de bien vouloir nous faire partager le mérite de la prévention…

Et si l'on peut déplorer mon inexpérience en matière d’abaisse langue (!), la pose d’un spéculum est un geste banal pour une sage-femme.

Dois-je enfin m’attarder sur "l’endroit et l’interlocuteur particuliers" nécessaire au dévoilement de son intimité ? Il me semble que nous sommes des interlocuteurs très spécifiques et très habituées à l’intimité des femmes…

Que l'on ne se méprenne pas, je ne souhaite pas la disparition des gynécologues médicaux. Je suis heureuse de pouvoir faire appel à des médecins référents, prenant le relai pour les situations complexes dépassant mes compétences. Je demande simplement que l’on réexamine les rôles respectifs de chacun pour une collaboration efficace.
La sage-femme peut être une interlocutrice de "première ligne", parfois moins intimidante pour la jeune fille qui vient se renseigner sur une première contraception, plus facilement accessible pour la femme dont elle a suivie la grossesse. Comme nous le faisons au quotidien pour l'obstétrique, nous nous assurons de la physiologie d'une situation donnée, et dépistons ce qui pourrait faire basculer dans la pathologie. Notre rôle s'arrête précisément là.

Ce n'est pas de la "sous médecine" que de prendre le temps du dépistage et de l'accompagnement. Ce n'est pas faire "peu de cas des patientes" que de s'appuyer sur la prévention et l'écoute.

Mesdames (et Messieurs ?) de la rédaction Prima, je ne vous salue pas !

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Commentaires
J
Les gynécologues médicales, comme les pédiatres médicaux, constituent une aberration franco-franchouillarde, qui fait marrer tout le monde à l'étranger. La persistance de cette anomalie n'a pour but que de maintenir une prébende pour bobos et conjointes d'hospitalo-universitaire en mal d'occupation.<br /> Voilà la réalité triste.<br /> Ma principale activité avec les femmes suivies par des gynécos médicales est de leur expliquer pourquoi arrêter leur THS et remplacer la pilule troisième génération thromboemboligène par une pilule remboursée et moins risquée.<br /> Faut arrêter les consensus mous et bien pensants et dire les choses telles qu'elles sont :<br /> Cette spécialité est néfaste et inutile.<br /> Un ou une gynécologue, ça fait de l'obstétrique, des coelioscopies, ça bosse à l'hôpital et ça rend service à la population.<br /> Les torchons féminâtres qui se font le relais pathétique et vomitoire de ces verrues médicales sont rédigés par des bobos sarkomimétiques qui ne défendent que des intérêts de classe.<br /> Tout cela dit en toute objectivité et sans aucune animosité bien sûr. <br /> Vas-y 10lunes, tu les auras !!
G
Ouh... mon sang de jeune médecin généraliste n'a fait qu'un tour, et 10 lunes je peux vous assurer de mon plein en entier soutien aux sage-femmes!!<br /> <br /> Cela dit, je comprends la remarque de Léa, mais son exemple de difficulté pour trouver un gynécologue médical ne fait que renforcer le discours de 10 Lunes. Je m'explique.<br /> On a recours aux spécialistes quand on a justement besoin de leur spécialité. Or, nul besoin d'une spécialité médicale pour faire un suivi de contraception ou des frottis, savoir poser un speculum suffit. Donc un généraliste et à fortiori un/e sange-femme sont donc tout à fait qualifiés pour ça. Si la seule activité du gynéco (qui je le rappelle est sensé être un spécialiste) se limite à faire des actes de suivi et prévention, alors forcément le jour où on en a besoin pour quelque chose de plus grave, il est difficilement disponible. Sauf qu'on en a besoin pour ça précisément, pour des situations où sa spécialité devient un atout.<br /> On aurait tout autant de difficultés à trouver un ORL s'ils devaient s'occuper des otites, un cardiologue s'ils devaient faire le suivi des HTA simples non compliquées, un allergologue s'ils devaient tous suivre les rhinites allergiques, etc.....
1
Oups, je corrige : une fois ôté le couT du kit.<br /> <br /> Zibeline, je ne faisais que souligner que l'on attend des SF qu'elles exercent quasi bénévolement... Pour les gynéco, il existe un tarif spécifique pour la pose d'un stérilet ; pas pour les SF!
M
Quid de la confusion entretenue entre "les gynécologues" dans l'ensemble, les gynécologues médicaux, et les gynéco obst ? Non parce que là, il s'agit bien "uniquement" des gynécologues médicaux, non ? ou bien ?
Z
Personnellement, je trouve plus difficile d'examiner les amygdales que de poser un speculum :) <br /> <br /> 10lunes, ton argument du prix de la consult' d'un gynéco vs sf me gêne, dans le sens où gynéco comme sf ne sont pas assez rémunérées... <br /> <br /> +
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