Trahie

Elle met du temps à se remettre de ce premier accouchement difficile ; un travail long, une péridurale manquant d’efficacité, une équipe débordée qui ne passe qu’en courant - ce qu'elle a accepté de bonne grâce du fait du remue ménage audible dans les salles d’accouchement voisines - et le constat final que son bébé ne se positionne pas comme il le devrait.
Cela s’est terminé en césarienne.

Un peu auparavant, un médecin a tenté de fléchir la tête fœtale. De son échec, elle ne lui en veut pas et le remercie au contraire d’avoir essayé de lui éviter la chirurgie.
Non, ce qui la hante encore est cette promesse non tenue «Si je vous fais mal, vous le dites et j’arrête ». Puis l’immobilité forcée par ses mollets liés aux jambières, cette main fouillant au creux de son corps et sa totale impuissance devant le non respect de la parole donnée. L'obstétricien lui a fait mal, très mal ; elle l’a dit, crié, et il a poursuivi son geste.

Cela a été bref, mais pendant ces instants, elle s'est sentie niée, réduite à n'être que le contenant d'un enfant à naitre.
Bien plus que la césarienne inévitable, c'est le souvenir de sa confiance trahie qui la fait souffrir.

Comments

[Anna]

D'autre part, prévenir qu'on va faire mal n'est pas forcément dans l'intérêt du patient ; quelqu'un qui s'attend à avoir mal aura plus mal que quelqu'un qui ne s'y attend pas (voir là par exemple :
http://mhsrvweb.medhyg.ch/revues/r_article.php4?article_id=60110196&num_char=0&revue=1
)

[10lunes]

@Ju525. Personne ne s’autorisera à douter de la réalité de ton témoignage et de ta douleur; mais pour avoir assisté à plusieurs d'amniocentèses, j'ai toujours vu des femmes inquiètes avant et soulagées ensuite de ne pas avoir eu mal - ce qui n'enlève rien au caractère pénible de cet examen, avec comme tu le soulignes, la peur pour son enfant et la difficile attente des résultats -.
Les SF me semblent donc de bonne foi.
Ce qui serait inacceptable, c'est qu'elles affirment ensuite que tu n'avais pas eu mal !

[Ju525]

ho oui si on pouvait nous dire la vérité sans minimiser... Je reviens sur cette amniosynthèse commenté plus tôt... Quand on est arrivé à la maternité, j'étais au bord de la panique, les larmes aux yeux de peur mais de stress aussi pour cause de 5min de retard à cause de travaux. Voulant sans doute bien faire la SF et secrétaires m'ont dit: "oh mais ne vous inquiètez pas, ça fait moins mal qu'une prise de sang vous savez et ça ne dure que 2 sec..." Mouais ben alors celles ou ceux qui leur faisaient leurs prises de sang étaient des barbares hein parce que la première chose que j'ai dit quand ça été fini avec les larmes qui coulaient toutes seules due à la douleur, peur pour mon bébé, stress,... c'est " ha ben je préfère les prise de sang moi..." Je les aurait emplafonné sur le moment même mais le gyné présent m'a bien réconfortée tout de suite après donc c'est passé. Tout ça pour dire qu'il faut appeler un chat, un chat et que ce n'est pas en disant le contraire que ça sera moins douloureux ou moins agréable...

[speedy]

Dommage que le gynéco n'aie pas su écouter avant de prendre des décisions par dossier interposés.
La SF a surtout essayé de se justifier: elle avait obéi. Un peu facile de rejeter la faute sur le gynéco! A la fin de l'entretien, comme je n'obtenais rien de plus, je m'appretais à partir toujours en larmes, elle m'a quand même dit
- Cela m'embête de vous laisser repartir comme cela.
Je suis sure qu'elle était sincère, mais cela m'a laissé l'amère impression qu'une fois encore, elle ne trouvait pas, dans la panoplie des protocoles de la mater, la solution à mon cas. Toujours la technique avant tout.

[10lunes]

Speedy, à mon tour d'être désolée. Je n'ai pas compris que tu ne parlais que ton propre vécu et croyais que tu l'étendais aux autres situations pouvant paraitre similaires.
Les mots sont lourds de sens, ceux des soignants comme ceux des parents. Je suis attentive à ne pas dresser les uns contre les autres en manquant de nuances.
Ton gynécologue semble avoir fait preuve d'une réelle qualité d'écoute. J'espère que la sage-femme en cause a su en faire autant.