Pour Octobre rose
Nous préparons ensemble la naissance de leur troisième enfant. Son compagnon est aux petits soins, prévient la moindre de ses demandes, lui épargne toute fatigue inutile. Traits tirés, regard las, elle parle peu et ne livre rien d'elle.
Pourtant, à la veille de son accouchement, au détour d’un échange anodin sur l’allaitement, elle confie qu’elle est atteinte d’une tumeur du sein. Se défiant de la médecine conventionnelle, elle suit un traitement à base de plantes. Personne d’autre que son "thérapeute" ne la prend en charge. Ils lui font tous deux aveuglément confiance. Pas de bilans, ni de chirurgie, de chimiothérapie ou de radiothérapie… Et ce n’est pas du fait de la grossesse ; la tumeur qui ronge son sein était là bien avant, elle a même hâté leur désir d'enfant. Non, le gourou l'a assuré, cette plaie ouverte qui suppure et creuse sa poitrine, c’est le mal qui s’écoule. Elle est sereine.
Elle fait ses pansements elle même et refuse tout examen. Comment tout cela a t-il pu échapper au médecin qui suivait sa grossesse ? Un coupable manque de vigilance ? Une barrière par elle trop bien dressée ? Ou notre stupide focalisation utérine ?
Lors de son séjour à la maternité, nous parvenons enfin à la convaincre de faire un bilan complet. Chacun espère qu'une fois mis en place, le traitement adapté saura la guérir.
Le diagnostic tombe, glaçant ; le cancer s'est généralisé, elle est condamnée à brève échéance.
Elle s’est encore battue plusieurs mois. La dernière fois que nous nous sommes vues, c'était dans son jardin. Allongée sur une chaise longue, elle était blottie sous un énorme édredon dans un trop pale soleil de printemps. Elle n’avait plus la force de s’occuper de son bébé mais demandait qu’on le lui pose au creux des bras. Il restait paisible, comprenant surement qu’il ne fallait pas trop exiger de cette maman là. Même ainsi, il fallait l’en décharger rapidement. Son simple poids l'épuisait.
Octobre est le mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein.
Aujourd'hui en France, une femme sur huit risque de développer un cancer du sein : "anticiper", "prévenir", "sensibiliser" sont des actions qui permettent de limiter efficacement les conséquences de cette maladie. A lire ici