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Dix lunes
19 octobre 2010

Eléments de langage

Les entretiens de Bichat des sages-femmes ont changé de lieu. Ils quittent l’ambiance solennelle quoiqu'un peu datée de la maison de la chimie pour le palais des congrès. Immense temple de verre, marbre et bois blond, ostentatoire plus que majestueux.

Le premier thème de la matinée «Agir en toute  physiologie » m’est cher ; perdue dans le dédale de couloirs et d'escaliers roulants à la lenteur confondante, je rate le début des interventions. L'exposé en cours compare les modalités de création d’un "espace physiologique" au sein de deux maternités. Le suivant concerne l’expérience d’un établissement parisien organisant les suites de couche en secteur physiologique (accueillant moins de la moitié des accouchées ! ) et secteur qualifié de haut risque. Ces présentations se concentrent sur les stratégies de mise en place, l’organisation des professionnels, les horaires des professionnels, la satisfaction des professionnels. Nous ne saurons rien de ce que vivent les parents au sein de ces services.
Le débat qui suit devrait pouvoir nous éclairer mais le dispositif permettant d'intervenir est décourageant. Seuls trois micros sur pieds sont disposés dans les allées. Il faut donc se lever, déranger l’ensemble des personnes assises dans la rangée, pour aller se dresser sur la pointe des pieds (les micros sont réglés pour des géants) afin de pouvoir être entendu.
Les échanges seront brefs et ne nous diront rien du vécu parental.

Suit la pause. Les couloirs bruissent de voix très majoritairement féminines. Une jeune sage-femme, accueillie en stage au cabinet pendant sa dernière année d'étude vient à ma rencontre. Passionnée par son métier, elle est pleine d’espoir pour l’avenir et persuadée que le regard des professionnels sur la physiologie évolue. Pour m'en convaincre, elle raconte la création, dans la maternité où elle exerce, d'une salle de "déambulation".

Déambulation... qu'en termes choisis ces choses là sont dites ! Cette salle ainsi nommée me semble exemplaire de nos dysfonctionnements actuels. La prise en charge de l’accouchement ne peut s'entendre que rigoureusement encadrée par divers protocoles, règles strictes et techniques reconnues. La naissance physiologique ne saurait s'en dégager.

Ainsi, il ne peut être question de s'appuyer simplement sur le ressenti des femmes. Dédier spécifiquement un lieu à la marche permet d’introduire une rigueur toute médicale dans un espace d’improvisation possible ; inconcevable autonomie, potentielle source de désordre… Une femme en travail ne peut se mouvoir au gré de ses envies.
Elle déambule dans la salle prévue à cet effet.

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Commentaires
R
j'ai espoir, je suis sure que dans 10 ans, il y aura deux façons d'accoucher. medicalisée à l'extreme avec prise de rdv, declanchement, cesa et hop bébé est à l'heure pour le diner du soir VS la physiologie dans des salles aux couleurs chatoyantes mais chères, des SF qui accompagnent, acuponcture, aide à la gestion de la douleur, mais attention depassement d'honoraires. etc ... je suis sure que OUI il y aura des maternités specialisée en "nature et physiologie" mais quel sera le prix à payer ???
J
Oui, mais n'est-ce pas le début d'un commencement de changement? Pour que les "mentalités médicales" évoluent, il faut peut-être en passer par là?
F
ben ouais, les couloirs, ça marche pas.<br /> <br /> les couloirs, c'est l'endroit où passent des chariots avec dedans des femmes allongées, même si elles sont très capables de marcher, par ailleurs. <br /> <br /> faut pas tout mélanger non plus.
H
Les mots qui tuent les idées qu'ils portent .....
S
Chacun dans son box à la bonne place. Ah vraiment la logique organisationnelle bouche le bouchon à son paroxysme ! Si ce n'était pas pathétique ce serait hilarant...
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