Démocratie
Que font en ce moment nos députés quand ils ne s’apprêtent pas à voter la réforme des retraites malgré la mobilisation populaire ?
Ils déposent des amendements.
Le 13 octobre dernier, le PLFSS proposait, dans son article 40, d’expérimenter les maisons de naissance. "Art. L. 6122-19. – À partir du 1er septembre 2011 et pendant une période de deux ans, le Gouvernement est autorisé à engager l’expérimentation de nouveaux modes de prise en charge de soins aux femmes enceintes et aux nouveau-nés au sein de structures dénommées « maisons de naissance » où des sages-femmes réalisent l’accouchement des femmes enceintes dont elles ont assuré le suivi de grossesse, dans les conditions prévues aux articles L. 4151-1 et L. 4151-3. Ces expérimentations ont une durée maximale de cinq ans."
Saluons ce pas en avant.. et évitons d’ergoter sur le fait que le groupe de travail créé au ministère de la Santé pour rédiger le cahier des charges de cette expérimentation ne s’est pas réuni depuis 2006, que la première proposition de rédaction avait fait l’unanimité contre elle et que personne parmi les professionnels impliqués dans les projets, les associations de sages-femmes ou les représentants des parents ne semble avoir été consulté ni même informé du contenu du futur décret. La fin octobre, période où ce projet de loi doit être débattu, peut se révéler riche en surprises, bonnes ou mauvaises…
Rien n’est gagné donc mais déjà, certains dénoncent sans vergogne la mise en cause de la santé des femmes et des nourrissons. (à lire ici à partir de la page 90).
Pas moins de quatre demandes de suppression de ce fameux article 40 ont été déposées par huit députés ( M.Billard, J.Fraysse, M.Gremetz, G.Lefrand, C.Leteurtre, M.Muzeau, JL.Préel et D.Tian).
Trois autres amendements souhaitent préciser les modalités de fonctionnement ( grossesse sans situation à risque ou à faible niveau de risque - attenance à une maternité - convention passée avec un établissement de santé attenant autorisé à l’activité de la gynéco obstétrique )
L'accusation de mise en danger revient comme une ritournelle. Par exemple : "L’absence de garanties de nature à préserver un haut niveau de sécurité des soins prodigués aux parturientes et aux nourrissons s’oppose en effet à la mise en place de cette expérimentation". Ou : "La littérature médicale récente montre en effet que la pertinence de la grossesse à bas risque est très difficile à établir et que tout accouchement peut exiger une prise en charge pluridisciplinaire en urgence, ce que ne permettrait pas les maisons de naissance."
Nos députés font fi des études internationales prouvant la sécurité de ces structures.
Ils dédaignent l'expérience de nombreux autres pays, pourtant aussi soucieux que les français du bien des femmes et des enfants.
Ils oublient que la mise au monde est un phénomène intime et familial autant que médical.
Ils négligent la demande grandissante des parents de bénéficier d'une forme d'accompagnement tout aussi sécuritaire mais moins technicisée que la prise en charge hospitalière.
Les maisons de naissance n'ont pas vocation à accueillir l'ensemble des accouchements. Elles élargissent l'offre de soin, désengorgent des maternités surchargées, diminuent les coûts de prise en charge tout en répondant à une attente grandissante des familles.
N'est ce pas suffisant pour en accepter l'expérimentation ?
Rester sourd à la volonté citoyenne est un phénomène décidément bien répandu.