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Dix lunes
5 janvier 2011

Le chainon manquant*

France Inter hier soir. Une émission sur la naissance. Quatre invités, quatre hommes, quatre médecins, quatre professeurs. (3 obstétriciens, I.Nisand, Y.Ville, R.Henrion -ancien président de l’académie de médecine- et un pédiatre P.Vert).
Quid des sages-femmes, quid des parents ?
La naissance est chose sérieuse et ne peut être évoquée que par d’éminents spécialistes !

Sans surprise, l’émission s’ouvre sur les maisons de naissance "le projet marque le pas"...

Sans vous imposer une analyse exhaustive des débats, je retiens quelques points.
La demande pour un accouchement  moins technicisé est reconnue mais celle de l’accouchement à domicile balayée en quelques mots par I Nisand "on peut mourir à domicile". Sans surprise, il défend sa "maison de la naissance", huit salles d'accouchement au sein de la maternité de Strasbourg. Au détour d'une phrase, il reconnait enfin cette évidence, c’est la même chose qu'un espace physiologique. Effectivement, l'alternative - cependant intéressante -proposée à Hautepierre** n'est pas une maison de naissance. Les femmes sont accompagnées par les sages-femmes de garde, donc pas forcément connues et surtout pas forcément disponibles. Les sages-femmes se partagent entre les salles physiologiques et les autres et comme partout, elles font ce qu’elles peuvent…
Y Ville soulignera d’ailleurs l’intérêt du "1 pour 1" une femme, une sage-femme, organisation optimale qui supposerait une volonté forte des pouvoirs publics. Ce n’est pas le chemin que nous prenons actuellement…

I Nisand, dans son combat contre l'accouchement à domicile, envisage qu’une femme puisse accoucher à l’hôpital avec sa sage-femme et propose que l’on mette à la disposition des femmes et des sages-femmes qui le désirent le service public des maternités.
Louable intention ! Cette possibilité existe déjà, mais elle est très majoritairement refusée aux sages-femme libérales. Et lorsque la porte s’entrouvre, c’est souvent à la condition de se conformer strictement aux protocoles du services ; protocoles édictés pour pallier la multiplicité des intervenants, le manque de disponibilité des sages-femmes, protocoles standardisant les prises en charge en partant du principe qu'il vaut mieux en faire trop que pas assez.
Exactement à l’inverse de ce que l’accompagnement global permet de faire. Exactement à l'opposé de ce que parents et sages-femmes demandant cet accès au plateau technique souhaitent.
Dialogue de sourd...

Seront aussi abordées les sorties précoces. I Nisand présente le service d’hospitalisation à domicile de son établissement qu’il précise confié à « nos » sages-femmes (comme j’aime à entendre ce possessif).
Il défend la généralisation de cette organisation avec une nuance intéressante ; en ville, le service doit être assuré par les salariées, en rural (secteur plus difficile du fait des déplacements)…ben les libérales peuvent s’y coller. Que voilà une répartition harmonieuse ! Ne serait-il pas plus judicieux de travailler avec les libérales pour l’ensemble de ces visites (sachant que le prix de revient pour l'assurance maladie est alors divisé par 2 ou par 3 ?).***

Mais je retiendrai surtout cette réflexion d'Y Ville rappelant qu’en Angleterre, pour un nombre équivalent de naissances, il y a deux fois plus de sages-femmes et deux fois moins d'obstétriciens. Les chiffres sur la sécurité et la satisfaction autour de la naissance sont meilleurs là bas.

CQFD !

*le titre surréaliste de ce billet est du à la réflexion partagée par Y Ville puis I Nisand "la sage-femme est le chainon manquant"
** avec mon mauvais esprit habituel, je vous invite à observer tout particulièrement la diapositive N°9
***Il y aurait beaucoup à dire sur le développement de l’hospitalisation à domicile en périnatalité. J’y reviendrai dès que j’en aurai le temps (mes billets "d’actualités" en retard s’accumulent …).


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Commentaires
1
Je ne résiste pas au plaisir de citer quelques phrases extrait du commentaire d'une amie sage-femme concernant cette même émission : <br /> I Nisand n'a t' il pas en effet parlé d'Arc de Triomphe invoquant le passage entre les 8 salles physiologiques et les salles où officient les hommes de l' art "casqués, masqués, bottés". Curieux... Dans mon imaginaire les arcs de triomphe sont une allégorie de la symphyse pubienne sous laquelle passent les vainqueurs...
P
oh !! non, je suis d'accord, je ne cherche absolument pas à être cautionnée...<br /> d'ailleurs, je fais souvent très attention de ne pas trop dévoiler mon histoire "particulière"...<br /> je ne voudrais pas effectivement être un "exemple" (je le mentionne d'habitude... j'ai oublié là ??)<br /> je parle très volontiers du fait qu'un PT était prévu, avec ma super SF AAD<br /> je répète très souvent que la première étape pour une grossesse gémellaire est d'atteindre un terme correct dans un état physique au top<br /> <br /> j'avoue me battre contre l'infantilisation des futures mères par certains pros !!<br /> d'ailleurs, je tire une assez grande fierté lorsque les mamans que je rencontre et "prépare" lors de mes Cafés Bien Naitre accouchent très (trop ?) facilement<br /> et se sentent tellement revalorisées, fières, fortes... femmes et mères !<br /> <br /> honnêtement, si tu veux faire disparaitre mes commentaires, cela ne me gêne pas vraiment<br /> même s'il est vrai que je prends souvent le parti de choquer pour réveiller mes semblables...<br /> <br /> la seule chose qui me semble importante,<br /> c'est de bien redire aux femmes que ce sont elles qui mettent un enfant au monde,<br /> accompagnées du regard bienveillant de leur SF...<br /> et non leur gynéco qui les accouche !!<br /> et puis laisser les mamans libres de choisir ce qui leur correspond<br /> mais en ayant toutes les données pour faire ce choix de manière libre et éclairée<br /> ce qui est très loin d'être la norme (j'ai subi une préparation style "lavage de cerveau" 3 fois de suite... O_o)<br /> <br /> en ce qui concerne la naissance de mes grumelles,<br /> malgrès 5 mois entiers à tenter de me convaincre d'aller sur le PT...<br /> au moment "crucial", j'ai senti qu'il était plus prudent de rester chez moi<br /> plutôt que de prendre la voiture pour Paris au mois de février...<br /> d'autant que MON expérience PERSONNELLE<br /> est que j'accouche d'autant plus facilement "seule" qu'entourée...<br /> tous mes "feux" étaient au vert.... <br /> mon mari avait des instructions assez précises<br /> la mater du coin est à 10 min et j'étais à l'affut du moindre signe de complication<br /> franchement, j'aurais pu appeler ma SF, mais je ne voulais surtout pas lui causer de soucis<br /> (l'AAD de jumeaux se pratique ailleurs... mais pas ici...)<br /> <br /> je n'ai qu'un seul "regret": être à la fois la parturiente et l'accompagnante...<br /> n'est pas très poétique...<br /> <br /> en tous cas, merci pour ton blog ! il est très chouette <3<br /> et merci pour ces combats que nous partageons ^_^<br /> <br /> Caroline
D
bonjour<br /> voila que je tombe par hasard sur votre blog et sur cette discussion. Je ne pouvais pas rester sans vous faire part de mon expérience positive dans une maternité de niveau 3. J'ai 2 enfants, la 1ere est née par césarienne sur un début de travail, 1 semaine avant la date programmée. cette cesa était prévu pour cause de siège + macrosomie + bassin classé "généralement rétréci". Ma fille ne s'est jamais retournée, elle pesait 3.700kg pour 49cm à trois semaines du terme. J'ai pu bénéficier de l'aide d'une super equipe de SF et puer pour mettre en route mon allaitement malgré une grosse complication de la rachi (une breche), dés que je sonnais quelqu'un venait et pourtant elles avaient beaucoup de travail. Deux ans plus tard, j'attend mon 2eme, je sais que j'aurai une cesa, tout le suivie se fait avec cette idée, une date est prise mais mon coquin de fils fait comme sa soeur, il se manifeste 1 semaine avant la cesa programmée. Je part a la mater, indique au SF (homme)que je dois avoir une cesa, on me monte en salle de travail, et là surprise, la SF de garde contacte ma gygy sans me le dire et demande son autorisation pour tenter la voie basse. Ma gygy est ok alors même que je n'en avais jamais discuter. Le travail sera long et douloureux, la peri ne fonctionnant que 3h et mon bb regardant le ciel. J'ai pu tester plusieurs positions pour soulager la douleur pour finalement accoucher de mon fils et d'une certaine façon de ma fille. Et sans épisio ni déchirure. Bien sur le bloc n'était pas loin, et comme mamandoc je me vois pas accoucher ailleurs et après coup mon compagnon m'apprendra que la gygy lui avait dit qu'elle m'accordait 20min de poussée et après c'était le bloc. Je n'en ai aucun souvenir. J'ai appris par la suite que cette maternité est assez favorable à l'AVAC.<br /> Je remercie donc cette SF, cette gygy et les puer pour leur travail, pas toujours effectué dans les meilleurs conditions pour elles. Je remercie cette SF qui a pris de son temps pour m'aider à mettre en route mon allaitement.<br /> Peut importe l'endroit où l'on accouche tant qu'il y a de l'humanité dans le traitement des mamans et une confiance réciproque, et que certains personnels soignants cessent d'infantiliser les parents.
S
Maman doc je voudrais juste te faire ouvrir les yeux sur ce que tu ne verras jamais je l'espère. Tu es médecin et donc le personnel de la mater t'expliquera les choses comme à une personne qui peut comprendre. Tu n'auras pas droit à la décision prise en staff, écrite dans le dossier par un chef de service qui refusera indefiniment de te recevoir, argumentée par une SF qui n'y croit pas mais obéit, puis un gyneco qui n'y croit pas non plus, assénée à coup de 'risque de mort foetale' quand la maman n'y croit toujours pas... Tu n'auras pas droit à un décollement des membranes sans ton accord et c'est tant mieux pour toi. Tu fais partie déjà un peu du système et tu te sentiras donc déjà un peu 'à la maison' dans cette mater que tu connais déjà.<br /> Car ce ne sont pas les gygy ou les médecins qui sont à blamer (je crois) mais un système trop rigide qui refuse de comprendre que certaines femmes se sentent plus en sécurité, bien informées et/ou chez elles et/ou suivies par une SF (ce qui ne m'empeche pas de poser des questions à ma generaliste) tant que tout va bien, avec une mater bien outillée pas trop loin quand les compétences de la SF seront sur le point d'être dépassées. C'est cette sécurité, cette coordination des compétences qui pour moi aurait une valeur inestimable.
P
Merci à toutes pour la richesse et l'intelligence de ces échanges. Je suis assez émue de voir la chance de tous ces bébés d'avoir des mamans et/ou des accompagnant(e)s comme vous. <br /> Puisse la terre entière lire ces messages (bon, aller, la France ce sera déjà pas mal..)
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