Question de genre
La profession de sages-femmes, féminine depuis la nuit des temps, s’est ouverte aux hommes en 1982. Une génération est passée depuis.
Les hommes sont pourtant restés très minoritaires (moins de 2 % !) jusqu’aux nouvelles modalités d'entrée dans les écoles. Depuis 2002, c’est en fonction de leur place au concours de première année de médecine que les étudiants peuvent choisir leur filière (médecine, dentaire ou maïeutique). Actuellement, les hommes représenteraient, selon les écoles, entre 13 et 20% des étudiants.
Pourtant, lors de récentes journées réunissant plus d’une centaine d’étudiants militants, le genre masculin était sur représenté.
Nous évoquons notre profession avec la même passion, dénonçons les mêmes dérives, espérons les mêmes évolutions. Mais je ne comprends pas pourquoi les hommes se montrent plus nombreux, plus mobilisés, pour défendre autonomie et reconnaissance professionnelle.
Du coup, je suis allée chercher un peu ce qui s'écrivait sur le sujet. Par exemple ce texte de Philippe Charrier sur l'intégration professionnelle des étudiants hommes sages-femmes.
Il propose cette explication : «Tout au long de leur formation, se dessine une logique de contournement symbolique des "compétences dites féminines". Elle peut se résumer de la manière suivante : à défaut de pouvoir posséder ces compétences, (…) ces hommes sages-femmes assurent symboliquement l’accouchement de la profession.(...) La plupart endossent un rôle maïeutique non seulement envers la parturiente mais aussi envers le groupe professionnel.»
Ainsi, les hommes chercheraient leur légitimité dans ce métier historiquement féminin en le sur-investissant.Théorie intéressante.
Mais il poursuit « Autrement dit, les hommes peuvent être des éléments déclenchant une réflexion des praticiennes sur leur propre travail».
Et là, mon sang ne fait qu'un tour. Nos représentants professionnels sont très majoritairement des femmes. Il n'y a qu'à se pencher sur la composition des conseils d'administration de nos associations et syndicats pour le vérifier.
Aussi souhaiterais-je vivement que l’on ne nous dénie pas la possibilité de réfléchir sans l'aide "d'éléments déclencheurs masculins" !!
Cependant, pour la génération montante, les choses semblent s’inverser.
Nous portons les mêmes idées et laisser les hommes défendre seuls la profession ne serait pas forcément la trahir.
Juste réitérer un partage des rôles éculés.
Sages-femmes, mes sœurs, réveillez-vous ! Nos représentations se doivent d'être paritaires.