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Dix lunes
3 juin 2011

Coopérer

 

Au départ en retraite de sa gynécologue de ville, elle s'est tournée vers un obstétricien exerçant en clinique privée pour son suivi annuel. Lorsque sa nouvelle grossesse s'annonce, c'est très logiquement à ce praticien qu'elle s'adresse. Il assure les premières consultations. Mais lorsqu'elle lui expose son souhait de retourner accoucher à l'hôpital qui a vu naître ses deux premiers enfants, il lui demande de poursuivre son suivi ailleurs. Il s'en explique ainsi, il préfère réserver son temps aux patientes qui accoucheront avec lui en secteur privé.
L'échange est courtois. Elle comprend sa position, il se montre respectueux de ses choix.
Il l’informe que bien évidemment, une copie de son dossier sera adressée au médecin qui prendra le relais dès qu’elle lui en aura communiqué le nom.

Ce ne sera pas un médecin. Plutôt que de rencontrer un nouveau praticien, elle préfère retrouver la sage-femme rencontrée en préparation lors de ses premières grossesses.

Lorsqu'elle appelle pour prendre rendez-vous, je lui demande de ne pas oublier les divers documents, résultats de laboratoire, échographies, frottis ... qui me permettront de créer son dossier.
Elle me rassure. Elle n'attendait que mon accord pour transmettre mes coordonnées au secrétariat, je vais recevoir sans tarder le compte-rendu de son suivi.
Agréable nouvelle. Un peu de temps gagné, quelques questions à ne pas répéter, la garantie de disposer du résultat des bilans antérieurs, d'avoir un résumé des consultations précédentes... En un mot, un passage de relais de qualité.

Le jour du rendez-vous, en voyant son nom sur l’agenda, je m’avise de n'avoir toujours rien reçu. Je note de rappeler le secrétariat pour réclamer cette fameuse copie mais ce sera déjà trop tard pour cette première consultation.

Elle arrive, s'installe et extirpe de son sac une épaisse chemise cartonnée. Ce ne sont pas les transmissions attendues mais l'ensemble des résultats de laboratoire et compte rendus d’échographie accumulés depuis sa première grossesse…

Je m'étonne alors de ne pas avoir reçu la copie promise.

Elle a bien communiqué mes coordonnées. Mais quand le spécialiste a appris que ce serait une - simple ! - sage-femme qui prendrait sa suite, il n’a plus jugé utile de transmettre quoi que ce soit. Au contraire, il  a péremptoirement affirmé que toute copie de son dossier était superflue puisqu'elle disposait déjà du double de ses prises de sang envoyé par le laboratoire…

 

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Commentaires
G
Quand je pose la question de l'agression, il ne s'agit pas pour moi de demander à la femme de justifier son refus de l'examen ; s'il s'agit d'un refus verbalisé, je vais lui proposer effectivement d'en parler, et expliquer de mon côté pourquoi je pense qu'il est justifié. On discute, on trouve un accord, tout ça est très intellectuel.<br /> <br /> Cette question, je la pose devant une gêne, une attitude de refus (mais sans le dire), une réaction physique à l'examen. Et oui, la question peut sembler choquante, mais ça peut justement être ce choc qui libère le souvenir et la parole. Cette exploration a tout son intérêt avec une femme qui n'a pas fait le lien entre son agression (parfois même pas vraiment considérée comme telle) et sa gêne, douleur ou malaise. Elle réagit instinctivement, et moi je le ressens et je lui propose mon interprétation, pour tenter de l'aider. Cette aide, elle l'utilise ou non. Peut-être même qu'elle me répond que je me plante complètement (et en soi, j'aime autant me tromper sur ce genre de soupçon). Mais elle perçoit qu'elle peut me parler, y compris de sujets lourds.<br /> <br /> En gros, pour illustrer, ce n'est pas "comment ça vous voulez pas de tv, on vous a violée ou quoi ?" mais plutôt "j'ai eu l'impression que l'examen était difficile pour vous, est-ce que c'est habituel ? Est-ce qu'on vous a agressée à cet endroit ?".
M
Bonsoir,<br /> Je suis tout à fait d'accord sur le fait qu'un antécédent d'agression peut être en cause. Mais je pense qu'il est bien plus simple, si jamais on tient à creuser ce point, de demander à la patiente si elle veut donner une raison? De façon à suggérer que la sage-femme est disponible pour une écoute? (Bien qu'au fond, ce soit un peu ahurissant d'avoir à justifier le refus d'un geste médicalement inutile et nocif !).<br /> Cette question m'a choquée alors que je n'ai pas eu le malheur d'être agressée, je ne suis pas certaine qu'une femme l'ayant été se serait sentie mieux d'être ainsi "démasquée" ou "dépistée" en 5 minutes par une personne inconnue...
L
oui, bonne analyse. Il y avait un peu de ça, se dire que c'était une partie de mon corps comme une autre. Mais c'est allé plus loin, les rendez vous sont devenu des cours anatomiques. Mes organes reproductifs sont devenu une partie aussi importante et connu que la main ou l'œil, plus quelque chose d'invisible dont je ne situais que l'entrée. Mais c'est marrant ton anecdote sur la gène que provoque les examen gynécologiques, dans le sens où forcément le soignant touche une zone hautement érogène, et qu'on s'interdit le moindre frémissement parce que de l'autre coté c'est un médecin/sage femme. J'ai aussi vécu ça à certain rendez vous chez le gynécologue. à toute celles qui pendant un TV se sont dit "allez, on respire plus, on ne bouge plus et on prend un air très naturel, et d'ailleurs je ne penses même pas à ça !" XD
K
Je pense qu'on est en plein dans le sujet, si 10lunes le permet, c'est très fort ce que tu racontes. <br /> Je ne sais pas si ton histoire est courante (je ne parle hélas pas des abus sexuels :()... J'avais déjà entendu une femme qu'elle avait réussi à retrouver du plaisir grâce à sa gynéco (en vrai, elle avait dit gygy ;)) et j'avais sauté au plafond, tellement pour moi ces examens sont invasifs. <br /> <br /> Il m'est arrivé, au cours de jeux avec mon Cher et Tendre, d'éprouver des sensations à la fois agréables et gênantes, je ne comprenais pas ce qui "bloquait", jusqu'à ce que je fasse le rapprochement : la sensation ressemblait à celle que je ressentais chez le gynéco (à l'époque où j'y allais encore), et je l'avais enregistrée comme "ça, ne prends pas de plaisir, c'est non, c'est quelqu'un que tu ne veux pas là-dedans". En fait, je ne comprends pas qu'on puisse traiter cette zone comme désexualisée, elle ne peut pas l'être pour moi ! Ce qui ne veut pas dire qu'on s'envoie en l'air avec les gynécos, hein, mais qu'on ne fasse pas d'examens sauf très bonne raison, parce que mettre une femme les pieds dans les étriers pour lui inspecter l'anatomie et croire que ça peut être totalement coupé du reste de sa vie, je me demande si c'est vraiment réaliste. <br /> <br /> C'est pê un peu brouillon ce que je raconte, mais ça n'est pas très clair dans ma tête non plus. <br /> <br /> En fait la Sorcière, ce que tu veux dire, c'est que le fait qu'on traite ton sexe de façon désexualisé t'a permis de sortir d'une situation où il était forcément attirant, même si tu n'étais pas d'accord ? <br /> <br /> De grosses bises
L
Je ne savais pas que le TV systématique était inutile voir dangereux avant cette conversation. Ayant été victime d'agression sexuelle pendant l'adolescence ça a été au contraire une libération pour moi d'apprendre à connaitre cette partie de moi même sous un angle purement médical. De la même manière la rééducation périnéale ne m'a posée aucun problème. ça peut paraitre étrange mais j'étais même ravie, moi qui n'arrivait même pas à projeter les images de l'organe reproductif féminin qu'on nous avait montré en biologie sur mon propre corps. Mais nous ne sommes plus dans le sujet, n'est ce pas ?
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