Coopérer
Au départ en retraite de sa gynécologue de ville, elle s'est tournée vers un obstétricien exerçant en clinique privée pour son suivi annuel. Lorsque sa nouvelle grossesse s'annonce, c'est très logiquement à ce praticien qu'elle s'adresse. Il assure les premières consultations. Mais lorsqu'elle lui expose son souhait de retourner accoucher à l'hôpital qui a vu naître ses deux premiers enfants, il lui demande de poursuivre son suivi ailleurs. Il s'en explique ainsi, il préfère réserver son temps aux patientes qui accoucheront avec lui en secteur privé.
L'échange est courtois. Elle comprend sa position, il se montre respectueux de ses choix.
Il l’informe que bien évidemment, une copie de son dossier sera adressée au médecin qui prendra le relais dès qu’elle lui en aura communiqué le nom.
Ce ne sera pas un médecin. Plutôt que de rencontrer un nouveau praticien, elle préfère retrouver la sage-femme rencontrée en préparation lors de ses premières grossesses.
Lorsqu'elle appelle pour prendre rendez-vous, je lui demande de ne pas oublier les divers documents, résultats de laboratoire, échographies, frottis ... qui me permettront de créer son dossier.
Elle me rassure. Elle n'attendait que mon accord pour transmettre mes coordonnées au secrétariat, je vais recevoir sans tarder le compte-rendu de son suivi.
Agréable nouvelle. Un peu de temps gagné, quelques questions à ne pas répéter, la garantie de disposer du résultat des bilans antérieurs, d'avoir un résumé des consultations précédentes... En un mot, un passage de relais de qualité.
Le jour du rendez-vous, en voyant son nom sur l’agenda, je m’avise de n'avoir toujours rien reçu. Je note de rappeler le secrétariat pour réclamer cette fameuse copie mais ce sera déjà trop tard pour cette première consultation.
Elle arrive, s'installe et extirpe de son sac une épaisse chemise cartonnée. Ce ne sont pas les transmissions attendues mais l'ensemble des résultats de laboratoire et compte rendus d’échographie accumulés depuis sa première grossesse…
Je m'étonne alors de ne pas avoir reçu la copie promise.
Elle a bien communiqué mes coordonnées. Mais quand le spécialiste a appris que ce serait une - simple ! - sage-femme qui prendrait sa suite, il n’a plus jugé utile de transmettre quoi que ce soit. Au contraire, il a péremptoirement affirmé que toute copie de son dossier était superflue puisqu'elle disposait déjà du double de ses prises de sang envoyé par le laboratoire…