Rouge démocratie
Une amie sage-femme s’agace de se retrouver prochainement en zone rouge.
Zone rouge ?
Coup d’arrêt à la construction littorale après Xinthia ? Coup de soleil estival sur peau blanche ? Coup de bambou bancaire sur compte asséché par le blocage de nos tarifs depuis 9 ans ?
Vous n’y êtes pas !
La zone rouge est délimitée par le passage de notre éminent président en visite de non-pré-campagne électorale…
Visite justifiant la fermeture des rues qu'il va traverser et de pas mal d’autres autour pour faire bonne mesure.
Que certains aient naïvement prévu de travailler ce jour là, que des praticiens de santé aient la malheureuse idée d’avoir un cabinet située dans ladite zone, que leur agenda soit complet ce même jour ne peut entrer en ligne de compte.
Des femmes et des hommes attendent ce prochain rendez-vous. Veiller à la bonne croissance d’un tout petit ou d’un fœtus au creux du ventre, évoquer la fatigue au travail et le patron qui clame "la grossesse, c’est pas une maladie", raconter les nuits coupées et les pleurs qui laissent désarmés, vérifier une tension un peu trop basse ou trop élevée, dire le bonheur d’accueillir cet enfant, s’inquiéter de la douleur de sa mise au monde, traiter une anémie postnatale, partager le souci du chômage alors qu’un petit s’annonce, commenter fièrement un cliché échographique, comprendre les résultats du dernier bilan, se préoccuper d’oublis répétés de pilule, montrer ce sein rouge et douloureux, entendre avec bonheur le premier galop du cœur de leur futur bébé …
Une journée de rendez-vous à reporter. La sage-femme ne sera négligemment prévenue que le vendredi soir de la totale inaccessibilité de son cabinet le mardi suivant.
La marche de l'Etat ne peut s'arrêter à ces détails.
Aux Lilas, les nouvelles sont de moins en moins bonnes(cf aussi ce billet ). La pétition est toujours en ligne !