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Dix lunes
20 décembre 2011

Larmes

 

L'ovale perçant la face supérieure du parallélépipède cartonné laisse s’échapper des volutes de fin papier blanc.
La boite de mouchoirs me nargue au rythme accéléré de son épuisement...

Est-ce le changement de saison, la pluie qui s’invite sans discontinuer depuis plusieurs jours ou la simple occasion d'une oreille attentive ? Ces femmes et ces hommes viennent pour de multiples raisons mais au final, chacun se met à pleurer

Elle pleure sur son accouchement gâché par une sage-femme blasée, annonçant avec indifférence que ce sera trop tard pour la péridurale, levant les yeux au ciel à ses plaintes, détournant le regard à ses demandes de soutien. Elle a puisé dans le souvenir heureux de la naissance précédente la force de pousser son enfant dans cette salle d’accouchement froide et sans âme.

Il pleure sur son fils ainé, ex adorable bambin plombant l'ambiance familiale depuis l’arrivée du second. Ses colères incessantes provoquent chez son père une irritation croissante. Il ne le reconnaît plus, mais surtout ne se reconnaît pas dans des élans de violences qu'il a du mal à contenir. En filigrane, une plus sombre histoire, celle de sa propre enfance.

Elle pleure sur son rêve évanoui. Après deux accouchements plus que physiologiques, instinctifs, juste accompagnés par des sages-femmes discrètes et attentives, elle découvre le monde de la pathologie. Sa santé s’est entre temps dégradée et nécessite un suivi rapproché. Elle alterne consultations avec de multiples spécialistes, examens de contrôles, bilans sanguins, échographie et autres réajustements de ses traitements. Chaque rendez vous hospitalier vient sonner un peu plus fort le glas d’une naissance naturelle. Ce bébé viendra au monde au son des bip scandant la bonne évolution du travail. Et s'ils en comprennent la nécessité, elle pleure sur cette dernière naissance qui va lui échapper, il pleure de la voir si triste.

Il pleure sur leur amour fusionnel disparu, sur sa compagne happée par leur enfant. Il lui semble qu'il n'a plus de place et cherche désespérément, tel un ainé jaloux, à attirer son attention.

Elle pleure sur cette grossesse longtemps attendue, tant rêvée après deux fausses couches. Mais tout se révèle si difficile; les kilos s‘installant et déformant son corps, le manque du tabac, les week end festifs écourtés par la fatigue, l’insouciance perdue, la libido effondrée, les tensions avec un compagnon supportant mal les changements liés à la grossesse. Si loin de l'épanouissement promis.

Tapies dans le placard, d'autres boites cartonnées attendent leur tour.

 

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Commentaires
S
Melusine : juste pour dire que j'ai vécu un peu la même chose que toi. Ma 2e grossesse était pourtant hyper désirée (FIV), n'empêche que même si c'est moche à dire le premier trimestre a été un cauchemard. Nausées, vomissements jusqu'à 8 fois par jour, fatigue extrême (sans blague) + hypotension, donc oui mon aîné a passé du temps planté devant un dvd de Walt Disney pour que je puisse comater, oui j'ai passé des journées affreuses avec lui à ne pas avoir l'énergie de l'emmener dehors pour qu'il se défoule, oui j'ai eu honte de ne pas m'occuper de lui comme je l'aurais dû. Heureusement, il allait chez la nounou une quinzaine d'heures par semaine, qui faisait ce que je n'avais pas la force de faire : l'emmener en balade, le défouler. Je dirais, n'hésite pas à te faire aider un maximum, laisser un peu ton grand avec d'autres personnes pour vous donner de l'air à tous les deux, te reposer autant que tu le peux. Et je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire...<br /> <br /> Bon courage, les nausées, ça ne dure qu'un temps ;)
M
Je pleure, regulierement dernierement, pas encore avec ma sage femme (qui pour le moment laisse trop de distance entre nous) mais seule chez moi ou devant mon bambin a cause de cette grossesse non attendue, desirée bien sur mais si difficile a aprehender a cause de nausées et vomissements graviques. J4ai eu du mal a gerer pour un premier, mais je n'avais alors que moi a gerer justement. La mon premier a besoin de moi et je ne suis plus la maman que je devrais etre.<br /> <br /> <br /> <br /> Et ces larmes ne devraient pourtant pas etre car cette grossesse meme si elle n'etait pas particulierement attendue elle est tres heureuse et elle etait souhaitée (peut etre pas dans ce timing la, mais souhaité quand meme).<br /> <br /> <br /> <br /> Les larmes sont tres variées, j'arrive comme un cheveu sur la soupe mais voila mes larmes en ce moment ce sont celle ci. Celles d'une femme qui ne trouve nul part l'ecoute et le soutient pour un truc tellement basique de la grossesse : les nausées... qu'en france nous considerons comme "normal"....
A
Oui, regretter d'avoir pleuré devant cette maman que je ne connaissais pas et n'avait rien demandé -son premier accouchement à elle était ma foi fort agréable apparemment, avec un sage-femme surnommé "nounours"... bref, rien à voir avec le trop plein d'émotions qui m'a submergé quand j'ai évoqué, pour la première fois, cet accouchement et la manière dont j'avais ressenti les choses! Je ne me souviens pas d'entretien préalable, mais il faut dire que dans le cadre d'une grossesse DID, j'étais déjà suivie depuis quelques semaines à domicile pour les monito. Nous avions parlé de diverses choses, mais pas du précédent accouchement. <br /> <br /> J'aurais bien sûr donné cher pour assister aux séances manquantes plutôt que d'accoucher une fois de plus prématurément! Le point positif? j'avais malgré tout eu droit à un cours sur la respiration -demandé expressément "au cas où", et il m'a été plus qu'utile pour la naissance de Paul, dont je garde un beau souvenir: pas de médecin, uniquement une SF douce et efficace (avec en prime le don d'ubiquité puisque nous étions nombreuses à donner la vie en l'espace de quelques minutes!) et 2 collègues venues pour accueillir le bébé. Seul mauvais souvenir? La pédiatre venue me voir à peu près 20 secondes après avoir laissé mon fils partir en néonat (la tête dans un sac plastique, vision quand même un peu traumatisante pour une maman!) pour me dire d'un ton goguenard: "trop tôt, trop gros, il faut que vous arrêtiez de faire des enfants, vous!" (disons qu'au moment de la délivrance, l'idée d'un petit 3ème n'était pas encore d'actualité, et dit sur ce ton.... heureusement que la SF elle n'était que douceur et empathie!!!)
1
@Jolune, tu as surement raison, nous avons les uns comme les autres beaucoup de mal à accepter que l'on puisse se passer de nous !<br /> <br /> Cependant, cette difficulté à nous sentir inutiles n'est pas le seul argument en faveur d'un accompagnement de l'accouchement.. Les SF qui pratiquement des AAD ont très peu souvent recours au Samu. Leur rôle est aussi de détecter en amont, tout au long de la grossesse et de l'accouchement, les éventuelles difficultés afin de transférer vers la maternité sans caractère d'urgence, et donc sans passer par le Samu.
J
Je serais plutôt d'accord avec Louise, un accouchement sans SF, s'il y a un problème, c'est de l'ordre de l'urgence... C'est sûr qu'ils auraient aussi pu partir à la maternité, mais je ne trouve pas ça choquant d'appeler le SAMU, dans le contexte. Si une SF avait été présente et avait détecté un problème, elle aurait appelé le SAMU pour les transférer à la maternité, je suppose ? <br /> <br /> En général, je trouve que la réaction de (la plupart des) SF quand on parle d'ANA est très comparable à la réaction de (la plupart des) gynécos quand on parle d'AAD.
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