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Dix lunes
17 janvier 2012

Dites 23 !

lauriers m

Un carabin est en train de se tailler une solide réputation chez les sages-femmes. Je tiens à soutenir sa célébrité naissante ; le "Dr Kenny" mérite d’être connu.

Avec une déconcertante modestie, il affirme pouvoir apprendre bien plus en une année que ce que les sages-femmes étudient en cinq ans, célébrant au passage ses propres capacités d’apprentissage "rapides et efficaces " (sic), mettant en doute notre aptitude à assimiler l’immensité de son savoir, même en nous y collant vingt ans…

Il conclut en soulignant qu'il est tout aussi ridicule de vouloir remplacer des médecins par des vétérinaires (selon la surprenante suggestion d’une élue Dijonnaise) que les médecins par des sages-femmes… 

Au final, ce Dr Kenny ne mérite pas que l’on s’attarde sur ses propos. Peut-être éprouverons nous juste quelque inquiétude sur sa capacité à établir un dialogue empathique et respectueux avec ses futurs patients. Mais rassurons-nous, il a choisi d’être chirurgien, ses patients seront muets puisqu’endormis.

J’en déduis qu’il a conscience de ses limites !

 

Revenons au fond du débat. La discussion sur ce forum d'étudiants en médecine a pour titre  «Les sages-femmes seront payées comme les généralistes»

Et c’est bien là que le bât blesse. «Pourquoi faire neuf années d’études si on peut gagner la même chose en en faisant cinq ?».

Un accord avec l'assurance maladie vient d’être signé par nos syndicats. La consultation sage-femme passera de 17 et 19 € à 21 € … en septembre 2012, et à 23 € en septembre 2013. 23 €, c'est précisément le tarif actuel de la consultation du médecin généraliste. L’annonce de cette revalorisation plonge le monde médical dans un certain émoi.

Serons nous payés pareil pour faire la même chose ?

La sage-femme se préoccupe principalement de physiologie et de prévention. La maternité est son domaine, elle maîtrise parfaitement son suivi, les complications potentielles, ce qui est tolérable ou pas, ce qui doit être surveillé ou pas. Elle peut traiter l’infection urinaire ou la mycose vaginale, corriger une anémie, prescrire des substituts nicotiniques… Cependant, en cas de pathologie suspectée ou avérée, elle se doit de passer le relais au médecin compétent, généraliste ou spécialiste.

L’atout du généraliste, c’est qu'il connaît globalement sa patiente parce qu'il la suit au long cours.

L'atout de la sage-femme, c’est aussi la globalité, mais cette fois-ci "transversale". Elle prend en charge la femme comme le nouveau-né, se préoccupe de la sexualité comme de la jalousie d'un aîné. Elle assiste le quotidien, soins du cordon ou préparation d’un biberon, surveille  la cicatrisation d'un périnée ou traite une lymphangite. Elle écoute les pleurs du baby blues ou l'ambivalence du désir d'enfant, rééduque un périnée ou pose un stérilet.

C’est cette compétence à s’occuper des petits maux comme des grands moments de la maternité et de la vie féminine qui fait sa spécificité.

Médecin ou sage-femme, il ne s'agit pas de faire mieux ou moins bien mais de prises en charge complémentaires. Tout est d'abord affaire de choix, celui des femmes ! (choix parfois contraint, faute de médecins disponibles...)

Nos professions doivent être pensées comme partenaires plutôt que concurrentes.

Reste une réalité : les consultations de sages-femmes sont longues, le temps nécessaire à la transversalité. En y passant trente à soixante minutes, même si le tarif annoncé semble le même, nous serons toujours bien moins payées que les généralistes.

Leur honneur est sauf !

 

NB : Pour mieux comprendre à quel "salaire" réel correspondent les chiffres, je vous invite à lire ce qu'en dit très honnêtement le Dr Borée

 

©Photo

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Commentaires
E
Je venais pour saluer cette phrase "Nos professions doivent être pensées comme partenaires plutôt que concurrentes."<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis bien triste de voir certains commentaires.<br /> <br /> Je n'en dirai pas plus histoire de ne pas relancer un débat stérile.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais je tenais toutefois à remercier 10lunes pour sa justesse et son honnêteté intellectuelle, ça fait (vraiment) du bien de vous lire. <br /> <br /> J'apprend beaucoup grâce à vous.
1
Je suis désolée de voir certaines d'entre nous avoir une parole agresssive en parfait miroir de celle de DrKenny. Ca ne fait pas avancer le débat, ça hérisse les interlocuteurs, c'est tout sauf constructif. <br /> <br /> Et généraliser une situation particulière à l'ensemble d'un groupe, quel qu'il soit, me fait frémir. C'est le début de l'intolérance, ça peut mener loin et faire très mal.<br /> <br /> Merci donc petitscarabée de ne pas poursuivre sur cette ligne.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne pourrai pas me connecter pendant plus de 24h. Je compte sur la bonne volonté de chacun pour ne pas retrouver de champ de mine dans les commentaires de ce billet.
P
@ Docmam : vous ne lisez pas ce que j'écris. <br /> <br /> <br /> <br /> Je dis que c'est justement en partageant nos misères que chacun se rendra compte de ce que vis l'autre. <br /> <br /> <br /> <br /> Quant au mépris des étudiants en médecine envers les autres professionnels (voire certains patients en se moquant de l'ignorance des gens notamment), c'est un constat que je ne suis pas la seule à faire et les échanges sur e-carabin concernant la revalorisation des sages-femmes en est une bonne illustration.<br /> <br /> <br /> <br /> L'esprit carabin est de toute façon basé sur le culte de la compétition et du mépris de ceux qui sont "en-dessous" que cela vous plaise ou non.<br /> <br /> <br /> <br /> Bien à vous Docmam et bonne continuation
D
Je ne pense pas qu'il soit très productif de lancer un concours sur "qui a les études les plus pourries", chacun trouvera toujours quelque chose à dire pour sa filière... Le quotidien de l'externe est de coller des examens et faire de la paperasse au lieu d'apprendre, c'est un fait aussi.<br /> <br /> De là à dériver sur le fait que les externes seraient méprisant envers les autres soignants mais pas l'inverse, je ne rentre pas dans ce débat bas de gamme, de la même façon, tout le monde trouvera toujours moults exemples de soignants méprisants et hautains, toutes filières confondues.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous ne donnez d'ailleurs pas le bon exemple en enchaînant sur un préjugé sur le mépris des étudiants en médecine envers leurs patients... no comment et aucun rapport avec le débat.<br /> <br /> Commencez peut être par appliquer vos propres principes de "combat commun" en ne dénigrant pas les autres professionnels soignants...
P
Au contraire, comparons nos galères pour se rendre compte que tout le monde en "chie" (passez-moi l'expression). Quant aux misères faites aux externes en obstétrique : c'est bien le seul service où les étudiants SF ne se retrouvent pas être la 5ème roue du carrosse... Cependant, on n'obligera jamais un externe de sacrifier son temps de formation pour faire le boulot de l'ASH : ce qui est le quotidien de l'étudiant SF. Il faut dire ce qui est. <br /> <br /> Bref, mon propos est de dire que les externes souffrent, certes, mais ça n'excuse pas leur comportement. D'autres étudiants souffrent aussi (et dans mon post précédent, je citais les étudiants infirmiers) et ce n'est pas pour autant qu'ils s'autorisent une attitude méprisante envers les autres étudiants ou professionnels voire encore mieux envers les patients.<br /> <br /> Mais bon, quand tout le monde aura la tête dans le bourbier sans distinction de "caste" peut-être qu'il y aura une prise de conscience concernant l'intérêt de mener un combat commun pour que cesse la maltraitance subie par les professionnels de santé (mauvaises conditions de travail, dénigrement du travail et des compétences...).
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