Fragile
Tatoués, percés, crêtés, ils ne passent pas inaperçus.
Ils attendent leur premier enfant avec bonheur, s'émeuvent des premières sensations, imaginent les mois à venir, s'interrogent sur leur compétence parentale. Habituelles réflexions partagées par de nombreux couples.
Pourtant... réactions un peu vives, critiques à peine voilées, au fil des mots se révèle leur totale défiance vis à vis du monde médical.
L’un comme l’autre ont une santé fragile, l’un comme l’autre se heurtent à un système de soin qu'ils ressentent comme brutal. Ils dénoncent une médecine indifférente et riche en préjugés.
Si elle a cessé de fumer depuis le début de sa grossesse, lui n’y parvient pas. Ce serait pourtant nécessaire. Un asthme sévère l’amène régulièrement aux urgences. Une fois soulagé, il en ressort avec un traitement, les consignes d'un suivi régulier et d'arrêt du tabac. Tous conseils qu'il s'empresse de ne pas suivre.
Le dernier pneumologue, consulté il y a plusieurs années, lui aurait annoncé qu'il mourrait trop vite de l’action conjuguée de son asthme et de son tabagisme… Provocation volontaire pour le faire réagir et le mettre en face de choix essentiels ? Lui l’a entendu comme une fin de non-recevoir.
Du pré au post natal, notre chemin commun durera une année. J'ai très naïvement espéré le convaincre de mieux se soigner, cherchant le spécialiste qui l'accueillerait sans jugement abrupt, espérant que l'accompagnement respectueux de la grossesse restaurerait sa confiance dans le milieu médical.
Peine perdue.
Il néglige tout suivi, consentant à se rendre aux urgences lorsqu'une crise plus grave le met à bout de souffle...
Il n'a pas trente ans et ne peut monter des étages sans faire étape à chaque pallier.