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Dix lunes
26 février 2012

La forme sans le fond

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Un espace physiologique vient d'être inauguré à la maternité de Villefranche-de-Rouergue. La forme semble sympathique - quoiqu'un peu grise - pour ce que l'on peut en apercevoir dans ce bref reportage. Le commentaire du Pr Nisand (CHU de Strasbourg et non de Toulouse comme l'indique le sous-titre...) souligne que les femmes "préfèrent qu'on respecte la physiologie de leur accouchement".

J'aimerais que la médecine le préfère aussi...

Si la forme semble convenable, on est bien loin du fond ! En témoigne cet article de l'AFP où chaque mot mériterait une analyse de texte.

Le titre  "L'accouchement comme à la maison" est déjà un petit  - un gros - arrangement avec la réalité.

Nous avons cherché à créer une atmosphère de zénitude totale, pour donner le sentiment de materner la mère. Cette phrase sonne comme un aveu. Il ne s'agit pas de faire mais de donner l'impression.

- Lsalle physiologique de préparation à l'accouchement de Villefranche, la première en Midi-Pyrénées, correspond aux Maisons de naissanceLes espaces physiologiques sont sans nul doute une proposition intéressante mais n'ont rien à voir avec les maisons de naissance que l'on nous promet depuis ...1998.

Dans la salle aux murs gris clair, un investissement de 130.000 euros... Ca coûte cher de faire comme à la maison dans un hôpital !

- Le lit est assez grand pour que le mari soit allongé avec sa femme. C'est donc ainsi que la chef de service imagine un accouchement "naturel". 

L'accouchement lui-même se fait sur le lit, en position accroupie. Interprétation du journaliste ? L'accouchement en maternité ne pourrait se concevoir que normé ? 

Après l'accouchement, la petite Manon ne lui a pas été arrachée pour la pesée et les examens. Faut-il noircir la réalité des stuctures pour justifier les demandes aletrnatives ?

- Elle n'aurait pas voulu accoucher chez elle: En aucun cas je n'aurais souhaité mettre la vie de ma fille et la mienne en danger, il me fallait la sécurité d'un hôpital à côté. Opinion personnelle que l'on nous assène comme une évidence.

-Le Pr Israël Nisand est formel: Je suis contre les Maisons de naissance expérimentées en dehors des hôpitaux. Lors de l'élaboration du cahier des charges des MDN, les sages-femmes avaient pourtant accepté la proximité immédiate (qui ne correspond pas à la définition des MDN) afin d'obtenir le démarrage de l'expérimentation. Ce n'est pas l'éloignement qui inquiète certains de nos amis obstétriciens, mais notre autonomie...

- Sans compter que de nombreuses femmes ayant fait le choix d'un accouchement naturel, démédicalisé, sans intervention (injections, péridurale...) pour faire diminuer les souffrances, changent d'avis au moment des premières contractions: seules 3 à 4 % de ces futures mères vont jusqu'au bout de leur démarche, reconnaît Mme Bader.

C'est à la lecture de cette dernière phrase que ma colère a explosé.

Aménager de jolies salles ne sert à rien si les sages-femmes ne sont pas disponibles et désireuses d'accompagner les femmes autrement. Je m'en inquiétais il y a quelques mois. "La douleur et le stress se payent cash et le risque est de voir pulluler des statistiques démontrant l'inanité des ces équipements". 

Voilà, j'ai déjà raison et je m'en désole.

Les gens de mauvaise volonté retiendront que l'on a dépensé 130 000 € d'argent public pour satisfaire des femmes capricieuses changeant d'avis dès leurs premières contractions...

 

 

Edit de 11h 30 : on me glisse à l'oreille que cette maternité ne mérite pas de jugement hatif... Mon billet n'étant inspiré "que" par un article de presse, tout témoignage direct sera le bienvenu !


Edit de minuit : Témoignages reçus ! L'article de l'AFP ne semble pas du tout représentatif de la réalité de cette maternité. Loin d'une simple politique d'affichage, il existe une réelle volonté de Mme Bader, chef de service, comme de l'équipe de respecter les attentes des couples. Pour preuve, le nombre d'accouchements augmente de façon régulière et certains parents délaissent une maternité bien plus proche pour se rendre à Villefrance de Rouergue. Dont acte !

Reste ce mystérieux chiffre de 3 à 4% dont je continue à cherche la source (cette statistique serait une estimation "générale" ne concernant pas la maternité citée)


©Photo

 



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Commentaires
K
Oui on m'a parlé de Thonon, mais j'habite près d'Annecy, Thonon est à une heure de route... Mon deuxième est arrivé en 5h, donc pour un troisième, je crois que j'aurais peur qu'il arrive dans la voiture... Mais merci du tuyau...
C
kalee, en Haute Savoie (j'y suis) il y a l'hôpital de Thonon qui est très respectueux de la physiologie. Pas de perfusion systematique, encouragement à la mobilité et position d'acc entièrement libre. Eh oui, c'est possible même à l'hôpital avec une équipe qui se bouge !!!
K
Je faisais des recherches sur le net, pour dénicher l'endroit de rêve où je pourrais avoir mon prochain enfant (même s'il n'est pas encore programmé...), après avoir été décue par 2 accouchements à l'hôpital public. J'habite en Haute-Savoie, et apparemment, si je veux être accompagnée plutôt que scopée, perfusée, et laissée seule (la dernière fois 2h de travail seule dans une salle sans sonnette, et sans mari, le rêve...), il faudra que j'aille en Suisse, avec 45 min de route et la note à payer. <br /> <br /> Au cours de mes recherches je suis tombée sur cet article, et je me suis dit "tiens, ça ferait plaisir à 10 lunes de lire ça". Alors je te mets le lien:<br /> <br /> http://www.amge.ch/2010/09/30/un-medecin-le-dit-la-maison-de-naissance-fait-mieux-que-l%E2%80%99hopital/<br /> <br /> Cela amènera de l'eau à ton moulin, même si je ne doute pas un seul instant que tu es déjà convaincue de tout ça... <br /> <br /> En tout cas, bravo de ton combat, et j'espère que dans quelques années (dizaines? non, soyons optimistes), on n'aura plus besoin d'aller à l'étranger pour être respectées!
L
Je rejoints les autres commentaires: pas besoin de salle spécifique pour un accouchement "physiologique"<br /> <br /> ... juste un personnel formé! J'ai accouché dans un CHU (niveau 3) et on m'a prié de m'allonger sur le lit lors de la venue de nos deux enfants. Renseignée par le net (et les posters géants dans les couloirs!), j'ai dit non et on m'a laissée faire (certainement pas accompagnée), mais j'ai clairement senti le vent de panique des (très jeunes) sage femmes qui ne trouvaient pas leurs marques parce que "tout était à l'envers" (j'étais accroupie en leur tournant le dos). Ca ne donne pas forcément confiance... Ceci dit, je suis allée jusqu'au bout sans péri et en bougeant à chaque fois. Un accouchement physio se passe aussi d'intervention.
E
Au moins il y a une alternative à Villefranche.... Je viens de passer 15 ans en Suisse où j'ai été fortement influencée par une approche plus naturelle et respectueuse de la naissance. Je me retrouve en France, enceinte de mon premier enfant, dans une ville où le choix se fait entre maternité de niveau 2a et de niveau 3, sans plateau technique ouvert aux SF libérales et avec un corps médical incapable de dialoguer.... Il est peut-être encore temps de déménager....
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