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Dix lunes
31 juillet 2012

Bluffant...

 

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De violents maux de ventres pendant son séjour en maternité n’inquiètent pas l'équipe. Il faut dire que c’est son troisième enfant et que les tranchées peuvent être sévères. Elle rentre chez elle.

Douleurs intenses, fatigue intense, elle cesse d’allaiter son bébé.

Les jours passent mais les "tranchées" ne cèdent pas. Elle consulte son médecin traitant qui - lui - prend en compte les signes qu'elle décrit. Il la réadresse en urgence à la maternité. L’échographie révèle une rétention placentaire qui nécessitera un curetage quelques jours plus tard.

Après chaque accouchement, le placenta est vérifié avec attention afin de s’assurer qu’aucun cotylédon ne manque à l’appel. Parfois, le diagnostic de rétention partielle n'est pas si aisé. Et qui peut affirmer ne jamais avoir réalisé cet examen un peu rapidement, parce que les naissances se bousculent et qu’il faut parer au plus pressé

Interrogée sur les possibles recours juridiques, j'ai répondu que je n’avais aucune légitimité à donner un avis sur un dossier que je ne connaissais pas.
Mais je soulignais que la judiciarisation de la médecine amenait les équipes à se draper dans des protocoles toujours plus rigides où les soignés n'ont plus leur mot à dire. Au lieu d'une démarche procédurière, j'ai prôné le dialogue.

En effet, le plus réparateur pour cette jeune mère n'était-il pas un débat honnête avec l’équipe ? Se donner le temps nécessaire pour que chacun expose sa version des faits, pour que l’une témoigne de son vécu et que les autres expliquent et s'excusent.
Plutôt que de la procédure, remettre de l’humanité dans une relation qui en avait un temps manqué.

J'évoquais tout cela dans une réponse prudente…

Mais pourquoi s’étonner que porter plainte soit la première option envisagée ? 
Cette jeune femme, outre sa douleur, sa fatigue, l’échec de son allaitement et l’anesthésie générale nécessitée par le curetage est maintenant humiliée.
Humiliée que l’obstétricien la pense assez stupide pour gober ce qu'il a affirmé sans vergogne - et à deux reprises, ce qui ne permet pas de douter du sens de ses propos : « Oui madame, des morceaux de placenta qui restent dans l’utérus après l’accouchement, c’est NORMAL ».

 

©Photo

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20 juillet 2012

Victoria

 

1177003273_f80751c46e_zUne longue attente de trois ans, une FIV et enfin l'enfant tant espéré grandit en son sein. La grossesse se déroule sans problème, alternant les trimestres habituellement décrits, le premier nauséeux et somnolent, le second plus léger, le troisième interminable.

Arrive le jour de la naissance. Le contact du drap froid et mouillé la tire d'un profond sommeil. Elle a perdu les eaux mais ne s'est pas réveillée tout de suite. C'est pendant le trajet vers la maternité que son travail commence.

Elle est surprise par des contractions en salves serrées, violentes, bien éloignées du début de travail progressif qui lui avait été annoncé. Rien de comparable avec ce qu’elle avait imaginé, ce à quoi elle pensait être préparée.

Elle est immédiatement submergée.

Dans la tempête, une sage-femme, respectueuse, à l'écoute de ses refus, de sa douleur, de sa panique. Petite flamme chaleureuse à laquelle se raccrocher. Elle saura à chaque fois prononcer les mots qu’il faut, la rassurer, intercéder pour elle auprès des autres membres de l'équipe.
Elle a le droit de crier, de refuser les examens, de réclamer haut et fort sa péri...

Enfin, l'analgésie est posée, la tempête apaisée.

Vient le temps de la poussée. Ses efforts sont peu efficaces. L’enfant ne progresse pas. Le médecin de garde annonce «On ne vous laissera pas pousser plus longtemps, ne vous inquiétez pas ». Dans sa tête, se bousculent les mots qui n'ont pas été prononcés ; forceps, césarienne, spatules,ventouse... Elle ne veut pas de tout cela. Sa grossesse a nécessité une assistance médicale, sa dilatation aussi. N'y a t-il aucune étape qu’elle pourra franchir seule ?

Encore une fois, la sage-femme comprend son besoin, négocie quelques précieuses minutes supplémentaires.
Alors, seule, toute énergie révélée, elle met au monde Victoria, la bien nommée.

 

©Photo

 

Ce texte renoue avec quelques essais passés ; mettre en mots non ce que l'on me dit ou ce que j'ai vécu, mais ce que l'on m'écrit. Ces billets ont pour titre un prénom, celui choisi par ceux qui me confient leur histoire.

 

16 juillet 2012

Le passé au présent

 

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Archives INA 1982

En plateau, la journaliste annonce un reportage sur « une chaise d’accouchement »

Les  images apparaissent, accompagnées d’une presque première phrase de commentaire « L’idée est d’accoucher en  position oblique sinon assise, mais pas à la façon des écologistes, pas accroupie sur le sol en famille avec des amis »…

C’était il y a 30 ans mais l’ironie méprisante du propos est encore d’actualité. Certains s’amusent toujours du désir d’accoucher autrement, ailleurs que sur le trop fameux lit (qui a bien peu évolué depuis), plus entourée que par l’unique accompagnant toléré par nombre de services, obligeant parfois père, meilleure amie, grand-mère voire doula à se prêter à de stupides relais. Un à la fois !

Comme en 82, c’est toujours la sécurité qui est invoquée ; nécessité de surveiller le périnée pour justifier la position,  risque infectieux ou manque de place en cas de gestes d'urgence pour expliquer la limitation des présents, inconvénients ne concernant étonnamment pas les différents stagiaires en formation...

En voyant ces images d'archives, je reconnais le fil torsadé rouge et blanc de l’électrode de scalp que l’on vissait au crane fœtal (!) pour mieux surveiller son rythme cardiaque. Je retrouve le nouveau-né isolé dans son incubateur sous le regard anxieux d’une mère impuissante à le rassurer. Je me rappelle qu'à l'époque, la consigne était formelle, "le bébé doit être couché sur le ventre"...

En 82, j’étais déjà sage-femme. Heureusement, mon premier poste m'avait fait découvrir d’autres façons de faire. Les femmes accouchaient souvent assises, sans étriers. Elles faisaient leur dilatation dans l’eau, bougeaient, marchaient. Leur enfant restait longuement posé sur leur ventre, puis était baigné (ce qui n'était pas une si bonne idée)...

En 82, cette maternité subissait déjà les foudres de l'establishment pour oser penser autrement.

La seule vraie différence, trente ans plus tard, c’est que se faire traiter d’écologiste est plutôt valorisant…

 

©Photo

 

8 juillet 2012

Façon puzzle

 

2837857863_92e9e1c33e_zL'échographie est souvent pensée par les parents comme une première rencontre avec leur enfant. Le décalage entre ce rendez-vous attendu et la réalité de l'examen - chargé de délivrer un certificat de conformité - en est d'autant plus grand.

Ce que résumait récemment un père avec humour.

"Nous regardions l'écran, en ayant un peu de mal à comprendre ce qui s'y affichait. De temps en temps, l'échographiste nous gratifiait d'un commentaire laconique, énumérant des organes, annonçant des mesures.  

Il nous a expliqué que certaines dimensions permettaient de préciser l'âge de la grossesse.  A chaque mesure, l'écran affichait une date. Mais elle était chaque fois différente.

A se demander si ce bébé nous sera livré en kit à monter nous-mêmes ! "

 

©Photo

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