max-portrait

Max ça fait plus de trente ans que je le connais, ou presque 50 ans. Ca dépend comment on compte. Quand j'étais toute petite fille, il me faisait sauter sur ses genoux. C'est ce qu'il avait raconté dès le premier repas d'équipe, le jour de ma première garde dans sa maternité. Moi fraîchement diplômée, en quête de légitimité professionnelle... le coup du "à dada", ça m'avait pas vraiment aidée.

Max, ami de mes parents, révélateur miraculeux avec Nicole, sa compagne sage-femme, qui permit à ma mère de découvrir le bonheur d'un accouchement heureux, joyeux et -presque- sans douleur après deux mises au monde calamiteuses. Max que j'ai connu enfant puis perdu de vue. Max que j'ai retrouvé 20 années plus tard grâce aux hasards de la vie, mais était-ce vraiment un hasard ? Le CHU qui m'avait formée ne voulait plus de moi et l'offre d'emploi signée de son nom venait juste d'être affichée sur le panneau de liège de l'école.

Max, coeur et maison grands ouverts, passionné, généreux, enthousiaste, confiant, optimiste. Max, son amour des femmes, sa folie douce, ses coups de gueule. Militant de la cause des femmes, il a été parmi les pionniers de  nombre de combats, accouchement sans douleur, contraception, avortement, naissance sans violence, naissance respectée... 

J''ai quitté sa maternité il y a bien longtemps. Mais je sais ce que je lui dois. Il m'a offert un nouvel horizon.

Max est mort ce week-end.

Max tutoyait tous les membres de son équipe sauf quand il les engueulait. Le vouvoiement nous annonçait son ire tout comme sa voix tonnant dans les couloirs de la maternité, clamant le prénom de la désignée coupable. Sans savoir pourquoi,  je faisais l'inverse. Je le vouvoyais au quotidien, le tutoyant quand j'étais fâchée contre lui.

Max Ploquin, vous m'emmerdez à être mort.

 

NB : Cette maternité, je l'évoque aussi ici et encore là...