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Dix lunes
22 mars 2011

Teasing !

Le magazine de la santé consacre cette semaine son "Sept minutes pour une vie" à la maternité de l'hôpital Lariboisière. Le contexte est celui de la restructuration - lire la fermeture - de maternités, obligeant les établissements qui subsistent à des prouesses pour accueillir l'ensemble des femmes enceintes.

Lors du premier épisode, une sage-femme facétieuse piège ses collègues en tendant un fil à travers le passage ...
Plus sérieusement, la maternité est saturée. Faute de place, une femme arrivant pour accoucher se retrouve allongée sur un brancard dans le couloir. Un semblant d'intimité lui est procuré par un paravent de toile gentiment amené par la sage-femme. Le manque de lit ne saurait justifier l'absence du rituel monitoring ; l'enregistrement a donc lieu derrière le paravent. Les prises ponctuent irrégulièrement les murs et l'appareil doit être branché de l'autre coté du couloir.
D'où ce fil électrique élégamment enjambé par les membres de l'équipe vaquant à leurs occupations...

En fin de reportage, les sages-femmes se réjouissent de n'avoir à décompter aucun incident dans la nuit malgré leur manque de disponibilité.

Dans ces moments fondateurs de la parentalité, la présence attentive d'une sage-femme est un acte de prévention tant médical que psychologique et social.
La périnatalité française s'organise couteusement autour du postulat de la pathologie et de la haute technicité. Elle concentre les naissances, morcèle les prises en charges, malmène parents et professionnels.
Elle doit être repensée.

Réservez votre journée du 12 mai !
 
 
Complément d'info : L'explication du transfert des accouchements des Lilas vers Lariboisière est quasi surréaliste du fait de sa brièveté. "Johanna aurait du accoucher aux Lilas mais le monte-charge qui mène aux salles d'accouchement est en panne". En fait, c'est l'ascenseur qui permet le transfert d'une femme de la salle d'accouchement au bloc opératoire qui était en panne. Pour des raisons de sécurité, la maternité a du interrompre son activité. Elle reprenait normalement ce lundi.

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5 mars 2011

Baby Boom - Préambule

Dois-je remercier TF1 qui s’apprête à m’offrir matière à d'acides chroniques au cas où je manquerais d’inspiration ?

La seule présentation me fait déjà frissonner.

Une quarantaine de caméras ... Irruption présentée ainsi dans l'extrait vidéo «des caméras se sont invitées au moment le plus intime et le plus magique de la vie d’un couple ». Choix judicieux que d’aller envahir ces instants d’intimité. Volonté louable d'offrir à chacun, nouveau-né compris, son quart d'heure de gloire wharolien...

- Nouveau divertissement - T’as raison coco, ces moments mêlant amour, peur, confiance, douleur, instinct, inconscient, vie et mort ne sont que purs moments de divertissements.

-"On bloque et on pousse bien en bas" - L'utilisation de ce pronom indéfini en lieu et place d'un nom ou mieux encore d'un prénom m'exaspère ! Comment n’exister que par cette apostrophe impersonnelle lors de ce moment fondateur ?

-"On y va, on s'accrocheJ’aime cette combativité invitée par les mots. Mais l'appel pourrait être plus fort. Laissez-moi chercher … "à l’assaut" ?

- Hurle la sage-femme - Ben oui, à l’assaut quoi, quasi une question de vie ou de mort … C’est bon pour l’audimat ça coco !

- Le papa s’évanouit submergé par l’émotion - Un trop plein d’angoisse nourri par les hurlements de la sage-femme... ?

Ceci ne dure que 28 secondes, montage haché de brèves séquences pour appâter le chaland. Mais ces extraits et la présentation qui en est faite laissent augurer du pire.
A suivre…

28 janvier 2011

Phase critique

Ne voilà t-il pas que ce blog semble voir passer suffisamment de lecteurs pour provoquer l’intérêt des éditions Marabout-Hachette.
Oh ! Pas pour m’engager comme auteur, juste comme critique bénévole…

C’est ainsi que j’ai reçu une proposition de « collaboration ». J’ai commencé par m’assurer de rester libre de mes propos.
En substance :
Ai-je le droit de dire que c’est l’éditeur qui m’a envoyé le livre : oui
Ai-je le droit de ne pas en parler : non
Ai-je le droit de faire une critique négative voire très négative : oui

Ainsi "rassurée", j’ai accepté de recevoir «Le cahier de grossesse des paresseuses» qui vient de paraitre.

Le principe, deux pages par semaine de grossesse, l’une décrivant l’évolution du futur nouveau-né, plutôt bien faite et expliquée sans jargon, l’autre mêlant petits récits du quotidien et mémo des choses à faire.

Les petits récits, ou billets d’humeur, sont écrits avec le ton un peu décalé propre à la chick lit. On aime ou pas ce s tyle, moi pas… Mais ils ont le mérite d’aborder pas mal de petites galères de la grossesse, du premier trimestre pas vraiment épanouissant à la crainte de l’enfant anormal en passant par la surconsommation de produits inutiles destinés à faire de vous des parents parfaits.
Quelques feuillets plus spécifiques proposent des recettes de cuisine, des astuces pour lutter contre les petits maux de la grossesse, des trucs pour rester belle ( !) ou la liste du matériel à prévoir (assez pléthorique malgré la mise en garde citée plus haut).
Quelques pages vierges sont destinées à coller des clichés de vous ventre plat (sic) ou des échographies. Souvenirs désignés…

Là où ça se gâte franchement, c’est sur le suivi de la grossesse. Il est d’abord évident que vous n’avez qu’un seul interlocuteur, le «gynéco», conseillé par votre médecin traitant (ils vont aimer) ou vos copines.
Les sages-femmes sont citées une première fois page 8, mais c’est dans le cadre des questions à poser pour choisir sa maternité «sont-elles aimables et disponibles ?» et ne réapparaissent qu’en page 114 «soyez charmantes avec les gynécos et sages-femmes de la maternité pour être dans leurs petits papiers»…
Les explications du suivi médical brillent par leurs approximations. Le taux d’albumine permet de savoir si vous avez de la tension (faux, il recherche une complication rénale liée à l’hypertension), le taux de beta HCG date la grossesse (faux, il ne permet que de l’affirmer), votre groupe sanguin sert à vérifier «si vous êtes "compatible" avec le papa» ( ?! J’imagine que c’est une allusion aux incompatibilités rhésus mais dit ainsi…).
De nombreuses vérifications sont présentées comme incontournables (toucher vaginal, calcul du risque de trisomie 21, recherche de diabète…)
En un mot, l’on vous incite à être docile et à vous conformer au suivi proposé sans chercher à en savoir plus ni à en débattre avec votre praticien.

Au final, un livre pas cher, 7.90€  (subventionné par une marque de céréales citée trois fois ?), à la mise en page aérée ponctuée de petits dessins sympa.
Sans aucun doute plus à feuilleter pour sourire que pour s’informer…

…Suis pas sure de recevoir d’autres livres moi…

NB : qui peut m'expliquer comment contourner les bugs de canalblog qui refuse de faire apparaitre les mots clas-sique et sty-le si je n'y ajoute pas un espace ?

24 janvier 2011

L'art de la désinformation

Reportage sur l'accouchement à domicile diffusé samedi sur M6… encore visible ici.

En fait, l’émission mêle le parcours de deux couples. Le premier prépare la naissance à la maison de leur second enfant - après un premier accouchement hospitalier mal vécu -, le second  fait une énième et dernière tentative de FIV avec don d’ovocyte - elle a 46 ans - en Grèce. Cet ultime essai n’aboutira pas et il y a quelque chose de particulièrement malsain dans la présentation de cette histoire, alternant savamment mauvaises nouvelles et rebondissements riches d’espoirs pour se conclure sur l’image d’une femme en pleurs. Nous aurons même le droit d’assister à l’ouverture de l’enveloppe du laboratoire annonçant l’échec.
Sinistre voyeurisme hélas coutumier de ce type d’émission…

Mais là n’est pas mon sujet. C’est de Dinah et Mathieu dont je souhaite vous parler ici. Le reportage présente les différentes étapes de la fin de grossesse, de la dernière visite prénatale de la sage-femme à la naissance et aux heures qui suivent.
Tout se passe bien, les parents sont heureux, le bébé magnifique, la grande sœur normalement décontenancée.

Pourquoi alors mon agacement, ce sentiment diffus de manipulation ? Pour en avoir le cœur net, j’y retourne ! (Admirez ma détermination; sur M6 replay, on ne peut sauter des passages sans bloquer le déroulement et se prendre une page de publicité supplémentaire pour nous punir de notre impatience…).

A la deuxième lecture, c’est évident, voix off et mise en scène viennent dramatiser un récit qui serait sinon parfaitement charmant et banal.

Voix off présentant le reportage :
Il est 5 h Dinah vient de perdre les eaux. Leur deuxième enfant est sur le point de naitre (…) Même si Dinah sera assistée par une sage-femme qui la suit depuis plusieurs mois maintenant, un accouchement à domicile comporte toujours de nombreux risques…

Pour appuyer le commentaire, on entend alors la voix de la sage-femme «Je ne suis pas Mme Soleil, je sais très bien qu’il peut se passer n’importe quoi.»

Reprise de la voix off
D’autant que Dinah va accoucher sans péridurale et c’est sans doute ce qui fait le plus peur à son mari.
Voix du mari : «Je sais très bien qu’elle va avoir horriblement mal»
Quoi qu’il arrive, il devra garder son calme face aux souffrances de sa femme et ne devra surtout pas paniquer face à une sage-femme injoignable alors que le bébé est en train d’arriver.
On entend alors la tonalité du téléphone qui sonne dans le vide… longuement…

Et comme la dramatisation ne doit pas sembler suffisante, je soupçonne la scénarisation de certains passages.
Par exemple, Dinah annonce à sa fille de deux ans la naissance prochaine en prenant soin de lui préciser que «maman ne fera pas comme les autres dames et qu’elle n’ira pas à l’hôpital pour accoucher ». Est ce vraiment Dinah qui a eu envie de le présenter ainsi ou une demande de la production pour bien souligner l’originalité de ce choix ?
On apprend ensuite que la petite fille dort avec ses parents qui du coup «n’ont rien prévu pour le bébé, ni chambre ni berceau». Cette précision inutile ne semble là que pour mieux cataloguer le couple en insistant sur ses choix "inhabituels".

Revenons à la voix off
Malgré tout, elle a quand même du s’inscrire dans un hôpital proche de chez elle au cas où les choses se passeraient mal en dernière minute.
Catherine la sage-femme sera présente mais en cas de grave problème elle sera vite désarmée.

La phrase d’introduction du reportage « je ne suis pas Mme Soleil, je sais très bien qu’il peut se passer n’importe quoi» est reprise mais retrouve sa signification réelle car elle se poursuit ainsi «et donc il faut qu’on ait un établissement de repli». Ce qui, vous me l’accorderez, n’a pas tout à fait le même sens que le raccourci anxiogène de la présentation.

Coupure pub

Il est 5 heure du matin, Dinah vient de perdre les eaux, les contractions ont déjà commencé.
C’est seulement vers sept heures du matin qu’ils vont appeler très calmement la sage-femme.
 
Sonneries répétées du téléphone…
Sauf que Catherine ne répond pas.
Le fixe reste muet
Mathieu essaye de la joindre sur son portable.
Le répondeur se déclenche.
Le père laisse donc un message serein «Oui Catherine c’est Mathieu. C’était pour te dire que le travail avait commencé. Si tu peux nous rappeler quand tu as le message »

Il est 8 heures et ils n’ont toujours aucune nouvelle de la sage-femme… Cette fois ci c’est un peu tendu que Mathieu tente de la rappeler ; ce n’est pas elle qui va lui répondre mais une voix masculine … « Attendez, je vais aller lui dire, elle a eu un accident de voiture. Je l’appelle »
Puis Catherine commence à expliquer qu’elle a fait trois tonneaux, qu’elle s’est retrouvée aux urgences, que sa voiture est hors service. Pourtant, l’accident ne vient pas d’avoir lieu mais s’est produit la semaine précédente.

Pour avoir fréquenté quelques conjoints de sages-femmes accompagnant des accouchements à domicile, je peux témoigner que ce sont des "secrétaires" émérites, quasi aussi performants pour répondre et rassurer des parents que leur compagne.
Je n’imagine absolument pas l’un d’eux commencer par annoncer l’accident à moins qu’il ne vienne de se produire !
De même, je n’imagine pas une seconde ladite sage-femme s'attarder sur ses mésaventures avant de prendre des nouvelles des parents et surtout de les rassurer sur sa disponibilité.
J’imagine encore moins un futur père écoutant sereinement ces explications sans poser urgemment la question de sa possible présence.
Tout cela sent le montage. Un accident coco, ça le fait bien… on va en profiter pour mettre un peu de suspens… on pourrait laisser planer le doute ; la sage-femme est-elle blessée ? clouée au lit ? sans bagnole ? C’est bon ça coco !
Je ne doute pas de la réalité de l’accident - la pauvre Catherine se balade avec une minerve - mais de la spontanéité de ces échanges.

Coupure pub…

Dinah a perdu les eaux il y a quelques heures. Elle a décidé d’accoucher chez elle avec une sage-femme qui n’est toujours pas arrivée. La douleur devient difficile à gérer. Si elle avait choisi d’accoucher à l’hôpital, Dinah le sait, elle aurait sans doute craqué. Chez elle le seul refuge qu‘elle va trouver ce sont les bras de son mari qui ne sait plus vraiment quoi faire.
Il est 9 heures et la sage-femme n’est toujours pas là.                           
Le travail est long et difficile

Catherine la sage-femme arrive avec une demi-heure de retard.
Retard par rapport à quoi ???
Les parents sont rassurés ce qui n’empêche pas la douleur. Celle-ci devient de plus en plus intolérable pour Dinah qui reste concentrée sur sa respiration
Les minutes passent, Dinah continue de souffrir en silence
Les massages de Mathieu ne la soulagent plus. Celui-ci se sent complètement démuni pour aider sa femme.
Pour tenter de gérer la souffrance, Dinah ne cesse de changer d’endroit dans la maison. Elle se retrouve dans la cuisine. Elle souffre sans un bruit.

Comme Dinah apparait plutôt calme, qu’elle ne hurle pas, et donne ainsi l’impression de bien supporter le travail, il faut dramatiser un peu et la voix off multiplie les allusions à la douleur…

C’est vers 10h, cinq heures après avoir perdu les eaux …
Ah bon, je croyais que le travail était long et difficile ?!
que les choses vont brutalement s’accélérer. C’est aux toilettes qu’elle va appeler la sage-femme à l’aide, le bébé est en train d’arriver. Catherine va proposer à Dinah d’aller dans le salon.
Plusieurs minutes plus tard, Dinah va tout de même trouver la force de se déplacer.

Au final, Dinah accouchera debout dans son salon, sans aucune difficulté, d’un petit Antoine rose et paisible.

Tout cela doit sembler un peu trop facile puisque l’on redonne la parole au papa «D’après l’extérieur, on peut croire que ça été un peu dur mais bon mais moi je sais qu’elle a douillé»

Et d’ailleurs la voix off reprend : Dinah est épuisée mais heureuse.

Voilà. Manquent à ma transcription les images, les mots de Dinah, les commentaires de la sage-femme et une bonne partie des dires paternels. Mais ce reportage, une fois débarrassé de la voix off et des mises en scène propres à la télé réalité, laisserait une toute autre impression. Celle d'une naissance simple, vécue simplement.

Mais ça, c'est pas vendeur coco !


16 janvier 2011

Anti Mythe

Vendredi soir sur Arte, un film suivi d'un documentaire sur le thème de la dépression postnatale…

Après les avoir vus, un sentiment partagé…
Incontestablement, il était bienvenu d'aborder ce sujet. Oser montrer que ce n’est pas toujours le plus beau moment de la vie, qu'une femme ne devient pas forcément "la plus heureuse des mamans"... La façon dont l'histoire est traitée permet que l’on s’attache à cette jeune mère en détresse et éloigne ainsi le risque de jugement abrupt.

Le documentaire qui suit explique que toute femme peut être touchée, qu'il s'agit bien d'une pathologie et qu’il ne suffit pas de "se secouer" pour en sortir. Il souligne combien ces mères se retrouvent dans l’incompréhension totale de ce qu'elles traversent - état si éloigné du grand bonheur annoncé - et comment elles tentent de faire face jusqu’au craquage… C’est bien aux autres, familles, amis, soignants d’être attentifs et de savoir entendre la souffrance qu’il y a parfois derrière le sourire de façade, je suis un peu fatiguée mais ça va

Je regrette par contre que la "chute hormonale" soit la seule cause évoquée dans la fiction. Origine hormonale également reprise pendant le reportage bien que d'autres raisons psychosociales soient citées. La journaliste souhaite sans aucun doute insister sur les origines physiques de la maladie afin de déculpabiliser les femmes concernées. Mais cette explication mécaniste me semble critiquable, ne serait-ce que pour sa réciproque, l’imprégnation hormonale de la grossesse qui ferait de ces neuf mois une période de béatitude, autre légende infondée.

Le pourcentage annoncé (20%), est juste si l’on comptabilise toutes les formes de dépression, mineures ou majeures. Mais le documentaire n'envisage comme issue que la prescription d’antidépresseurs associée à une hospitalisation en unité mère enfant de plusieurs semaines... Est-ce à dire qu'une femme sur cinq devrait être hospitalisée après son accouchement ?

Michel Odent souligne ensuite qu’un accouchement mal vécu peut faire partie des facteurs déclenchant et c'est hélas une évidence. Il met en cause la médicalisation de la naissance et l'ocytocine de synthèse trop largement utilisée, bloquant la sécrétion d'ocytocine naturelle et privant ainsi les femmes de ses effets protecteurs. Il affirme qu’il n’y a pas - plus exactement qu’il n’a pas vu - de dépression post partum en cas d’accouchement à domicile.
Je m'interroge sur les mécanismes de prévention. C'est d'abord la continuité de l'accompagnement pre per et postnatal que permet l'accouchement à domicile qui me semble protectrice.

Car le documentaire a aussi le mérite d'aborder l'importance de l’accompagnement postnatal, soulignant que les sages-femmes allemandes suivent les familles plusieurs semaines après la naissance. Le commentaire précise que ce suivi n’existe pas en France. Soyons exact, il est possible mais n’est pas organisé. Les services de PMI et les sages-femmes libérales assurent cet accompagnement...s'il leur est demandé !

Mais ni les sages-femmes ni la PMI ne peuvent proposer un soutien dans la vie quotidienne. S'occuper des ainés, de la gestion de la maison, ne pas trouver d'autres bras disponibles lorsque le bébé pleure et que la mère s'épuise à le calmer... Dans le meilleur des cas, le père pourra assurer ce rôle mais le congé de paternité est bien court. Autrefois, ce quotidien était pris en charge par l'ensemble de la famille (des femmes de la famille, n'idéalisons pas !). Maintenant, chacun vit chez soi. Les couples y gagnent en indépendance mais perdent en échange repères et soutien... (les doulas sont évoquées mais pas précisément dans ce cadre d'intervention). Cet isolement, associé à l'exigence de perfection faite aux femmes est surement à prendre en compte dans l'augmentation des dépressions post partum.

Le reportage se termine sur les groupes de soutien. A défaut de rencontres dans le monde réel, le site de Maman Blues est une fenêtre virtuelle à ouvrir.

Je vous invite, si ce n'est déjà fait, à aller voir film et documentaire en ligne jusqu’à vendredi prochain.

 

 

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5 octobre 2010

Si l’académie de médecine le dit…

J’apprends donc que les maisons de naissance «ont été mises en place à titre expérimental».
Et dire que nous n’étions même pas au courant !
Pour les très optimistes ou les très crédules, je rappelle que la deuxième vague de concertation promise en 2008 par le ministère de la santé n’a jamais débuté*.
L’utilisation du passé est donc plus qu’abusif. Un futur riche d’espoir, un conditionnel réaliste auraient été honnêtes…

Je ne relèverai pas - enfin si ! - le paternalisme et le mépris transpirant dans ces quelques mots  « Pour certaines associations féminines particulièrement activistes, la femme doit pouvoir accoucher "comme elle veut et où elle veut"».  Activiste ? Devons nous encore aller bruler nos soutiens-gorges sur la place publique pour faire entendre le droit des femmes à décider pour elles-mêmes.

Approximations hasardeuses, suggestions anxiogènes, références erronées, affirmations sans preuve … en procédant ainsi, le professeur Henrion discrédite quelque peu la très officielle académie de médecine.

Il s'empresse de citer l’étude de Wax dont j’ai déjà parlé ici
Mais aussi
- « 60% des  hollandaises sont dirigées vers des services hospitaliers avant le terme » ; l’accouchement à domicile ne concerne effectivement que 30% des naissances. Est-ce toujours du à des raisons médicales ou à des choix personnels ?

- « Les transferts en cours de travail sont d'ailleurs redoutés, le risque de décès de l'enfant étant alors estimé à 1% ». D'où proviennent ces estimations ? Dans quelles circonstances ? Parce que des anomalies des contractions utérines ou de la dilatation, une difficulté d’engagement… ben c’est pas des urgences hein. On transfère sur un  plateau technique, un point c’est tout.

- «Ce n'est donc pas (…)un hasard si la mortalité périnatale qui était de 52 pour 1 000 en 1952 est désormais inférieure à 7 pour 1.000, selon les mêmes critères ». 52/1000 est le chiffre de la mortalité infantile (dans la première année)…Qu’il compare à la mortalité périnatale, corrigée à 11/1000 en 2007 (mais depuis 2002, l’on prend en compte dans ces données des enfants nés très prématurément ).
Données disparates s’il en est ! Ces chiffres indiquent une nette baisse. Mais est-elle à mettre sur le compte des conditions de naissance ou de l’amélioration des conditions de vie ?

Je n'extrais que quelques passages mais l'ensemble de l'article est du même acabit.

Comme le temps me manque et qu'un certain nombre de professionnels de la profession passent par ici…une folle idée m’est venue : demander votre aide ! Je suis preneuse de toutes les études référencées permettant de démonter point par point son intervention.
Si nous donnions tous ensemble une belle leçon de rigueur médicale à ce professeur ?

* Selon un communiqué de  l'APM (Agence de Presse Médicale) en date du 30/09/2010: L'avant-projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2011,  prévoit l'expérimentation des maisons de naissance

7 septembre 2010

Où l’on reparle des MDN

Hier soir, au JT de 20h*, sur France 2, cette annonce : Accoucher au naturel comme à la maison. Un nouveau type de maternité fait son apparition en Europe du Nord, sans médecin et sans chirurgie, c’est le dossier de cette édition.

Premier étranglement sur le «sans médecin, sans chirurgie» souligné en négatif dès le lancement du sujet.

Puis le journaliste lance le reportage : Et d’abord cette vogue des maternités alternatives. Dans l’établissement que vous allez découvrir, il n’y a ni médecin (encore !), ni bistouri, ni péridurale mais des soins comme à la maison. La tendance vient d’Europe du Nord (faux ! cela existe depuis les années 70 aux Etats-Unis). Inutile de dire qu’elle ne fait pas l’unanimité. Certains dénoncent un diktat naturaliste ou une régression. A Namur en Belgique, c’est le dossier de cette édition

Comme je m'étouffe déjà devant mon écran, je prends mon Larousse afin de vérifier ce que je crois comprendre.
Vogue = mode. Faut-il en déduire que les femmes s'enthousiasment pour d'autres façons d'accoucher au même titre que pour quelques chiffons ?
Diktat = exigence absolue imposée par le plus fort. Le plus fort actuellement n'est-il pas le pouvoir médical qui dénie trop souvent aux parents toute capacité de choix ?
Naturaliste = relatif au naturalisme, doctrine qui affirme que la nature n’a pas d’autre cause qu’elle-même et que rien n’existe en dehors d’elle. L'accouchement en MDN n'est en rien naturaliste. Il s'agit simplement de respecter au mieux les phénomènes physiologiques, de permettre à la mère de s'adapter à ses sensations et de rester vigilant pour dépister tout incident. Ce n'est en aucun cas le refus de la médicalisation, ni une croyance béate en la bienveillance de la nature.
Régression... Nul besoin de dico !

Nous voilà, en une simple phrase de lancement, bien rhabillées !

La suite apparait plus honnête. Je retranscris ci-dessous les commentaires en voix off de la journaliste. Le reportage débute par la visite de la Maison de Naissance, accueillante et chaleureuse, suivi de l'interview des sages-femmes, et de quelques images de la naissance d'un petit Sacha. Il se termine sur un repas convivial partagé entre femmes enceintes, jeunes mères et sages-femmes.

Un nid bien douillet... la maison est à l’abri du tumulte c’est l’œuvre de trois sages-femmes, trois femmes d’expérience et de conviction.
Ca commence toujours comme ça en douceur, à l’approche du bébé, on visite pour prendre ses marques.
Cet accouchement comme le premier, la jeune femme le désire sans médecin ni bistouri, sans médicaments sans hôpital.
Et ici tout est possible, prendre un bain chaud pour dilater, s’accrocher à une écharpe pour pousser. Rien de médicalisé que des méthodes naturelles et parfois inhabituelles comme ce gros ballon pour bien placer le bébé.
Bien sur il restera la douleur, il n’y aura pas de péridurale mais des massages, du réconfort, de la parole.

En 5 ans, 200 bébés sont nés dans ces deux chambres On est loin des gros rendements des maternités, c’est un peu du sur mesure
Un accouchement moins médicalisé qu’à l’hôpital qui coute donc moins cher à la sécurité sociale belge mais les futures mères doivent cependant verser une participation de 300 euros à la Maison Des Naissances
Ici on milite donc pour du naturel. Pour autant pas question de négliger la sécurité , la surveillance est la même qu’à l’hôpital
De toute façon, elles prennent le minimum de risque, pour accoucher ici, les femmes doivent être plutôt jeunes, en excellente santé, leur bébé aussi.
En cas de problème il y a toujours la clinique à 300m et l’hôpital un peu plus loin. En 5 ans, il y a eu 4 transferts dont un en urgence. C' ’est peu mais du coté des médecins la MDN suscite quand même quelques réserves.

Un médecin au discours convenu apparait alors à l'écran : En cas de problème, et le problème peut surgir de façon brutale et  de façon inopinée, les minutes parfois comptent et le transfert de la MDN vers un hôpital outillé peut prendre du temps.

Alors que les études prouvent la sécurité des prises en charge par les sages-femmes, on nous ressort la rengaine de la complication brutale et imprévisible. Il est vrai qu'il nous reste beaucoup à comprendre sur les mécanismes qui préservent ou perturbent la physiologie de l'accouchement. Mais les études le prouvent, si l'on s'adresse à une population sans facteurs de risques particuliers, si l'on respecte les processus physiologiques, si l'on permet à la femme de lâcher prise en toute sécurité affective et psychologique, les complications sont rares, dépistées souvent bien en amont avec la possibilité d'y remédier sereinement. Dans ces conditions, l'accompagnement global (une même sage-femme tout au long de la grossesse, accouchement et suites de couches) donne d'aussi bons résultats en terme de santé maternelle et néonatale avec moins d'interventions.

Ils sont l’un avec l’autre, un précieux instant d’intimité filmé par les sages-femmes. L’ultime douleur quand le bébé arrive ;
Sacha est né le plus naturellement du monde, sans péridurale. Mais est ce que toutes les femmes doivent accoucher ainsi ?

Bénédicte de Thysebaert, sage-femme : Il n’en est pas question ; les maternités sont là pour la majorité des gens. Les MDN c’est un petit projet avec peut-être une population marginale avec des gens qui n’ont pas envie de fonctionner comme tout le monde. Et pourquoi pas ? On a aussi le droit d’avoir un autre projet.

Retour en plateau avec cette phrase de conclusion : En France, l’expérimentation devait commencer il y a 3 ou 4 ans, le décret n’est finalement jamais paru.

Motifs de cette non-parution ? Analyse sociologique ? politique ? économique ?  Interview de sages-femmes et de parents militant pour ces projets en France ?  Perspectives ?
Nous n'aurons rien de tout cela. Merci France 2 pour ce dossier "fouillé" !

* à la 20ème minute précisément si vous souhaitez le visionner (en ligne pendant une semaine)

25 août 2010

Mépris

« Le comité de défense de la gynécologie médicale a certes été créé par des gynécologues mais aussi par des femmes inquiètes pour leur santé et celle des générations futures. (...) A l'heure actuelle, il ne reste que 1000 gynécologues pour près de 30 millions de femmes en âge de les consulter. (...) La moyenne d'âge des gynécologues médicaux aujourd'hui en exercice est de 57 ans. Et à chaque départ en retraite, ce sont des centaines de femmes qui se retrouvent sans suivi gynécologique. Sans compter les jeunes filles qui ne trouvent pas de thérapeutes car les consultations sont saturées et que les médecins ne prennent plus de nouvelles patientes.
La proposition de les remplacer par des sages-femmes et des infirmières pour la pilule, à des médecins pour le frottis ne va pas dans le sens d’une protection cohérente. La pose d’un spéculum n’a rien à voir avec celle d’un abaisse langue.
Dévoiler son intimité exige un endroit et un interlocuteur particuliers. C’est faire de cette médecine dédiée aux femmes une sous médecine et peu de cas des patientes ».

Ce texte d’anthologie est extrait d'un article paru dans la revue Prima de septembre 2010.
Si l’auteur de ces lignes (signées "la rédaction") avait voulu déclencher la fronde des sages-femmes et des médecins généralistes, il ne s’y serait pas pris autrement. Je ne sais pas qu’elle est son histoire et quels comptes tentent de se régler ainsi mais son article de soutien à la gynécologie médicale m'apparait bien maladroit !

Je laisse les médecins généralistes se défendre eux même en les assurant de toute ma solidarité.

Et me permets de faire à nouveau - piqure de rappel - une petite mise au point sur les compétences des sages-femmes.
La prescription de contraceptifs (et pas seulement de pilule) par les sages-femmes est possible depuis 2004 en postnatal, et pour toute femme en bonne santé depuis 2009. (Pour les infirmier(e)s, la situation est quelque peu différente puisqu' ils peuvent renouveler la prescription d’un médecin ou d’une sage-femme afin d’éviter qu’une femme ne se retrouve en panne de pilule).

Je rappelle aussi, pour répondre à la louable préoccupation de cohérence, que les sages-femmes pratiquent les frottis. Dans un autre paragraphe de l’article, il est précisé que le nombre de cancer du col de l’utérus a été divisé par 4. Ces résultats seraient-ils liés au type de diplôme du praticien réalisant le prélèvement ? Merci de bien vouloir nous faire partager le mérite de la prévention…

Et si l'on peut déplorer mon inexpérience en matière d’abaisse langue (!), la pose d’un spéculum est un geste banal pour une sage-femme.

Dois-je enfin m’attarder sur "l’endroit et l’interlocuteur particuliers" nécessaire au dévoilement de son intimité ? Il me semble que nous sommes des interlocuteurs très spécifiques et très habituées à l’intimité des femmes…

Que l'on ne se méprenne pas, je ne souhaite pas la disparition des gynécologues médicaux. Je suis heureuse de pouvoir faire appel à des médecins référents, prenant le relai pour les situations complexes dépassant mes compétences. Je demande simplement que l’on réexamine les rôles respectifs de chacun pour une collaboration efficace.
La sage-femme peut être une interlocutrice de "première ligne", parfois moins intimidante pour la jeune fille qui vient se renseigner sur une première contraception, plus facilement accessible pour la femme dont elle a suivie la grossesse. Comme nous le faisons au quotidien pour l'obstétrique, nous nous assurons de la physiologie d'une situation donnée, et dépistons ce qui pourrait faire basculer dans la pathologie. Notre rôle s'arrête précisément là.

Ce n'est pas de la "sous médecine" que de prendre le temps du dépistage et de l'accompagnement. Ce n'est pas faire "peu de cas des patientes" que de s'appuyer sur la prévention et l'écoute.

Mesdames (et Messieurs ?) de la rédaction Prima, je ne vous salue pas !

24 juin 2010

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Le net est décidément le lieu de tous les dangers, la qualité de l’information fournie par certains sites étant pour le moins calamiteuse.
Ainsi ce document mis en ligne hier et soit disant signé par une sage-femme - je veux croire que ce n’est qu’un prête-nom ! - La quasi totalité des informations que l'on y trouve sont erronées.

La déclaration de grossesse doit être faite chez le gynécologue avant la fin du troisième mois. Elle peut être également réalisée par un médecin traitant ou … une sage-femme (mais à force de le marteler ici, vous le savez maintenant non ?)
Il pourra ainsi effectuer la première échographie - Cette première écho peut aussi avoir lieu dans un cabinet de radiologie ou à la maternité avec un médecin ou…une sage-femme !
Confirmer la grossesse - c'est bien connu, les femmes n'y connaissent rien et l'avis du professionnel leur est indispensable pour se savoir enceinte...
Et déterminer la date prévue de l'accouchement. Cette date est indispensable pour envoyer la déclaration de grossesse auprès des organismes administratifs dans les 14 premières semaines de la grossesse.  C’est plutôt la date de début de grossesse qui est calculée mais bon... 9 mois plus tard - environ - on peut s’attendre à un accouchement.

Suite à ce premier rendez-vous, le médecin donnera 2 documents :
•  Une attestation de la première visite médicale.
Nous n’avons plus à attester de quoi que ce soit.
•  Une déclaration de grossesse, intitulée "Vous attendez un enfant".  Enfin, une affirmation juste !

Ces documents serviront à effectuer la déclaration de grossesse auprès de la Caisse d'Allocation Familiale (CAF) et de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM), Oui
ainsi qu'auprès de son employeur. Aucune obligation n’est faite à une femme de déclarer sa grossesse à son employeur tant qu'elle ne souhaite pas bénéficier des avantages liés à celle-ci : autorisation d'absence pour les consultations règlementaires, heure de grossesse –ne rêvons pas, ça dépend des conventions collectives- et au final congé de maternité.. là va quand même falloir prévenir !

La CAF offre une Prestation d'Allocation de Jeune Enfant (PAJE) dès le quatrième mois de grossesse et ce, jusqu'aux trois ans du bébé. Encore faux. Il existe une prime versée au 7ème mois de grossesse et une allocation versée mensuellement après la naissance, l’une et l’autre sous conditions de ressources.

Les allocations peuvent être perçues si les trois consignes suivantes sont respectées :
•  Effectuer une première visite médicale avant la fin du troisième mois de grossesse.
•  Effectuer une visite médicale par mois tout au long de votre grossesse.
•  Après la naissance, effectuer une visite chez le pédiatre lors de ses 8 jours, 10 mois et 24 mois.
Les trois visites donnant lieu à l'établissement d’un certificat de santé doivent être réalisées par un médecin, pas nécessairement un pédiatre.

La femme enceinte bénéficiera alors de la prise en charge à 100 % des frais médicaux et d'hospitalisation entraînés pendant la grossesse, l'accouchement et les suites de l'accouchement. Toujours faux, seuls certains examens sont pris en charge à 100% tout au long de la grossesse. Le 100% sur tous les soins ne s'applique que pour ceux effectués entre le début du 6ème mois et le 12ème jour après accouchement.

Au final, une désinformation de grande qualité. Les propriétaires du site prennent cependant certaines précautions «Nous vous invitons à ne pas en faire votre source d'informations exclusive » Je veux oui !

Et si vous pensez que c’est un simple bug… allez donc voir ici. La vidéo est banale mais dans le texte qui la suit, on apprend qu’un accouchement commence par la perte des eaux, que la dilatation dure 10 à 30 minutes, qu'au moment de  l’expulsion, si l’enfant est en siège, il faudra un personnel compétent (parce que sinon on s'en fiche?) et que 15 minutes plus tard le placenta sera dehors, le cordon devant être coupé au plus vite afin que le bébé reçoive rapidement les premiers soins…

Un tel ramassis d'inepties est une extraordinaire incitation à aller s'informer auprès des sages-femmes.  Merci beaucoup, vraiment, c'est trop !

25 mai 2010

Parc animalier

Plus souriante, moins hautaine, je l’aurais décrite comme une gourmande plantureuse. Mais ses cheveux décolorés, ses hauts talons, ses ongles rouges, ses bourrelets moulés dans une robe de jersey noir, ses clinquants et cliquetants bijoux et surtout sa conviction que son statut de journaliste de la presse féminine ne peut que forcer les portes et notre admiration… me la feront simplement qualifier de vulgaire.

Elle prévoit de rédiger un article sur notre maternité et me questionne sur la préparation à la naissance qui y est proposée. Elle m’interroge du bout des lèvres, signifiant par sa moue boudeuse que mes propos la déçoivent. Malgré mes refus, elle insiste longuement, tentant d'obtenir le récit de quelques anecdotes amusantes. Elle est en quête de spectaculaire, d’histoires croustillantes propres à éveiller la curiosité de son lectorat, le fond ne l’intéresse pas.

Comme les autres membres de l’équipe déjà interrogés, je me refuse à entrer dans son jeu et elle finit par abdiquer. Elle s’apprête à quitter la maternité mais voudrait illustrer son article de quelques clichés pris en salle de naissance. Je suis chargée de l'y accompagner.

Une seule femme est en travail cet après midi là. La visiteuse trouverait tout à fait bienvenu de pouvoir prendre quelques clichés de l'accouchement. Annonçant qu'elle va demander leur accord aux parents, la sage-femme qui les suit quitte le bureau. Elle s’éloigne déjà dans le couloir lorsque la journaliste la rappelle : «Attendez, elle est mignonne au moins ?» regrettant visiblement la manque de choix dans ce qu’elle doit confondre avec un zoo.
Le mépris dans sa voix est tel que ma collègue fait demi tour : «Puisque vous le prenez ainsi, je n’irai même pas leur proposer.»

Seule une image de salle de naissance vide et sans âme viendra illustrer l'article.

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