Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Dix lunes

23 juillet 2011

Quizz d'été

 

Les maisons de naissance sont le serpent de mer de la périnatalité française. Evoquées depuis 1998, discutées et votées après des débats calamiteux à l'assemblée nationale et au sénat à l'automne dernier, finalement retoquées par le conseil constitutionnel à la fin 2010... Parents et professionnels motivés ne désespèrent pourtant pas de voir ouvrir de tels lieux.

Quelques politiques semblent  soutenir leur expérimentation (très encadrée !). Trois propositions de loi ont été récemment déposées en ce sens, par Cécile Dumoulin (députée UMP), Muguette Dini (sénatrice union centriste) et Anny Poursinoff (EELV).
Si les contenus des textes de loi sont très similaires, les "exposés des motifs" révèlent de réelles différences dans la conception du "libre choix". Pour occuper l'été en attendant - si tout se passe bien - que ces projets soient débattus à l'automne, je vous propose un quizz.

Saurez-vous attribuer à chacune de nos représentantes l'extrait qui lui appartient ?

Extrait n°1 : Les maisons de naissance ont vu le jour dans les années soixante-dix et existent aujourd'hui dans plusieurs pays : États-Unis, Allemagne, Suisse, Autriche, Belgique, Suède, Royaume-Uni... On y constate d'ailleurs que le niveau de mortalité infantile et maternelle y est souvent meilleur qu'en France.

Extrait n°2 : Or, l’accouchement à domicile présente des risques sanitaires évidents, les conditions n’étant pas réunies pour garantir à la femme et à l’enfant des soins d’urgence en cas de complications.

Extrait n°3 : La « surmédicalisation » des grossesses ne peut en effet constituer une réponse globale et systématique aux besoins des femmes qui doivent avoir le choix du mode d’accouchement leur convenant le mieux, y compris à domicile. La liberté de choix, lorsqu’elle est médicalement envisageable, doit être respectée.

 

Réponses : C.D = 2 / H.D = 1 / A.P =3


PS : Mobilier design, commentaire sucré, dépassements d'honoraires évoqués mais non chiffrés, hébergement en maternité et photographe systématique.... voilà une annonce qui me laisse quelque peu songeuse.

 


Publicité
Publicité
19 juillet 2011

Zélés

 

Brouhaha joyeux en salle d’attente. Un groupe se retrouve pour une rencontre informelle après la naissance. Ils sont tous là, heureux de se revoir, se présentant leurs petits, échangeant déjà sur l’accouchement, les nuits ou la jalousie du plus grand.

L'oeil rieur, un père m'interpelle : "Y a des gendarmes sur le parking, ils t'attendent". J’hésite à le croire mais les trois couples insistent. A moitié convaincue, je vais voir. Effectivement, une fourgonnette de gendarmerie est garée devant le cabinet.

Mon banal étonnement teinté d'inquiétude - mais que me veut donc la police ??? - doit se percevoir ; l'homme en képi sourit et cherche à me rassurer "Ne vous inquiétez pas, rien de grave. Est ce que Mademoiselle Y et Monsieur X ont rendez-vous ici après-demain ?"
Comme je reste muette - mes neurones s'entrechoquent pour savoir ce qu'il m'est possible, secret médical oblige, de répondre - il m'offre quelques explications supplémentaires.
Collègue de Monsieur X,  il vient me prévenir que le couple sera absent au prochain rendez-vous. L’enterrement de leur vie de célibataire est organisé par leur bande de copains et ils seront l’un et l’autre "raptés" la veille au soir. Ils n’en savent évidemment rien. Attentionnés, leurs amis se sont renseigné sur le programme initialement prévu pour cette journée afin de pouvoir prévenir les personnes concernées de leur absence.
Le gendarme poursuit tranquillement en expliquant que pour mon cas, il n’avait qu'une information partielle, une consultation avec une sage-femme. Sur leur temps de service, lui et son co-équipier ont donc fait, en uniforme et fourgonnette, le tour des différentes personnes possibles avant de trouver enfin le lieu du délit.

La maréchaussée est bien dévouée !

 

 

13 juillet 2011

Déniée

 

De presque aussi loin que je me souvienne, j'affirme ma confiance dans le ressenti des femmes enceintes.
Ce jour là, ma profession de foi s'est révélée désincarnée.

Fin d'après midi. Au cinquième mois de sa grossesse, elle appelle pour partager son inquiétude. Elle ne se sent pas bien sans parvenir à préciser mieux ce qui se passe. Elle décrit quelques tiraillements abdominaux qu’elle identifie comme des contractions. Rien de violent, mais le sentiment lancinant que quelque chose ne va pas. Nous faisons un premier point par téléphone, pas de douleur, pas de signes d’infection urinaire, pas de fièvre, pas d'événement notable ces derniers jours, son bébé bouge bien... Je lui propose de la recevoir après mes rendez-vous programmés, dans moins de deux heures. Cherchant à apaiser ses craintes, j'ajoute que ses symptômes m'apparaissent tout à fait banals.

Elle arrive les traits tirés, visiblement anxieuse. A nouveau, je ne perçois rien d’inquiétant dans les sensations qu’elle décrit. Je suis rassurée et me veux rassurante. Mon cerveau refuse d’entendre la sonnette d’alarme, cette irrationnelle angoisse croissante chez une femme habituellement sereine.

Je m'attache à relativiser son ressenti ; ces tiraillements sont certainement ligamentaires, cette fatigue bien compréhensible au vu de ses deux aînés qui réclament énergie et disponibilité.
L'examen clinique va à coup sûr me permettre de la tranquilliser.

Le coeur du bébé galope, l'utérus semble un peu tendu. Au toucher vaginal, la situation bascule en quelques secondes ; son col est déjà dilaté de deux bons centimètres et la poche des eaux bombe sous mes doigts.
Adressée en urgence à l'hôpital voisin, ils ne pourront rien faire. Les quelques kilomètres qui séparent le cabinet de la maternité ont suffi à l'utérus pour poursuivre sa dilatation. Elle perdra son trop petit enfant peu après.

La croire immédiatement n’aurait, il me semble, rien changé au dénouement.
Mais je me suis retrouvée en flagrant délit de pouvoir médical. Je pensais savoir et ne l'entendais pas.
Mes belles théories sur la compétence des femmes n’ont pas résisté à cette violente mise en situation.

Cette erreur, comme d'autres, m’anime encore.
Lorsqu'une femme évoque une inquiétude irraisonnée, je tente d’en décrypter l'origine ; parfois trop d'informations erronées sur le net, trop d'affirmations sans nuance dans la presse dédiée, trop de conseils avisés des copines…

Mais s'il s’agit d’un ressenti profond, d’une "intime conviction",  je m'applique à prendre cette alerte en compte.

 

 

8 juillet 2011

Glacée

 

Rendez-vous m'est donné dans un CHU par une étudiante en sociologie qui travaille sur notre profession.

Elle m'attend au pied de l'ascenseur pour me guider dans le dédale des couloirs. Enfilade de portes et codes pianotés pour déverrouiller les passages réservés au personnel, nous arrivons dans les vestiaires.

Sa main me tend alors une blouse de ce fin intissé bleu qui tient si chaud. Mon regard doit traduire l'étonnement car elle m'explique que le bureau prévu pour l'entretien se trouve au sein du bloc obstétrical. Il ne saurait m'accueillir en tenue de ville et chaussures soupçonnées d'être poussiéreuses. Me voilà donc affublée de la blouse réglementaire et des surchaussures couleur schtroumpf assorties.

Nous quittons le sas pour pénétrer dans un couloir ponctué de larges portes. Chacune est pourvue d'un hublot permettant de jeter un oeil à l'intérieur - intimité garantie ! Ce sont les salles de naissance et les témoins lumineux indiquent qu'elles sont toutes occupées. Pourtant, le plus grand silence règne. Nous croisons quelques blouses affairées ; vertes, bleues, roses, le pale est de rigueur. Quelques pas encore et le couloir s'élargit pour accueillir le bureau central, sorte d'immense comptoir.

Trois femmes pastel assises sur de hauts tabourets sont occupées à pianoter sur des claviers. Pas une ne lève le regard, pas de mot, pas de bonjour. Je n'aurai droit qu'à un seul sourire, bien plus tard, en repartant, celui d'une sage-femme déjà croisée ailleurs.

Plus loin, une blouse rose sort d'une salle d'accouchement. La porte coulissante s'est ouverte largement et se referme automatiquement avec une lenteur confondante. Elle laisse le temps d'apercevoir le profil d'une femme allongée ; à ses cotés, un homme de dos assis sur un inconfortable tabouret. Ses cheveux sont masqués par une charlotte élastiquée blanche ; il porte l'incontournable blouse en intissé bleu, trop étroite, fermée par des liens zébrant sa chemise sombre.

Nos pas nous rapprochent de la salle. La porte n'est toujours pas refermée. Pour pallier ces temps d'expositions imposés à chaque passage d'un soignant, un étroit paravent de toile placé en regard du lit masque le corps maternel à partir de la taille ; louable mais presque dérisoire tentative pour préserver la pudeur des parturientes.

Mon oeil accroche encore la tubulure de la perfusion, le monitoring, puis le regard de cette femme qui sentant le mien peser a lentement tourné son visage vers moi. Je baisse les yeux honteusement. La porte se referme enfin.

Cette scène se fixe ainsi dans ma mémoire, suite d'images défilant au ralenti sans qu'aucun son ne les accompagne.

Retour à la réalité. Nous atteignons le bureau annoncé. Une des sages-femmes présentes me propose un café. Encore troublée par la scène précédente, j'acquiesce en ajoutant que j'ai perdu l'habitude de cette ambiance aseptisée. L'anesthésiste entré un instant pour prendre un document me toise d'un regard méprisant.

Mes derniers souvenirs d'accouchements sont des naissances à domiciles, les avant-derniers s'étaient déroulés dans une maternité alternative qui savait proposer dans ces murs la presque même chaleur que celle de la maison.
Cette brève incursion dans un grand pôle obstétrical me le confirme, ce monde là m'est devenu étranger.

 

 

3 juillet 2011

Inaudible



La ligne téléphonique grésille au moment où je décroche. Au milieu des bourdonnements, je devine avec peine que la femme à l’autre bout du fil est en train de se présenter. Comme elle enchaine aussitôt sur une demande de rendez-vous, je ne l’interromps pas, me promettant de lui redemander ses coordonnées en fin de conversation.

Mauvaise idée.

Entre deux crépitements, je comprends que son appel concerne quelqu'un d'autre. Il s'agit d'un accouchement très récent et la jeune mère souhaiterait urgemment débuter sa rééducation postnatale.
Elle me demande de la recevoir dès le lendemain dans un créneau horaire très précis*.
Cette exigence m’irrite quelque peu. Par ailleurs, je ne comprends pas la nécessité d'une consultation aussi rapide, et imagine que mon interlocutrice en relaye mal les motifs. Je souligne donc qu’il serait quand même plus simple d’en parler directement avec la personne concernée.

Après un court silence, elle me demande si le cabinet dispose d’une adresse mail. Toujours convaincue de la légitimité de mon irritation, j’insiste en disant que le téléphone serait un mode de communication plus rapide. Peut-elle demander à cette dame de me rappeler ?

Elle répond calmement que la dame en question est -vraiment - dans la totale incapacité de téléphoner mais qu’une adresse mail nous permettrait cependant d’échanger.

Et comme ma réponse tarde à venir...

Elle précise encore, sans que son ton traduise le moindre énervement : "Sa surdité est profonde, elle ne peut pas du tout communiquer par téléphone. C’est pour cela quelle fait appel à une interprète".

Je m'empresse enfin de donner notre adresse mail... en maudissant ma stupidité !

 

*Créneau horaire, je le comprendrai ensuite, justifié par la disponibilité de l'interprète

 

 

 

Publicité
Publicité
27 juin 2011

Rouge démocratie



Une amie sage-femme s’agace de se retrouver prochainement en zone rouge.
Zone rouge ?
Coup d’arrêt à la construction littorale après Xinthia ? Coup de soleil estival sur peau blanche ? Coup de bambou bancaire sur compte asséché par le blocage de nos tarifs depuis 9 ans ?

Vous n’y êtes pas !
La zone rouge est délimitée par le passage de notre éminent président en visite de non-pré-campagne électorale…

Visite justifiant la fermeture des rues qu'il va traverser et de pas mal d’autres autour pour faire bonne mesure.
Que certains aient naïvement prévu de travailler ce jour là, que des praticiens de santé aient la malheureuse idée d’avoir un cabinet située dans ladite zone, que leur agenda soit complet ce même jour ne peut entrer en ligne de compte.

Des femmes et des hommes attendent ce prochain rendez-vous. Veiller à la bonne croissance d’un tout petit ou d’un fœtus au creux du ventre, évoquer la fatigue au travail et le patron qui clame "la grossesse, c’est pas une maladie",  raconter les nuits coupées et les pleurs qui laissent désarmés, vérifier une tension un peu trop basse ou trop élevée, dire le bonheur d’accueillir cet enfant, s’inquiéter de la douleur de sa mise au monde, traiter une anémie postnatale, partager le souci du chômage alors qu’un petit s’annonce, commenter fièrement un cliché échographique, comprendre les résultats du dernier bilan, se préoccuper d’oublis répétés de pilule, montrer ce sein rouge et douloureux, entendre avec bonheur le premier galop du cœur de leur futur bébé …

Une journée de rendez-vous à reporter. La sage-femme ne sera négligemment prévenue que le vendredi soir de la totale inaccessibilité de son cabinet le mardi suivant.

La marche de l'Etat ne peut s'arrêter à ces détails.

 


 

Aux Lilas, les nouvelles sont de moins en moins bonnes(cf aussi ce billet ). La pétition est toujours en ligne !

 

20 juin 2011

Réconciliée



Son premier enfant est né par césarienne en cours de travail car il ne supportait plus les contractions utérines.
Elle qui pendant neuf mois avait annoncé sa crainte farouche d'un accouchement médicalisé se voit brutalement projetée de l'univers presque apaisé de la salle de naissance au monde froid et aseptisé du bloc opératoire.

Elle se retrouve nue, allongée bras en «croix », poignets liés aux supports de part et d’autre de la table d'intervention. Un champ opératoire en non tissé bleu s’élève devant ses yeux, le puissant faisceau du scialytique se dirige sur son ventre, sa peau est badigeonnée de l'ocre et froid liquide désinfectant. Puis résonne le son métallique du plateau d'instrument ; la main du chirurgien s'est emparé du scalpel.
Elle est terrorisée.

Peu après, son enfant nait, crie faiblement. Elle l’entrevoit rapidement avant qu’il ne soit emmené dans la salle contigüe pour le désobstruer et l’assister dans ses premiers moments de vie extra utérine.
Il lui est ramené de longues minutes plus tard et posé contre elle, au creux de son épaule. Elle voudrait le prendre dans ses bras mais ses mains restent liées. Elle ne peut qu'appuyer sa joue contre le sommet de son crane.

Lorsqu'elle évoque ensuite cette naissance, elle désigne l’anesthésiste comme le responsable de sa détresse. C'est lui qui l’a positionnée sans ménagement, qui l’a crucifiée sur la table, qui a refusé de délier ses poignets, lui encore qui n’a pas eu les paroles empathiques dont elle avait tant besoin. Elle ne décolère pas.

A nouveau enceinte, elle retourne en consultation préanesthésique. Hasard de la vie, parmi la bonne dizaine de praticiens les assurant, c’est celui qui l’avait prise en charge lors de sa césarienne qui la reçoit.
Cette rencontre lui donne l’occasion d'exprimer la colère retenue depuis plusieurs années. Intransigeante, elle ne choisit pas ses mots, n'adoucit pas son propos et dévide âprement sa longue liste de reproches.

Elle est écoutée attentivement par le médecin qui ne cherche pas à écourter le rendez-vous. Il ne s'excuse pas, mais concède la brutalité de certains gestes, développe les motifs médicaux qui justifiaient l'enchainement de ses actes, reconnait son mutisme en le liant à l'urgence de l'intervention. Enfin il exprime son regret qu’elle ne soit pas revenue le voir plus tôt pour pouvoir s'en expliquer.

C’est ainsi quelle pourra m’annoncer avec un grand sourire « j’ai revu mon bourreau ».
Le début de l’apaisement.

 

 

16 juin 2011

Allégorique



La vie d’un cabinet se partage entre le "vrai" travail de sage-femme et l'intendance quotidienne ; secrétariat, compta, ménage, gestion des stocks… et parfois quelques imprévus.
Ce jour là, je tente d’imprimer un courrier urgent. L’arrêt de travail donné à une femme enceinte va se terminer (nous arrivons au bout des 15 jours que la loi m’accorde royalement le droit de prescrire) et je souhaite convaincre son médecin traitant de bien vouloir le prolonger. Mais l’imprimante expulse péniblement un vieux fond de poudre avant de rendre l’âme… Autre souci, ma voiture couinait bizarrement au freinage lors des visites à domicile ce matin.

Qu’à cela ne tienne, mon nom est efficacité, je vais m’empresser de régler tout cela sur la pause du repas.
Deux options s’offrent à moi, deux magasins informatiques à proximité de deux garages. Il suffit de décider au carrefour de tourner à droite ou à gauche.

Va pour la droite, un poil plus près.
Une fois dans le magasin, j'erre à la recherche d’un toner pour mon imprimante périmée (10 ans !), quasi résolue à en acheter une nouvelle tant je suis convaincue que je ne trouverai pas. Le premier vendeur consulté tient à me montrer de très jolies imprimantes qui faxent, qui copient, qui wifi, qui …… heu, une simple imprimante suffira à me combler. La seule laser en rayon (au nombre de paperasses quotidiennes à produire, le laser est le seul choix raisonnable) me parait bien fragile ; pleine de bonne volonté je demande à la voir fonctionner mais c’est moi qui trouve comment la mettre en marche !
Le supposé stagiaire passe la main à son chef de rayon qui doit vérifier s’il a une machine en stock. Pendant son enquête, je pars à la recherche d’un toner, au cas où…
Un nouveau vendeur met une mauvaise volonté certaine à me renseigner; il lui faudrait non seulement les références de l’imprimante (j’ai !) mais aussi celles du toner, (j’ai pas et j’ai jamais eu besoin de les avoir)… Démotivé, il passe le relais à un autre qui n’en sait pas plus et décrète - visiblement heureux de se débarrasser de moi - que je dois attendre le retour du premier.  
Appelez-moi patate chaude, je m’enfuis !

Je passe ensuite prendre rendez-vous au garage. Le mécanicien de l’accueil est au téléphone. Pas un regard, pas un lever de sourcil, ni bonjour, ni sourire ; debout à un mètre de lui, je suis totalement transparente. Il est en pleine commande et je patiente, longtemps ; ça semble compliqué les pièces référencées 5 /25 IF3… Je ne voudrais pas déranger. Mais lorsqu'après avoir raccroché, il entreprend de passer un nouvel appel en s’obstinant à ne pas me voir… Je m'enfuis une seconde fois.

Il me reste un peu de temps, je tente l’autre zone commerciale. Il y a des imprimantes, des toners, la vendeuse est sympathique et me conseille rapidement. Au garage d’à coté, j’attends deux secondes avant qu’un mécano arrive en souriant pour vérifier que l’on s’occupe de moi…

Y a pas à dire, à  gauche c'est mieux  !

 

NB : Désolée pour ce billet léger déconnecté des préoccupations du moment mais la discrétion des mouvements annoncés pour après demain me décourage quelque peu...  L'allégorie sera donc une dernière façon d'appeler à la mobilsation du 18 !

14 juin 2011

Lutter bis



Autre combat.  Les Lilas, maternité mythique, voient leurs conditions de travail se détériorer. Comme dans d’autres lieux phares, la qualité de l’accompagnement se dégrade sous l’influence conjointe de la tarification à l’acte, du surbooking et du médico légal… S’y ajoutent des locaux exigus contraignant à jongler sans arrêt avec le manque de place.
Il était donc prévu de reconstruire la maternité … et au passage d’en augmenter la capacité d’accueil ; lourd prix exigé pour sa survie.

Tout semblait en bonne voie puisqu'un terrain avait été trouvé, que la mairie soutenait le projet, que l'ARH* avait donné son accord.

Oui mais d’aucuns rêveraient peut-être de voir disparaitre ce lieu subversif militant de la première heure pour la légalisation de l'IVG, l’accès à la contraception, les droits des femmes et la naissance respectée.
L'ARS** a stoppé le projet et se propose de regrouper l'établissement avec une maternité de type 3… Fausse opportunité ; les Bluets en ont fait l’expérience et sont en grande difficulté

Soutenir les Lilas, c’est faire plus que souhaiter préserver un lieu et une équipe. C’est témoigner de son indignation devant la mise en pièce des établissements qui s'obstinent à vouloir pratiquer une obstétrique humaine, qui tentent d’entendre les désirs de ceux qu'ils accueillent, qui pensent la femme comme sujet et non objet de soin.

Soutenir les Lilas, c’est dénoncer une politique de santé qui s’éloigne des besoins des "soignés" pour industrialiser les prises en charge. C'est lutter contre la concentration et l'uniformisation des accouchements.
C'est se souvenir que des femmes et des hommes se sont battus il y a deux générations pour changer la naissance ... Et que tout ou presque est à recommencer.

Une pétition est à signer ici

* Agence régionale de l'hospitalisation, remplacée depuis avril 2010 par
**ARS Agence régionale de Santé



Le 18 juin, que ferez-vous ?

10 juin 2011

Lutter



La maternité du Chiva (centre hospitalier du val d'Ariège), fruit de la fusion de deux petits établissements, s'est ouverte en 2001. Une équipe solide cherche depuis 10 ans à travailler au plus près des besoins des parents en offrant une prise en charge diversifiée. Consultation prénatale, préparation à la naissance, ostéopathie, échographie, hospitalisation à domicile, rééducation périnéale, orthogénie, gynécologie, «des sages-femmes à tous les étages» ainsi que le dit l’une d’elle. Remarquables aussi l'accompagnement respectueux et la réelle liberté laissée aux femmes (baignoire, déambulation, posture …) lors de l’accouchement.

Preuve de leur succès, le nombre de naissances a augmenté de 25% en 9 ans (900 en 2001 - 1181 en 2010). Au final, cette performance n’arrange pas les affaires de l’équipe obligée de faire plus avec un personnel restant stable (les décrets de périnatalité prévoient un poste de sage-femme supplémentaire à partir de 1200 accouchements…)

Elles se sont émues de cette situation, soulignant à leur direction qu’elles ne pouvaient plus exercer en sécurité (perdre en sécurité semble hélas un argument plus efficace que perdre en humanité des soins). Leur récente "victoire" après plusieurs mois de combat sonne amèrement, aucun poste ne sera créé ! Ils seront redistribués pour concentrer l'effectif des sages-femmes en salle de naissance, en abandonnant l'échographie et en délaissant peu à peu leurs autres activités, consultation et rééducation postnatale puis préparation à la naissance puis ...
Intolérable mise en charpie d'une organisation innovante.

Renvoyer à la "ville" le maximum de soins et rentabiliser l'équipement hospitalier spécifique pourraient aussi être à l'origine de ce revirement de la direction du CHIVA. L'ouverture du plateau technique aux sages-femmes libérales semblait inconcevable hier , elle devient envisageable. 

Au CHIVA comme ailleurs, les pouvoirs publics souhaitent réserver l’hôpital aux actes techniques et externaliser les autres. Une opportunité pour développer l'accompagnement global de la naissance ? Pas de réjouissance hâtive !  Une fois les directeurs d’établissement appâtés par l’aspect financier de la démarche (augmenter le nombre d'actes sans majorer la masse salariale), il faudra convaincre assureurs et médecins - peut-être aussi certaines consœurs - de l’intérêt et de la sécurité de cette pratique.

Mais pourquoi l’un devrait-il exclure l’autre ? Plutôt que de démanteler l'hôpital, pourquoi ne pas inventer parallèllement à son ouverture aux libérales de nouvelles formes d'organisation offrant une prise en charge globale par les sages-femmes salariées ?
Les hôpitaux de Genève le proposent depuis peu (cf cet article  et cette vidéo).

La Suisse, paradis bancaire et... périnatal ? !




Bon, c’est pas tout ça mais une nouvelle journée de mobilisation parents /sages-femmes est prévue le 18 juin prochain…
Si des actions sont prévues dans votre région : faites le savoir ici aussi !
Si ce n'est pas encore organisé, il vous reste une semaine … une petite animation sur le marché, une matinée porte ouverte dans les cabinets,  un débat dans la maison de quartier ou le café activiste du coin ... toute initiative  sera bienvenue.
Et si rien n’est prévu ni prévisible, il revient à chacun, professionnels comme parents, d’inonder les médias locaux (plus accessibles) et nationaux (plus audibles) de témoignages  sur la profession et les conditions de la maternité !

Blog et mail vous sont ouverts pour que les infos circulent...

 

 

Publicité
Publicité
<< < 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 30 40 > >>
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Publicité