Les anti-IVG tentent de s’acheter une conduite au travers d’un regroupement de sages-femmes. J’en tairai le nom pour éviter de leur faire de la publicité.
Leur courrier semble avoir été adressé, (accompagné d’une enveloppe T) à l’ensemble de la profession. Nous sommes plus de 20 000 et aucune participation financière n’est sollicitée. D’où proviennent les fonds permettant une action de cette envergure ?
Evidemment, elles avancent masquées… «Nous nous battons pour des maternités plus sures et plus naturelles». Qu’en termes choisis ces choses là sont dites.
Sous couvert de défendre les conditions de naissance, elles torpillent le recours à l’avortement, comme si l’un s’opposait à l’autre, comme si accouchement et IVG n’étaient pas les deux facettes d’une seule histoire, celle des femmes.
Nous considérer «comme prescriptrice d’avortement ferait basculer l’équilibre fragile de notre profession».
Si nous n’avons pas encore le droit de prescrire l’IVG médicamenteuse (le lobbying hélas efficace des anti-IVG a fait retirer des amendements à plusieurs reprises), j’accompagne déjà des femmes et des couples qui se posent la question de poursuivre ou non une grossesse.
Aucune fragilité, aucune ambigüité dans ma position.
Si l’on s’adresse à une sage-femme, c’est justement parce que l’on sait pouvoir trouver auprès d’elle attention et respect ; il ne s’agit pas de juger mais d’offrir notre écoute pour aider la décision à émerger, quelle qu’elle soit.
Choisir de ne pas poursuivre une grossesse ne se fait jamais facilement
Nul ne peut s’arroger le droit de décider du devenir des femmes.
La loi Veil a été votée un an avant le début de mes études. Grâce à ce vote, je n’ai pas eu à connaitre les femmes décédant d’hémorragie ou de septicémie après un avortement clandestin.
De nos jours, l’IVG est attaquée de toutes parts. Certains centres sont fermés, (voir ici par exemple ici), les vacations, sous-payées, sont pour la plupart assurées par des médecins militants de la première heure et donc proches de la retraite. La relève tarde à venir.
Alors oui, je me bats pour les droits des femmes et pour l’accès à l’IVG et je veux bien m’y engager plus encore pour permettre à ces femmes de trouver les réponses qu’elles attendent.
Comme militante de la naissance respectée, je dénonce l’amalgame entre défense de la physiologie et opposition à l’avortement.
Comme citoyenne, je déplore que de jeunes sages-femmes soient assez naïves pour servir de de cheval de Troie aux extrémistes.
Et comme sage-femme, je m’indigne de ces assertions qui voudraient nous faire croire que l’histoire des femmes peut se morceler, que nous devons être près d’elles quand elles accouchent mais nous en éloigner quand elles avortent.
Ma place de professionnelle est, toujours, à leurs cotés.
Edit du 29 octobre :
Un collectif de soutien à l’extension des compétences des sages-femmes à l'IVG est en train de se constituer.
Vous pouvez adresser votre mail à sforthogeniques@orange.fr en indiquant vos nom, prénom, adresse, email, profession et votre volonté de soutien ou de participation active à ce collectif.