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Dix lunes

8 août 2013

Une question de pot

 

stopwatchC'est un jour comme je ne les aime pas. Les rendez-vous s'enchaînent et le téléphone se déchaine. D'habitude, un arrangement tacite fait que chacune essaye de prendre les appels à tour de rôle pour que ce soit moins lourd. Ce jour-là, je suis seule au cabinet, aucun relai n'est possible et il semble que la ville entière se soit donné le mot.

Je passe mon temps à m'excuser de décrocher auprès des gens que je reçois, essayant de faire au plus vite. Quand l'échange s'annonce prolixe, je propose de rappeler plus tard et la liste des rappels à faire s'étirant, je me sens obligée de préciser "Surement assez tard ; après 21 heures, ça ne vous dérangera pas trop ?" La journée sera longue.

Une solution serait de brancher le répondeur mais pour cela il faudrait enregistrer l'annonce adéquate - je n'ai jamais pu trouver le Graal que serait un répondeur acceptant de garder en mémoire plusieurs annonces différentes…  Au vu du retard accumulé, je n'ose pas prendre le temps de faire le message entre deux rendez-vous, sure de bafouiller et de devoir m'y reprendre à de multiples fois.

C'est à elle. Je la prie d'excuser mon retard. Elle s'assied, la mine défaite, son bébé de deux semaines endormi dans ses bras. Elle est fatiguée, peine à trouver ses marques de jeune mère. Tout l'inquiète, il dort peu, pleure beaucoup, réclame souvent, le cordon saigne. Surtout, à la maternité, on a décelé un petit souffle "sans gravité". Cette précision ne l'a pas rassurée ; elle rumine l'information depuis la semaine dernière " Je n'ai pas voulu te déranger" … Le téléphone lui n'hésite pas. Je m'excuse à nouveau et décroche, bien décidée à reprendre l'entretien au plus vite.

A l'autre bout du fil, mon interlocutrice a quelque chose à demander à mon associée mais consent, à défaut, à m'interroger. Elle se lance dans un long monologue. "Comment faut-il s'y prendre pour mettre un enfant sur le pot parce que le petit, il veut pas y rester et pourtant il a l'âge parce que deux ans c'est l'âge quand même ma mère disait un an et ma belle-mère dix-huit mois mais je voulais pas le brusquer et ce serait quand même bien qu'il y arrive mais même en lui donnant un jouet il se relève tout de suite alors je me demande si...".  Un peu déconcertée, je tente de couper court en annonçant que je ne sais pas vraiment quoi lui répondre, que la sage-femme n'est peut-être pas le professionnel adéquat.

Elle rétorque qu'elle a appelé le cabinet parce qu'elle ne savait pas à qui s'adresser mais que mon associée elle, elle savait toujours TOUT.
Et raccroche, me laissant le poids de sa perceptible déception.




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29 juillet 2013

Présumées inconséquentes

 

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Tout dans cet article m'irrite. Le ton, les raccourcis approximatifs, les reproches sous-jacents...

On commence avec ces stupides et malpropres bonnes femmes qui arrivent de la plage "pas encore lavées" et viennent consulter alors qu'elles pourraient acheter directement leur traitement. Démarche aisée quand on connaît et reconnaît les symptômes, moins quand on découvre les joies de la mycose où que l'on préfère la confirmation d'un avis médical.
Avis que l'on a bien tort de réclamer puisqu'il s'accompagne de deux contre-vérités : "ni rapports sexuels ni bain pendant 7 jours". Les premiers sont souvent spontanément évités - où y a d'la gène y a pas d'plaisir - mais aucune raison médicale ne justifie de supprimer l'un ou l'autre, sauf à vouloir punir l'inconséquente en gâchant ses vacances...

"Pour éviter les mycoses, il est nécessaire de se laver en rentrant de la plage et il faut surtout éviter de garder toute la journée un maillot de bain humide ". La douche après la plage est sûrement une bonne idée, sans rapport aucun avec la prévention d'une mycose. Mais comment ne pas garder un maillot humide ? Une journée en bord de mer, c'est mouillé /sec /mouillé /sec ... Faudrait-il conseiller aux baigneuses de se changer après chaque passage dans l'eau ?

Puis le journaliste a du déplorer une panne de stylo qui nous vaut une intéressante ellipse. "L’eau de mer ou le chlore des piscines fragilisent également la flore vaginale et peuvent favoriser l’apparition de mycoses. Des conseils simples et évidents que ces gynécologues sont de plus en plus obligés de dispenser". Quels seraient ces conseils ?  Nous ne pouvons que supputer... Préférer les vacances à la montagne ? 

On se réjouit ensuite de lire deux rappels à la fois justes et trop souvent méconnus.
- "Pas de douche vaginale". Effectivement, ce geste est non seulement inutile - le vagin est auto nettoyant (si !) - mais surtout nuisible à l'équilibre de la flore. Or, comme l'article ne le précise pas, le candida albicans est un hôte fréquent du vagin. Ce n'est pas sa présence mais sa prolifération qui pose problème.
- "Mieux vaut-il se méfier d’un préservatif qui aurait passé plusieurs heures au soleil. La chaleur altère effectivement sa porosité. La crème solaire a le même effet sur la qualité du latex". Il aurait été judicieux de compléter l'information en précisant que cela concerne tous les corps gras (c'est noté sur le mode d'emploi mais qui le lit ? Voilà une bonne occasion de le faire... )

Hélas, la suite nous déçoit. "Messieurs, si ça vous chatouille ou ça vous grattouille, pensez au préservatif !" Et si ça grattouille pas ? On s'en fout ? Il est bien dommage de commencer un paragraphe en évoquant le Sida pour le terminer en confortant l'idée que l'absence de symptôme est rassurante. De plus l'infection à clamydia, ça chatouille pas et ça grattouille pas, ni chez l'homme, ni chez la femme. Par contre, c'est un grand pourvoyeur de stérilité tubaire comme le rappelle cette campagne de l'Inpes (que je mets en lien tout en pestant qu'une fois de plus, les sages-femmes ne soient pas nommées).

On enchaîne avec la pilule. "Un seul oubli peut entraîner une grossesse non désirée". C 'est vrai et pas besoin de décalage horaire ou d'excès de boissons pour oublier un comprimé. Le conseil concernant la contraception d'urgence en est d'autant plus inacceptable "Comme son nom l’indique, elle doit être prise le lendemain". Non ! Le plus tôt possible, de préférence dans les douze premières heures. Son efficacité est d'autant plus grande qu'elle est prise rapidement.
Et pourquoi ne pas avoir saisi l'occasion de citer le dispositif intra-utérin au cuivre, excellente contraception d'urgence - à poser dans les cinq jours suivant le rapport non protégé - qui permet en plus de ne plus avoir à se préoccuper d'un nouvel oubli de pilule pendant cinq ans !! 

L'article se poursuit sur des affirmations totalement erronées.
"On compte autant d’accouchement que d’avortements". Faux ! En 2011, il ya eu 793 000 naissances pour 209 291 IVG soit 26.4%. On est très loin du 100% annoncé !
"Les statistiques le disent, c’est à l’automne que les IVG sont le plus nombreuses". Faux aussi ! En 2010, en métropole, le - petit - pic des IVG était en mars. La faute à la galette des rois ou la Saint Valentin ?

Cela fait déjà beaucoup de reproches pour un article aussi bref mais la phrase de conclusion, s'appuyant sur les contre vérités dénoncées à l'instant- est  totalement inacceptable ! "La preuve qu’en vacances, les femmes ont de plus en plus tendance à se lâcher. Sans vraiment réfléchir aux conséquences"… 

Pourtant, deux tiers des IVG concernent des femmes utilisant une contraception.
Pourtant, la contraception est aussi l'affaire des hommes.

Les femmes, présumées irresponsables et forcément coupables !



PS 1 : les données datent de 2010, 2011 et même 2007 parce que contrairement à l'article, je souhaitais me baser sur chiffres réels (rien trouvé de plus récent).
PS 2: si vous vous étonnez du choix de l'illustration : juste une plage et du soleil pour coller au sujet, et surtout des hommes histoire de rappeler leur implication...

 

 

15 juillet 2013

A baby is being born

 

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Depuis de longues semaines, ma boite mail est envahie de multiples alertes concernant la maternité d'une certaine Kate. D'habitude, je zappe. La royale descendance me laisse plus qu'indifférente. Mais plusieurs d'entre vous ont attiré mon attention sur un article où il était question de positions d'accouchement.

Finalement, la royauté pourrait amener d'intéressants débats...

Reprenons les propos du Pr Deruelle qui annonce 60 à 80% de péridurale. Le chiffre semble minoré ; en 2010 nous étions déjà à 80%.  Il est difficile d'imaginer que le taux ait pu baisser alors que les équipes sont chaque jour plus pressurées au sein de maternités surbookées... Se passer de péri suppose souvent de pouvoir être soutenue par une sage-femme disponible.

Pour 80% des femmes la position sera donc surtout celle proposée par l'équipe, parce que la recherche d'une position antalgique n'a plus lieu d'être et parce qu'il faut faire avec les multiples capteurs et branchements qui accompagnent la pose de l'analgésie. S'ils n'empêchent pas toute mobilité, ils sont malgré tout une réelle entrave à la liberté de mouvement.

Par contre, affirmer que sans péridurale, les femmes s'allongent pour des raisons physiologiques liées à leur fatigue fera s'étrangler la première sage-femme venue. Les raisons en sont toutes autres. L'une d'elle est d'ailleurs citée dans l'article "l’imaginaire populaire et télévisuel a véhiculé l’image de la femme allongée". Ce conditionnement insidieux vient se conjuguer à l'aménagement des salles de naissance où trône (!) un large lit confirmant l'évidence de la position allongée. Les nouvelles salles dites natures, en proposant d'autres supports, aideront peut-être les femmes à retrouver plus de spontanéité.

Mais l'origine principale de la position gynécologique est clairement médicale, comme le montre cet extrait du Traité des maladies des femmes grosses et de celles qui sont accouchées, rédigé par François Moriceau obstétricien du XVIIème siècle.

"Car toutes les femmes n'ont pas coutume d'accoucher en même posture, les unes veulent que ce soit en se tenant sur les genoux comme font certaines femmes aux villages, les autres étant debout et ayant seulement les coudes appuyées sur quelque oreiller mis sur une table, ou sur le bord du lit et d'autres étant couchées sur quelques matelas mis par terre au milieu de la chambre. Mais le meilleur et le plus sûr est qu'elles soient couchées dans leur lit ordinaire. (…/...)
Ce lit doit être fait en telle façon que la femme ainsi prête à accoucher y soit couchée sur le dos, ayant le corps de moyenne figure, c’est-à-dire la tête un peu élevée et de telle sorte qu'elle ne soit entièrement couchée ni tout à fait assise (…/...)Etant en cette posture, elle écartera les cuisses l'une de l'autre en pliant un peu les jambes contre les fesses, qui seront médiocrement élevées par un petit oreiller mis dessous, s'il est besoin, afin que le coccyx ou croupion ait plus de liberté de se reculer en arrière et les pieds seront appuyés contre quelque chose qui résiste". 

Ce texte démontre à la fois la reconnaissance de la mobilité spontanée des femmes en travail et la mainmise du médical imposant ce qui ressemble fort à notre actuelle position gynécologique. A un détail près, elle était améliorée  d'un "petit oreiller" permettant une meilleure mobilité du bassin, innovation oubliée et récemment remise au gout du jour par le Dr de Gasquet...

Je me souviens d'une émission diffusée en direct à une heure de grande écoute, il ya une quinzaine d'années. Un obstétricien du moment y avouait avec une franchise aussi déconcertante que son évident mépris, "Oui, la position accroupie est plus physiologique mais moi, je ne suis pas contorsionniste"...

Non Pr Deruelle, les femmes ne s'allongent pas parce qu'elles sont fatiguées, elles s'allongent parce que tous les indicateurs les invitent à le faire. Comme vous le soulignez, elles pensent que la médecine sait mieux qu'elles et d'une certaine façon, vous appuyez cette croyance en affirmant "La sécurité doit toujours primer sur le physiologique" comme si l'un s'opposait à l'autre.

Pourtant, le courant semble s'inverser, doucement, trop ! L'expérimentation des maisons de naissance sera, n'en doutons pas, votée à l'automne ; les salles natures se multiplient.

Et si l'effervescence médiatique liée à la naissance d'un petit britannique amène un obstétricien français à parler d'accouchement accroupi ou à quatre pattes...tous les espoirs nous sont permis !

 

 

NB : Quelques idées de position sur le site de l'Afar

 

 

30 juin 2013

Avis de recherche ?

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Trois campagnes de prévention ont récemment eu lieu : supplémentation en folates (vitamine B9) en prévision d’une grossesse, contraception et frottis.
Trois campagnes où les sages-femmes avaient très logiquement leur place.

La première était la plus confidentielle. Les professionnels de santé ont reçu une affiche à apposer en salle d’attente, ainsi que  des plaquettes d’information à destination de leurs "patientes".

Qui peut prescrire ces folates ? Les médecins et les sages-femmes. Mais si ces dernières étaient bien mentionnées dans la brochure, un fâcheux oubli les avaient effacées de l’affiche. Nous étions donc censées placarder dans nos salles d’attentes un document omettant de nous citer…

Peu de temps après débute une campagne sur la contraception. Joie, nous sommes bien référencées parmi les multiples interlocuteurs possibles. "La contraception qui vous convient existe. Pour vous aider à la choisir, parlez-en à votre médecin ou à une sage-femme, demandez conseil à votre pharmacien ou rendez-vous sur choisirsacontraception.fr".
Je pourrais remarquer que les femmes parlent à leur médecin, leur pharmacien mais à une sage-femme. Ne chipotons pas.

L’omission des sages-femmes dans les campagnes de santé publique aurait pu n’être qu’un mauvais souvenir quand soudain, nouvelle annonce, nouvel oubli.  Un spot radio m’interpelle tous les matins en rappelant l’intérêt du frottis de dépistage. Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes de la prévention si le spot ne se terminait ainsi  "Si vous n'avez pas fait de frottis depuis plus de 3 ans prenez rendez-vous avec votre médecin, c'est important".

Et nous voilà encore une fois gommées alors que nous effectuons régulièrement ces frottis, depuis des lustres en début de grossesse, plus récemment en post natal puis dans le cadre du suivi gynécologique de prévention.

Pourtant, là aussi le document explicatif disponible sur le site dans la rubrique "Vos interlocuteurs"  nous cite (dans une synthaxe un tantinet approximative) "Dans une nouvelle loi promulguée en 2009 (loi "Hôpital, patients, santé, territoires" (HPST), les sages-femmes sont désormais habilitées à réaliser des frottis, y compris en dehors de la grossesse. Par ailleurs, un arrêté daté de 2010 amène tout médecin ou sage-femme à questionner les femmes enceintes et à leur proposer la réalisation d'un frottis si cet examen n'a pas été fait dans les trois années précédant cette consultation".

Il aurait été judicieux d’ajouter que nous pouvions prescrire le vaccin, comme cela est précisé pour les médecins. Mais je chipote encore.

Mais est ce toujours du chipotage de souligner que le gynécologue est qualifié d’"acteur central du dépistage du cancer du col de l'utérus". Pourquoi serait-il plus "central" que le généraliste ou la sage-femme ?
Le gynécologue est l'acteur du diagnostic comme le texte le précise ensuite "En cas d'anomalie décelée sur le frottis, il réalise la démarche diagnostique (colposcopie, éventuellement biopsie du col". Peut-être vaut-il mieux ne pas encombrer ses consultations de rendez-vous pouvant être aussi bien assurés par d'autres.

Notre absence dans les annonces alors que les sages-femmes sont bien citées dans la documentation plus complète me laisse un petit gout amer. Très certainement, l’efficacité de la communication - nécessité d’un message bref et lisible - serait le prétexte invoqué.

Mais "parlez en à votre médecin ou à votre sage-femme", est ce vraiment prendre le risque de brouiller le message ?

N‘est-ce pas plutôt le moyen d'informer correctement les femmes pour leur permettre de choisir le praticien qu'elles souhaitent consulter ?

 

 

24 juin 2013

Payer...

 

 

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Elle appelle à la première heure, se présente, perçoit mon hésitation, me donne quelques éléments permettant de la situer. Cela fait des années que nous ne nous sommes pas vues. Par politesse, elle demande de mes nouvelles. J’élude ; cet appel matinal n’a surement pas pour but de renouer des relations distendues.

Elle est enceinte ; un accident. C‘est elle qui prononce ce mot en ajoutant aussitôt "c’est de ma faute". Elle ne veut pas poursuivre cette grossesse et, bien que je ne demande rien, éprouve le besoin d’expliquer : un oubli de pilule* conjugué à une relation qu'elle sait sans lendemain.

Je ponctue prudemment ses paroles de quelques oui neutres, un peu en alerte. Cette femme que j’ai connue féministe, assurée, autonome, semble vouloir se justifier à chacune de ses phrases. Je veille à ne rien dire qui puisse conforter le sentiment d’une faute.

Elle hésite entre IVG médicamenteuse et aspiration. Elle est par contre décidée à ne pas avoir d’anesthésie générale. Son "Je ne veux surtout pas esquiver le moment", laisse à nouveau deviner le poids du prix qu'il faudrait payer.

Elle a vu son médecin qui a lancé les démarches en attestant de sa demande et la renvoie vers le centre d’orthogénie. Mais le centre est débordé et ne peut lui donner un premier rendez-vous que dans quinze jours.

Alors elle est à l’autre bout du fil, au petit matin, avec ses questionnements et ses silences. Le choix de la méthode semble n’être qu’un prétexte pour pouvoir parler de sa décision, de sa difficulté. Comme tant d’autres femmes, elle n’imaginait pas se retrouver un jour dans cette situation. Et elle évoque à nouveau sa responsabilité dans l’oubli du cachet.

J’aimerais pouvoir gommer un peu du poids qu’elle porte.  Elle se projette dans une IVG médicamenteuse faite à domicile. "Ça me permettrait plus facilement  de lâcher mes émotions. Maladroitement,  je l’interromps, il n’y aura pas forcément d’émotion à lâcher"…

Je n’en sais évidemment rien. Mais c’est le seul moyen que je trouve pour dénoncer la culpabilité qui sourde à chacun des mots qu'elle prononce.

Elle est enceinte et ne souhaite pas cet enfant. Elle a besoin d’une IVG. C’est tout.

 

Rappel : la pilule comme moyen contraceptif sur toute la période féconde, c'est à peu près 10 000 comprimés qu'il ne faudrait jamais oublier... 

 

 

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17 juin 2013

Vitesse excessive

 

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Ils viennent de passer à table, leur fille ainée juste couchée. Un moment tranquille à partager dans l'attente de la naissance qui ne devrait plus tarder. Ils prévoient de finir les derniers aménagements de la chambre le week end prochain. Elle le taquine sur les aléas du montage de l'armoire en kit et se tracasse un peu que tout ne soit pas prêt en désignant son ventre plus que rond…

Soudain, un léger "plop", la sensation du liquide chaud et la petite flaque qui s'arrondit à ses pieds. Elle vient de perdre les eaux.

Très vite, tout s'accélère. Attraper la valise, réveiller la grande pour la déposer chez des grands-parents. Dans la voiture les vagues montent et refluent sans réelle pause entre deux.

A l'arrivée en salle de naissance, le rythme s'élève encore d'un cran. Le col est totalement dilaté, il est temps de pousser. Elle n'en sent pas encore le besoin mais s'exécute, puisque c'est le moment… La poussée se révèle laborieuse, bien plus que la première fois. L'équipe envisage à voix haute la possibilité d'un forceps. Cela, elle n'en veut pas. Convoquant toute son énergie, elle met son enfant au monde.

Un pleur et déjà il s'apaise, posé sur le ventre maternel. Les soignants s'affairent encore un peu, vérifiant que tout va bien puis se retirent quelques minutes, les laissant découvrir leur tout-petit dans l'intimité.

Cela, c'est le récit lissé qu'elle répète à chaque visiteur venant se pencher sur le berceau en s'extasiant d'une naissance si facile.

A "sa" sage-femme, elle ose confier sa déception. Cette naissance éclair a un goût de trop peu ; pas le temps de réaliser, de sentir, d'attendre, d'imaginer, de rêver… 

Pour son homme aussi, tout a été très, trop, vite. Ils peinent l'un comme l'autre au souvenir des premiers instants ; une fois seuls, ils ont repris leur conversation sur le montage de l'armoire ; comme poursuivant une discussion interrompue par un incident sans importance.

Une naissance tellement rapide qu'ils n'ont pu réaliser que leur enfant était né.

Et ce bref moment d'apparente indifférence revient les miner chaque fois qu'un proche s'écrie "A peine deux heures, mais quelle chance vous avez ! "

 


©Photo

10 juin 2013

Effet secondaire ?

 

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En préparation à la naissance, nous abordons toujours le sujet de la contraception en rappelant cette évidence : une contraception, ça se choisit !
Cela permet aux femmes de ne pas sortir de la maternité en pensant que le petit comprimé quotidien est un incontournable.

Nous listons les différentes méthodes, leurs avantages et inconvénients J'évoque aussi " l'aménorrhée lactationnelle " dite méthode Mama  - quel est le publiciste fou qui l'a nommée ainsi  !? et puis nous parlons du chamboulement plus ou moins violent pour le couple qu'est l'arrivée d'un enfant, de la libido possiblement en berne, des retrouvailles pas toujours faciles... 

Elle découvre le dispositif intra utérin qui ne lui avait jamais été présenté.  

Quelques mois plus tard, revenant en rééducation postnatale, elle annonce, tout sourire "J’ai vu ma gynéco - celle qui la suit depuis une dizaine d'années - et je lui ai causé du stérilet (oui, faut dire dispositif intra-utérin mais le mot  reste bien ancré dans les esprits) et du coup, on a beaucoup discuté… D’habitude c’est pas comme ça, on cause pas mais là on a bien causé et elle a dit qu'elle était d’accord pour me le mettre."

Très déontologiquement, je suggère qu’à force de penser les médecins débordés, on ne s'autorise plus à poser des questions et qu'il suffit d'ouvrir le dialogue pour…

"Ah non !  me coupe-t-elle, j’avais souvent essayé de discuter mais ça marchait jamais. D’ailleurs, elle regardait même pas mes bébés. Et là, je suis arrivée avec le petit dernier, je l’ai posé sur le côté comme d'habitude, vu qu'elle les regarde pas, et puis là après, elle est venue lui dire bonjour, et tout…"

Et mon mauvais esprit me fait me demander si le suivi "low cost" des sages-femmes n’aurait pas comme impact inattendu d'améliorer le relationnel de certains gynécos…

 

PS : Oui, ce billet est une pique inutile et mesquine mais j'ai lu ça ce matin...

 

©Photo

 

3 juin 2013

Arnaque

 

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Comme tout le monde (?!), j’ai un portable à utilisation professionnelle. Portable qui m'a lachée brutalement un soir de l'hiver dernier. Ecran noir, impossible d’appeler, impossible de décrocher quand il sonne, impossible de savoir qui cherche à me joindre…

Petit stress en imaginant quelque parent ou futur parent inquiet en mal de réponse.

Le lendemain à la première heure, je suis à la boutique. Diagnostic sans appel, mon téléphone est mort. Qu’à cela ne tienne, voilà l’occasion de choisir un modèle et un forfait plus performants.

C’est comme cela que je suis arrivée chez SFR, chassée par un concurrent auquel j’étais fidèle depuis des années et qui du coup trouvait logique de me proposer des tarifs bien supérieurs à ceux offerts à ses nouveaux clients.

Chez SFR, je suis accueillie à bras ouverts. La vendeuse se met en quatre pour me dépanner immédiatement tout en conservant le même numéro. Je repars munie d’un téléphone en parfait état de marche et d’un forfait illimité.

Tout cela est bien plus onéreux que mon ancien contrat mais une accumulation de réductions m'est offerte; nouveau client, promotion du mois, déstockage du portable (déjà has-been), offre professionnelle. Grâce aux remboursement et déductions promis, le tarif redevient attractif.

Sauf que… 6 mois plus tard, zéro remboursement et zéro déduction.

Je passe au magasin une première fois mais faut ramener le dossier ; une seconde fois avec le dossier, mais il manque d’autres papiers. Nouvelle visite avec tous les documents requis. Je patiente longuement en attendant qu’un des vendeurs se libère.

Pendant ce temps, une autre cliente vient se renseigner. On lui a promis des appels compris dans le forfait vers tous les fixes mêmes à l’étranger et ses appels en Allemagne sont pourtant facturés en plus.
Le vendeur vérifie et confirme : "Pour l‘Allemagne, c’est hors forfait.
- Mais on m’avait dit que... s'étonne la cliente
- Le vendeur la coupe : Le forfait, c’est seulement pour l’Europe.
Sourire complice avec ma voisine de galère qui s'autorise à préciser : Mais l'’Allemagne c’est en Europe !
- Oui le forfait concerne toute l'Europe... mais pas l' Allemagne".
Ce serait noté en tous petits caractères dans le contrat...

Quand vient enfin mon tour, il faudra encore une heure montre en main à la vendeuse qui s’occupe de moi (ma présence étant requise tout ce temps) pour me confirmer après moults appels à divers services que l’engagement de réduction était une erreur et que le fait que cela soit noté à la main sur mon contrat ne prouve rien.... Et quand j’annonce que  je vais donc résilier mon abonnement puisque ce n’est pas sur ces bases là que le contrat était signé,  ben je peux pas puisque je me suis engagée pour deux ans !

Entre ce qui m'était annoncé pour me convaincre de signer et ce qui est effectif, y a comme un ravin.

Pendant ce temps, le ballet des clients venant se renseigner, réclamer, acheter, se poursuit.
Je serais partie totalement furieuse si un autre dialogue surréaliste n'avait éclairé ma soirée.

Un quinquagénaire malentendant vient demander des explications sur l'emploi du smartphone acheté quelques semaines plus tôt. Le vendeur explique, ré-explique, ré-ré-explique les bases de la navigation sur le net avec une réelle bonne volonté . Comme il parle fort afin que son interlocuteur l'entende bien, personne ne perd une miette de ses tentatives pédagogiques. Les minutes défilent et le client semble toujours aussi perdu.

Une petite demi-heure plus tard, le vendeur, désespéré, cherche à s’esquiver et suggère :
- "Le mieux serait de contacter le service assitance, tranquillement, de chez vous.
Le monsieur rechigne, désignant son oreille et l’appareil qui la surmonte.
- Non, non. J’ai du mal avec les boites vocales. Je dois à chaque fois trouver quelqu'un pour le faire pour moi…
- Ok, vous entendez mal avec cette oreille, mais vous avez essayé avec l’autre ? "

 

 

PS : Je jure que rien n’est inventé…

PS bis : en insistant lourdement, j'ai récupéré quelques euros. Mais ça reste très loin de ce qui m'était promis à la signature. SFR si tu m’entends….

 

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27 mai 2013

Mal mot

pregnant

 

Elle est enceinte, elle est heureuse, elle est inquiète.

Heureuse parce que cet enfant était très attendu, inquiète parce que la grossesse précédente s’est terminée sur une échographie annonçant l'arrêt précoce du développement de l’embryon.
Elle n’en avait rien pressenti.

Alors l’absence de règles, le test de grossesse acheté en pharmacie, la tension mammaire persistante, tout ça ne suffit pas à l’apaiser totalement.
De plus, elle n’est pas nauséeuse, ce fréquent malaise si désagréable mais si rassurant.

Il est trop tôt pour pouvoir écouter les battements cardiaques. Cette annonce la déçoit. Elle espère, elle a besoin d’un élément objectif venant lui confirmer, là, tout de suite, que tout va bien.
Je lui propose de l’examiner pour m’assurer du volume utérin.

Comme toujours lors d’un toucher vaginal, je baisse les yeux, attentive à ne pas ajouter à l’intrusion du geste celui du regard. 
Je glisse doucement index et majeur dans son vagin, mon autre main palpe son ventre.
Entre mes deux mains, son utérus, rond et dodu à souhait, parfaitement rassurant, parfaitement conforme à la taille attendue pour l’âge de la grossesse.
J’en suis ravie pour elle.
Et m’exclame joyeusement. "Voilà un utérus gravide !"

Je lève les yeux vers elle à la fin de ma phrase, surement en quête d'un sourire rassuré. Juste le temps d’apercevoir son regard qui se voile... J'ajoute rapidement "Tout se présente bien", elle sourit enfin.

Elle ne dirait rien de plus et c'est moi qui insiste : "Je vous ai inquiétée ?"
Dans un murmure, elle s'autorise "Oui, dans gravide, j’ai entendu grave".

J'explique le mot, lui demande d’excuser ce vocabulaire médical parfaitement inapproprié. 
Et me désole en silence de ma stupidité.

 

©Photo

 

19 mai 2013

Accès refusé

 

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Les bornes c’est toujours un peu embêtant. A 90 sur une nationale, on est bon, à 91 on l’est plus. La limite a ce petit caractère arbitraire qui t’énerve quand tu t’y coltines. 

L'exercice des sages-femmes connait de nombreuses limites ; certaines sont floues "Lorsque la sage-femme constate des antécédents pathologiques, elle adresse la femme enceinte à un médecin". L'antécédent pathologique, ça peut être tout et donc n'importe quoi et ça s'interprète au bon vouloir de chacun... D'autres limites sont clairement absurdes ; nous pouvons traiter l'infection urinaire chez la femme enceinte. Mais dès le lendemain de l’accouchement, c’est ballot, on a plus la compétence !
Et puis il y a la limite qui fait l'objet de ce billet ; les sages-femmes peuvent "pratiquer la rééducation périnéale en cas de troubles consécutifs à un accouchement".

Le bonjour est sonore, le sourire lumineux. Elle évoque son parcours un peu chaotique avec un humour distancié. Son second degré caustique me ravit. Tout de suite, le courant passe.
Je l'interroge afin de mieux cerner les motifs de sa consultation. Entre les lignes de ses réponses se dessine une personnalité atypique, foisonnante. Dans un autre contexte, nous aurions pu rapidement sympathiser. 
Ce qu’elle raconte de ses errances médicales donne plus encore l’envie de l’aider.
Je me concentre sur ses symptômes, évoque quelques débuts de pistes pas encore explorées pour le traitement. Elle happe chaque perche tendue, imagine déjà un progrès possible. D'évidence, nous allons "bien" travailler ensemble.

Une question encore, "Comment se sont passés grossesse(s) et accouchement(s) ?"
Elle secoue la tête, "Inutile de chercher de ce côté, je n’ai pas eu d’enfant".

Tilt !
La limite est franchie. J'ai oublié de poser la question de la maternité au moment de la prise de rendez-vous. Et la demi-heure passée ensemble était si riche que le sujet est venu tardivement.

Regrettant de ne pouvoir aller plus loin, j'explique la "limite" et m'en excuse. Je commence à lui indiquer les kinésithérapeutes qu'elle pourrait consulter.

Elle m'interrompt, visiblement déçue.
«J’ai eu une IVG, ça compte pas ? »

 

 

 

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