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Dix lunes

11 décembre 2012

Mon poussin !

 

3158417292_268a14c8d7_bIls reviennent de la seconde échographie. Comme souvent, la position foetale n'était pas optimale et le praticien peinait à observer / vérifier /mesurer tout ce qui se doit de l'être lors de cet examen.  

Tant peiné qu'il renonce. Reposant sa sonde avec un sourire un peu contraint, il annonce aux parents que décidément non, il ne parvient pas à voir tout ce qu'il doit voir. Il leur propose d'aller faire un petit tour et de revenir dans une heure. En attendant que ce bébé fasse preuve de bonne volonté, il va prendre les patients suivants.

Ce n'est pas tout à fait ainsi que le couple a prévu de passer son après-midi mais quand il faut... Ils vont docilement marcher dans les rues enguirlandées pour revenir à l'heure dite.

Il y a comme une impression de déjà vu quand elle s'installe dans la petite salle quittée un peu plus tôt. Les mêmes gestes pour enlever son manteau, le poser sur la chaise, relever son pull, baisser son pantalon... la même giclée de gel glacé accompagnée de la même annonce rituelle "C'est un peu froid".

L'échographiste, tout en s'inquiètant de savoir si la promenade a été bonne, s'empare de la sonde, la pose sur le ventre rebondi et s'exclame " Mais il a pas bougé l'animal ! "

C'est à ce moment que le père interrompt son récit détaillé pour remarquer ironiquement... "C’est déjà un peu difficile de m’imaginer papa alors que j'arrive même pas à me représenter le bébé mais franchement, le qualificatif d’animal, ça m'aide pas !".

 

©Photo 

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10 décembre 2012

Clairvoyance

 

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A l’examen du neuvième mois, son médecin lui prédit un accouchement facile et rapide.

Elle le raconte avec un immense sourire lors de la dernière séance de préparation, visiblement rassurée par ce pronostic venant contredire ses expériences passées.

Je souligne prudemment la différence entre un constat clinique favorable lors d'une consultation et la prédiction. Personne n’est en mesure d'annoncer avec précision le déroulement d'une naissance. 

Le jour J, l’accouchement traîne en longueur, suffisamment pour que la sage-femme appelle le médecin de garde."Heureuse" coïncidence, le médecin est celui rencontré à la dernière consultation. Très gentiment, il s'excuse d'avoir pronostiqué à tort un travail rapide.

Elle, fatiguée, forcément déçue de retrouver la lente progression coutumière à ses accouchements précédents, fâchée d’avoir été trop rassurée, vexée de lui avoir fait confiance, lui lance :
"Lola, elle l’avait bien dit que vous vous trompiez tout le temps ! "

Ce n’était pas tout à fait ce que j’avais dit...
Mais mes oreilles ont sifflé fort ensuite !

 

©Photo april-mo

 

9 décembre 2012

Chorégraphie

 

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Fin de la séance de préparation. Assis sur les tapis au sol, chacun commence à remettre ses chaussures. Selon la conception des modèles, le geste est plus ou moins aisé pour ces femmes en fin de grossesse.

Lui est déjà debout, prêt à partir. Manteau boutonné, écharpe nouée autour du cou, il attend que sa compagne ait terminé, peut-être un peu impatient d'aller fumer sa cigarette. C'est ce dont semble témoigner sa main gauche qui fébrilement fait pivoter un briquet jetable.

Gênée par son ventre plus que rond, elle peine à lacer ses souliers et sollicite son assistance.

Il répond à voix trop haute "Tu veux que je t'aide ? Ben lève la jambe ma chérie… "  sans amorcer le moindre geste.

L'éclat de rire est général.
Confus, il s'agenouille à ses pieds pour se saisir délicatement des lacets.

 

©Photo

8 décembre 2012

Fatigue

 

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C'est notre première rencontre et la dernière consultation d'une longue journée. Elle m'épelle son nom qui accumule les lettres comptant triple au scrabble. Je la fais répéter deux fois. 

Je bafouille à chaque phrase, cherche successivement stylo, roulette, m'interromps pour répondre à un appel, plante mon ordi en cherchant l'info demandée, raccroche en promettant de rappeler un peu un plus tard et ne retrouve plus mon stylo...

Je reprends la consultation. Elle me donne la date de naissance de son premier enfant, puis, quelques minutes plus tard, la date de ses dernières règles. Les deux coincident, à trois ans près. Elle s'amuse à le souligner : "Je vous le fais remarquer parce que dans l'état où vous êtes, vous allez croire ensuite que vous avez mal noté".

Je pourrais en être vexée mais son grand sourire atteste d'une sincère solidarité.

 

©Photo

 

 

7 décembre 2012

Fraternel

 

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Leur enfant vient de naître. Une fois installés dans leur chambre, ils attendent avec un peu d'appréhension la première visite de l'aîné, craignant sa réaction devant l'irruption de l'intrus...  

Evidemment, tout lui a déjà été expliqué ; l'aménagement de la chambre et le choix parmi ses jouets de ceux qu'il destinait au petit frère sont venu concrétiser cette arrivée prochaine. La promesse que ce bébé viendrait avant les fêtes de Noël a permis de délimiter l'attente. Enfin, ils ont été tous les trois acheter très officiellement le doudou que le grand offrirait au petit en gage d'indéfectible fraternité.  

De leur coté, les parents ont évité de trahir sa confiance en lui laissant croire que le bébé amènerait un cadeau mais l'emballage du jouet choisi pour lui de longue date brille dans la valise. Cet ainé sera dignement reçu et dignement fêté. Pas question qu'il se sente délaissé après la naissance.

Il arrive donc, ce grand tant attendu. Il contemple avec intérêt le nouveau-né blotti dans les bras maternels, s'aventure à caresser ses cheveux, s'amuse de voir la minuscule main enserrer son index, tripatouille un peu les oreilles, s'extasie un moment "Il est beau le bébé, il est gentil le bébé".

La crise de jalousie tant redoutée n'a pas l'air de se profiler et les parents commencent à se détendre un peu...

C'est le moment qu'il choisit pour les interpeller, désignant son cadet d'un doigt accusateur "Bon ben c'est quand que sa maman vient le chercher ? "

 

 

 ©Photo

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6 décembre 2012

C'est pas tous les jours Noël...

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Nous vous prions de nous excuser pour cette brève interruption de programme...

Je vous avais promis des billets légers et joyeux pendant 25 jours. Mais ça va être dur de tenir ; outre que je n’avais pas anticipé qu’écrire un billet par jour était un pari un peu fou…, je n’avais surtout pas anticipé les nouveaux coups de gueule à venir.
Naïve la fille quoi.

Voilà donc une colère toute neuve.

Cette jeune femme dont j’ai suivi la grossesse revient me voir avec son bébé juste né. C’est la première semaine à la maison avec un premier enfant et le jeune couple déborde de questions… Très logiquement, je ressors le dossier pour noter le contenu de la consultation.  

Forcément je lis la phrase écrite en rouge sur la couverture (bon moyen de ne pas oublier les incontournables). Est donc écrit en rouge et grassement souligné : " Rudivax en PP " 

En clair, cela signifie que cette jeune femme que j'ai connue au début de sa grossesse n’a jamais eu la rubéole, que personne n’a eu l'idée de la vacciner avant qu'elle ne pense à être enceinte, qu’elle, son compagnon et moi avons un tout petit peu croisé les doigts les premiers mois pour qu'elle ne rencontre pas le virus pile à ce moment-là, que ledit virus a eu la gentillesse de passer son chemin et que comme ce serait ballot de recroiser les doigts la prochaine fois, ben on va se dépêcher de la vacciner juste après l’accouchement, avant qu’un nouveau projet de bébé n'arrive dans sa vie…

Et pour ne pas oublier, c’est donc noté en rouge.

Mais c’est sans compter l’obtuse bureaucratie ambiante puisque le vaccin contre la rubéole (Rudivax) a été retiré du marché le 12 novembre dernier au profit du ROR. Il est donc impossible depuis cette date de vacciner contre la rubéole sans faire dans le même temps le rappel oreillons et rougeole (le fameux ROR).

Outre que ça m’énerve un poil de revacciner "de force" des femmes qui ont déjà eu la rougeole (c’est son cas), y a un petit bug supplémentaire…

Le ROR n’est pas dans la liste des droits de prescription des sages-femmes.
La rubéole OUI (mais on s’en fout, ça existe plus) mais le ROR NON !

Ce qui signifie que cette dame dont j’ai suivi toute la grossesse, qui reviendra pour sa consultation postnatale et ensuite pour son suivi gynécologique (de prévention !), cette dame qui va très bien et n’a aucune pathologie, cette dame qui souhaite juste suivre mes conseils et se faire vacciner contre la rubéole … ben faut qu’elle aille voir un médecin pour avoir une ordonnance de vaccin.

Vaccin que dans leur grande mansuétude,  les mêmes bureaucrates qui m’interdisent de le prescrire, m’autorisent cependant à pratiquer…

 

©Photo

5 décembre 2012

Résolution

 

7951256460_98a47b64ff_bElle raconte une longue poussée, une heure lui semblant interminable, à la fin d’un long travail, à la fin d'une longue nuit. 

Elle insiste sur l’inutilité de ses efforts, sur son impossibilité à faire mieux… Mais précise qu'elle n'en garde pas un mauvais souvenir. Et quand j'insite un peu, souhaitant lui laisser l'espace du regret ou de la plainte, elle affirme vigoureusement que non, que c’est surtout pour l’équipe qui l'accompagnait que c’était long - "Ils baillaient" - mais elle, finalement non, vraiment, ça allait.

Nous poursuivons la consultation centrée sur la nécessité d'une rééducation périnéale. Je pose de nombreuses questions afin de dépister les possibles dysfonctionnements, ses éventuelles "mauvaises" habitudes.

J'en arrive à "Est ce que vous poussez pour uriner ? "
Sa réplique m'enchante.
Oeil malicieux et sourire taquin "Ah non ! Depuis mon accouchement, j’ai décidé de ne plus jamais pousser !"

 

©Photo

4 décembre 2012

GénérationS

 

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Une jolie brune passe la tête par la porte entrouverte du bureau.

- "Bonjour Lola, je suis Marie, la fille d'Agnès, tu te souviens ?
- ...
- Mais si, tu t'étais occupée de ma mère à la maternité. Et puis l'été suivant, tu étais venue passer quelques jours à la maison !
- Heu...mais c'était quand ?
- Pour la naissance de mon petit frère
- Il a quel âge ton petit frère ?
- Dix huit ans
J'assure, assez soulagée que le temps qui passe ne soit pas ainsi marqué par l'évocation d'un jeune majeur,
- Ah non c'est pas possible, il y a dix huit ans, je n'étais pas ici.
- Non, non, je sais bien, ma mère a accouché à Chateauroux.
Je me tasse d'un cran sur ma chaise. Finalement, le temps qui passe est bien passé...
Elle continue à égrener ses souvenirs
- Tu jouais avec moi dans les couloirs de la maternité...

Au fil de son évocation, mes souvenirs reviennent. J'avais sympathisé avec ses parents. A l'époque les femmes restaient hospitalisées douze jours après la naissance, ce qui nous laissait largement le temps de nouer des liens ! Comme ils venaient de loin, la famille avait campé dans la chambre toute la durée du séjour. Marie était une charmante petite fille d'une dizaine d'années qui m'accompagnait dans mon travail quand mon occupation du moment s'y prêtait.

L'échange est chaleureux. Je prends des nouvelles de ses parents que je resitue maintenant très bien, puis elle me parle des études de son frère.
- Et toi comment vas tu ?
- Moi, je suis enceinte !! clame t'elle joyeusement en désignant son ventre légèrement bombé... C'est pour ça que je suis là, je suis venue voir ta collègue.

Et elle poursuit avec enthousiasme
- Oui parce que je me souvenais bien de toi, et comme je savais que tu étais ici alors je me suis dit que j'allais voir ton associée, que si elle travaillait avec toi, elle devait être sympa... Parce que toi, je ne pouvais pas venir te voir, toi tu es la sage-femme de ma mère"...

 

 

©Photo

 

3 décembre 2012

Hôpital j'écôute !

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Les suivis de grossesses pathologiques à domicile s'apparentent parfois à des enquêtes policières. Souvent, les femmes nous contactent (dé)munies d'une simple ordonnance précisant le nombre de passages requis chaque semaine... et roule ma poule, nous devons en déduire de quoi il s'agit. Si la future mère n'a pas tout compris des explications qui ne lui ont peut-être pas été données, à nous la joie d'explorer les résultats de labo et de décoder les diverses prescriptions pour en déduire quelle est la pathologie qui motive le suivi.

Et quand le dossier est complexe, qu'un des paramètres à surveiller sort un peu des clous, pas assez pour envoyer la dame directement aux urgences mais quand même suffisamment pour que l'on ne puisse se contenter de ne rien faire... c'est le grand moment du coup de fil à un ami, je veux dire à la maternité.

Cet appel là date mais le souvenir reste aigu. Peu rodée à l'exercice, contactant un hôpital où je ne connaissais personne, dont j'ignorais les rouages, redoutant le jugement carnassier d'une collègue de CHU méconnaissant les difficultés de la solitude libérale, j'avais pris mon courage et mon téléphone à deux mains.  

Sonneries.... standard, je demande les "grossesses à haut risque" où la patiente était hospitalisée avant de nous être confiée...  sonneries... retour au standard "Ne quittez pas"... sonnerie... enfin quelqu'un décroche et me confirme que je suis dans le bon service. 

Craignant d'oublier un détail d'importance, je me lance dans une description plus qu'exhaustive de la situation, des antécédents aux résultats de bilan, de la pathologie motivant le suivi aux traitements en cours. J'en arrive enfin à la consultation du jour et je détaille les motifs de mon inquiétude. Cinq bonnes minutes d'exposé sans reprendre mon souffle. Enfin je m'arrête avec la satisfaction du devoir accompli. On ne pourra me reprocher d'avoir omis un élément essentiel au diagnostic !

A l'autre bout du fil, la voix traîne "Ouiiiiii et alors ?
- Et alors ? Je voudrais une conduite à tenir. Est ce que vous souhaitez la réhospitaliser ?
- Ch'ais pas moi, ch'uis la secrétaire."

 

©Photo

 

 

2 décembre 2012

A vive allure

 

3277930471_d998eb9d5d_oLes couples ayant noué des liens au fil des séances de préparation à la naissance se retrouvent avec plaisir. Chacun, une fois "son" coussin rejoint - je m'amuse de les constater si casaniers, reprenant la même place à chaque rencontre -, s'enquiert des derniers événements, partage ses ressentis, ses émotions.

Ce jour là l'ambiance est joyeuse mais ils tardent à s'installer. Il faut dire que la donne a changé. 

Ils sont passés de l'autre côté du miroir... Ils vont de l'un à l'autre tous aussi fiers et heureux de présenter leurs nouveau-nés. La dernière fois qu'ils se sont vus, les ventres étaient ronds et lourds. Aujourd'hui, ce sont aux bras des pères que pèse l'attirail apparu indispensable à cette première sortie officielle...

Ils finissent par s'asseoir, avides de partager les événements de ces dernières semaines.

L'une se met à raconter. Un accouchement serein. Arrivée paisible à la maternité, consultation d'accueil, monitoring, un long bain, un peu de ballon, une brève phase de découragement traversée grâce au soutien de la sage-femme, l'envie de pousser ...

A ses cotés son compagnon porte leur tout-petit lové contre son torse, soutenu par une écharpe de coton multicolore. Il ne la quitte pas des yeux, boit ses paroles, revit les émotions, acquiesce aux descriptions, ponctue chaque épisode d'un léger hochement de tête, transi d'amour pour la femme qui a mis son enfant au monde.

Elle termine son récit sur la phase de poussée, facile et rapide, en deux contractions nous dit-elle.

Débordant de fierté, il confirme : " Ma femme ? C’est un vrai toboggan à bébé ! "



©Photo

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