Au lendemain de la journée de la femme, un débat éclairant a eu lieu sur les bancs du Sénat.
L'aberration législative mentionnée dans mon précédent billet se doit d’être corrigée et un nouvel amendement avait été déposé en ce sens, examiné le 9 mars dernier.
Petit florilège ...
M. Xavier Bertrand, ministre. Je veux être sûr que votre rédaction ne confère pas une compétence exclusive aux sages-femmes, et qu’elle n’instaure donc pas une interdiction de fait pour les médecins.
Ne pas se couper de son électorat, ne pas se couper de …
M. Alain Milon, (médecin UMP) La prise d’hormones peut entraîner des perturbations, ne serait-ce qu’au niveau sanguin. C’est pourquoi, afin de révéler d’éventuels désordres, les textes prévoient qu’une prise de sang doit être faite au moins une fois par an.
Faux ! Les recommandations de la Haute Autorité en Santé prévoient deux bilans à 6 mois d’intervalle lors de la première prescription puis un tous les cinq ans. Comme quoi on peut être médecin et ne pas connaitre les recommandations de la HAS...
Mme Raymonde Le Texier. (PS) répond à juste titre : La sage-femme peut prescrire la prise de sang
M. Alain Milon s'enferre. Moi, je veux bien, mais elle devra aussi vérifier le cholestérol, la glycémie…
Il me semblait même que là était le but de cette prise de sang !
Et dans ces conditions, pourquoi ne pas confier le soin de réaliser l’analyse à une personne autre qu’un biologiste ?
??? Il ne s’agit pas de confier une nouvelle compétence aux sages-femmes qui prescrivent et interprètent au quotidien des bilans biologiques mais de leur donner la possibilité de le faire dans un autre cadre que celui de la périnatalité.
Il faut savoir poser des limites.
Affirmation révélatrice. Il faut poser des limites à ces sages-femmes qui ont l’outrecuidance de venir empiéter sur le territoire des médecins !
Mme Muguette Dini. (Union Centriste) Ce que je veux, c’est rendre service, éviter les grossesses de très jeunes filles qui se terminent par des catastrophes. Il me paraît préférable de faciliter l’accès à la contraception, ce qui n’exclut pas la nécessité de se montrer d’une extrême vigilance en matière de surveillance.
Mme Nathalie Goulet. (Union Centriste) intervient de la même manière
En premier lieu, il est bien clair que les sages-femmes ne vont pas empiéter sur le travail des médecins, qu’elles leur enverront leurs patientes en cas de problème. Je considère que nous pouvons faire confiance à cette profession, indispensable dans notre paysage médical.
En second lieu, j’attire l’attention du Sénat sur la kyrielle d’articles qui ont été publiés hier, Journée de la femme, faisant notamment état de l’augmentation de 22 % du nombre des IVG chez les mineures.
M. Gilbert Barbier. (Chirurgien RDSE) M. Le rapporteur a souligné un problème très important : si les sages-femmes ont été formées pour assurer le suivi d’une grossesse, la prescription d’une pilule contraceptive constitue un acte médical majeur.
Que toutes celles qui ont reçues une ordonnance de pilule sans avoir été interrogées sur leurs antécédents, leurs éventuels problèmes de santé, leur souhait en matière de contraception lèvent le doigt.
Nous le savons aujourd’hui, chez une femme sous pilule, il faut surveiller attentivement l’apparition de certains troubles thyroïdiens. Si la sage-femme revoit sa patiente en consultation, peut-être lui prescrira-t-elle des examens de ce type, mais je ne suis pas persuadé que la sécurité sociale acceptera de les rembourser.
Voila maintenant que l'on convoque le porte monnaie ! Evidente mauvaise foi qui met en avant un imaginaire problème de remboursement. La sage-femme peut prescrire tous les "examens nécessaires à l'exercice de sa profession", examens très normalement pris en charge par la sécurité sociale.
Aussi, je ne comprends pas que M. le ministre soutienne une telle disposition. En effet, elle va à l’encontre de la santé publique.
Favoriser l’accès à la contraception serait donc une menace pour la santé publique !
Je ne suis pas convaincu qu’autoriser les sages-femmes à prescrire des contraceptifs permettrait une diminution du nombre des IVG.
Ah bon ?
D’autant plus que cette prescription pourrait s’adresser à des mineures. Vous souhaitez qu’une sage-femme puisse prescrire la pilule à des jeunes filles mineures sans avoir recours à l’avis du médecin.
Où est le problème ?
Ces propos sont désarmants.
C’est la stupidité de cette intervention qui est désarmante
Je ne peux que m’opposer à cette disposition.
Solidarité médicale et toute puissance masculine obligent...
Mme Catherine Deroche. (UMP médecin) Je considère que l’on mélange les genres en sortant les sages-femmes de leur rôle, qui tourne autour de la grossesse et de l’accouchement, pour leur permettre de faire une prescription qui est médicale.
Notre compétence est plus large et inscrite dans le code de la santé publique. Nul n'est censé ignorer la loi, encore moins celui qui la crée... non ?
M. André Trillard. (Vétérinaire UMP) La contraception n’est ni un acte banal ni un acte sécurisé. Il suffit pour s’en convaincre de considérer les difficultés parfois épiques que doivent surmonter les jeunes femmes âgées de 25 à 35 ans pour avoir des enfants après avoir suivi une contraception orale.
Encore un tout petit effort et il va nous annoncer que la contraception rend stérile...
Et infidèle aussi pendant qu'on y est ? *
La prescription de certaines substances larga manu par des professionnels qui ne sont pas au cœur de la problématique présente un risque.
On peut parler du médiator ?
Je respecte les sages-femmes, qui jouent un rôle très important, mais, force est de le constater, quelques-unes d’entre elles n’ont pas le niveau requis pour déceler les problèmes qui peuvent survenir du fait de la prise d’un contraceptif.
L'incompétence de certains, qu'ils soient médecins ou sages-femmes, ne peut être appelée pour discréditer une profession dans son ensemble.Votre "respect" ne m'honore pas...
Faut-il s'en étonner... cet amendement n’a pas été voté, à quelques voix près (145 pour, 154 contre)
Ma fibre féministe me fait souligner que l’ensemble des sénateurs ayant soutenu cet article sont des sénatrices.
Ma fibre militante me fait souligner que la seulefemme qui s’est prononcé contre l'extension de la prescription aux sages-femmes est médecin.
Vous trouverez l’ensemble des débats ici et les résultats détaillées du vote là.
*Jean Coumaros : "Les hommes perdront alors la fière conscience de leur virilité féconde, et les femmes ne seront plus qu'un objet de volupté stérile". (débats lois Neuwirth; juillet 1967)