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Dix lunes
9 septembre 2009

Pour quelques euros de plus

Eric Woerth nous explique doctement : "Quand on augmente d'un euro le forfait hospitalier, on fait rentrer 80 millions dans les caisses de la Sécurité sociale".
Le gouvernement lance comme ballon d’essai une augmentation de 25 % du forfait hospitalier. Il lui restera ensuite à mesurer la virulence des réactions indignées pour ajuster le tir et annoncer avec une feinte générosité une majoration inférieure au taux initial.

Je me permets de suggérer à nos dirigeants une autre piste pour réaliser quelques économies : faire connaitre la possibilité d’être suivie par une sage-femme pendant la grossesse. En effet, le tarif des consultations est de 19 € pour une sage-femme, 22 € pour un médecin généraliste et 28 € pour un médecin spécialiste (si l'on se réfère aux tarifs conventionnels).

Je ne défends pas un accaparement hégémonique du suivi de grossesse par les sages-femmes. Pouvoir faire appel aux autres praticiens compétents dans la prise en charge de la pathologie est essentiel.

Mais, pour une grossesse basique, chez une femme basique - ce qui, vous me l’accorderez, arrive fréquemment - le suivi de grossesse par une sage-femme est à la fois moins couteux et tout aussi performant. S’ajoute à cela l’accompagnement apaisé, donc apaisant, d’un professionnel dont l’exercice est dédié à la physiologie.

Aussi, lorsque la grossesse se passe bien, une femme enceinte devrait être informée de l’ensemble des possibilités de suivi et pouvoir se tourner vers le praticien qui lui convient, qu’il s’agisse de son médecin traitant, son gynécologue, son obstétricien… ou sa sage-femme !

Chaque consultation assurée par une sage-femme permet d’économiser entre 3 et 9 €. Ce qui, rapporté aux 7 consultations habituelles de la grossesse pourrait représenter quelques millions d’euros en plus dans les caisses de la sécurité sociale, avec la même de qualité de soin et sans augmentation de la participation des assurées.

Elle est pas belle la vie ?

Alors à quand une petite campagne médiatique  pour  informer les femmes de cette possibilité : Vous pouvez vous adressez à une sage-femme pour le suivi de votre grossesse.

PS pour les esprits chagrins : il ne s’agit en aucun cas d’un suivi au rabais. Le dépistage de situations pathologiques et l’orientation vers d’autres praticiens est totalement de la compétence des sages-femmes.

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6 septembre 2009

Alerte sanitaire

"La fromagerie Germain procède au retrait de la vente d’un lot de fromage Epoisses au lait pasteurisé, après un contrôle en magasin ayant mis en évidence la présence d’une bactérie Listéria".*

Fait remarquable dans ce communiqué, le fromage contaminé est un produit pasteurisé.

«Pas de fromage au lait cru» est pourtant l’une des multiples recommandations qu’une femme enceinte se doit de suivre pour démontrer son attachement à être une «bonne» mère. L'avertissement sera assorti d'un autre conseil -«consommez des produits laitiers»- qu’il faudra donc choisir pasteurisés.

Cette récente alerte confirme, s'il en était besoin, que l'affirmation sans appel, lait cru/danger - lait pasteurisé /sécurité, devrait être nuancée.

Nos positions  se présentent souvent comme incontestables. « Je vous interdis ceci et vous impose cela mais c’est pour votre bien et celui de votre enfant »; quotidiennement, les professionnels de santé jouent les despotes au grand cœur.

Mais ce manque de nuance du discours médical doit-il être mis sur le compte de la préoccupation sanitaire ou de l’irréprochabilité médico-légale ?


*Suite du communiqué : Il s’agit du lot 174 identifié par le numéro d’estampille sanitaire FR 52 092 01 CE, dont les dates limites d’utilisation sont le 24, 26, 28, 29, et 31 août.

Ces produits sont commercialisés sous plusieurs marques : Chalancey, Germain, Auchan, Lincet, Patrimoine, Gourmand et Nos régions ont du Talent. Ils sont susceptibles de se trouver dans toute la France et toutes les enseignes, fait savoir la société. Les consommateurs doivent bien entendu s’abstenir de les manger et les rapporter au point de vente.

La listériose est non seulement une maladie qui peut être très grave, notamment chez les sujets fragiles - femmes enceintes, personnes immuno-déprimées et personnes âgées – mais la durée d’incubation peut aller jusqu’à 8 semaines ce qui ne peut que compliquer le diagnostic en cas d’apparition des symptômes tels que la fièvre éventuellement accompagnée de maux de tête.

Un numéro spécial - le 0800.35.29.19.- a été mis en place par la fromagerie. »

4 septembre 2009

Errance urbaine

Vendredi. Je suis d’astreinte ce week-end pour tout le secteur. La maternité me demande de passer voir un bébé qui a été ré-hospitalisé pour ictère et perte de poids. Il sort samedi à condition que je passe le voir le lendemain… Je note l’adresse et peste intérieurement, c’est loin !

Samedi. Vérification du trajet sur le net : voie express, sortie X, à gauche rue A, à gauche rue B, à droite rue C, facile ! J’appelle les parents pour leur indiquer mon heure de passage le lendemain dès 9 h, un peu matinale pour un dimanche mais j’ai plusieurs visites à faire.

Dimanche. La voie express défile et je m’inquiète d’arriver en avance, ce ne serait pas très courtois.
Sortie de la voie express, un rond-point,  à gauche, je suis dans l’avenue A, à quelques kilomètres de leur domicile - Je vais vraiment arriver trop tôt ;  pourvu que j’ai un bouquin dans mon sac pour patienter un peu  -  Je poursuis ma route en cherchant la rue B, toujours à gauche, qui ne devrait pas tarder. Mais ? ! Confiante, je suis allée trop loin et ne suis plus dans la A.  Il faudrait faire demi-tour.  Quelques voitures me dépassent à vive allure en profitant du peu de circulation matinale. Ces bolides et les chicanes du couloir de bus compliquent les manœuvres et m’imposent de poursuivre jusqu’au prochain rond point pour repartir en sens inverse…

Je cherche toujours la rue B et roule trop doucement. Un grand coup de klaxon me fait sursauter. Au hasard,  je tourne à droite, pensant ne plus être très loin du but. Il est 9 h, bonne nouvelle,  je ne serai pas en avance !  Ma quête de la rue B reste infructueuse et je finis par me ranger sur le coté. Je déplie le plan, tente de me repérer puis de mémoriser le trajet à faire. A la prochaine à droite je tournerai  dans la rue E qui me ramènera vers la B. Je repars, confiante. A tort. Je tourne à droite comme prévu et nouvelle surprise, je suis dans la rue F ! C'est alors que me revient le souvenir d'une errance dans ce même quartier il y a quelques mois - les plans, sur le net comme sur le papier, sont erronés. 

Après de longues minutes de recherche et quelques autres demi-tours hasardeux, je trouve enfin la rue C … que j’ai commencé par manquer car il ne s'agit pas vraiment d'une rue mais plutôt d'un immense parking entourant un groupe d’immeubles.

Je suis dans la place. Je roule au ralenti en cherchant le numéro 7. Les yeux rivés aux façades des immeubles, j’évite de justesse une voiture en train de manœuvrer. Je ne trouve que des numéros pairs !

Un peu plus loin, un autre parking entourant d’autres immeubles. Les nombres impairs doivent être là.  Mais je ne vois pas comment y accéder en voiture. Qu’à cela ne tienne, il est bientôt 9h30, et mon retard s'accroit. Je prends tout mon matériel sous le bras et traverse le terre-plein à pied. J’arrive au pied de la première tour, c’est la 43, la suivante est la 45 !

Je me résigne à appeler les parents pour demander leur aide; cela fait 10 minutes que j’erre dans ce parking. En sortant la fiche pour composer leur téléphone, je relis l’adresse, immeuble 16, 7ème étage ! Quelle idiote ! J’ai inversé les deux chiffres.  J'ai bien vu le bâtiment 16, situé à l’autre bout du premier parking. Je ne reprends pas la voiture, il serait encore plus long de manœuvrer et de trouver une place. Je me dépêche.

Enfin l’immeuble, la porte, l’ascenseur. Je l’appelle… il met un temps infini à descendre  (les étages sont nombreux). J’entre, cherche le bouton 7… il n'existe pas !  je ne vois que des nombres pairs. Il y avait deux ascenseurs dans le hall d'entrée, je ressors. Gagné, sur le mur un panneau, que je n’avais évidemment pas vu, indique au dessus de chaque cabine «étages pairs» «étages impairs». Le second ascenseur arrive avec une auguste lenteur, la porte s’ouvre, j’entre et je peux enfin appuyer sur le bouton 7.

7ème étage, une enfilade de porte.  Aucun nom mais des chiffres notés sur les chambranles.  Je dois aller au 76. En sortant de la cabine, je trouve successivement les  portes 79, 78, 77, rien n’est noté sur la porte suivante. Logiquement c’est la bonne ! Pas de sonnette, je frappe.  Pas de réponse ; se seraient-ils lassés de m’attendre ?
Un doute quand même, la poignée n’est pas la même que dans le reste du couloir. Je tente de la tourner, bingo, j’ai trouvé l’escalier ! La porte 76 est un mètre plus loin. Je frappe, on m’ouvre !

Enfin.

Ils sont d’une gentillesse exquise.  Je m’excuse pour mon arrivée tardive. Ils ont les yeux cernés. Le petit leur a fait passer une mauvaise nuit. On s’installe, on discute, j’examine le bébé, le pèse.  Tout va bien, il a repris du poids, est bien tonique. Je rassure.
Comme il cherche à téter, je propose de le mettre au sein et aide la mère à s’installer. Le père, très gentiment, offre de me préparer un café. Je décline, je ne veux pas abuser. J’ai honte de mon retard et du sommeil dont je les ai privés.  La tétée se termine, je vais  prendre congé et leur souhaite une journée reposante.

Avec un immense sourire, le papa répond "oui, c’est vrai, c’est dur en ce moment, je fais ramadan"

Je les ai fait lever trop tôt. Ils sont fatigués, la journée s'annonce très chaude, c’est le matin et rien ne doit toucher ses lèvres avant la nuit et il m’a malgré tout proposé un café !

Il insiste pour que je prenne un gâteau.

Exquis, c’est le mot qui convient.

17 août 2009

A la maison

Quelques journées passées avec une amie, sage-femme elle aussi, exerçant à domicile...

Fin de matinée, entre deux consultations, un appel : elle vient de perdre les eaux.

Une route sinueuse nous amène chez eux.  Elle n'a que peu de contractions, tourne et vire dans la maison, en attente. Son compagnon s'occupe en cuisine et nous propose de partager leur repas. On parle de tout et de rien, du temps qu'il fait, du bébé à venir, de l'ainé justement parti 24 heures chez des amis.
Deux heures s'écoulent au même rythme que le liquide amniotique, tranquillement.
Cela laisse le temps d'envisager d'autres visites.

Quelques virages plus loin,  une maison joyeuse. Une mère s'y repose, son nouveau-né d'hier auprès d'elle... Autour d'un café, on parle de tout et de rien, du bébé, de cette autre naissance qui s'annonce dans la maison presque voisine, du temps qu'il fait... Tout va bien.

Autres virages, autre famille. L'enfant a deux semaines et son père demande à être rassuré sur sa croissance. La petite est potelée et les seins de sa mère lourds de lait.  Allez, on la pèse pour faire plaisir au papa... ça lui fait plaisir. Vous prendrez bien quelque chose ? On parle de tout et de rien.

Retour dans la première maison en fin d'après midi. Les contractions sont un peu plus présentes, pas encore suffisamment ; quelques granules sont proposés pour aider le travail à s'installer. Il faut se donner le temps.
C'est l'heure du repas et le papa nous invite à nouveau autour d'un plat de pâte. La soirée est douce.
Les heures passent, les contractions s'installent, trop pour repartir, pas assez pour que ça avance vraiment. Chacun tente alors de se reposer un peu

Une heure. Un son modulé... les contractions sont maintenant bien là.
Elle marche, prend un bain, en ressort... une musique qu'elle n'entend plus tourne en boucle sur la platine.
Petit café pour tous sauf elle, déjà dans un autre monde, isolée,  il n'est plus temps d'autre chose que d'accoucher... Elle accompagne chaque contraction d'une psalmodie, quelques mots, toujours les mêmes, comme un mantra. Le son va crescendo puis redescend. Accrochée au chambranle d'une porte, elle s'étire et se balance.

Plus tard, elle s'est accroupie, la tête du bébé juste là, posée sur le périnée. Le père pleure déjà... Aucun mot, aucune "consigne", juste la confiance, notre certitude à tous qu'elle sait «faire», sa tranquille assurance en son corps agissant.
Le bébé glisse dans un souffle.

C'est une fille, elle porte un nom d'étoile.

Je sors sur la terrasse, le ciel est bleu profond.
La douceur de la nuit.
La vie
Vraie

PS : afin de ne pas nourrir la vindicte des détracteurs de la naissance à domicile, je tiens à préciser que la surveillance « technique » du travail a eu lieu. Mais les gestes sont si mesurés, retenus, dans le respect de ce que vit la femme, soucieux de ne pas la déranger... qu'ils en deviennent presque invisibles.

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