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Dix lunes
22 mars 2013

Odile se contredit (3)

 

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Odile Buisson écrit vite ; elle publie le 21 février un livre évoquant la polémique des pilules de 3ème et 4ème génération sortie début janvier. Tellement vite que ses arguments trop rapidement déroulés s'opposent à eux-mêmes.

Ainsi cette femme, hospitalisée deux jours au huitième mois de grossesse pour des douleurs inexpliquées sans qu'aucune cause ne soit retrouvée, puis victime d’une grave hémorragie de la délivrance. "Il est toujours étrange de pressentir un danger sans pouvoir l'identifier", explique-t-elle après avoir conseillé à la patiente de se rendre dès les premières contractions dans une maternité  "apte à prendre en charge les grossesses à risques". C'est une hystérectomie qui permettra de sauver la mère. 

Et Odile de conclure, "l'histoire de cette patiente rappelle une vérité : une grossesse apparemment normale ne signifie pas que l'accouchement sera normal. Que serait-il advenu si elle n'avait pas accouché médicalement ?"

Faut-il souligner que des douleurs inexpliquées assez violentes pour justifier une hospitalisation de 48 heures ne sont pas vraiment à classer  "grossesse normale" ? 

Mais il serait dommage de se limiter à une seule hypothèse. Le débat peut très largement s'enrichir !
- Que serait-il advenu si cette femme avait accouché dans un établissement disposant d'un service de radiologie interventionnelle ? Son utérus aurait certainement pu être préservé.
- Que serait-il advenu si elle avait eu la malchance de résider à distance d’une maternité (leur nombre a été divisé par 2.5 sur les 40 dernières années) et de ne pas arriver à temps. Cela lui aurait peut-être couté la vie.
- La mauvaise foi ne m'étouffant pas, que serait-il advenu si elle n'avait pu quitter son domicile, bloquée chez elle du fait des intempéries ? Faut-il pour autant prévoir un chasse neige à la porte de chaque femme enceinte ?

Une politique de santé ne peut se concevoir à partir de cas particuliers.

Odile Buisson enchaîne "benoîtement" sur les maisons de naissance. Le raccourci est clair. Puisque personne ne peut prévoir comment se passera une naissance, accoucher hors d'une structure "apte à prendre en charge les grossesses à risques", c'est mettre la santé de la mère et de son enfant en danger.

Pourtant, l'accompagnement global favorisant une parfaite connaissance de la femme par la sage-femme étaye cet "étrange instinct" qui lui a fait conseiller de se rendre précocement à la maternité. Pourtant, le projet d'expérimentation impose l'attenance à une maternité. Surtout, comme le démontre cette étude britannique et contrairement à ce que Odile Buisson tente d'insinuer, pour les femmes présentant une grossesse à bas-risque, la sécurité de l'accouchement est identique quel que soit le lieu de naissance

Je l'ai déjà écrit, Odile ratisse large. A quelques pages d'écart, elle peut à la fois rappeler "la cour des comptes souligne que les maternités n'ont pas suffisamment accès aux services de radiologie interventionnelle" et dénoncer "la création de maternités gigantesques, véritables accouchoirs publics". Faudrait-il concevoir de multiples "petites"  maternités suréquipées ? Avec quel budget ? Quel personnel ? Sachant qu'elle relève ensuite que "certaines maternités disposant de financement ne trouvent pas de médecins..."

Mais Odile Buisson en reste au pamphlet. Il est plus aisé de dénoncer que de proposer.

Elle insiste un peu plus loin "La toute première cause des décès maternels est une hémorragie cataclysmique au décours de l’accouchement" en ajoutant "si les données épidémiologiques soupçonnent l'ocytocine utilisée pour réguler les contractions utérines, aucun lien formel n'a pu être établi". Odile Buisson écrit trop vite. Une  étude de l’Inserm publiée en décembre 2011 démontre au contraire que l’administration d’ocytocine pendant le travail augmente le risque d’hémorragie grave. 

Finalement les apôtres de la physiologie, les "extatiques de la matrice" n'auraient-ils pas raison de se défier? Le groupe de travail cité dans mon dernier billet précise  "La prise en charge de manière systématique de toute grossesse et de tout accouchement avec le même niveau d’intervention que celui requis par ceux qui présentent un risque comporte des effets négatifs tant pour les femmes que pour les équipes des maternités et la société."

Je m'autorise un dernier parallèle. Ce mémoire d'une sage-femme étudiant la prescription d'ocytocine dans une maternité de type 1 retrouve un taux de 45.4 % (et ce chiffre ne prend pas en compte les accouchements déclenchés ! ) Odile Buisson cite cette  étude du Ciane qui dénonce "la plupart des femmes ne sont pas prévenues de l'administration d'ocytocine pendant l'accouchement, administration rendue invisible par la pose systématique d'une perfusion". Elle ironise sur le titre de l'article - méprisamment qualifié d'articulet - "Les femmes n'ont pas leur mot à dire" "qui en dit long sur l'idée qui est véhiculée : les parturientes sont  les victimes d'une médecine totalitaire".  

Injecter sans en informer les femmes un produit qui majore le risque d'hémorragie serait donc à ranger dans la bientraitance médicale ? 

 

à suivre...

 

©Photo

 

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20 mars 2013

Odile ne connait pas la nuance (2)

 

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Le billet précédent se terminait par un pastiche, description volontairement caricaturale de l'accouchement sous péridurale, faisant écho à l'accouchement en maison de naissance narré par Odile Buisson.

Le moins que l'on puisse dire est que son propos n'est pas nuancé. Les professionnels de santé soucieux d'une médicalisation raisonnée sont croqués en "extatiques de la matrice", chantres de la douleur, célébrant la nature dans une nouvelle religion.
Les catholiques ont pour les guider un nouveau pape ; les femmes ont Odile.

Car c'est bien elle qui ose ce curieux parallèle "Que le principe religieux s'appelle Dieu ou nature, c'est au choix et c'est pareil"Les mères souhaitant éviter la péridurale sont rapidement cataloguées. Elles ne décident pas pour elles mêmes mais se soumettent  à une autorité extérieure ; "Mélange d'habitude, d'obéissance et de construction mentale séculaires". Excusez du peu.

Pourtant, la catholique enceinte d'un enfant trisomique qui ne désire pas interrompre sa grossesse n'est elle aucunement suspecte de se soumettre à une loi naturelle ou religieuse. Sa décision ne sera annotée que de ce prudent commentaire "je ne suis pas tout à fait à mon aise"

Elle s'attarde ensuite sur le décalage entre un projet de naissance très idéalisé et la réalité finale. Cet accouchement est vécu sans soutien, sans accompagnement et seul le liquide teinté lors de la rupture spontanée de la poche des eaux fait qu'enfin l'on s'affaire autour de la mère. Si Odile Buisson semble au départ faire preuve d'empathie, déplorant le surbooking de la maternité qui ne permet pas aux sages-femmes d'accompagner ces parents, elle ne peut s'empêcher de moquer la supposée naïveté maternelle "elle le sait bien elle qu'il suffirait d'attendre un peu et que le bébé sortirait de lui-même". L'enfant naîtra par forceps sous "anesthésie locale défaillante".
La morale de l'histoire est limpide, imaginer se soustraire à la toute puissance médicale est une faute sanctionnée par le sort.

Les femmes exigent désormais de ne plus souffrir en accouchant nous dit elle plus loin. Décidément les femmes ne savent pas ce quelles veulent, Odile Buisson non plus. Elle témoigne de « féministes railleuses » venues les interpeller "Hep ! Les toubibs ! Cela vous défrise de vous lever la nuit pour faire des péridurales?"  Pourtant, le temps n'est pas si lointain où l'analgésie n’avait lieu qu’au bon vouloir de l’équipe médicale, aux heures ouvrables et pas le week end. Cette "libération", ce "soulagement" tant vantés par l'auteur n’ont pas toujours été une évidence pour les praticiens chargés de la dispenser.

Ne lui en déplaise, les partisans de la naissance respectée ne militent pas contre la péridurale mais pour son libre choix par les femmes, contre la médicalisation de la naissance mais pour le respect la physiologie. 

En 2008, un groupe de travail réuni sous l'égide du ministère de la santé a fait des propositions cherchant à conjuguer plus justement nécessités médicales et souhaits parentaux.

Étonnamment, ni dieu, ni diable, ni extatiques de la matrice dans cette commission qui notait pourtant "Un soutien empathique et physique continu pendant l’accouchement a pour effet de diminuer le stress et présente de ce fait de nombreux avantages comme un travail plus court, une diminution du recours systématique aux moyens techniques et une réduction des extractions instrumentales."

...

 

à suivre...

 

 

©Photo Varahi, déesse indienne

 

 

18 mars 2013

Odile nous raconte des histoires (1)

 

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Odile Buisson semble faire dans le politiquement correct. Comment s’offusquer qu’un médecin enfourche son blanc destrier pour aller sauver la cause des femmes ? Celles évoquées sont tour à tour indépendantes ou soumises, émues ou indifférentes, informées ou naïves, trop ou mal accompagnées... D'évidence, Odile ratisse large afin que chacune puisse se reconnaître. 

Son credo, seul le gynécologue peut guider cette inconstante qu’est la femme.

Ses bêtes noires avouées ? Tout ce qui ose de près ou de loin remettre en cause l'hégémonisme des médecins, questionner l’hypermédicalisation et nos prises en charge actuelles.

Ses bêtes noires inavouables, les sages-femmes qui, si elles ne sont jamais directement attaquées - Odile a certainement de très bons conseillers juridiques - sont malmenées en filigrane tout au long des chapitres. J’y reviendrai.

Bien plus que la cause des femmes, c'est la cause du pouvoir médical qui l'anime. Pour mieux servir son propos, les femmes apparaissent  souvent manipulées, petites choses bien en peine d’émettre un désir propre et gouvernées par une foule de gourous et autres "intervenants non médecins" (sic). 

Un extrait résume parfaitement le propos :

" Puis on filme une femme qui accouche de façon très humaine : complètement nue, à quatre pattes, ahanant, tordant son bassin et remuant son postérieur en une transe saccadée douloureuse et électrique. Elle s'échine à expulser son petit. Le mari, calme, un peu peiné, lui masse le haut de la croupe tandis que la sage-femme surveille la posture du mammifère humain. En regardant la scène, il est difficile de ne pas avoir mal pour elle mais ... il s'agit de son choix. Et devant une telle souffrance, avoir le choix est même le seul argument recevable. Car pour le reste, l'animalité de la scène est frappante tant elle évoque une douloureuse mise bas."

La nudité n'a rien d'inhumain, la recherche d'une posture plus favorable à la mécanique obstétricale non plus. Mais cette femme dénudée ahane, se tort, se fait flatter masser la "croupe". Le vocabulaire sélectionné avec soin renvoie à la bestialité. Evidemment, nous ne saurons rien du vécu de cette mère et de tant d'autres qui choisissent de mettre au monde leur enfant sans recourir à la péridurale. Odile sait pour nous, elles souffrent.

Moi aussi je peux tricher avec les mots et manier la caricature...

Puis on filme une femme qui accouche de façon civilisée. Elle est allongée, vêtue d’une chemise de papier bleu. Immobile, clouée au lit par l’analgésie, elle est dans l’incapacité de sentir comment pousser son enfant. Aucun mouvement, aucune vie ne vient animer son bassin. Le mari, calme, un peu peiné, lui soutient la nuque tandis que la sage-femme dirige les efforts de la mère, coupée de toute sensation.  En regardant la scène, il est difficile de ne pas être triste pour elle mais ... il s'agit de son choix. Devant une telle passivité, seul avoir le choix est un argument recevable. Car pour le reste, la froideur de la scène est frappante tant elle évoque une  mécanique expulsive désincarnée.

 

à suivre...

 

 

©Photo

 

13 mars 2013

Sous le signe du lien

 

5398546351_035100ff3e_bAprès l'argumentation spécieuse d'Odile Buisson, voilà qu'un autre médiatique gynécologue aligne les affirmations tendancieuses.

Comme il serait dommage ne pas en avoir connaissance, je vous copie ci-dessous l'intégralité d'une interview diffusée sur France Bleue Alsace le 4 mars dernier.

Les maisons de naissance bientôt testées dans toutes la France ?

Le Sénat devrait voter dans les prochaines semaines une proposition de loi qui prévoit d’expérimenter ces structures attenantes aux maternités. Elles offrent aux femmes la possibilité d’accoucher sans être hospitalisées. Le suivi est assuré uniquement par une sage-femme. En ligne avec nous le professeur Israël Nisand gynécologue obstétricien à Strasbourg. Bonjour !

Bonjour.

Vous connaissez très bien ce dossier puisqu’il existe une forme de maison de naissance à Strasbourg depuis 2004. Vous en êtes d’ailleurs le responsable. Cela signifie qu’il y a aujourd’hui une vraie demande de la part des femmes ? Est-ce que c’est parce que l'accouchement est devenu trop médicalisé professeur Nisand ?

Non il n'y a pas de vraie demande parce que nous offrons 8 salles de maisons de naissance à Strasbourg depuis 2004 et ça correspond à 3 % des accouchements, donc il n’y a pas de réelle demande ce n’est pas en augmentation. Il y a une demande de certaines professionnelles de s’affranchir de la tutelle des médecins mais il n’y a pas de demandes de patientes.

Le Professeur Frydman, autre gynécologue médiatique, évoque lui une demande de 10 à 15 %*. C'est bien parce que ces salles physiologiques n'ont rien à voir avec une maison de naissance que la demande ne se développe pas. L'accompagnement global est une des clefs de voute du succès. Réduire le concept à une salle un peu plus accueillante bénéficiant d'une baignoire, c'est démontrer ne rien avoir compris ni à l'idée défendue, ni surtout aux attentes des femmes.

Donc c’est plus un débat purement médical alors, c’est ce que vous nous dites ?

C’est un débat assez corporatiste parce qu’il y a dans pratiquement toutes les maternités de France des secteurs physiologiques où l’on peut accoucher en faisant moins de médecine. Mais si on s’éloigne des salles d’accouchement, on s’éloigne aussi de la possibilité d’avoir une péridurale et cela c’est pas dit dans la chanson. Comme actuellement il y a une assez mauvaise météo pour les femmes, je dis que ces maisons de naissance à distance des salles d’accouchement où il n’y aura plus de péridurale possible c’est un peu une tromperie pour les femmes.

Les salles physiologiques sont loin, très loin, d'être présentes dans toutes les maternités de France.
Par ailleurs, opposer les unes aux autres est absurde.  Est-ce que l'on imagine opposer maternités de type 1 ou 3 ? Ce sont des offres de soin complémentaires, pas interchangeables.
Quant à tromper les femmes...

Oui parce que vous à Strasbourg, c’est vrai que les salles sont vraiment incluses dans la maternité, enfin les médecins peuvent venir à tout moment alors que la proposition loi ne prévoit pas ça. C’est ce que vous dénoncez ?

Voilà, voilà, c’est ce que je dénonce. C’est sûr qu’un certain nombre de sages-femmes ont envie de devenir chef de service et de s’affranchir de la tutelle des médecins mais je rappelle qu'un accouchement à tout moment peut tourner à une complication, que les sages-femmes n’ont pas la compétence pour gérer les complications et que s’il faut au moment d’une complication se mettre à se déplacer pour rejoindre une salle d’accouchement traditionnelle on est dans le mal fait aux femmes.

Marteler le mot complication ne fait pas une démonstration. Ces lieux sont destinés à des femmes ne présentant aucune situation particulière, et le dépistage de possibles complications est de la responsabilité et de la compétence de toute sage-femme. Cela dit, oui certaines femmes seront transférées de la maison de naissance à la maternité comme d'autres le sont d'une "salle d'accouchement traditionnelle" au bloc opératoire.

Et donc à ce titre là, je trouve que la question corporatiste qui est posée de savoir si les sages-femmes doivent ou non être chef de service ne justifie pas que l’on éloigne les femmes des endroits où l’on peut les soigner correctement.

La motivation des sages-femmes serait donc d'être calife à la place du calife ? L'argument semble tellement mesquin qu'il ne mérite pas que l'on s'y attarde. Dans cet autre billet, je soulignai le possessif du Pr Nisand évoquant "ses" sages-femmes.

Mais revenons au bien être des patientes est ce que ça ne peut pas quand même servir certaines femmes d’accoucher de façon plus naturelles aujourd’hui ? Il y en a qui le souhaitent.

Mais c’est le cas dans pratiquement toutes les maternités et de mon point de vue il suffisait de mettre l’accélérateur sur des salles d’accouchement dédiées à la maison de naissance à l’intérieur des salles d’accouchement.
Mais le fait de s’éloigner des salles d’accouchement et de faire des services d’accouchements bis avec le prétexte que à ces endroits on aura plus de sages-femmes pour s’occuper des femmes, et bien mettons les moyens sur les salles d’accouchement qui n’ont pas les moyens actuellement de s’occuper vraiment méticuleusement des femmes. Il n'y a pas besoin de créer de nouvelles structures pour cela. Il suffit de donner un peu plus de personnel dans les maternités pour qu’on n’ait plus d’accident de type Port-Royal et que l’on puisse s’occuper un peu mieux des patientes qui souhaitent démédicaliser leur accouchement. Mais créer de nouvelles structures pour ça, ça me parait très mauvais pour les femmes.

Là encore, il est absurde d'opposer les deux. Il faut à la fois plus de sages-femmes en structure et des sages-femmes en maison de naissance. Et quid de l'accompagnement global ?

Donc vous pensez que ce n’est pas le vrai argument, vous citez l’exemple de l’accident de Port-Royal est ce que ce n’est pas aussi pour désengorger les maternités tout simplement ?

Mais ça ne va jamais désengorger madame puisque la demande est à hauteur de 3 %. Ça ne va rien désengorger. Ça va mettre beaucoup de moyens sur un petit nombre d’accouchements alors que là où il y a besoin de gros moyens humains on ne les mettra pas.
Donc je préférerais que plutôt qu’on utilise des sages-femmes pour faire 150 accouchements par an ce qui est prévu dans les maisons de naissance, on rajoute ces moyens dans les endroits où y a beaucoup d’accouchements pour que les pépins… si vous voulez pour qu’on ait des pépins dans les maternités qui font beaucoup d’accouchements et des lieux d’accouchements physiologiques avec beaucoup de sages-femmes pour très peu d’accouchements ne me parait pas raisonnable, en tout cas ça va contre l’égalité des femmes entre elles.

En maison de naissance, le ratio serait d'environ 50 accouchements par sage-femme et par an. Mais il ne s'agit pas que d'accouchement. L'accompagnement global, c'est aussi le suivi médical, la préparation à la naissance, le suivi postnatal à domicile.
On compte en France environ 20 000 sages-femmes pour 800 000 naissances, soit une sage-femme "utilisée" pour 40 accouchements... 

Une dernière question puisque c’est un argument aussi pour cette proposition de loi, c’est le coût. On nous dit que l’accouchement dans ces lieux reviendrait moins cher qu’à l’hôpital, c’est vrai ou faux professeur Nisand ?

C’est une tromperie madame, c’est une tromperie. Quand on regarde les salles d’accouchement aujourd’hui, on a fait, tout le monde a fait des efforts pour que l’argent public soit utilisé correctement. Dire qu’avec 2 ou 3 sages-femmes (rires) on va faire 150 naissances là où on en fait 4000 par ailleurs je veux bien qu’on m’explique que ça va couter moins cher mais ça va couter bien plus cher et en plus ce sont des endroits ou en cas de douleur extrême on ne pourra pas faire de péridurale. Dans la maison de naissance de Strasbourg, 35 % des femmes qui avaient l’intention d’accoucher en maison de naissance finissent par demander, malgré l’acupuncture, malgré l’analgésie qu’on y fait, d’être transférées dans la pièce d’à côté pour bénéficier d’une péridurale.

Cela coutera moins cher et les transferts pour péridurale seront bien inférieurs.
Notre problématique est justement d'avoir l'occasion de le démontrer.
Rappelons que la proposition de loi ne concernerait au maximum qu'une dizaine de sites.
Il ne s'agit pas de révolutionner l'obstétrique française mais d'entrouvrir la porte à une expérimentation...

Le seul point positif est que le reproche d'une moindre sécurité semble abandonnné. Une récente étude le démontre - à nouveau ! - cette thèse ne tient pas.

En dehors de notre supposée lutte pour les chefferies, le seul argument multimartelé est l'absence de recours à la péridurale. Les sages-femmes seraient donc assez malhonnêtes pour taire cette information, les femmes assez stupides pour ne pas les interroger et les maternités assez perverses pour refuser le transfert en cas de besoin ? 

Prétendre défendre la cause des femmes en niant leur droit à décider pour elles-mêmes me semble un exercice périlleux.

Merci beaucoup professeur Israël Nisand pour ces explications.

 

 

Une petite étude présentant les résultats de maisons de naissance suisses (l'une d'elles se nomme "Dix lunes" mais aucun rapport avec le blog) 

 

 

*Y a-t-il des grossesses et des accouchements à bas risque ? C. Colmant a,b, R. Frydman a, Gynécologie Obstétrique & Fertilité 37 (2009) 195–199

 

©Photo

 

 

11 mars 2013

Cachez ce sein

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Le musée présente une rétrospective "Le nu dans tous ses états". Dessins, peintures, photos ou sculptures, petits ou grands formats, les corps sont exposés, livrés au regard. Que l’image soit anatomique, érotique, transcendée, rêvée, revisitée... la nudité est partout.

Elle parcourt cette exposition avec son tout petit. Porté en écharpe, lové contre sa mère, c’est à peine si on devine sa présence. Mais quand la faim se fait sentir, ses manifestations sonores la rendent plus évidente.

Au centre de la salle, de grandes banquettes confortables permettent de se reposer en contemplant les oeuvres. Dans un coin, un tabouret celui du gardien peut être, est inoccupé. Il a le mérite d’être hors du passage des visiteurs. C’est donc celui là qu'elle choisit.

Sous le T-shirt, sa main libère le sein puis remonte le pan de tissu tandis que son autre bras approche l'enfant du mamelon. Le tout ne prend que quelques secondes ; ne reste visible que le dos du bébé tourné contre sa mère. En étant très attentif, à peine peut-on deviner aux faux-plis du tissu que quelque chose se passe. Mais rien dans son attitude n'est ostentatoire, encore moins provocant.

A peine la tétée commencée, le gardien vient la chercher pour lui proposer un endroit plus confortable. Elle décline poliment, se sent bien dans la salle. Il insiste, cela pourrait être gênant. Elle le rassure, ça ne la dérange absolument pas. Mais ce n'est pas de sa gêne qu'il s'agit mais de celle supposée des visiteurs. En empaumant son coude pour la pousser à se lever, le gardien affirme à nouveau, "Vous serez mieux installée ailleurs". Pour éviter l'esclandre, elle accepte de le suivre.

C’est ainsi quelle se retrouve au fond d'un couloir sombre, à proximité immédiate de l’entrée des toilettes, installée "plus confortablement" sur un tabouret identique à celui que l'on vient de la forcer à quitter.

 

©Photo

 

PS : je travaille sur une réponse au dernier livre d' Odile Buisson. En attendant que je parvienne à publier autre chose qu'une réponse épidermique forcément maladroite, un seul conseil : n'achetez pas son livre ! Inutile de faire monter ses chiffres de vente et ses droits d'auteurs... 

 

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8 mars 2013

Ne laissons pas la naissance rimer avec finance

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Aujourd'hui 8 mars, participer à une action collective soutenant une maternité respecteuse me semble une excellente façon de célébrer la journée des droits des femmes !

Longue vie au Belvédère !

5 mars 2013

Faire connaissance

 

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L'entretien prénatal précoce est une prise de contact parallèle au suivi de grossesse permettant à une femme ou à un couple d’exprimer leurs attentes, besoins et craintes pour les aider à s'orienter dans le dédale des options qui s’offrent à eux.

Cet entretien est un échange ouvert, pas une succession de cases à cocher. Il n’empêche, certaines questions ont besoin d’être posées pour cerner le contexte.

"Est-ce votre première grossesse" est l’une d’elle. Je m’applique à parler de grossesse et non d’enfant à venir afin que la question soit claire.

"Oui, c'est la première" me répond-elle.
Débutée sur un mode joyeux, notre discussion révèle au fil des minutes une anxiété croissante. Elle dit sa crainte des rendez-vous médicaux, des nombreux examens complémentaires, déplore cette médicalisation qui " l'empêche de profiter de sa grossesse "…
Je tente de comprendre l’origine de son angoisse. 
Et c’est ainsi qu’au détour d'une phrase, une IVG et deux fausses couches viennent s’ajouter à cette "première".

 

Ce petit texte pour introduire les portes ouvertes proposées par l'ANSFL pour marquer la journée des droits des femmes. Ce sera l'occasion d'évoquer deux outils de prévention, le frottis cervico-utérin et l'entretien prénatal précoce.
Le 8 mars prochain, contactez le cabinet de sage-femme de votre secteur et faites connaissance !

 

 

©Photo

 

 

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