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Dix lunes
20 mars 2013

Odile ne connait pas la nuance (2)

 

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Le billet précédent se terminait par un pastiche, description volontairement caricaturale de l'accouchement sous péridurale, faisant écho à l'accouchement en maison de naissance narré par Odile Buisson.

Le moins que l'on puisse dire est que son propos n'est pas nuancé. Les professionnels de santé soucieux d'une médicalisation raisonnée sont croqués en "extatiques de la matrice", chantres de la douleur, célébrant la nature dans une nouvelle religion.
Les catholiques ont pour les guider un nouveau pape ; les femmes ont Odile.

Car c'est bien elle qui ose ce curieux parallèle "Que le principe religieux s'appelle Dieu ou nature, c'est au choix et c'est pareil"Les mères souhaitant éviter la péridurale sont rapidement cataloguées. Elles ne décident pas pour elles mêmes mais se soumettent  à une autorité extérieure ; "Mélange d'habitude, d'obéissance et de construction mentale séculaires". Excusez du peu.

Pourtant, la catholique enceinte d'un enfant trisomique qui ne désire pas interrompre sa grossesse n'est elle aucunement suspecte de se soumettre à une loi naturelle ou religieuse. Sa décision ne sera annotée que de ce prudent commentaire "je ne suis pas tout à fait à mon aise"

Elle s'attarde ensuite sur le décalage entre un projet de naissance très idéalisé et la réalité finale. Cet accouchement est vécu sans soutien, sans accompagnement et seul le liquide teinté lors de la rupture spontanée de la poche des eaux fait qu'enfin l'on s'affaire autour de la mère. Si Odile Buisson semble au départ faire preuve d'empathie, déplorant le surbooking de la maternité qui ne permet pas aux sages-femmes d'accompagner ces parents, elle ne peut s'empêcher de moquer la supposée naïveté maternelle "elle le sait bien elle qu'il suffirait d'attendre un peu et que le bébé sortirait de lui-même". L'enfant naîtra par forceps sous "anesthésie locale défaillante".
La morale de l'histoire est limpide, imaginer se soustraire à la toute puissance médicale est une faute sanctionnée par le sort.

Les femmes exigent désormais de ne plus souffrir en accouchant nous dit elle plus loin. Décidément les femmes ne savent pas ce quelles veulent, Odile Buisson non plus. Elle témoigne de « féministes railleuses » venues les interpeller "Hep ! Les toubibs ! Cela vous défrise de vous lever la nuit pour faire des péridurales?"  Pourtant, le temps n'est pas si lointain où l'analgésie n’avait lieu qu’au bon vouloir de l’équipe médicale, aux heures ouvrables et pas le week end. Cette "libération", ce "soulagement" tant vantés par l'auteur n’ont pas toujours été une évidence pour les praticiens chargés de la dispenser.

Ne lui en déplaise, les partisans de la naissance respectée ne militent pas contre la péridurale mais pour son libre choix par les femmes, contre la médicalisation de la naissance mais pour le respect la physiologie. 

En 2008, un groupe de travail réuni sous l'égide du ministère de la santé a fait des propositions cherchant à conjuguer plus justement nécessités médicales et souhaits parentaux.

Étonnamment, ni dieu, ni diable, ni extatiques de la matrice dans cette commission qui notait pourtant "Un soutien empathique et physique continu pendant l’accouchement a pour effet de diminuer le stress et présente de ce fait de nombreux avantages comme un travail plus court, une diminution du recours systématique aux moyens techniques et une réduction des extractions instrumentales."

...

 

à suivre...

 

 

©Photo Varahi, déesse indienne

 

 

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Commentaires
M
Quelle pauvre femme cette Odile...Manipulée par la cohorte de ses confrères, tous des mâles évidemment, et qui ont, du bout du spéculum, accepté de lui laisser une place......Pfff, quelle conne. Voilà, c'est dit.<br /> <br /> <br /> <br /> Je voudrais pouvoir argumenter avec intelligence et user de notre belle langue française, mais c'est femme, c'est une plaie, une honte pour cette qualité que l'on nous attribue pourtant, à nous, les femmes : l'empathie !<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai DÉCIDÉ toute seule, d'accoucher sans péridurale, j'ai DÉCIDÉ toute seule d'aller jusqu'au bout de ce désir, puisque tout se passait bien pour mon bébé. J'ai donc ASSUME toute seule ma douleur, même si j'ai eu des phases de doute et l'envie de me mettre des baffes tellement je jonglais par moment, mais j'en suis sortie HEUREUSE de l'avoir fait, pour des raisons personnelles.<br /> <br /> Soutenue par mon compagnon, soutenue par la sage-femme de garde RAVIE de réaliser AVEC MOI un accouchement sans péridurale, je n'ai pourtant jamais dit ni pensé que celles qui avait le choix de la péri étaient des faibles ou que sais-je encore, alors que toi, tu décides de nous dresser les unes contre les autres.<br /> <br /> <br /> <br /> Odile, si tu me lis, je n'ai certes pas fait autant d'années d'étude que toi, même si j'ai une licence et une agrégation. Je ne suis pas médecin. Je ne suis donc à tes yeux qu'une pauvre femelle sans cervelle qui a préféré se rabaisser au rang de l'animal qui met bas. Mais tu sais, Odile : je t'emmerde !
L
je suis entièrement d'accord, je ne mettrais qu'un bémol, une femme catholique qui souhaite garder un enfant supposé trisomique est elle aussi cataloguée comme embrigadée par sa religion... mais sinon je suis entièrement d'accord avec tout le reste. elle se veut féministe et ne veut pas laisser les femmes choisir et décide elle même que les femmes sont trop bêtes et embrigadées pour décider de ce genre de choses??? N'est ce pas le discours de certains machistes qui trouvent les femmes trop peu raisonnées pour avoir le droit de voter, de travailler,...
L
Si ça vous dit ...http://va-pieds-nus.blogspot.fr/2013/03/questionnaire.html
Y
J'ai essayé, sans grande illusion, d'échanger avec cette dame sur la page Facebook d'Osons le féminisme qui mettait son article en avant. Il est frappant de voir que cette femme a complètement intériorisé le discours dominant de son corps de métier au point de ne plus percevoir ce qu'il peut comporter de machisme et de prise en contrôle sur le corps de la femme. Cela m'évoque beaucoup la violence symbolique développée par Bourdieu sur l'intériorisation par les dominés du mode de pensée des dominants... <br /> <br /> C'est d'autant plus pervers qu'il inverse la domination. A aucun moment, elle ne semble percevoir que la domination des obstétriciens sur les sages femmes préfigure la domination masculine sur la santé des femmes. Elle présente la gynécologie française comme le garant de la santé des femmes sans une seconde réaliser que le corps de métier qu'elle glorifie s'est opposé à toutes les avancées féministes de ces 50 dernières années (contraception, IVG...).<br /> <br /> Elle n'a pas tort de dire que le fait d'avoir "autorisé" les sages femmes à faire du suivi gynécologique et même les maisons de naissance (toujours pas votées) ont été motivés par des raisons financières. Mais une posture féministe serait de réclamer une augmentation des honoraires des sages femmes étant donné leurs nouvelles responsabilités. Il est absolument scandaleux qu'aujourd'hui, les sages femmes passent le même concours et aient le même nombre d'années d'études que les chirurgiens dentistes et n'en aient ni la reconnaissance ni (loin de là) les revenus. Le fait qu'il s'agisse d'une profession majoritairement féminine n'y est pas étranger. Mais cette gynécologue semble bien trop aveuglée par sa conscience de corps pour le réaliser.
V
Je la plains "Odile Buisson, gynécologue-obstétricienne", je la plains d'être à côté de la plaque, d'être passée à côté de sa féminité et de sa maternité. Je la plains de ne pas avoir pris "conscience" et de se dénigrer elle-même en dénigrant ses congénères.
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