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Dix lunes
18 mars 2013

Odile nous raconte des histoires (1)

 

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Odile Buisson semble faire dans le politiquement correct. Comment s’offusquer qu’un médecin enfourche son blanc destrier pour aller sauver la cause des femmes ? Celles évoquées sont tour à tour indépendantes ou soumises, émues ou indifférentes, informées ou naïves, trop ou mal accompagnées... D'évidence, Odile ratisse large afin que chacune puisse se reconnaître. 

Son credo, seul le gynécologue peut guider cette inconstante qu’est la femme.

Ses bêtes noires avouées ? Tout ce qui ose de près ou de loin remettre en cause l'hégémonisme des médecins, questionner l’hypermédicalisation et nos prises en charge actuelles.

Ses bêtes noires inavouables, les sages-femmes qui, si elles ne sont jamais directement attaquées - Odile a certainement de très bons conseillers juridiques - sont malmenées en filigrane tout au long des chapitres. J’y reviendrai.

Bien plus que la cause des femmes, c'est la cause du pouvoir médical qui l'anime. Pour mieux servir son propos, les femmes apparaissent  souvent manipulées, petites choses bien en peine d’émettre un désir propre et gouvernées par une foule de gourous et autres "intervenants non médecins" (sic). 

Un extrait résume parfaitement le propos :

" Puis on filme une femme qui accouche de façon très humaine : complètement nue, à quatre pattes, ahanant, tordant son bassin et remuant son postérieur en une transe saccadée douloureuse et électrique. Elle s'échine à expulser son petit. Le mari, calme, un peu peiné, lui masse le haut de la croupe tandis que la sage-femme surveille la posture du mammifère humain. En regardant la scène, il est difficile de ne pas avoir mal pour elle mais ... il s'agit de son choix. Et devant une telle souffrance, avoir le choix est même le seul argument recevable. Car pour le reste, l'animalité de la scène est frappante tant elle évoque une douloureuse mise bas."

La nudité n'a rien d'inhumain, la recherche d'une posture plus favorable à la mécanique obstétricale non plus. Mais cette femme dénudée ahane, se tort, se fait flatter masser la "croupe". Le vocabulaire sélectionné avec soin renvoie à la bestialité. Evidemment, nous ne saurons rien du vécu de cette mère et de tant d'autres qui choisissent de mettre au monde leur enfant sans recourir à la péridurale. Odile sait pour nous, elles souffrent.

Moi aussi je peux tricher avec les mots et manier la caricature...

Puis on filme une femme qui accouche de façon civilisée. Elle est allongée, vêtue d’une chemise de papier bleu. Immobile, clouée au lit par l’analgésie, elle est dans l’incapacité de sentir comment pousser son enfant. Aucun mouvement, aucune vie ne vient animer son bassin. Le mari, calme, un peu peiné, lui soutient la nuque tandis que la sage-femme dirige les efforts de la mère, coupée de toute sensation.  En regardant la scène, il est difficile de ne pas être triste pour elle mais ... il s'agit de son choix. Devant une telle passivité, seul avoir le choix est un argument recevable. Car pour le reste, la froideur de la scène est frappante tant elle évoque une  mécanique expulsive désincarnée.

 

à suivre...

 

 

©Photo

 

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Commentaires
V
Je suis scandalisée à la lecture des propos de Mme Buisson.<br /> <br /> Merci à toi pour ce blog qui donne la parole aux femmes.<br /> <br /> J'ai accouché il y a 18 et 15 ans, je ne savais pas qu'il y avait d'autres options que la position gynécologique pour accoucher, je n'avais reçu aucune information.<br /> <br /> Pour ma premiere fille, je n'ai pas voulu de péri, ce fut un accouchement peu agréable mais le pire fut d'avoir été ligotée ...<br /> <br /> Pour la seconde, même démarche, par contre sensations fabuleuses et surtout une pauvre sage femme débordée qui a du me laisser seule dans la salle, j'en ai profité pour me détacher les jambes et écouter mon instinct. J'ai naturellement accouché acroupie.<br /> <br /> Un merveilleux souvenir ...et je me suis sentie bien moins humiliée par la position que pour mon premier accouchement.
C
Les descriptifs d’accouchements (celui d’Odile comme ta parodie) me laissent mal à l’aise. Ils me donnent l’impression d’être voyeuse, comme si j’étais en train de regarder un couple en train de faire l’amour.<br /> <br /> Décidément, on peut accoucher à 4 pattes sans anesthésie, ou sur le dos avec péri, mais dans l’intimité, pas avec 15 personnes et une caméra !
M
En tant que femme qui a choisi d’accoucher par deux fois de manière physiologique, accroupie et à genoux, je me sens terriblement insultée par les 2 extraits que j'ai lu de son livre sur ce blog et sur un journal !
L
Pour ma part, pour mon deuxième accouchement, je n’ai pas voulu de la péridurale et je ne qualifierais pas la douleur ressentie d’insupportable ou d’atroce. Elle était forte, c’est sûr, mais elle est restée à la limite de ce que je pouvais endurer. Et si cela n’avait pas été le cas, j’aurais opté pour l’anesthésie car mon but n’était pas de jouer les martyrs mais bien de n’avoir recours à la médicalisation que s’il ne m’avait pas paru possible de faire autrement.<br /> <br /> <br /> <br /> Une douleur trop extrême peut aussi s’avérer destructrice et traumatisante et laisser de graves séquelles qui vont affecter durablement la relation mère-enfant. C’est pour ces cas-là avant tout que la péridurale existe. Et sans vouloir la justifier, je peux aussi comprendre le peu d’accompagnement dont bénéficient parfois les mères qui accouchent « dans la douleur » : le spectacle de la souffrance d’autrui est aussi une souffrance, parfois extrême, à laquelle les personnels soignants ne sont plus préparés de nos jours et face à laquelle ils se sentent complètement désarmés…
S
"Avoir le choix est le seul argument recevable" et pour moi le plus important.<br /> <br /> Sans choix, pas d'humanité, mais simplement un corps qui fait ce que le corps médical ou la nature lui dicte!<br /> <br /> J'ai eu la chance, après vécu une naissance hyper médicalisée peu douloureuse physiquement mais à l'issue de laquelle, je me suis sentie privé de tout droit de vivre une douleur que je ne souhaite à personne, de pouvoir ensuite vivre un travail à domicile (pas jusqu'au bout malheureusement) toute nue sans jamais me sentir "animal" juste femme, travail qui m'a réconciliée avec la naissance et le professionel médical (merci ma SF), je suis convaincue qu'avoir le choix est bien plus important que de pouvoir cacher sa "croupe".<br /> <br /> Je suis bien triste que des personnes se posent comme "référentes" pour mépriser ce droit.
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