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Dix lunes
12 février 2012

Limites de territoires

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C'est fatiguant à la fin... Après certains syndicats médicaux, ce sont maintenant des kinésithérapeutes qui nous prennent pour cible.

A l'origine de leur ire, une initiative de notre Conseil de l'ordre qui défend la possibilité pour les sages-femmes d'assurer la rééducation périnéale de femmes sans enfant*. 

De mon point de vue, cette revendication n'est pas une priorité. Ma seule réserve concerne les patientes vivant à distance de tout cabinet de kiné mais à proximité d'un cabinet de sage-femme. Eviter dans ce cas un long déplacement justifierait une dérogation (parfois déjà accordée par l'assurance maladie). Pour le reste, nous avons bien assez à faire avec les accouchées.

Je n'avais donc pas souhaité réagir au mécontentement compréhensible des kinés avant ce qui m'apparait comme une nouvelle attaque. Ainsi, les sages-femmes "phagocytent la rééducation du post partum" ?!  

Comme pour le suivi de la grossesse, je revendique le libre choix des femmes pour leur rééducation postnatale. C'est à elles de décider vers quel praticien elles souhaitent se tourner. Je déplore donc avec les kinés que la nomenclature les exclue de cette rééducation dans les trois mois suivant une naissance. Solidaire encore, je soutiens une cotation similaire de nos actes, en soulignant cependant que l'on ne peut comparer la rémunération d'un praticien se consacrant exclusivement à son patient à celle d'un autre prenant en charge plusieurs personnes simultanément (n'y voyez aucune inflexion corporatiste, ce bémol concerne nos deux professions... à des degrés différents.)

Mais nos amis viennent de se tromper de combat... Dans un courrier adressé à la caisse de Paris, le SMKRP écrit "En effet, il semblerait que certaines caisses primaires d'assurance-maladie remboursent des actes de rééducation fonctionnelle prescris (sic) par les sages-femmes. Cette information laisserait à penser que les sages-femmes prescrivent une rééducation qui n'entre pas dans leur domaine de  compétence".

Mauvais argument ! Lorsque nous prescrivons une rééducation périnéale, nous sommes à la fois aptes à la prescrire et à la réaliser. Il serait pourtant parfaitement abusif et irrespectueux des femmes comme de nos collègues kinés d'exiger que cette rééducation se fasse avec une sage-femme. 

A l'inverse, nous sommes  en conflit avec l'assurance maladie qui refuse de prendre en charge la rééducation abdominale postnatale si l'ordonnance est signée par une sage-femme et non par un médecin (cf cette action syndicale). Si la réalisation de cet acte n'est pas de notre compétence, sa prescription l'est et le soutien des kinésithérapeutes serait bienvenu.

Les sages-femmes assurent de plus en plus de suivi de grossesse et voient donc des patientes consultant pour sciatalgies, lombalgies... Le plus souvent, il s'agit d'une symptomatologie banale chez la femme enceinte, banale ne signifiant pas pour autant négligeable. Mais quelle que soit la situation, nous ne pouvons actuellement prescrire de traitements de kinésithérapie et sommes amenées à rediriger ces patientes vers un médecin. Cette double consultation est absurde ...

En dénonçant nos prescriptions, le SMKRP dénie aux femmes la possibilité de choisir leur praticien, leur complique l'accès à des soins remboursés parce qu'elles ont eu l'audace de ne pas s'adresser à un médecin, contribue à des dépenses superflues pour un système de santé déjà malmené. 

Et il énerve un tantinet les sages-femmes...

 

 * Les sages-femmes ne peuvent assurer la rééducation périnéale que chez les femmes ayant - un jour même lointain- accouché...  Cette restriction semble un peu dérisoire ; à 80 ans, les problèmes de prolapsus ou d'incontinence sont-ils à mettre sur le compte d'un accouchement vieux d'un demi-siècle ou de l'âge ?

 ©Photo


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Commentaires
P
Je comprends que ce syndicat tape sur les nerfs des SF. Il tape aussi sur les nerfs de pas mal de kinés. J'ai exercé pendant 7 ans en libéral et je m'étais formé à la rééducation périnéale par des stages supplémentaires pendant ma formation initiale.<br /> <br /> La guerre n'a pas lieu d'être, nous sommes peu à faire du périnéale et encore moins à ne pas faire que de l'électro-stimulation. Le contrôle du périnée passe par la sensation pour la femme et la méthode manuelle est pour moi la seule à même d'amener la prise de conscience corporelle essentielle et préalable à tout renforcement ou feed-back électrique.<br /> <br /> Certains kinés superposent leurs patients. Ce n'est pas la majorité, loin de là. Une telle rééducation ne peut se faire qu'en tête à tête et j'avoue que pendant ces séances, je coupais même les téléphones (le mien et celui de la patiente).<br /> <br /> La guerre n'a pas lieu d'être, beaucoup de femmes ne font pas cette rééducation même si elle est indispensable dans leur cas.<br /> <br /> La guerre n'a pas lieu d'être, car la patiente doit avoir le choix.<br /> <br /> <br /> <br /> par contre, la guerre contre les syndicats revendicatifs, non représentatifs...<br /> <br /> <br /> <br /> Une kiné qui aime bien les SF (ma nièce a commencé sa formation en SF :) )
D
Quand j'ai dû faire ma rééducation je ne me suis même pas poser la question, pour moi la rééducation du périnée passe par une SF tout comme la rééducation apres une blessure passe par un kiné. J'ai la chance d'avoir un cabinet de sage femme dans l'espace santé où bosse ma gynéco. Je suis bien contente de ce choix car je ne suis pas certaine que le kiné de ma ville aurait pu répondre à mes questions sur l'allaitement (long pour ma part), et ma contraception post partum. Ainsi pendant le traitement j'ai fais une lymphagyte, et un doc m'a carrément dis de stopper l'allaitement, grâce à ma SF je ne l'ai pas fais. Pendant ma rééducation j'ai fais une bartolinite, il a fallu 5 min pour que je passe de mon rdv SF au cabinet de ma gynéco. Un kiné aurai-t-il compris que ma douleur venait de là? Les séances de rééducation ont été des moments d'échange sur mes difficultés à gérer la fatigue générée par les enfants, le quotidien...bref, des sujets qui ne sont pas abordés chez le kiné. Là j'envisage de contacter la SF pour faire mon suivi annuel, étant donné que ma gynéco, s'approchant de la retraite,réduit son activité et ses horaires sont incompatibles avec les miens.<br /> <br /> Merci d'être là pour nous.
M
je découvre votre espace et je tombe sur cet article...et j'ai 55 ans: l'année dernière j'ai fait une rééducation du périnée chez une sage femme, et c'est mon médecin traitant qui m'a dirigé vers elle..et je ne me voyais pas du tout chez un kiné...et tout c'est bien passé... une limitation un peu ringarde je trouve... tout fou le camp!!!;-)
D
Comme Gélule, je découvre cette "limitation" dans la prise en charge, il m'arrive régulièrement de prescrire de la rééducation chez des femmes âgées; je leur précise qu'elles peuvent voir un kiné ou une SF; souvent elles préfèrent l'option SF; mais je n'ai jamais vérifié si elles avaient bien eu des enfants...<br /> <br /> <br /> <br /> Effectivement encore une aberration...
L
Non elle était tout a fait dans ses droits, on peut prescrire le salbumol par voie orale et rectale (pas intra veineux) ;-)
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