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Dix lunes
23 septembre 2013

Privée de MG !

 

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Avant, j'avais un médecin traitant.

LE médecin de famille. Celui avec plein de dessins d'enfants, faire-part de naissance, voeux et autres cartes postales punaisés dans son bureau, celui qui a calmé mes angoisses devant des symptômes inconnus et évité la grosse et couteuse batterie d'examens complémentaires, celui qui m'a dispensée de courir aux urgences quand un de mes enfants s'était fait bien mal à l'école, celui qui s'est déplacé un soir jusqu'à mon lit parce que je souffrais au point de ne plus pouvoir en sortir, celui qui a dépisté la myopie de mon cadet en profitant d'un certificat pour le judo, celui qui notait sur sa fiche les caractéristiques d'un grain de beauté pour le surveiller l'année prochaine... 

Sa salle d'attente permettait de se tenir au courant de l'actualité d'il y a deux ans et parfois on attendait longtemps parce qu'il était retardé par une visite en urgence ou qu'un beaucoup plus mal en point passait en priorité. 

Il bossait seul, épaulé par une secrétaire un peu bougon tentant de faire barrage quand le carnet de rendez-vous débordait trop.

Je l'aimais bien. Et puis un jour pfff, envolé le médecin, parti sans prévenir... Burn out s'est-il murmuré dans les chaumières. Il semble qu'il n'avait trouvé personne pour alléger sa tâche.

Difficile de retrouver un médecin traitant, les autres exemplaires alentours étaient eux aussi bien débordés.
C'est finalement celle dont j'avais pris soin quelques années plus tôt, quand elle était à la fois interne et jeune maman, qui a bien voulu m'accueillir. 

J'ai bien failli être privée de MG.

Alors, je soutiens leurs propositions.

 

 

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20 septembre 2013

Alerte suite

 

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Je n'accompagne pas d'accouchement à domicile mais le dossier me tient à cœur.

Peut-être parce que j'ai failli (oui c'est un double sens propulsé par mon inconscient...) le faire et que la crainte du ghetto dans lequel se retrouvent ces sages-femmes fut un des motifs me faisant reculer.

Peut-être parce que la solidarité veut que l'on n'abandonne pas des collègues injustement piégées.

Peut-être parce que j'ai pu mettre un de mes enfants au monde à la maison, grâce une amie sage-femme salariée qui a bien voulu m'accompagner.

Mais surtout parce que défendre l'accouchement à domicile, c'est  aussi défendre le droit des femmes à choisir pour elles-mêmes (et les études démontrent la sécurité de ce choix).

Mais enfin, parce que défendre l'accouchement à domicile c'est défendre le respect de la physiologie.

Quand j'étais étudiante, nous apprenions encore les bassins rachitiques des femmes malnutries. L'échographie balbutiait et une mauvaise praticienne pouvait confondre grossesse à terme et grossesse triple de 6 mois… 

Aujourd'hui, la majorité des grossesses (pas toutes) sont bien suivies, les femmes (pas toutes) peuvent correctement se reposer, ne souffrent plus de carences alimentaires, évitent l'anémie… La grande majorité des pathologies sont dépistées bien avant le terme. Pour tout dire, je n'ai jamais croisé un bassin rachitique ailleurs que dans les livres. Les accouchements devraient être de plus en plus simples ; les statistiques disent pourtant combien notre interventionnisme est grand.

Ce qui se passe en ce moment pour l'AAD est exemplaire de toute la périnatalité. On rabote et on arase tout ce qui dépasse. On nous laisse croire qu'observer ce qui se passe pour une femme et accepter que cela soit différent pour une autre serait  faire de la mauvaise obstétrique. Il n'y aura bientôt plus qu'une seule bonne façon d'accoucher, celle dont toutes les phases seront standardisées et contrôlées.

Nous ne savons plus ce qu'est une naissance physiologique.

Et celles qui savent encore, celles qui pourraient nous montrer le chemin, celles-là sont menacées.

Une sage-femme racontait une naissance à la maison, évoquant une stagnation de la dilatation vers 7 cm. Une autre l’interrompt : Ca ne t’a pas inquiétée ? Tu restes sereine à domicile avec un blocage de la dilatation ?

La première explique posément qu'elle surveille la dynamique utérine, le bien-être fœtal, l’attitude maternelle. Elle décrit les indices qui l’orientent vers une complication, ceux qui la conduiraient à décider rapidement un transfert vers la maternité. Elle détaille ce qui lui permet de confirmer la physiologie de cette phase de latence, lorsque la femme, inondée d'endorphines, voit ses contraction s’espacer et récupère avant l'étape suivante. Elle raconte la pause, puis l’énergie revenue, le mouvement, l’envie de se lever, de marcher… signe que le travail reprend et progresse normalement.
L'autre sage-femme constate avec amertume Mais ça nous, en structure, on ne peut plus le voir !

Et si cette pause disparaît, ce n’est pas dû au lieu, à l’équipe, mais aux protocoles qui sonnent l’alerte dès que la courbe de la dilatation ne suit pas l’ascension attendue et obligent à "pousser le synto" pour stimuler la contraction utérine. 

Chaque jour, nous perdons un peu plus cette capacité à comprendre la physiologie de la naissance ; nous perdons cette observation fine de nombreux signes, postures, respiration, attitudes et réactions maternelles qui permettent de suivre avec précision la bonne évolution de l'accouchement.
Qui permettent surtout de ne pas intervenir inutilement au risque de perturber un processus complexe.

Cette sage-femme évoquait l’haleine particulière d'une femme se mettant en travail ; et l’arrachage du soutien-gorge (si !) comme signe de la descente foetale.

Qui sait cela ?

 

9 septembre 2013

Avis de tempête

 

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Le temps est à l'orage. Au départ, un court texte dans la dernière revue de l'Ordre (en page 6) arrivée dans les boites à lettre des sages-femmes par une chaude journée d'été.

Pratique des accouchements à domicile
Le Ministère des Affaires sociales et de la Santé nous ayant récemment interpelé sur la pratique des accouchements à domicile programmés par des sages-femmes sans couverture assurantielle, il nous a semblé utile d’apporter les trois précisions suivantes :
• Il appartient à notre Ordre d’assurer la meilleure garantie possible aux usagers et aux professionnels et donc de rappeler qu’une couverture assurantielle est indispensable à la pratique des accouchements à domicile lorsqu’ils sont programmés.
• Les sages-femmes libérales sont tenues de souscrire une assurance destinée à les garantir pour leur responsabilité civile professionnelle qui est susceptible d’être engagée en raison des dommages subis par des tiers et résultant d’atteintes à la personne survenant dans le cadre de leurs activités
• Le manquement à cette obligation peut être sanctionné au niveau disciplinaire mais aussi au niveau pénal.

On a tous espéré que ça en resterait là. L'Ordre, bien obligé de jouer sa fonction de garant de la déontologie, s'en acquitte en faisant un bref rappel de la loi. Basta.

Dans les paragraphes suivants, je vous demande de pardonner les nombreuses parenthèses, nécessaires à la compréhension du dossier pour ceux qui n'y sont pas plongés au quotidien.

Car le dossier est complexe ; la grande majorité des sages-femmes pratiquant des accouchements à domicile n'est pas assurée pour cet acte. Les quelques exceptions sont celles qui pratiquent depuis des décennies et qui bénéficient de la reconduction annuelle et tacite d'un contrat vieux comme Hérode.
Pour les autres, plus récemment arrivées sur le marché, la situation s'est sacrément compliquée depuis l'année 2000, date à laquelle la dernière offre d'assurance pour la pratique de l'accouchement à domicile a disparu.
Puis ça s'est re-compliqué en 2002 avec la loi Kouchner venant imposer - très normalement - aux professionnels de santé d'être assurés pour leurs actes. Travailler sans assurance, c'est risquer l'interdiction d'exercice et la bagatelle de 45 000 € d'amende.

Les  associations et syndicats de sages-femmes se sont mobilisés, les associations d'usagers également. De nombreuses démarches ont été entreprises que l'on peut résumer ainsi :

- Auprès des assureurs français. Aucun ne s'est montré intéressé; trop peu de professionnels concernés (donc peu de contrats potentiels) et des indemnisations possiblement onéreuses (évaluées à la très grande louche puisque même si les sages-femmes pratiquant l'AAD collectent leurs données, il leur est opposé que le risque est si faible qu'il est … incalculable !)

- Auprès des assureurs  étrangers ensuite. Mais aucun n'a donné suite (la jurisprudence française et le montant des indemnisations parfois octroyées par les tribunaux les dissuadent de toute proposition).

- Les sages-femmes se sont ensuite tournées vers le  BCT (bureau central de tarification) pour qu'il impose aux assureurs de les couvrir (sur le même principe que les assurances automobiles, si toutes les compagnies refusent de vous prendre en charge, le BCT désigne l'une d'elle qui est obligée de vous assurer). Le BCT est donc intervenu avec succès. Les assureurs ont été dans l'obligation de couvrir les sages-femmes.

Amère victoire !
Ils ont proposé une assurance au tarif des obstétriciens soit 19 000 € (en 2008). Pourtant les obstétriciens ne prennent pas en charge les mêmes situations (un accouchement à domicile suppose que tout se présente au mieux et qu'aucune intervention ne s'annonce nécessaire. Dans le cas contraire, il y aura transfert vers une maternité). Ils n'ont pas les mêmes revenus (l'UNASA annonce un revenu moyen 2012 de 91 297 € pour les obstétriciens et 24 697 € pour les sages-femmes). De plus, l'assurance maladie prend en charge jusqu'à 50% du coût de l'assurance des obstétriciens mais ne prévoit rien de tel pour les sages-femmes… 

Le blocage dure donc depuis des années. Ce n'est pas faute d'alerter politiques (en 2010, un député s'était aventuré à poser une question au gouvernement, la réponse est "savoureuse"... ) et pouvoirs publics. Cette situation est connue de tous et de longue date. La cour des comptes l'avait d'ailleurs souligné en 2011 et je l'avais évoqué ici.

Il est donc particulièrement irritant que chacun fasse mine de découvrir cette impasse et de s'en émouvoir. En ce moment, les sages-femmes libérales reçoivent un courrier de l'Ordre leur posant deux questions :
- pratiquez vous des accouchements à domicile programmés ?
- si oui, êtes vous couvertes par une assurance ?

Qu'est ce qu'elles peuvent bien répondre mes collègues concernées ?
- être honnête et risquer l'interdiction d'exercice et une amende correspondant à deux ans de revenus moyens ?
- être honnête et s'engager à cesser les AAD pour être en règle ?
- mentir et nier ?

A quoi sert de poser une question dont on connaît parfaitement la réponse sinon à demander aux sages-femmes de se désigner coupables ?

Sortons de cette hypocrisie. Le coût de l'assurance ne peut être déconnecté des revenus de ceux qui la payent.
Je n'ai aucune idée de la capacité d'intervention de l'état sur les tarifs des assureurs mais deux autres options sont possibles et indispensables !
- revaloriser subséquemment l'accouchement. Le tarif actuel, 313.60€ pour la prise en charge de l'accouchement ET des visites à domicile de suivi de la mère et enfant pendant 7 jours, est une insulte au travail des sages-femmes. Rappelons aussi que l'assurance maladie qui oppose la convergence tarifaire (même acte = même tarif pour tous les professionnels) à nos demandes de revalorisation vient d'inventer un magique coefficient multiplicateur pour revaloriser le tarif accouchement des obstétriciens (cf ce courrier syndical). 
- participer au financement de l'assurance des sages-femmes comme cela est fait pour les obstétriciens.

Toute autre attitude reviendrait à interdire aux femmes d'être accompagnée d'une sage-femme lors d'un accouchement à domicile…

 

PS militant
En tant que sage-femme solidaire de mes consoeurs, je vais répondre à ce courrier d'un ni oui ni non du plus bel effet (cf http://www.unssf.org/index.php?mact=CGBlog,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=220&cntnt01returnid=16) et j'encourage toutes les sages-femmes à faire de même.
En tant que femme et citoyenne, j'invite chacun à se poser la question du libre choix, du droit des femmes à disposer d'elles-même et du symbole que serait une interdiction déguisée de l'AAD. Un petit courrier à votre député ? (on peut même s'appuyer sur cet avis de la Cour Européenne des Droits de l'Homme)

 

Pub5e Colloque de la Société d'Histoire de la Naissance : 

Naître à la maison, d’hier à aujourd’hui Châteauroux, les 21et 22 septembre 2013

 

 

 

3 septembre 2013

Post partum animal triste

 

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Merci les médias, quand je suis en mal d'inspiration, un petit article et ça repart.

Cette fois-ci, l'article est titré "La vraie histoire du sexe après l'accouchement". Je le lis, bougonne doucement. Il la joue un peu hussard le Dr Harvey ! Le vagin ne sera plus jamais comme avant, ça a l'air de signer la fin d'une époque : bonjour la parentalité, adieu l'orgasme.
Mais si le propos est un peu rude, dénoncer le ronronnement médiatique - qui aime à laisser croire qu'une grossesse est une location de neuf mois restant sans effet dès le départ de l'occupant - est salutaire.

Pour autant est-il normal de penser Plus jamais mon mec ne me touche ? Ce n'est pas ce que j'entends des femmes que je rencontre au quotidien même si rien n'est simple. Fatigue, manque de disponibilité, peur d'avoir mal et/ou de ne pas retrouver le plaisir sont des sujets récurrents dans les semaines suivant la naissance… L'arrivée d'un enfant bouleverse tous les aspects de la vie et il faut se laisser le temps de s'y adapter. Ce n'est sûrement pas assez dit.
Admettons qu'il faille un peu charger la barque pour que le message soit clairement audible.

Mais la barque coule aux paragraphes suivants. 

Mon vagin était devenu un hall de gare. Pourquoi  présenter l'envahissement des examens comme un incontournable ? Les touchers vaginaux sont le plus souvent inutiles lors de la grossesse et ne devraient pas se multiplier pendant un accouchement. Par ailleurs, une femme peut être examinée avec respect, douceur, en ayant attendu son autorisation. Ou l'on peut considérer son corps comme un domaine public, entrer dans une salle de travail sans prononcer un mot, enfiler un doigtier et fourrager brutalement en oubliant qu'il y a un être humain de l'autre côté du plastique. N'est-ce pas plutôt cela qu'il faut dénoncer ?

Pendant l’accouchement, la sage-femme rentre l’avant-bras dans ton vagin pour voir où en est ton col. Que nenni, l'index et le majeur suffisent grandement, pas besoin de l'avant-bras ! Pourquoi véhiculer ce genre d'image sinon pour conforter la "goritude" de la chose ? 

S’ajoutait à cette sensation un accessoire peu glamour mais obligé : pendant un mois après la naissance de son bébé, elle a porté constamment des couches, de très grosses serviettes. Effectivement la couche épaisse manque un tantinet d'élégance. Mais cela ne concerne que les premiers jours, ensuite les pertes diminuent et les protections se font plus discrètes. Alors oui, pas de tampons en postnatal immédiat (le glamour du fil qui dépasse ?) pas de moon cup non plus… Saigner est un aspect de la vie des femmes, tout simplement.

Les médecins recommandent d’attendre au moins quinze jours avant la reprise des rapports. Personnellement, je ne recommande rien sinon d'attendre d'en avoir envie et de prendre du temps ensemble ; pas forcément pour se grimper dessus, juste le temps de la tendresse, parce que le désir émerge rarement entre des pleurs à apaiser et un sac poubelle à descendre...

On nous sert ensuite les inévitables exemples de ceux pour qui ça n'est jamais reparti. L'arrivée d'un enfant ne soude pas un couple, ne le détruit pas non plus. Mais elle aiguise toutes les aspérités. Si ça n'allait pas très bien avant, ça ira rarement mieux après et ce n'est pas l'accouchement en lui-même qui est en cause.

Ce qui m'irrite au final, c'est que cet article écrit en filigrane qu'une nana n'est désirante et désirable que mince, tonique et aménorrhéique ; que tout changement corporel est forcément assassin pour le désir ; que récupérer d'un accouchement, c'est perdre ses kilos, masquer ses vergetures et remonter ses seins. Bien la peine de citer le Beautiful Body Project ! *

Je vous invite à ré(?)-écouter cette chanson de Moustaki magnifiquement interprétée par Reggiani (avec du Baudelaire en prime)

 

*extrait du volume 1 consacré aux mères

 

PS : j'ai volontairement omis plusieurs questions évoquées dans cet article car elles méritent à elles seules un billet. A venir... ?

 

 

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