Rebelote
Cet après midi à 16 heures, la proposition de loi de Mme Dini sur l'expérimentation des maisons de naissance sera débattue au Sénat.
On va dire qu'on est contents ! Même si dans son exposé des motifs, Muguette Dini oppose MDN et accouchement à domicile "Les maisons de naissance peuvent offrir une alternative satisfaisante et sûre à ce type d'accouchement, dont on doit se prémunir contre le développement." (sic)
Ce qui apparaît contradictoire avec une précision importante donnée plus tard " Il est d'ailleurs intéressant de constater que dans les autres pays où le taux de mortalité constaté se situe entre 3,3 et 3,6 pour mille, les maisons de naissance ne sont pourtant pas accolées aux services des maternités, mais peuvent se situer jusqu'à trente minutes d'un plateau technique comme au Québec".
Après sa présentation, les sénateurs de la commission des affaires sociales la questionnent. Certains méritent le "Gérard de celui qui n'y connaît rien mais a envie de causer quand même en prenant garde à bien défendre ses copains médecins que c'est pas de pauvres sages-femmes qui vont dicter la loi".
L'impayable Allain Milon trébuche en parlant de "profession paramédicale" puis introduit une curieuse limite "Je suppose que ces structures n'accueillent pas de primipares" pour ensuite enfoncer les portes ouvertes "elles ne pourront pratiquer les péridurales" et croit bon de préciser "Des conditions devront être observées par les sages-femmes qui tiendront les maisons de naissance".
Catherine Deroche poursuit sa défense de la gynécologie médicale "Je pense qu'il peut aussi exister une relation de confiance entre une femme et le gynécologue-obstétricien ou le gynécologue médical qui la suit pendant sa grossesse" en omettant que le suivi de la grossesse peut être assuré par une sage-femme et doit l'être dans le cas d'un accompagnement global en MDN.
Gérard Roche lève le lièvre de l'insoutenable indépendance des sages-femmes "J'aimerais qu'il soit explicitement indiqué dans le texte que les maisons de naissance doivent être non pas attenantes à une maternité, mais placées sous l'autorité médicale d'un service d'obstétrique."
Laurence Cohen réinvente l'eau chaude "Je pense qu'une expérimentation de ce type peut être menée dans un cadre sécurisé, en assurant la possibilité d'une intervention sur le plateau technique dans l'enceinte de la maternité, et avec la possibilité d'un choix des patientes."
Ce à quoi Muguette Dini lui répondra très justement "Les pouvoirs publics ont en effet tenté de développer des espaces physiologiques à l'intérieur de certaines maternités. Les résultats sont très inégaux selon les établissements.Ces espaces sont très nettement différents d'une maison de naissance : ils ne permettent pas un suivi global par une sage-femme et ne disposent pas de personnels dédiés".
Catherine Procaccia doute de la capacité de choix des femmes " N'y a-t-il pas une ambiguïté à proposer des accouchements sans péridurale dans les maisons de naissance, alors que de plus en plus de femmes en sont demandeuses ? et omet les actions de prévention mises en oeuvre, telle la consultation d'anesthésie : Je m'interroge sur les risques liés à un éventuel changement d'avis à la dernière minute d'une parturiente, puisqu'il faut avoir vu un anesthésiste à l'avance pour qu'une péridurale puisse être pratiquée".
Marie-Thérèse Bruguière dénie aux sages-femmes toute autonomie d'exercice"(les MDN) doivent être dépendantes de l'hôpital, notamment s'agissant de la responsabilité. Et plus loin : Je voudrais souligner que dans les maternités publiques, ce sont déjà souvent les sages-femmes, et même les élèves sages-femmes, qui réalisent les accouchements - sous l'oeil vigilant des médecins".
Depuis le débat en commission, des amendements ont été déposés. Certains s'inquiètent de la prise en charge des soins, d'autres de la fermeture des maternités de proximité, beaucoup insistent sur la nécessaire sécurité. Du très politiquement correct.
Mais l'un d'eux m'a fait choisir la photo qui illustre ce billet.
En effet, Gilbert Barbier a déposé un amendement demandant "Après le mot sages-femmes insérer les mots et des maïeuticiens" et le justifie ainsi : Cet amendement vise à rappeler que la profession de sages-femmes n'est pas exclusivement féminine. Les hommes, appelés maïeuticiens, ont aussi vocation à exercer en maisons de naissance".
Un débat essentiel.
Edit du 01/03 : L'intégralité des débats sur les MDN au Sénat est disponible ici. Une heure trente d'échanges qui n'ont débouché sur rien parce que l'horaire était dépassé. Mme Dini devra donc réinscrire le texte à l'ordre du jour d'une autre séance. Tout ça pour obtenir une expérimentation limitée en nombre (une dizaine de sites maximum) avant un élargissement possible après 5 ans d’évaluation.
Surtout ne pas se précipiter.