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Dix lunes
28 octobre 2011

Tééééélé, ton univers impitoyâââââble

 

Hier, au magazine de la santé la chronique de Magali Cotard intitulée "Accoucher où je veux, comme je veux" s'annonçait ainsi "Une tendance qui gagne du terrain dans certains pays anglo-saxons".
Françaises, sachez-le vous n'êtes pas concernées !

Tu parles d'une chronique.

Premier sujet, Marni Kotak, une américaine qui a souhaité faire de son accouchement une "performance". Commentaires et gloussements très "premier degré" accompagnent les images des créations plastiques de l'artiste. Pourtant, la fonction de l'art contemporain n'est-elle pas d'interpeller, même au risque de choquer? Vivre les dernières semaines de la grossesse puis la naissance dans une galerie d'art est un acte provoquant qui ne peut être réduit à un simple exhibitionnisme... Mais surtout, il n'illustre en rien le sujet annoncé.

On enchaine avec Nancy Salgueiro , canadienne qui a filmé et diffusé en direct sur le net son accouchement à la maison pour partager l'évidente simplicité d'une naissance physiologique. On se rapproche du thème promis mais nous aurions pu nous passer des commentaires "A 2h30 elle va encore bien - petit sourire entendu... -  29 minutes plus tard elle va un petit peu moins bien - genre : fallait s'y attendre hein ! - et à 3h18 le bébé naît en une poussée ". Ben, pas mal non ?  Comme cela doit finalement apparaître trop simple, les journalistes sur le plateau insistent sur "l'attente angoissante" du premier cri.

Vient ensuite la dramatique histoire de Janet Fraser (voir ce billet de la Poule Pondeuse), militante australienne de l'accouchement "non assisté", c'est à dire sans aucun accompagnement médical.
Pour son troisième enfant, elle a choisi de ne pas faire suivre sa grossesse et d'accoucher sans sage-femme. Son bébé est mort, "privé d'oxygène" - sûrement pas à cause du cordon autour du cou ainsi que le suggère Marina Carrere d'Encausse... qui évoquera plus tard dans l'émission "la rupture d'utérus avec hémorragie massive"  (complication plus qu'exceptionnelle liée à un accouchement particulièrement difficile ) pour justifier la nécessité d'accoucher à proximité d'un bloc opératoire.

Retour plateau : "Le problème avec tous ces accouchements à la maison, c'est d'assurer la sécurité de la mère et de l'enfant". Ce qui permet d'enchainer joyeusement sur les risques d'une naissance à domicile. Accoucher avec ou sans sage-femme, avec ou sans suivi de la grossesse, c'est donc du pareil au même...

Magali Cotard cite des données statistiques pour une naissance "sans entourage médical""Ce qui est assez étonnant, souligne t-elle, c'est qu'a priori pour les mamans il n'y a pas plus de risque. Cela s'explique très certainement parce qu'elles sont en bonne santé" - il me semblait même que c'était un critère indispensable pour envisager une naissance à la maison... - "mais pour les bébés, les risques de décès seraient multipliés par trois" !  Allusion à la trop fameuse étude de Wax que j'avais déjà critiquée et dont les nombreux biais ne sont plus à démontrer.

Mais pourquoi se priver d'utiliser des données erronées puisqu'elles sont politiquement correctes...

Pour finir dans le très politiquement correct, on enchaîne sur un appel à la solidarité, non sans s'étonner que ce que les nanties refusent ici - comprendre la sécurité d'une naissance hospitalière - manque cruellement aux africaines démunies. Magali relaye donc l'appel d'une ONG qui souhaite réduire de 25 % la mortalité maternelle en Afrique, en formant 30 000 sages-femmes.

Tiens, subitement, les sages-femmes sont redevenues un gage de sécurité...

Il ne sera pas dit que cette triste chronique était totalement inutile : allez parrainer une sage-femme !

 

 

 

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25 octobre 2011

Respect mon cul !


L’abracabrantesque parcours d’obstacle dont je veux vous parler aujourd’hui, je l’ai découvert en lisant le blog de Selina. J’ai lu puis relu son billet pour m’assurer que je comprenais bien.
Hélas, je comprenais bien…

Ce parcours me semble exemplaire de nos dysfonctionnements. Incapacité de notre société à prendre en compte les attentes parentales, autisme de certaines équipes de maternité ;  voilà résumé en un seul récit l’ensemble des difficultés rencontrées par les parents et professionnels qui pensent la naissance autrement.

Elle porte son quatrième enfant et souhaite vivre un accouchement respecté. Quoi de plus légitime ? Quoi de plus difficile ! Elle parle d’expérience…

Première grossesse. Elle se rend confiante à la maternité voisine. Accueillie par une sage-femme débordée par les trop nombreuses "entrées", elle se retrouve rapidement immobilisée sur un lit, doublement branchée à un monitoring et une perfusion. A ses questions, on répond protocole, à ses demandes, on ne répond pas ; trop de naissances, trop peu de temps… Son souhait d’accouchement physiologique se résumera donc à l’absence d’analgésie. S’enchainent poussée dirigée, épisiotomie, enfant posé un instant sur son ventre puis rapidement emmené pour les premiers soins, délivrance brutale et points sans anesthésie.
D’abord reconnaissante que tout se soit "bien" passé - la mère et l’enfant vont bien et n’est ce pas là l’essentiel ? -  le doute s’installe ; est ce bien cela l’accouchement qu’elle attendait ?
Déjà, l’absolu du savoir médical se fissure. Pendant son séjour à la maternité, afin que plus personne ne vienne lui asséner qu’un nouveau-né doit pleurer et attendre, elle s'autorise à "mentir" sur les rythmes de son bébé.

Une grande année plus tard, un second enfant s’annonce. Soucieuse de ne pas se laisser voler cette naissance, elle cherche, s’informe, apprend que ce qui se fait ici est controversé là-bas. Elle le sait maintenant, la parole des soignants n’est pas irréfutable. Elle envisage une naissance à domicile mais, faute de sage-femme, se tourne à nouveau vers l’hôpital. L’expérience acquise lui permettra, elle n'en doute pas, de négocier les modalités de sa prise en charge.
Arrivée au dernier moment après quelques heures d’un travail rapide et bien vécu, elle ne peut éviter une seconde épisiotomie, encore réalisée sans l’en informer. Comme pour son ainé, on lui impose délivrance à la hussarde et points sans anesthésie. Pour faire bonne mesure, son bébé est placé en incubateur pour surveillance car elle a eu le double tort d’accoucher en terme dépassé (pourtant suivi à la maternité) et d’arriver tardivement.

Troisième enfant dans une nouvelle région. Elle est déterminée à vivre autrement sa maternité. Enfin, une sage-femme peut l’accompagner dans un projet de naissance à domicile. Enfin elle se sent écoutée, respectée.
Si le début du travail est un peu chaotique entre ballon d’eau chaude qui s’épuise et plombs qui sautent, elle se laisse ensuite aller dans ses sensations. Elle accouche d’instinct, chaleureusement soutenue par son compagnon et la sage-femme. Long peau à peau avec son nouveau-né, délivrance spontanée - sans ces pressions sur le ventre dont elle garde un si vif souvenir - aucun point.
La simplicité, la belle évidence de cette rencontre et la douceur des jours suivants contrastent avec les instants volés des deux naissances précédentes.

Elle attend maintenant son quatrième enfant. Cette fois-ci, le chemin est tout tracé. Elle recontacte sa sage-femme.
Mauvaise pioche, celle-ci, vient de rendre son tablier, découragée par cet exercice exigeant, méprisé, sous payé… L’entêtement d’un conseil de l’ordre  souhaitant lui voir respecter l'impossible obligation d’assurance sera la goutte d’eau de trop (1).

Convaincue de l’importance d’une prise en charge globale, elle se tourne vers les sages-femmes libérales accompagnant des accouchements au sein d’un hôpital.
Nouvel échec. Le plateau technique (2) leur a été récemment fermé ;  si cette possibilité est inscrite dans la loi, elle reste soumise au bon vouloir du chef d’établissement…

Qu’à cela ne tienne, n’habitant pas trop loin de la frontière, elle contacte une sage-femme étrangère. Mais celle ci vient d’ouvrir une maison de naissance (3) et cesse les accompagnements à domicile. Pas question de faire la longue route en travail, pas question non plus de s’installer là bas suffisamment longtemps avant le terme… cette piste est une nouvelle impasse.

Ayant exploré sans succès toutes les alternatives, ce sera donc la maternité. Forte de ses expériences précédentes, elle souhaite discuter avec l’équipe des conditions de sa prise en charge et rédige un projet de naissance (nullement irréaliste puisqu’il aborde par exemple la question de la césarienne).

Une première sage-femme la reçoit. Si elle l’écoute avec bienveillance, nombre de ses demandes sont considérées comme impossibles au vu des incontournables protocoles hospitaliers. En résumé, elle fera à peu près ce qu’elle veut dans sa chambre et à l’abri des regards mais une fois en salle d’accouchement, pas d’échappatoire, monitoring continu, perfusion et délivrance dirigée.
Le médecin vers qui elle est renvoyée pour aborder sa demande de sortie précoce n’imagine pas la voir partir moins de trois jours après la naissance -T2A oblige(4)- et balaye son insistance d’un abrupt «Vous n’y pensez pas» tout en la raccompagnant à la porte.
Toujours déterminée, elle tente à nouveau, lors d’une consultation avec une autre sage-femme, de faire entendre sa voix. La praticienne considère que tout cela a déjà été discuté lors des rendez vous précédents. Certainement irritée par l’insistance très argumentée de son interlocutrice, elle finit par asséner «Sur des cartons dehors, vous pourrez vous mettre comme vous le voulez».
Elle s’excusera ensuite de son mouvement d’humeur tout en expliquant «qu’entendre de telles sornettes la fait sortir de ses gonds»...

Pas d’accompagnement à domicile, pas de maison de naissance, pas de plateau technique, pas de dialogue.
Où se situe le droit des femmes à disposer de leur corps ?  Le respect du droit des patients ?

Etats généraux de la naissance, mission périnatalité, plan périnatalité … depuis des années, les déclarations de bonnes intentions s’accumulent. Dans le même temps, les détracteurs des maisons de naissance ironisent sur les "maisons roses" - la proximité méprisante du terme avec les maisons closes est tout sauf un hasard - qui ne seraient souhaitées que par des sages-femmes en mal de reconnaissance.

On nous affirme l’inutilité d’expérimenter de nouvelles voies puisque la naissance s’humanise et que les attentes des parents sont entendues.

Entendues  ?



 
1 - Etre assuré pour les accouchements à domicile est actuellement impossible pour les sages-femmes. La prime serait au minimum de 19000 € alors que chaque accouchement n’est rémunéré que 312 €, cette somme comprenant également l’ensemble des visites à domicile de la semaine suivante.

2 - L’accès à un plateau technique permet une prise en charge globale par une même sage-femme de la grossesse au post natal avec un accouchement sous sa responsabilité au sein d’une maternité. Cette possibilité nous est vantée comme une alternative préférable à l’accouchement à domicile et aux maisons de naissance...

3 - Les maisons de naissance dont l’expérimentation est sans cesse reportée dans notre pays se multiplient partout en Europe.

4 - T2A = tarification a l’activité. La cotation de l’accouchement est calculée selon la durée de séjour. Moins de 72 h (il me semble. si des hospitaliers pouvaient confirmer...) et la somme versée à l'établissement est drastiquement diminuée.


 

 

 

20 octobre 2011

Prolixe

 

Elle ne me parle pas, elle m’envahit…
La simple question des antécédents familiaux libère une vague d'histoires plus ou moins sombres, de la mort du grand père qui fumait trop à la constipation de la cousine. Je tente d’interrompre le flot de parole, précise mes questions, explique l’inutilité de fouiller sa mémoire pour me rapporter d'improbables détails.
C’est peine perdue.

Elle poursuit son monologue, rebondissant des aléas familiaux à ses difficiles conditions de travail en passant par une longue incursion météorologique car son métier lui impose de passer ses journées dehors. Elle enchaine sur ses maternités, ses accouchements rapides mais douloureux, s'attarde sur ses obligations professionnelles qui l’empêchent d’accompagner ses petits à l’école. Arrive ensuite un cortège de douleurs diverses et variées totalement hors de mon champs de compétence, ce que je tente, sans succès aucun, de lui faire entendre.

Je commence à penser que son médecin ne lui a prescrit cette rééducation que pour clore sa logorrhée et s’en délester sur quelqu'un d’autre ; la sage-femme, elle, aura bien le temps...

Je ne retrouve dans tous ses symptômes aucun motif justifiant une rééducation périnéale. Je tente encore quelques questions "ciblées" qui déclenchent une nouvelle vague de récits. Je ne peux plus placer un mot. Ma tentative de dossier est un champ de ruines, se résumant à quelques informations glanées au détour d'une phrase et une longue liste de maux divers, imprécis, inétiquetables... 

Mon retard et mon exaspération s’aggravent inéluctablement... je capitule.

Et me résout - enfin - à simplement l’écouter. Se dessine alors l'histoire d'une jeune femme solitaire. Ses conditions de vie sont rudes, son travail pénible, ses contraintes familiales pesantes et son compagnon exigeant... Elle assume tout cela au quotidien, sans aucune échappatoire possible et sans jamais d'occasion de voir ses difficultés reconnues.

Je commence à comprendre quelle sera ma fonction.

 

 

13 octobre 2011

Cherchez l’erreur…


Ces derniers temps, la presse abonde (tout est relatif) d’articles dithyrambiques sur de nouvelles maternités reconstruites, remodelées, recolorées… Dénoncer l’hypertechnicisation de la naissance semble devenir de bon ton. Réjouissons-nous de voir les médias s’enthousiasmer pour des naissances plus "naturelles", vécues dans d’agréables salles d’accouchement peuplées de ballons et de "lianes" pour le confort de la mère.
Ainsi cet article sur la maternité de Montfermeil.

Si je ne doute pas de la bonne volonté des sages-femmes travaillant dans ce service, je doute fortement de celle de la direction imposant un système "de centralisation des monitorings (...) que l’équipe médicale de la maternité peut ainsi suivre à distance".

Parce que l’équipe médicale, entendons nous bien, ce sont les sages-femmes. Jamais vu un obstétricien rivé devant un écran pour décompter les contractions ou calculer le rythme de base du cœur fœtal et analyser ses variations. Cette surveillance est assurée par les sages-femmes qui, lorsqu’elles détectent une anomalie, la signalent au médecin. En cas de doute celui-ci, compulsant plus ou moins attentivement l’accordéon de papier quadrillé de vert pale ou l’écran de contrôle, vient confirmer le diagnostic.

Il n'y a pas de poste de spécialiste "es analyse du rythme cardiaque fœtal", la centralisation de l’ensemble des enregistrements ne dégage donc en rien l’équipe de ce travail.
Cette organisation vient simplement souligner que le slogan "Une femme / une sage-femme" est vide de sens pour les administratifs.

Aux yeux des décideurs, la sage-femme fera tout aussi bien son boulot - et de façon plus rentable - en surveillant du coin de l’œil ce qui se passe dans les autres salles tout en étant auprès d’une femme… Si tant est que l'on peut réellement se consacrer à l'une en restant en permanence attentif aux autres.

Toute femme ayant vécu un accouchement en comptant sur ses propres ressources sait les phases de découragement où l'on se sent totalement dépassée. Le recours à la péridurale est alors une tentation envahissante. Dans ces moments de doute, l'accompagnement rassurant de la sage-femme peut tout changer ; le niveau de la douleur s’abaisse, celui de la confiance remonte... et c’est reparti. Mais comment repartir sans soutien ?

Les lits ronds et roses, les ballons ronds et bleus, les écharpes roses et douces ne sont que poudre aux yeux si les équipes ne sont pas en nombre suffisant. La douleur et le stress se payent cash et le risque est de voir pulluler des statistiques démontrant l'inanité des ces équipements car les taux de péridurale et d'intervention restent inchangés...

Alors, oui à des maternités design, confortables et colorées mais pas sans sages-femmes DISPONIBLES !

 

 

10 octobre 2011

Viril

 

Ils espèrent un nouvel enfant et celui-ci se fait attendre… comme le rendez-vous avec le gynécologue se fait attendre aussi, ils ont souhaité venir me voir, "pour faire le point" me dit-elle.

Le point sera rapidement fait. Une heure pour convenir avec moi que je ne suis pas la personne compétente en la matière, ce que je lui avais précisé lors de la prise de rendez-vous mais elle avait insisté.
Une heure et une consultation que je ne ferai pas régler parce que cela me mettrait mal à l’aise (puisque je ne suis pas la personne compétente…)

Une heure quand même pour évoquer leur désir d’enfant, la pression mise par la famille, les aléas divers de la vie qui font que, peut-être, ce bébé n’arrive pas du fait de quelques casseroles plus ou moins conscientes que le couple doit régler auparavant.

Une heure enfin à tenter de comprendre ce qui s’était passé lors de la première grossesse qu’elle décrit comme compliquée et très suivie. Elle affirme avoir tout oublié de ses difficultés précédentes pour n’en garder que le meilleur, son enfant !
Quels symptômes ? Ca n'allait pas fort. Quels bilans ? Elle ne les a pas. Quels traitements ? Elle ne sait plus vraiment, "une boite blanche avec une bande verte je crois"…

De cette marée d’approximations, doutes et hypothèses émerge une seule certitude, celle de son compagnon lançant fièrement "Moi, mes spermatozoïdes sont en bétons... et d’ailleurs, j’en ai plus que la moyenne ! "

Et dans son œil, toute la conviction de la virilité affirmée.

 

 

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6 octobre 2011

Retour de manif

 

Voilà, nous étions à nouveau dans la rue mardi pour défendre notre profession, tous réunis sous ce mot d’ordre "Sages-femmes malmenées, naissances en danger".

Encore une manifestation joyeuse, désordonnée… et sans banderole. Ne la cherchez pas sur les images, personne n'a réussi à retrouver la bannière de l’intersyndicale, trop soigneusement rangée en mai dernier !

Nous sommes donc partis, parés de roses accessoires - code couleur pour être mieux identifiés - défiler dans les rues de Paris.

Nous étions -hélas- moins nombreux que le 12 mai dernier mais quand même assez pour ne pas avoir l’air ridicule : 1600 selon la police, 3000 selon les organisateurs (ou plusieurs centaines selon la version quelque peu réductrice du Nouvel Observateur  !)

Nettement plus nombreux par contre étaient les médias. Les demandes d’interviews tombaient de tous cotés et beaucoup on pu y aller de leur petit laïus… Mais entre ce que nous avons pensé dire et ce que nous avons effectivement dit, le message que nous voulions adresser et celui qui a été reçu, il peut y avoir comme un décalage...

Aussi, ne mégotons pas, je vais faire passer le mien de message ; celui que j'ai résumé en 20 secondes chrono (!) sur une radio, celui aussi que j’ai voulu transmettre à une charmante journaliste qui, comprenant soudain que je n’étais pas hospitalière, a baissé micro et caméra parce que "la problématique des libérales ne l’intéressait pas"…

J’étais dans la rue ce 4 octobre car je revendique une autre organisation de la périnatalité, orientant le suivi obstétrical et gynécologique des femmes en bonne santé vers les sages-femmes.

  • Ce que nous appelons le premier recours… la prise en charge pourrait, devrait, s'articuler autour des sages-femmes, compétentes pour le suivi de la grande majorité des grossesse, des accouchements et de leur suites, compétentes pour le suivi gynécologique de prévention, compétentes également pour dépister une pathologie et passer alors ce relais au praticien ad'hoc.

J’étais dans la rue parce que presque chaque jour, une femme me dit qu’elle découvre notre champs d'activité et que si elle avait su cela plus tôt...

  • Il y a 5 ans que l’assurance maladie nous promet "une communication forte en direction des usagers"… parait que c’est fait sur le site ameli. Je vous laisse aller vous y balader pour me dire ce que vous pensez de la mise en avant de notre profession.( je vous ai mâché le travail en sélectionnant la page "vous allez avoir un enfant")

J’étais dans la rue parce que nous n’avons pas la possibilité d’exercer pleinement notre métier

  • Les maisons de naissance sont annoncées depuis 1998 mais toujours pas autorisées alors quelles se développent partout dans le monde, l'ouverture des plateaux techniques, permise par les textes reste au bon (mauvais !) vouloir des établissements et l’accouchement à domicile, prôné dans de nombreux pays est honni dans le notre.

J'étais dans la rue parce que l’assurance maladie place de multiples chausse-trappes dans notre parcours, que les textes de lois s’empilent et se contredisent, que la mauvaise volonté de nos interlocuteurs est parfois criante ...

  • Certaines caisses nous dénient la possibilité de prescrire une rééducation abdominale après l'accouchement. La nécessité de cette rééducation s'évalue pourtant lors de la consultation postnatale que nous pouvons assurer. Nous avons tenté d’argumenter en citant un des textes (NGAP) régissant notre exercice qui précise "cette consultation doit permettre d’envisager la rééducation post partum". Réponse : "envisager n’est pas prescrire" !!!

J'étais dans la rue parce que la sécu nous demande, par exemple, d'assurer une consultation obstétricale pour 19 € et de gynécologie pour 17 € ...

  • Le tarif de la la plupart de nos actes est bloqué depuis 2002. Qui dit mieux ?

J'étais dans la rue parce que je suis solidaire de mes collègues salariés dont les conditions d'exercice se dégradent chaque jour un peu plus.

Enfin, surtout, j'étais dans la rue parce ce qu"au final, plus encore que les sages-femmes, ce sont les femmes, les couples et les bébés qui sont malmenés par la déshumanisation de notre système de soin.

Voilà pourquoi ce mardi, je marchais aux cotés d'une "usagère" et de sa toute petite fille militant à sa manière en dormant paisiblement malgré nos slogans, nos chants et nos coups de sifflets !
Sans aucun doute déjà acquise à notre cause commune...

 

 

 

 

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