Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dix lunes
12 octobre 2009

Drôle de nom

Elle raconte son accouchement et veut me préciser qui était la sage-femme qui l’a accompagnée.
« Un drôle de prénom, je ne m'en souviens pas  mais il était bizarre…  Ah si, elle s’appelle Elisabeth ! »
Puis après un bref silence,
« Comme ma mère ».

Publicité
Publicité
6 octobre 2009

Le besoin et l'envie

Première rencontre. Je lui demande quelles sont ses attentes et elle répond aussitôt "Apprendre à pousser ! La dernière fois je n’ai pas su faire. J’avais envie de pousser tout le temps mais ça n’avançait pas".

Cette envie de pousser – il serait plus juste de parler de besoin - entraine des efforts spontanés, irréfléchis et efficaces, ce qui ne correspond ni à l’inutilité décrite et ni à sa demande d’apprentissage.

J’insiste donc un peu. Elle n’arrivait pas à pousser pendant les contractions.
"
Mais vous disiez avoir envie de pousser tout le temps ?   
- Non pas tout le temps, c'est la sage-femme qui me disait
 quand ...
Son homme s’en mêle Oui, et tu faisais n’importe quoi "

Le souvenir est confus mais visiblement douloureux.
J’évoque alors la différence entre la simple sensation d’appui et le besoin irrépressible d’accompagner la descente du bébé, la nécessité d’accepter le "départ" de l’enfant pour sentir ce besoin et avoir une poussée efficace.

Finalement, il s’agissait d’un appui.

Elle raconte ce début de travail très lent, la rupture provoquée de la poche des eaux par la sage-femme, l’accélération brutale de la dilatation et la consigne de pousser qui lui est alors donnée.
Je souligne qu’elle avait peut-être imaginé une naissance plus tardive, qu’elle a pu être déroutée par cette rapidité, pas encore totalement prête à se séparer de son enfant.

Un grand sourire  "C’est tout à fait ça !"
D’ailleurs, elle a eu bien du mal dans les semaines suivantes avec la sensation de ventre vide, l’absence de mouvements…

C’est peut-être pour cela qu’elle est de nouveau enceinte, moins de 6 mois après la naissance de son ainé.

 

 

 

17 septembre 2009

Premiers pas

Nurserie de la maternité.
Pour la première fois, elle fait la toilette de son nouveau-né. Novice et maladroite, elle soutient son enfant dans le bain tiède en l’empoignant par le cou. Son anxiété rend ses gestes impulsifs, imprécis, et son tout-petit risque alternativement noyade et strangulation.

Une auxiliaire de puériculture est à ses cotés pour l’accompagner dans ses premiers pas de mère. Délicatement, jamais en imposant, toujours en suggérant, elle l'invite à déplacer sa main. « Peut-être aimeriez-vous…? », « Seriez-vous plus à l’aise si…? ». Tout doucement, le geste est corrigé, la tête de l’enfant se pose au creux du poignet, la main entoure le bras gracile sans risquer de lâcher prise… la mère se détend et commence à prendre plaisir à ce premier bain.

A aucun moment, cette jeune femme n’a pu se sentir accusée ou même soupçonnée d’incompétence.
Bien au contraire, une confiance renforcée dans sa capacité maternelle lui a été offerte par cette présence respectueuse ; précieuse réassurance qu’elle emportera avec elle.

11 septembre 2009

La peur du vide

Elle raconte l’échographie de contrôle demandée pour suspicion de rétention placentaire. Au final, tout va bien.
A un détail près... «j’ai un trou dans le ventre».

Elle décrit l’écran noir et figé, si différent de la dernière fois lorsqu'elle y voyait son bébé s'agiter, facile à repérer par le contraste de l'ossature blanche sur le fond sombre.

C'était il y a un mois et maintenant, cet écran noir vient lui signifier la fin de sa grossesse.

Si tout va bien pour elle, si son bébé grandit paisiblement, si ce post partum se passe sans souffrance et sans dépression, il n'en reste pas moins ce trou de l'image échographique qui la renvoie sans ménagement au vide de son utérus...

8 septembre 2009

Adaptation

Elle revient pour sa consultation postnatale. Elle est pimpante, toute de rouge vêtue.
Au rituel « comment allez-vous ? » elle répond que tout va pour le mieux. Une ombre cependant, elle reprend le travail dans quelques jours et doit laisser son bébé en garde. Il y est d’ailleurs en ce moment car elle fait une «adaptation progressive».*

Mais ces premières séparations lui sont difficiles.
Elle décompte les heures, plus que deux, plus qu’une, tourne en rond sans savoir comment occuper son temps et n’a qu’une seule hâte, le retrouver…

Dans un éclat de rire, elle concède «je crois que l’adaptation progressive, ce n’est pas pour lui, c’est pour moi !»

*Courtes périodes répétées chez l’assistante maternelle qui permettent à l’enfant d’apprendre à la connaitre.

Publicité
Publicité
30 août 2009

Saut temporel

En préparation à la naissance, le groupe échange sur l’allaitement maternel et la première tétée. Je souligne l‘importance de laisser le bébé trouver le sein en le laissant en peau à peau avec sa mère. Je précise qu’il faudra cependant un petit temps « d’atterrissage », nécessaire à la mère comme à l’enfant, avant que celui-ci ne se mette  à téter.

Elle n'est pas tout à fait d'accord et évoque la naissance de son premier enfant.  Elle explique tout en le mimant, «j’ai tendu les bras pour l’attraper, je l’ai posé contre moi et immédiatement, il a pris le sein».

Bien que peu probable, cette approximation  serait sans importance si nous n’étions en groupe. Les autres parents pourraient se tracasser de la « lenteur » supposée de leur nouveau-né ; je  remarque simplement que cette rapidité n’est pas habituelle.

Elle insiste, vraiment, son enfant n’a eu besoin d’aucun délai, à peine sorti et déjà branché au mamelon.
Pour finir de nous convaincre, elle complète son témoignage. Baissant le regard vers un bébé virtuel en arrondissant les bras autour de lui, elle ajoute «je le revois encore avec son petit bonnet sur la tête».

26 août 2009

Cheval de Troie

Elle s’est fait poser un implant contraceptif  il y a deux mois.
Elle en est très mécontente, lui reproche d’avoir tari son lait et de mettre ses cycles en vrac avec des saignements abondants et ininterrompus.
De plus, elle souhaite débuter une autre grossesse prochainement.

Avec un  projet d’enfant  simplement différé de quelques mois, l’implant n’est a priori pas la première méthode contraceptive évoquée. Mauvaise communication avec le prescripteur, changement de cap, je ne sais mais ce n’est plus le moment de s’y pencher.

Elle le dit et le répète, il faut lui retirer ce «truc» au plus vite. Mais tout le monde se défile ;  le médecin traitant «ne s’occupe pas des implants», les autres généralistes refusent car ils ne la connaissent pas, sa gynéco médicale est «contre les implants», pose ou dépose, les autres gynécos, débordés, n’acceptent aucune nouvelle patiente, et l’obstétricien qui a effectué la pose ne veut pas lui donner de rendez-vous avant quelques mois.*

Alors, elle appelle au secours « sa » sage-femme.
Quand j’explique que le retrait d’implant ne fait pas partie de nos compétences, elle me répond qu’elle le sait déjà mais que cela fait  x coups de fils passés un peu partout et qu’elle ne sait plus vers qui se tourner.

Ma stratégie sera pauvre : étudier avec elle les arguments à mettre en avant pour qu’un rendez-vous lui soit rapidement accordé.
Nous tombons d’accord sur le fait que le retrait d’implant n’est pas une urgence et qu’il vaut mieux insister sur l’abondance des saignements qui l’inquiète (réellement).
Une fois dans la place, elle pourra négocier l’ablation…

*certainement veut-il ainsi respecter un délai de 6 mois, délai permettant souvent aux saignements intempestifs de cesser.

NB : ce billet date un peu. La compétence des sages-femmes pour la pose et le retrait des implants a été clairement affirmée en  juillet 2012. Seul le fournisseur semble trainer la patte pour modifier l'AMM (autorisation de mise sur le marché) qui cite  les médecins mais omet les sages-femmes.

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Publicité