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Merci les médias, quand je suis en mal d'inspiration, un petit article et ça repart.

Cette fois-ci, l'article est titré "La vraie histoire du sexe après l'accouchement". Je le lis, bougonne doucement. Il la joue un peu hussard le Dr Harvey ! Le vagin ne sera plus jamais comme avant, ça a l'air de signer la fin d'une époque : bonjour la parentalité, adieu l'orgasme.
Mais si le propos est un peu rude, dénoncer le ronronnement médiatique - qui aime à laisser croire qu'une grossesse est une location de neuf mois restant sans effet dès le départ de l'occupant - est salutaire.

Pour autant est-il normal de penser Plus jamais mon mec ne me touche ? Ce n'est pas ce que j'entends des femmes que je rencontre au quotidien même si rien n'est simple. Fatigue, manque de disponibilité, peur d'avoir mal et/ou de ne pas retrouver le plaisir sont des sujets récurrents dans les semaines suivant la naissance… L'arrivée d'un enfant bouleverse tous les aspects de la vie et il faut se laisser le temps de s'y adapter. Ce n'est sûrement pas assez dit.
Admettons qu'il faille un peu charger la barque pour que le message soit clairement audible.

Mais la barque coule aux paragraphes suivants. 

Mon vagin était devenu un hall de gare. Pourquoi  présenter l'envahissement des examens comme un incontournable ? Les touchers vaginaux sont le plus souvent inutiles lors de la grossesse et ne devraient pas se multiplier pendant un accouchement. Par ailleurs, une femme peut être examinée avec respect, douceur, en ayant attendu son autorisation. Ou l'on peut considérer son corps comme un domaine public, entrer dans une salle de travail sans prononcer un mot, enfiler un doigtier et fourrager brutalement en oubliant qu'il y a un être humain de l'autre côté du plastique. N'est-ce pas plutôt cela qu'il faut dénoncer ?

Pendant l’accouchement, la sage-femme rentre l’avant-bras dans ton vagin pour voir où en est ton col. Que nenni, l'index et le majeur suffisent grandement, pas besoin de l'avant-bras ! Pourquoi véhiculer ce genre d'image sinon pour conforter la "goritude" de la chose ? 

S’ajoutait à cette sensation un accessoire peu glamour mais obligé : pendant un mois après la naissance de son bébé, elle a porté constamment des couches, de très grosses serviettes. Effectivement la couche épaisse manque un tantinet d'élégance. Mais cela ne concerne que les premiers jours, ensuite les pertes diminuent et les protections se font plus discrètes. Alors oui, pas de tampons en postnatal immédiat (le glamour du fil qui dépasse ?) pas de moon cup non plus… Saigner est un aspect de la vie des femmes, tout simplement.

Les médecins recommandent d’attendre au moins quinze jours avant la reprise des rapports. Personnellement, je ne recommande rien sinon d'attendre d'en avoir envie et de prendre du temps ensemble ; pas forcément pour se grimper dessus, juste le temps de la tendresse, parce que le désir émerge rarement entre des pleurs à apaiser et un sac poubelle à descendre...

On nous sert ensuite les inévitables exemples de ceux pour qui ça n'est jamais reparti. L'arrivée d'un enfant ne soude pas un couple, ne le détruit pas non plus. Mais elle aiguise toutes les aspérités. Si ça n'allait pas très bien avant, ça ira rarement mieux après et ce n'est pas l'accouchement en lui-même qui est en cause.

Ce qui m'irrite au final, c'est que cet article écrit en filigrane qu'une nana n'est désirante et désirable que mince, tonique et aménorrhéique ; que tout changement corporel est forcément assassin pour le désir ; que récupérer d'un accouchement, c'est perdre ses kilos, masquer ses vergetures et remonter ses seins. Bien la peine de citer le Beautiful Body Project ! *

Je vous invite à ré(?)-écouter cette chanson de Moustaki magnifiquement interprétée par Reggiani (avec du Baudelaire en prime)

 

*extrait du volume 1 consacré aux mères

 

PS : j'ai volontairement omis plusieurs questions évoquées dans cet article car elles méritent à elles seules un billet. A venir... ?