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Dix lunes
7 décembre 2010

Ejectés

L’académie de médecine s’inquiète des sorties précoces de maternité, sources de complications potentiellement graves pour les enfants.
Stairway, lectrice, m'a gentiment demandé d’expliquer que les académiciens ont tort… ça ne va pas être possible.

Effectivement, l’ictère est le plus souvent banal chez le nouveau-né mais il peut évoluer vers des complications graves, heureusement très exceptionnelles. Ces ictères peuvent se traiter à condition d’être dépistés. Le premier niveau du dépistage, simple, évident, est de surveiller la couleur de la peau.
Encore faut-il que quelqu’un s’en préoccupe…

Ce qu’il faut dénoncer, ce ne sont pas les sorties précoces mais la pénurie de lit en maternité amenant les équipes à mettre à la porte mères et bébés de plus en plus rapidement.
L’académie de médecine ne dit pas autre chose quand elle s’inquiète «de la pression administrative pour une sortie de maternité de plus en plus précoce, parfois sans avis pédiatrique et sans information adéquate des parents ».

Par manque de place et par manque de personnel, de nombreuses femmes quittent la maternité dès le deuxième ou troisième jour, sans qu'aucun accompagnement ne soit envisagé. La seule consigne donnée est de voir un médecin pour la consultation prévue en fin de mois. Dans le meilleur des cas, il sera proposé de prendre rendez-vous avec la PMI ou une sage-femme libérale, mais ce sera aux parents de faire la démarche. Dans les premières semaines, ils se retrouvent seuls, démunis et débordés. Au point d'hésiter à aller consulter, appréhendant un avis professionnel qui viendrait souligner leur incompétence supposée.

Une sortie précoce, c’est tout le contraire. C’est d’abord un choix, si possible préparé en amont, par une famille qui a envie de se retrouver rapidement dans le cocon de son foyer, de vivre à son rythme, de s’occuper de son enfant sans les contraintes imposées par la gestion des établissements.
C’est une famille qui a organisé ce retour afin que la mère puisse se reposer, en n’ayant d’autres soucis que de prendre soin d’elle même, materner son tout petit et câliner les ainés quand il y en a.
C’est une famille sachant qu’elle peut compter sur le soutien d’une sage-femme passant quotidiennement les premiers jours.
C’est une sage-femme attentive au bébé, observant son éveil, son tonus, sa croissance et … la couleur de sa peau.
Lorsque cette sage-femme est connue avant la naissance, le suivi postnatal fait lien avec celui de la grossesse. Dans cette évidence de la confiance installée au fil des mois, les questions se posent, les inquiétudes se dénouent, les gestes s'affirment.

En quelques dizaines d’années les séjours en maternité de plus d’une semaine se sont réduit à un passage éclair, sans pour autant généraliser le suivi à domicile. La rentabilité des établissements est à ce prix mais quel en est le coût réel ? Des ictères gravissimes ? Peut-être, je n’ai pas trouvé de données françaises sur la question (mais je n’ai pas beaucoup cherché). Mais que penser des arrêts précoces d’allaitement, des dépressions sournoises, des troubles de la relation mère enfant, des couples en difficulté devant des pleurs incompréhensibles ?

Ces complications là sont moins visibles, moins explosives. Sont elles moins couteuses ? Le soutien social est un élément essentiel du bien être postnatal. Dans une société du chacun pour soi, quel mal faisons-nous en pensant suffisant qu’une mère et son bébé quittent la maternité en bonne santé ?


Rien à voir : j'ai déjà écrit ici sur ces lieux "alternatifs" qui sont en train de disparaitre. L'une de ces équipes se bat pour préserver ses valeurs et met en ligne une pétition. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, c'est une maternité et non une maison de naissance. Mais toute son histoire s'est construite - jusque dans un passé récent - sur le profond respect des parents venant y accoucher.

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Commentaires
M
Ejectée.... c'est exactement ça, c'est ce qu'ont pensé toutes les personnes qui m'ont vue sortir de la mat à J5 après une césarienne en urgence sur hémorragie.... <br /> Alors oui je me remettais bien, oui c'était mon 2ème bébé, oui je suis infirmière et oui je tournais en rond car ma fille et mon mari me manquaient.....<br /> et oui encore je ne pouvais rien faire et j'étais épuisée et douloureuse, oui je pleurais tous les jours parce que je ne digérais pas cette naissance, oui j'ai engorgé et fait une lymphangite à J7 m'obligeant à arreter d'allaiter apres 4 jours à 40°C de température....<br /> oui finalement j'ai frôlé la dépression post natale et je n'en suis pas encore sortie et je crois qu'on peut considérer sans en rajouter que j'ai été éjectée.<br /> Et pourtant, le service n'était pas plein, et bien d'autres mamans pour qui tout allait très bien auraient bien voulu rentrer chez elles parce qu'elle n'avaient pas l'impression que l'hospitalisation était justifiée.
C
pour ranou, je suis persuadée aussi que le fait pour le ou les ainé(s) de ne pas avoir de séparation avec la mère les aide à moins en vouloir au bébé de les priver de leur mère, ce à quoi il(s) les associent si la mère reste 5 jours à la clinique à ne se consacrer qu'au nouveau-né. bien sûr ce n'est que mon avis sur la question et je n'en fait pas une généralité. j'avoue qu'ayant connu deux césariennes sur trois naissances et sachant que mon prochain prévu en mai naitra forcément par césarienne, j'idéalise fortement les accouchements dans l'intimité et la chaleur de son domicile, seulement entourée par sa sage femme et son époux.
R
C'est tout le problème francais d'éjecter certaines mamans et d'exercer une prise d'otage sur celles qui souhaitent sortir plus tot.<br /> <br /> Pour mon premier je voualis une sortie hyper précoce (préparé avec ma SF libérale) si toutes les conditions étaient réunies et elles l'étaient: accouchement physio sans péri d'un bébé eutrophe de 3300g à 40 SA. Je suis A+, pas porteuse de strepto B, rupture spontanée de la poche des eaux à dilatation complète, 5 minutes avant la naissance. Délivrance naturelle complète, peu de saignements, périnée intact: peut on mieux faire????? il était OU le risque???<br /> <br /> Dans l'absolu, j'aurai souhaité sortir 2h après l'accouchement.<br /> le mieux que j'ai pu avoir c'est de sortir le mercredi matin après avoir accouché un lundi après midi: et encore c'est parce que je suis moi même SF, ca les a "rassuré un peu".<br /> Résultat: après un accouchement de 10h sans péri j'étais vanée par le rythme imposé à l'hopital, je n'arrivais pas à dormir parce que j'avais l'impression d'être au boulot (d'autant que ma chambre était collé à la salle de naissance et que j'écoutais le rythme des monitos!). La journée je m'ennuyais,mon mari nous manquait le soir et lui était frustré de ne pas vivre les nuits (un peu folklo) avec son bébé et de ne pas pouvoir me relayer.<br /> En plus personne ne s'est vraiment occupé de moi parce que "j'étais sage-femme justement".<br /> <br /> Bref, on ne voulait pas me laisser sortir par ce que "même si vous êtes SF, vous ne savez pas tout sur les bébés", mais par contre on ne s'occupait pas de moi ou de mon allaitement parce que "vous savez comment on fait hein, vous êtes du métier..."<br /> <br /> Mon deuxième est né à la maison,je me suis sentie en pleine forme, mon mari s'est toujours levé pour aller changer le petit ou me l'apporter pour la tétée. Il me faisait de bon petit repas, et le lendemain de la naissance j'ai fait la grasse mat jusqu'à midi.Rien à voir!<br /> <br /> Pour répondre à Maman sur terre: Comme tinote je ne pense pas qu'une rupture franche soit nécessaire non plus. L'arrivée de notre deuxième enfant s'est inscrit vraiment dans un processus familial hyper simple. Mon grand (2ans à l'époque) savait qu'il allait etre grand frère, et un jour le bébé est arrivé, pour lui c'était logique, il a été le voir comme s'il l'avait toujours connu... et les relations entre eux ont toujours été super douces.
T
MAyolin : perso je n'ai pas trouvé le séjour à la maternité super reposant : les allées et venues, le fait de ne pas être dans ses murs, le passage des sages femmes, aides soignantes, personnel d'entretien, le bruit dans les couloir, le réveil vers 7h pour tension et cie... les repas corrects mais sans plus... bref, j'avoue que le séjour à la maternité me plaisait pour l'aspect humain, discuter avec les sages femmes.. et aussi une sorte d'entrée en société de mon enfant, mais le reste, bof bof...
K
Mon humble expérience d'unique accouchement et séjour à la maternité. Accouchement déclenché pour cause de Strepto sans péridurale (de ma volonté), bb en pleine forme, pas d'ictère, regain de poids, maman en pleine forme. Le pédiatre n'a consenti à nous laissé sortir qu'à J5… Ma mère ne pouvant rester plus longtemps chez moi et mon ami ayant des obligations professionnelles ne pouvait pas non plus être présent au-delà je me suis retrouvée seule à la maison avec bb le jour de ma rentrée au domicile… Si j'avais pu sortir plutôt j'aurai pu être plus entourée.<br /> On a survécu mais je me suis sentie bien seule.
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