Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dix lunes
11 décembre 2010

Salve 1

Décidément, l’Académie de médecine s'intéresse beaucoup à l’obstétrique ces derniers temps. Un nouveau communiqué vient s'opposer à l'expérimentation des maisons de naissance avec des arguments… irrecevables.

Le premier concerne l’absence d’hospitalisation qui "peut générer des conséquences très graves tant pour la mère que pour l’enfant"
Rappelons que pour être suivie et accoucher en MDN, une femme doit être en bonne santé, présenter une grossesse normale, accoucher sans difficulté et à terme. De plus, mère et nouveau-né ne pourront quitter la MDN qu'après quelques heures de surveillance et l'assurance que l'un et l'autre vont bien.
Enfin, la sortie est préparée, ils sont entourés par famille ou amis qui veillent à leur bien être et peuvent faire appel à la sage-femme à tout moment ; sage-femme qui passera très régulièrement et au moins quotidiennement les jours suivants.
Tout cela me semble beaucoup plus sécuritaire que ce que vivent nombre de mères et de bébés quittant rapidement la maternité, sans suivi, sans garantie d’avoir un soutien à leur domicile et quels que soient leurs antécédents … Non ?

Mais nos académiciens s’inquiètent également du partage des responsabilités. "En cas de transfert vers le service de gynécologie obstétrique, qui sera considéré comme responsable, la sage femme ayant suivi la grossesse et le travail ou l’obstétricien ayant terminé l’accouchement par une pose de forceps ou une césarienne ? "
Je l'ai déjà écrit ici, cette situation est excessivement banale. Dans toutes les maternités, toutes les surveillances sont confiées aux sages-femmes, charge leur étant donnée de dépister les éventuelles complications pour les référer à l’obstétricien…
Est ce mon habituel mauvais esprit ou faut-il comprendre que c'est l'indépendance de sages-femmes exerçant leurs compétences de façon autonome qui est redoutée ?

Et que dire des "solutions" proposées ?

La création d’espaces physiologiques est une excellente idée qui aurait pu se développer depuis…une génération !
La maternité mutualiste de Nantes (je profite de l’occasion pour rappeler qu’il y a une pétition à signer ici) a par exemple ouvert ses portes en 1987 avec deux salles physiologiques, murs plaqués de bois, baignoire et bassin, matelas au sol et tabouret d’accouchement…  Rien n’est plus simple que de créer ces espaces. Mais cela ne suffit pas ; il faut aussi que l’équipe présente ait la disponibilité nécessaire pour accompagner les parents. La proposition de renforcer les effectifs est donc un corollaire indispensable.
Il faudra cependant faire remarquer à nos académiciens que la demande des couples est aussi celle d’une prise en charge globale, par des professionnels connus bien en amont de la naissance.

Quand à la suggestion d’ouvrir les plateaux techniques, j’hésite entre rire et pleurer… D’abord parce que c’est possible depuis 1991 mais que les établissements se montrent plus que réticents. Surtout parce que cela ne répond en rien aux deux objections soulevées dans le communiqué ; maison de naissance attenante ou plateau technique, la situation serait identique :
- l’accouchement en plateau technique se fait en ambulatoire ; aucune hospitalisation n'est prévue ensuite.
- quant au partage des responsabilités, il est encore plus flou puisque l'éventuel relai n'est même pas marqué par un changement de lieu.
Au final, la volonté ne serait-elle pas d'assujettir les sages-femmes, et à travers elles les femmes, à l’autorité des médecins ?
Compétentes : oui
Responsables : à 100%
Mais autonomes… Non !

Enfin je m’étrangle sur la mention "privée" ? Ainsi, ce type d’accompagnement ne mériterait pas d’exister dans le public. Est-ce une façon de botter en touche en libérant les hôpitaux de cette "contrainte" ou un service rendu au privé en lui procurant de nouvelles clientes ?
Dans le privé, ce ne serait soudain plus un problème de risque, ni de responsabilité, juste un problème de fric ? Je m’étrangle vous dis-je !

PS : 60 députés de l’opposition ont saisi le conseil constitutionnel le 1er décembre en demandant le contrôle de constitutionnalité de la loi de financement de la sécurité sociale 2011. L’article 40 ne semble pas ciblé particulièrement. A suivre...

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Une question: y a t il des stats sur le nombre de recours légaux contre des SF libérales dans le cas d'AAD. J'ai dans l'idée que si ce taux est équivalent ou moindre, cela signifie peut être que les SF libérales savent établir une communication et avoir une attitude qui instillent la confiance en leur compétence. Si la naissance ne se passe pas idéalement, les parents confiants ne feront pas un procès, persuadés que les aleas de la nature sont plus en cause que les gestes de la SF. Il ne reste plus aux établissements, MdN ou maternité, à prendre exemple et établir un tel dialogue.
M
Tout à fait d'accord avec ce qui a été dit. Un peu de cohérence ne ferait pas de mal. Il est temps de considérer de la même façon les SF libérales et celles qui travaillent en maternité. <br /> <br /> Je savais pas qu'il existait cette structure à Nantes ... si j'avais su ! (j'ai accouché à Rennes)...
G
Right, ça y est je vous suis ;-) merci d'avoir pris le temps de préciser votre pensée.<br /> Et je vous suis également dans la conclusion qui s'impose : ce n'est pas acceptable...
1
Non Gélule, ce n’est pas ça. Je tente d'être plus claire.<br /> En MDN comme à l’hôpital, TOUT passage de relais pose la question des responsabilités respectives des différents acteurs, en particulier SF et G-O.<br /> Clairement, ce qui inquiète les obstétriciens, c’est de devoir assumer les erreurs des SF. <br /> Cette interrogation est légitime en tout lieu.<br /> Mais lorsqu’elle n’est posée que pour les MDN (plus les accouchements à domicile et les accès au plateau technique) alors j’insiste, c’est bien de l’autonomie des SF qu’il est question. <br /> Notre liberté n’est pas tolérée et nous fait immédiatement suspecter d’incompétence.<br /> Et cela n'est pas acceptable !
G
Je crois que je comprends ce que vous voulez dire par indépendance des SF.<br /> La différence entre MDN + transfert ou tout sur place à l'hôpital, en cas de complication serait dans le 2e cas responsabilité "assurantielle" pour le service dans son ensemble (SF et gynécos), mais dans le 1er : la SF ou le gynéco? Ce qui sous-entendrait, si l'on ne peut pas prendre ce "risque"-là vis-à-vis des assurances, que les SF ne sont pas responsables, donc autonomes et donc indépendantes.<br /> Ai-je bien compris?<br /> Désolée si j'essaie de préciser, le débat me semble intéressant (étant bien sûr convaincue de la nécessité de la création de ces MDN!)
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Publicité