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Dix lunes
3 février 2012

Cinéma

 

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Magazine de la santé, mercredi 1er février. Reportage sur le prado (dixième minute). Il débute par des images du passage à domicile de Julien, sage-femme libéral*, qui expose brièvement le contenu de ses visites.  Une conseillère de l'assurance maladie rappelle ensuite que cette possibilité existait déjà mais que "les femmes n'en étaient pas correctement informées".

L'intervention suivante est ainsi annoncée : " Le prado fait pourtant grincer des dents, en particuliers les médecins totalement exclus des négociations".

Voici le texte intégral - je ne voudrais pas le dénaturer en le coupant - de l'intervention du Dr Jean Paul Hamon, président de la FMF (Fédération des médecins de France). 
" Il faut au moins qu'il y ait une auxiliaire de puériculture, il faut au moins qu'il y ait une visite de médecin qui puisse examiner la mère, il faut au moins qu'il y ait une visite de médecin ou pédiatre ou d'une personne qui a l'habitude des enfants en bas âge pour prendre en charge cet enfant. Il faut arrêter, il faut arrêter de penser que la sécurité sociale peut faire des économies sur tout et n'importe quoi sans consulter personne."

Pour en saisir tout le sel, il faut imaginer ces quelques phrases proférées avec le ton immensément las de celui qui répète les mêmes évidences depuis des années... 

Voilà donc un monsieur qui déplore de ne pas avoir été consulté pour la mise en route d'une prise en charge qui ne le concerne pas. Au risque de me répéter lourdement, les femmes sortent de maternité comme elles le faisaient avant ce programme mais il leur est proposé d'accompagner leur retour par deux visites (ou plus si nécessaire) de sage-femme.

Le Dr Hamon en appelle à l'auxiliaire de puériculture pour - j'imagine - prendre  soin du bébé, au médecin traitant pour l'examen de la mère et au pédiatre -ou "à toute personne habituée aux enfants en bas âge" (sic) - pour examiner l'enfant.

J'ai une bonne nouvelle pour le Dr Hamon, une sage-femme fait tout cela à la fois, peut y consacrer plus de temps et coûtera 30% moins cher à la collectivité**.
Je serais moins acide si je pensais que derrière son intervention se cachait un réel souci des femmes et des enfants. Mais le ton et les "arguments" employés (ainsi que les propos tenus par le même Dr Hamon en décembre 2011 ) démontrent le contraire.

Par ailleurs, avant que le post partum immédiat ne devienne un enjeu de territoire, qui a vu médecin généraliste ou pédiatre envisager de se déplacer deux fois à domicile en quelques jours pour une femme ou un enfant sans pathologie avérée ? Loin de moi l'idée de le leur reprocher, ce n'est pas leur rôle. Et c'est bien là tout l'intérêt de la collaboration entre médecins et sages-femmes qui peuvent proposer des approches parallèles et complémentaires.
 
Monsieur Hamon, les sages-femmes n'exercent pas sous tutelle.
Respectez notre profession, reconnaissez nos compétences, notre autonomie d'exercice, de diagnostic, de prescription... Nous ferons alors du bon travail ensemble.

 

*je remarque encore une fois la sur-réprésentation de mes collègues masculins dans les reportages.

**Visite médecin = 23 € +10 € de déplacement, consultation pédiatrique = 28 € +10 € (sans compter l'auxiliaire de puériculture, ce métier n'existant pas en libéral) soit un total de 71 €.
La visite d'une sage-femme libérale coûtera à l'assurance maladie 42.40€ + 3.81€ de déplacement soit 46.21€.

NB : le CNGOF a publié un communiqué plus modéré critiquant l'intervention du conseiller de l'assurance maladie. Il suggère d'autres utilisations des budgets, comme la création de TISF. Sur ces deux points, il rejoint la position des sages-femmes. Par contre, il égratigne les libérales et s'offusque de la publicité donnée à notre profession à travers cette nouvelle organisation des soins...

©Photo

 

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Commentaires
A
Sans parler du fond... j'aime beaucoup l'illustration que tu as choisie pour ce thème où le bon sens semble parfois faire peu de poids par rapport aux "absolues nécessités" évoquées par certains... (et comme beaucoup, en effet, je n'ai vu aucun médecin lors de mes séjours à l'hôpital pour mes accouchements...)
L
merci pour votre réponse 10lunes. ;)
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In, ce n'est pas tout à fait la même chose sur le plan du statut : la puéricultrice (c'est une infirmière spécialisée et non une auxiliaire de puériculture) de PMI est salariée par le conseil général. Les PMI sont assez souvent débordées et contraintes de "prioriser" leurs visites (premier enfant, jumeaux, grossesses difficiles...)<br /> <br /> Mais sinon, OK avec toi, coté bébé, c'est équivalent au passage d'une sage-femme. (pas tout à fait coté maman)<br /> <br /> Dans ma ville, nous travaillons parfois en partenariat ou en relais, selon les situations et les besoins.
L
juste un petit commentaire à propos de l'auxiliaire de puériculture: quelle ne fut pas ma surprise il y a 3ans1/2 lorsque la puer de PMI de mon secteur m'a appelée pour venir me voir à la maison après la naissance de BB4, une visite au cours de laquelle elle a pesé l'enfant, on a parlé vie quotidienne, organisation, allaitement et mode de garde envisagé à la reprise du boulot, suite à quoi elle m'a envoyé la liste des assmat du coin... Bref un agréable moment, payé par le CG73 (j'habite en Savoie) et surtout une grande première pour moi puisque je venais de quitter Lille pour les Alpes. <br /> <br /> Donc ça se fait déjà, ce suivi, non? Pas partout visiblement!<br /> <br /> Je précise qu'à l'époque AAD prévu mais naissance en structure (la SF avait finalement pris ses vacances au moment prévu pour la naissance) et j'ai dû me battre pour un retour précoce à domicile alors que j'avais pris RV avec une SF libérale (autre que la SFAAD qui venait de loin) pour le suivi post-partum....
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Lepapillon: toutes les sages-femmes n'assurent pas ce suivi, toutes ne font pas non plus de consultation de grossesse ou de préparation yoga ou de suivi d'allaitement ou... chaque SF développe des activités et à tendance à en délaisser d'autres (pour ma part, je ne fais que très peu de suivi de grossesses pathologiques, seulement si j'y suis obligée parce que mes collègues sont débordées...). Cette sage-femme a donc raison de vous réadresser ailleurs puisqu'elle ne l'assure pas.. mais elle a tort de dire que nous ne sommes pas habilitées à le faire !!!!! <br /> <br /> Continuez à chercher en souhaitant qu'il y ait d'autres sages-femmes sur votre secteur.
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