Prix d'excellence
Il faudra que je pense à remercier le Syngof qui se montre attentif à mes pannes d’inspiration et me donne régulièrement - un peu trop - matière à billets.
Voici donc un nouveau communiqué tout poli tout lissé pour s’étonner «de l’appel lancé par l’ordre des sages-femmes incitant les femmes françaises à les consulter en gynécologie»
"L’appel" est pourtant plus que discret ; il ne s’agit que d’une page sur le site de l’ordre intitulée «Histoire de la profession» qui, entre autres éléments, cite la compétence accordée aux sages-femmes depuis juillet 2009 dans le suivi gynécologique de prévention.
Le Syngof lance des attaques récurrentes contre notre profession. Les arguments utilisés sont eux aussi récurrents. Mes réponses finissent par l'être tout autant.
J'aurais donc pu bouder ce énième avatar de "c'est qui qu'est le meilleur" si, dans sa volonté de convaincre, le Syngof n'avait pas usé d'un nouveau qualificatif à notre égard. Soudaine reconnaissance «Elles [les sages-femmes] excellent en salle de naissance ». Cette reconnaissance se tempère cependant rapidement par le «dévouement» qui suit. Chers confrères, plutôt que de dévouement, parlons de compétences. Je ne me dévoue pas à mes patientes, j’exerce mon métier. Et si j’y trouve de grandes satisfactions, abnégation et renoncement, grands compagnons du dévouement, ne font pas partie de ma vie.
Donc nous excellons en salle de naissance alors que l'année dernière, le même Syngof souhaitait «demeurer vigilant sur la sécurité de l’accouchement qu'elles [les sages-femmes] ne peuvent assumer seules». Loin de moi l'idée d'affirmer l'inutilité des obstétriciens. Mais la tournure de la phrase et le contexte du moment laissaient à penser que nous n'étions que de stupides exécutantes.
La lutte de territoire semblant se déplacer sur le terrain de la gynécologie, le Syngof nous accorde enfin toutes les qualités en obstétrique.
Quoique.. le petit lapsus de ce communiqué de presse prouve que rien n’est gagné. Nous excellons (permettez-moi de me régaler de ce verbe) mais «depuis toujours, les femmes françaises ont une relation privilégiée avec leur gynécologue - le "gygy" cher à Borée ? - ou généraliste pour tout ce qui concerne le suivi de leur grossesse ».
"Depuis toujours" est à la louche aussi précis que "ça fait bien longtemps", oublie l’histoire de l’obstétrique pratiquée par les ventrières bien avant que les arracheurs de dents (ancêtres des chirurgiens) ne viennent s’en mêler. L'imprécision du terme évite de s'interroger sur la répartition optimale des rôles entre sages-femmes et médecins. Mais surtout, cette affirmation convaincue élude une réalité : de plus en plus de femmes choisissent de s'adresser aux sages-femmes.
Le résultat de l'excellence sans doute...