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Dix lunes
20 septembre 2013

Alerte suite

 

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Je n'accompagne pas d'accouchement à domicile mais le dossier me tient à cœur.

Peut-être parce que j'ai failli (oui c'est un double sens propulsé par mon inconscient...) le faire et que la crainte du ghetto dans lequel se retrouvent ces sages-femmes fut un des motifs me faisant reculer.

Peut-être parce que la solidarité veut que l'on n'abandonne pas des collègues injustement piégées.

Peut-être parce que j'ai pu mettre un de mes enfants au monde à la maison, grâce une amie sage-femme salariée qui a bien voulu m'accompagner.

Mais surtout parce que défendre l'accouchement à domicile, c'est  aussi défendre le droit des femmes à choisir pour elles-mêmes (et les études démontrent la sécurité de ce choix).

Mais enfin, parce que défendre l'accouchement à domicile c'est défendre le respect de la physiologie.

Quand j'étais étudiante, nous apprenions encore les bassins rachitiques des femmes malnutries. L'échographie balbutiait et une mauvaise praticienne pouvait confondre grossesse à terme et grossesse triple de 6 mois… 

Aujourd'hui, la majorité des grossesses (pas toutes) sont bien suivies, les femmes (pas toutes) peuvent correctement se reposer, ne souffrent plus de carences alimentaires, évitent l'anémie… La grande majorité des pathologies sont dépistées bien avant le terme. Pour tout dire, je n'ai jamais croisé un bassin rachitique ailleurs que dans les livres. Les accouchements devraient être de plus en plus simples ; les statistiques disent pourtant combien notre interventionnisme est grand.

Ce qui se passe en ce moment pour l'AAD est exemplaire de toute la périnatalité. On rabote et on arase tout ce qui dépasse. On nous laisse croire qu'observer ce qui se passe pour une femme et accepter que cela soit différent pour une autre serait  faire de la mauvaise obstétrique. Il n'y aura bientôt plus qu'une seule bonne façon d'accoucher, celle dont toutes les phases seront standardisées et contrôlées.

Nous ne savons plus ce qu'est une naissance physiologique.

Et celles qui savent encore, celles qui pourraient nous montrer le chemin, celles-là sont menacées.

Une sage-femme racontait une naissance à la maison, évoquant une stagnation de la dilatation vers 7 cm. Une autre l’interrompt : Ca ne t’a pas inquiétée ? Tu restes sereine à domicile avec un blocage de la dilatation ?

La première explique posément qu'elle surveille la dynamique utérine, le bien-être fœtal, l’attitude maternelle. Elle décrit les indices qui l’orientent vers une complication, ceux qui la conduiraient à décider rapidement un transfert vers la maternité. Elle détaille ce qui lui permet de confirmer la physiologie de cette phase de latence, lorsque la femme, inondée d'endorphines, voit ses contraction s’espacer et récupère avant l'étape suivante. Elle raconte la pause, puis l’énergie revenue, le mouvement, l’envie de se lever, de marcher… signe que le travail reprend et progresse normalement.
L'autre sage-femme constate avec amertume Mais ça nous, en structure, on ne peut plus le voir !

Et si cette pause disparaît, ce n’est pas dû au lieu, à l’équipe, mais aux protocoles qui sonnent l’alerte dès que la courbe de la dilatation ne suit pas l’ascension attendue et obligent à "pousser le synto" pour stimuler la contraction utérine. 

Chaque jour, nous perdons un peu plus cette capacité à comprendre la physiologie de la naissance ; nous perdons cette observation fine de nombreux signes, postures, respiration, attitudes et réactions maternelles qui permettent de suivre avec précision la bonne évolution de l'accouchement.
Qui permettent surtout de ne pas intervenir inutilement au risque de perturber un processus complexe.

Cette sage-femme évoquait l’haleine particulière d'une femme se mettant en travail ; et l’arrachage du soutien-gorge (si !) comme signe de la descente foetale.

Qui sait cela ?

 

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Commentaires
M
Il me semble absolument essentiel que les femmes aient le choix, tout simplement. Un accouchement peut etre vraiment mal vécu, ce fut mon cas ... hypermedicalisation, infantilisation, gestes brutaux, pas d'intimité ni d'accompagnement. J ai osé demander à la sage femme si elle pouvait m'amener un ballon... elle m'a repondu oui mais ne l'a jamais fait ! Je me suis faite engueulé car je n avais pas vu que les battements de ma fille ralentissaient sur le monito (il est 3h du mat, cela fait 24h que g perdu les eaux et oui ! C'est à moi d me monitoré...:-)) bref l'horreur. De grosses difficultés de lien avec ma fille ont suivies. Un allaitemet loupé. Pour ma 2eme, aad prevu accompagné par 2 supers sf mais bebe se met en siègege à 40 sa quasi, j ai eu la chance de tout de meme avoir une voie basse et un travail tres rapide empechant peridurale et monito constant. Cette naissance m'a réparé et m'a aussi mise en colère ! Voilà ce qu'on m'avait volé !!! J ai adoré accoucher! Etre actrice ! On espee bien un 3eme, et sauf raison medicale importante, il est hors de question e mettre un pied à la maternité ! Longue vie à nos supers sages femmes !
N
Le passage de la stagnation à 7 cm me parle tellement!! J'ai vécu la même chose, malheureusement en hosto, et je n'ai pu échapper à tout l'arsenal de l'accélération artificielle du travail... Quel dommage. Je me sentais si bien...
A
N'empêche... Le nombre de femmes qui préféreraient accoucher à domicile après une première expérience à l'hôpital devrait interroger les soignants sur les violences qu'ils font subir sans se poser de questions, sans même peut-être s'en rendre compte.
M
l'impossibilité d'un AAD dans notre région est l'une des choses qui nous a décidé à renoncer à un 2ème enfant.<br /> <br /> Comme beaucoup, j'ai eu une stagnation assez longue, au début la SF de la maternité m'a aidé, m'assurant de la "normalité" de cette pause et en m'encourageant à continuer à bouger, respirer et prendre une douche pour reprendre des forces. Et puis, ce fut le changement de garde et là j'ai perdu pied, on m'a annoncé que j'avais "une demi heure pour faire sortir ce bébé sinon on appelle le gynéco pour qu'il le sorte aux forceps". On a ridiculisé mes efforts de poussée debout puis à 4 pattes puis forcé à m'allonger sur le dos et pousser alors même que je n'étais pas à dilatation complète
L
Je remercie le ciel d'avoir la chance de vivre dans un pays où les AAD sont couverts sans contraintes pour les SF, où les SF sont les gardiennes de la physiologie, pour qui l'accouchement hors milieu hospitalier est la base de la philosophie... J'ai été accompagnée 2 fois par des SF, et d'ici 2 mois j'accoucherai à domicile... J'ai tellement hâte de vivre cette expérience dans la SÉCURITÉ et le confort de mon domicile, avec non pas une, mais 2 SF compétentes et attentionnées... <br /> <br /> <br /> <br /> Mais comme partout rien n'est acquis, il faut toujours se battre pour préserver les particularités de la pratique SF telle qu'on la connaît ici... c'est triste est épuisant :/ Courage à toutes les femmes et aux SF de partout!
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