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Dix lunes

12 novembre 2009

Méthode Coué

Elle a très, vraiment très envie d’accoucher et cherche à se convaincre de l’imminence de la naissance. Elle détaille chaque sensation, échafaude nombre d’hypothèses et utilise ses expériences passées pour améliorer la véracité de ses descriptions. Cela fait une demi-heure qu’elle enchaine ainsi plaintes diverses et questions. Ce ne serait rien si elle ne quêtait en permanence mon approbation.

Son dos est vraiment douloureux, surtout les reins et puis elle ne sentait pas cela les jours précédents. Ça doit bien être le début du travail ? Mais ses lombalgies sont positionnelles et tout dépend du fauteuil ou de la chaise choisis.

Elle évoque ensuite des pertes liquides. Aurait-elle fissuré sa poche des eaux ? L’hypothèse ne résiste pas à quelques questions permettant de préciser que non, aucun liquide ne s’écoule mais qu’elle ressent - parfois - une vague sensation d’humidité.

Mais alors, son ventre qui se durcit ? Je tombe dans ce nouveau panneau en confirmant que cela pourrait être des contractions. Mais il s’avère que son ventre se tend de façon très localisée, tension certainement plus liée aux mouvements du bébé qu’à un travail utérin. Pour emporter ma conviction, elle s’étire et se crispe, marmonnant «ouille ouille ouille !» pour faire bonne mesure. Ma main posée sur son ventre sent un utérus bien souple. Douleurs ligamentaires peut-être ?

Sans se décourager, elle tente une autre stratégie. Peut-être que son col s'est dilaté depuis sa dernière consultation ? Je dois impérativement le vérifier. J’avance quelques explications sur l’inutilité de ce constat chez une femme arrivant à la fin de sa quatrième grossesse. Mais elle insiste et je finis par céder.
Mon examen ne révélera rien de particulier, un col habituel de multipare. Je lui rappelle que cela ne veut rien dire et qu’elle peut se mettre en travail dans la journée comme dans quinze jours.

« Surement pas dans quinze jours, y a une lune demain !»

Je capitule et la laisse à ses rêves.

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11 novembre 2009

Savourer

Elle a mis son quatrième enfant au monde il y a quatre mois. Elle vient pour une rééducation postnatale mais ce jour là, sa mine défaite m’invite à négliger son tonus musculaire. A ma première question, elle fond en larmes. Son bébé ne se satisfait plus au sein, pleure beaucoup, dort peu. Tout le monde autour d’elle l’encourage à cesser cet allaitement, arguant que quatre mois c’est déjà beaucoup. Son compagnon la soutient mais il est bien le seul.

C’est son dernier enfant, son dernier allaitement et elle s’était promis de le savourer longuement. Arrêter maintenant serait un renoncement, une immense déception.
Mais le doute est là. N’est elle pas en train d’affamer son bébé, plus préoccupée de son propre plaisir que du bien être de son enfant ? Entre son désir et les avis donnés sans nuances, la culpabilité s’installe sournoisement.

J’évoque une crise de croissance ayant brusquement augmenté les besoins du bébé - je tais l’impact négatif des paroles égrenant le doute, prononcées sans penser à mal par un entourage ignorant. Je l’encourage à persister, lui proposant de passer une journée ou deux au fond de son lit, en peau à peau avec son petit,  avec des tétées aussi fréquentes qu’il le voudra. C’est la demande qui fait l’offre, et ses seins, plus stimulés, vont augmenter leur production.

Elle repart déterminée à passer autant de temps que nécessaire sous la couette. Nous sommes vendredi soir et  son homme pourra prendre en charge la maisonnée le temps du week-end afin de lui permettre cet allaitement intensif.

Un coup de fil le lendemain m’apprendra que tout est rentré dans l’ordre le soir même. Revenue chez elle avec un moral et une confiance retrouvés, elle a mis son petit au sein. La tétée s’est bien passée et il a dormi six heures de suite.  Depuis, ils ont retrouvé leur rythme et tout va pour le mieux.

Quelques mots de réassurance auront suffi.

9 novembre 2009

L'indicible

Son premier enfant est né par césarienne sous anesthésie générale et elle en garde un terrible non-souvenir. Pour cette seconde grossesse, pouvoir accoucher lui est un enjeu essentiel. L'obstétricien se montre confiant et rien ne laisse prévoir la nécessité d’une nouvelle intervention.

Dans les dernières semaines, elle passe souvent à la maternité, les radios de son bassin sous le bras, demandant encore et toujours à être rassurée sur ses bonnes dimensions et la possibilité d’un accouchement par voie basse. Hasard du calendrier, je suis souvent présente lors de ses visites. C’est donc moi qui, régulièrement, lui confirme que tout s’annonce bien. Elle semble à chaque fois soulagée.

Elle arrive en travail pendant l’une de mes gardes. Je suis heureuse d’être celle qui l’accompagnera vers cet accouchement tant désiré et me sens dépositaire de sa confiance.

Elle est en tout début de dilatation mais assez vite, tout se complique. Elle se tord de douleur, crispe sa main sur son sexe en criant que « ça pousse, ça pousse trop fort ».

Je vérifie son col, espérant que le travail ait évolué très rapidement mais rien n’a changé. Elle est à 2 cm de dilatation avec un bébé très haut, qui n’appuie pas.
Perplexe, je tente de la rassurer, masse son dos, lui propose un bain… elle s’apaise et je la laisse avec son compagnon.

Je suis rapidement rappelée par une sonnette insistante. Ce n’est plus de son ventre ou des ses reins qu’elle se plaint. Les deux mains plaquées sur les joues, dévissant violemment le cou comme si elle voulait en détacher son crane, elle sanglote « ma tête, ma tête, ma mère ne m’aimait pas ». Son homme la regarde, anéanti.

Je suis jeune sage-femme et me sens totalement démunie devant sa détresse. Je tente de l’aider mais à chaque contraction, le leitmotiv déchirant revient «ma mère, elle m’aimait pas» et je ne sais quoi faire. L'expression de sa souffrance n’a rien d’habituel et je suis totalement dépassée.

Une psychanalyste travaille dans la maternité et intervient de temps à autre lors des accouchements. Je la sais en séance et passe un coup de fil en lui demandant de venir au plus vite.  Les minutes s'égrènent dans son attente et je suis submergée par cette souffrance confinant au délire. N’y tenant plus, je vais frapper, impensable impair, à la porte de son cabinet.

Elle comprend l’urgence et abandonne sa patiente avec quelques mots d’excuses.
Je la laisse seule avec la mère… les cris cessent.
Elle ressort un peu plus tard et explique qu’une césarienne s’impose, hors de tout motif obstétrical, parce que l’acte d’accoucher est absolument intolérable à cette femme. Nous ne pouvons la laisser traverser cette indicible épreuve.

La mère pourtant si opposée à l’idée pendant la grossesse, accepte cette solution avec un immense soulagement. L'obstétricien, confiant dans le diagnostic, adhère à la décision et le bébé naitra peu de temps après par césarienne. Le séjour de cette femme s’est ensuite passé de façon apaisée, sans jamais aucun mot de regret sur les conditions de cette naissance.

Plus tard, elle m’a confié un peu de son passé, comme un début d’explication. Une enfance douloureuse marquée par la grande violence de sa mère à son égard,  jusqu’à une tentative de meurtre et son placement, encore petite fille, à l'assistance publique.

8 novembre 2009

Certifié conforme ?

Elle a 38 ans, a rencontré son compagnon, de 10 ans son ainé, il y a quelques mois.

Le désir d’enfant vient s’imposer à eux avec force.
Consciente que le temps lui est compté, elle prend rendez-vous avec sa gynécologue afin de mettre toutes les chances de son coté.

Le médecin la questionne « votre compagnon, il a déjà des enfants ? »
Un peu étonnée, elle répond que non, pas encore.
« Dommage, on aurait eu la preuve qu’il n’est pas stérile »

7 novembre 2009

Décompte

Elle est à six mois de grossesse.
« J’ai appelé la maternité parce que j’ai eu des contractions cette nuit. La sage-femme m’a rassurée mais elle m’a dit de prendre du S… (antispasmodique), de compter mes contractions et de consulter si j’en avais plus de dix dans la journée. Là je suis très inquiète car j’en ai eu bien plus de dix ».

Je ne l’ai rencontrée qu’une seule fois mais elle avait déjà laissé entendre combien elle doutait de sa compétence à porter et mettre au monde un enfant. On vient de lui fournir de quoi nourrir son angoisse. La prescription de ce médicament, tout à fait banale au demeurant, est venue la renforcer dans la conviction de la pathologie. Ce quelle ressent est bien inquiétant puisque il lui faut prendre un traitement et s'assurer de son efficacité.

Elle a donc passé sa journée la main sur le ventre, comptant chaque crispation utérine ; quand elle se tourne, quand le bébé bouge, quand elle a envie d’uriner, quand elle se lève… Toutes réactions musculaires parfaitement normales mais qui lui font vite dépasser le seuil fatidique.
Elle s’imagine déjà avec un bébé prématuré.

Nous sommes à la fin de cette journée et son visage est marqué par la fatigue et l'inquiétude. En la questionnant plus longuement, il ne s’agissait pourtant que d’une bien mauvaise nuit rythmée par une contraction… par heure. Contractilité attendue au vu de sa description d’un sommeil agité marqué de retournements divers au creux du lit à la recherche d’un repos salvateur.

Il va falloir replacer le travail utérin dans son cadre physiologique, rappeler que les premières contractions ont lieu - si tout va bien ! - au moment de la conception puisqu’elles accompagnent l’orgasme, expliquer que palper son ventre pour en vérifier la souplesse suscite en retour une réponse musculaire, démonter le cercle vicieux stress/contraction. Bref démêler cet écheveau d’angoisse construit sur un bref échange téléphonique.

Restaurer sa confiance prendra bien plus de temps que les quelques minutes de cet appel.

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6 novembre 2009

Chapeau bas

Un tout jeune couple en salle d’attente, rieur et insouciant. Cette première rencontre s’annonce joyeuse.

Nous commençons par évoquer leurs besoins, leurs envies pour la venue de ce bébé. Une question me semblant anodine sur l’alimentation de ce futur enfant la fait se figer. Elle assène avec force qu’elle n’allaitera pas.
Affirmation si catégorique que je m’interroge sur sa signification. Est-ce qu’elle accepte d’en dire un peu plus ? Sa réponse est éclairante : cancer du sein, première opération, récidive, ablation totale du sein puis reconstruction… L'asymétrie de sa poitrine - du fait de  la variation de volume du sein indemne par rapport au sein reconstruit - est d’ailleurs le seul fait difficile à vivre de cette grossesse.

Elle déroule les mots avec sérénité, évoque la proximité passée de la faucheuse qui lui donne maintenant l’envie de profiter de chaque instant, rêve à ce nouvel avenir offert par la médecine.  Il est tourné vers elle, l’écoute avec attention, ponctue son récit de quelques paroles d’approbation.
Une fois tout cela mis à plat, ils reprennent posément leurs réflexions sur l’arrivée de ce bébé.

Puis repartent main dans la main, le visage paré de deux immenses sourires témoignant de leur confiance en la vie.

4 novembre 2009

Scatologie

« Poussez comme pour faire caca !»

En me racontant son accouchement précédent, elle s’étonne encore de cette injonction. «Pourtant, ce n’est pas la même chose. Je ne sentais pas la même chose ».

Je ne peux qu’abonder dans son sens, la comparaison ne tient pas.
La progression ne se fait ni dans la même direction puisque le bébé vient s’enrouler autour du pubis, ni dans le même espace, vagin et rectum sont deux organes proches mais cependant bien distincts (! ), ni de la même manière, si les femmes ont majoritairement appris à aller à la selle en silence - rançon d’une certaine pudeur et de la finesse des murs de nos appartements - la naissance se fait idéalement sur le souffle et mieux encore sur le cri.

Plus dérangeant encore est ce « caca »,  qui infantilise les mères et associe l’arrivée d’un enfant à l'expulsion d’un étron.

Sommes-nous assez attentifs aux mots que nous prononçons ? Un reportage diffusé il y a quelques années présentait une école de sages-femmes en Allemagne. Les étudiantes se formaient à la pratique de l’accouchement sur un mannequin de plastique. Elles accompagnaient leurs gestes de phrases convenues, « c’est bien Mme Schmidt, encore Mme Schmidt, soufflez Mme Schmidt ».
Paroles stéréotypées susceptibles d’être indéfiniment répétées aux femmes ?

Une mère sentant le besoin de pousser ne peut se retenir. Souvent elle dira « ça pousse » plutôt que « je pousse », tant elle ne maitrise pas la vague qui vient de son ventre.
Nul besoin alors de la guider.

Cette absurde comparaison scatologique, trop souvent relatée par des parents étonnés voire choqués, vient souligner combien certains, empêtrés dans leurs routines,  en oublient le message qu'ils transmettent. Les mots, quasi vidés de leur sens,  sont répétés rituellement…

2 novembre 2009

Altérité

Encore étudiante, je suis en stage au « bloc obstétrical » d’un grand centre hospitalier.
La communauté maghrébine est importante et beaucoup de femmes venant accoucher ne parlent pas ou très mal le français.
Elles sont prises en charge de façon standard par des équipes déjà très occupées et peu enclines à faire l’effort de les comprendre.

Elles ont bien du mal à rester allongées sur la table mais cette position leur est imposée. De temps en temps, une plus rebelle que les autres profite de notre absence pour détacher les fils de son monitoring et s’accroupir au sol.
Il ne vient à l’idée de personne de respecter son choix et la femme est rapidement réinstallée comme la médecine moderne (fin des années 70) l’exige.

A la fin de l’accouchement, le respect n’est toujours pas de mise. Afin que les femmes cessent de pousser - pour laisser la sage-femme réaliser le sacro saint dégagement de la tête - on leur pince le nez, geste surprenant censé les stopper dans leur élan.

Choquée par l’inhumanité de cette prise en charge, j’apprends quelques mots d’arabe. Très peu, juste de quoi amorcer un semblant de communication : « Bonjour, ça va, pousse, un peu, beaucoup, ne pousse plus, merci, fille, garçon, petit, gros, tout va bien, au revoir.… » Avec ma minable douzaine de mots au compteur, leurs notions de français, les gestes et les regards, on y arrive. Le but n’est pas de soutenir une conversation mais de faire un pas vers ces femmes. Et puis, je sais leur demander de cesser de pousser, plus besoin de les pincer…

Un peu de chaleur humaine.
Ce que l’hôpital laisse de coté en ne prévoyant pas de recours à un interprète.
Ce que mes futures consœurs sages-femmes ne cherchent plus à offrir, lassées et démotivées par ce quotidien difficile.

Un soir, une femme arrive en larme, expliquant avec ses mains et ses quelques mots de français qu’il est trop tôt pour accoucher, qu’elle n’est enceinte que de 6 mois. La sage-femme, au vu de son ventre conséquent, ne la croit pas et laisse l’accouchement se faire. Un peu plus tard, nous verrons naitre non pas un mais trois bébés, grands prématurés qui ne survivront pas.

Je ne sais si, en écoutant ce que disait cette femme,  nous aurions pu faire mieux - la médecine était moins performante qu’actuellement - mais nous n’avons même pas essayé…
Résultat conjoint d’une communication difficile et d’une certaine arrogance du « savoir » médical.

1 novembre 2009

Conversation

Quelques mots happés au hasard d’une file d’attente.

Deux femmes en grande conversation arrivent juste derrière moi. Du coin de l’œil, j’aperçois un joli ventre rond moulé dans un t-shirt fleuri.
« C’est bête. S'il nait à la date prévue, sa grande sœur ne sera pas là »
« C’est ton troisième quand même, tu ne vas pas aller jusqu’au bout »
« Je sais pas mais je vois mon gynéco la semaine prochaine, je vais négocier la date avec lui»
« T’as bien raison, maintenant on peut choisir ce qu’on veut »

….

31 octobre 2009

Bientôt maman, suite et fin

Le second volet du documentaire « Bientôt Maman » se consacrait à l’arrivée de l’enfant. Reflet d’une certaine réalité française, aucune des naissances évoquées n’échappe à la médicalisation. La péridurale est de règle.

Deux  femmes sont filmées sur toute la durée de leur accouchement.
Pour la première, la naissance est provoquée. Le bébé nait couvert de vernix et la sage-femme confirmera qu’il a un peu d’avance… Nous n’en saurons pas plus. Rien ne permet d’affirmer que ce déclenchement a eu lieu sans raisons médicales, mais rien ne dit le contraire. Manque d’explication qui peut laisser penser que les enfants doivent naitre à notre heure et non à la leur…

Une seconde mère subit une dilatation plus que paresseuse. La sage-femme, attentive, lui propose de nombreuses positions pour faciliter la descente du bébé et relancer le travail. Ce sera finalement l’évocation d’une issue chirurgicale qui dénouera la situation. Détail essentiel, la sage-femme prend soin d'évoquer un éventuel recours à la césarienne bien en amont de la décision. Si l’ultimatum chirurgical n’est pas facile à recevoir, il permet à cette femme de prendre conscience du délai donné et de lever "son" blocage. Comme déjà écrit ici, il n’est jamais simple de se séparer et de nombreuses mères trainent en chemin, encombrées par cette ambivalence, garder son enfant pour soi ou le (re)mettre au monde.

Une autre femme optera, lors de la dernière consultation de grossesse, pour une seconde césarienne. Elle refuse de tenter la voie basse car elle craint un nouvel échec. La sage-femme acquiesce immédiatement à sa demande, sans aucun commentaire, sans relever que programmer une  intervention pour se protéger de la déception d’une intervention potentielle est pour le moins  paradoxal. Pour respecter les choix des parents, faut-il se contenter d’abonder dans leur sens ?

Au final, aucune naissance spontanée. Il apparait qu’un accouchement ne peut se passer de perfusion, péridurale, poussée en position gynécologique et directives données par la sage-femme.

Les téléspectateurs que sont les futurs parents, baignés par ces images récurrentes, s’approprient cette vision standardisée de la naissance. Formatage encombrant dont ils devront d’abord se défaire pour pouvoir laisser éclore leurs propres envies et besoins.
Tous n’en ont pas l’occasion. Ils se satisfont alors d’un système qui les soumet plus qu’il ne les respecte.


PS : les vingt minutes de poussée de l’accouchement en clinique privée sont intégralement accompagnées par le gynécologue. Est-ce le reflet de la réalité ?  En cas d’accouchement « normal » en secteur privé - à l'hôpital, les sages-femmes poursuivent leur travail jusqu’à la naissance - quel est le temps de présence de l'obstétricien aux cotés d'une femme ? Les commentaires sont ouverts…

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