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Dix lunes
sages-femmes
7 septembre 2010

Où l’on reparle des MDN

Hier soir, au JT de 20h*, sur France 2, cette annonce : Accoucher au naturel comme à la maison. Un nouveau type de maternité fait son apparition en Europe du Nord, sans médecin et sans chirurgie, c’est le dossier de cette édition.

Premier étranglement sur le «sans médecin, sans chirurgie» souligné en négatif dès le lancement du sujet.

Puis le journaliste lance le reportage : Et d’abord cette vogue des maternités alternatives. Dans l’établissement que vous allez découvrir, il n’y a ni médecin (encore !), ni bistouri, ni péridurale mais des soins comme à la maison. La tendance vient d’Europe du Nord (faux ! cela existe depuis les années 70 aux Etats-Unis). Inutile de dire qu’elle ne fait pas l’unanimité. Certains dénoncent un diktat naturaliste ou une régression. A Namur en Belgique, c’est le dossier de cette édition

Comme je m'étouffe déjà devant mon écran, je prends mon Larousse afin de vérifier ce que je crois comprendre.
Vogue = mode. Faut-il en déduire que les femmes s'enthousiasment pour d'autres façons d'accoucher au même titre que pour quelques chiffons ?
Diktat = exigence absolue imposée par le plus fort. Le plus fort actuellement n'est-il pas le pouvoir médical qui dénie trop souvent aux parents toute capacité de choix ?
Naturaliste = relatif au naturalisme, doctrine qui affirme que la nature n’a pas d’autre cause qu’elle-même et que rien n’existe en dehors d’elle. L'accouchement en MDN n'est en rien naturaliste. Il s'agit simplement de respecter au mieux les phénomènes physiologiques, de permettre à la mère de s'adapter à ses sensations et de rester vigilant pour dépister tout incident. Ce n'est en aucun cas le refus de la médicalisation, ni une croyance béate en la bienveillance de la nature.
Régression... Nul besoin de dico !

Nous voilà, en une simple phrase de lancement, bien rhabillées !

La suite apparait plus honnête. Je retranscris ci-dessous les commentaires en voix off de la journaliste. Le reportage débute par la visite de la Maison de Naissance, accueillante et chaleureuse, suivi de l'interview des sages-femmes, et de quelques images de la naissance d'un petit Sacha. Il se termine sur un repas convivial partagé entre femmes enceintes, jeunes mères et sages-femmes.

Un nid bien douillet... la maison est à l’abri du tumulte c’est l’œuvre de trois sages-femmes, trois femmes d’expérience et de conviction.
Ca commence toujours comme ça en douceur, à l’approche du bébé, on visite pour prendre ses marques.
Cet accouchement comme le premier, la jeune femme le désire sans médecin ni bistouri, sans médicaments sans hôpital.
Et ici tout est possible, prendre un bain chaud pour dilater, s’accrocher à une écharpe pour pousser. Rien de médicalisé que des méthodes naturelles et parfois inhabituelles comme ce gros ballon pour bien placer le bébé.
Bien sur il restera la douleur, il n’y aura pas de péridurale mais des massages, du réconfort, de la parole.

En 5 ans, 200 bébés sont nés dans ces deux chambres On est loin des gros rendements des maternités, c’est un peu du sur mesure
Un accouchement moins médicalisé qu’à l’hôpital qui coute donc moins cher à la sécurité sociale belge mais les futures mères doivent cependant verser une participation de 300 euros à la Maison Des Naissances
Ici on milite donc pour du naturel. Pour autant pas question de négliger la sécurité , la surveillance est la même qu’à l’hôpital
De toute façon, elles prennent le minimum de risque, pour accoucher ici, les femmes doivent être plutôt jeunes, en excellente santé, leur bébé aussi.
En cas de problème il y a toujours la clinique à 300m et l’hôpital un peu plus loin. En 5 ans, il y a eu 4 transferts dont un en urgence. C' ’est peu mais du coté des médecins la MDN suscite quand même quelques réserves.

Un médecin au discours convenu apparait alors à l'écran : En cas de problème, et le problème peut surgir de façon brutale et  de façon inopinée, les minutes parfois comptent et le transfert de la MDN vers un hôpital outillé peut prendre du temps.

Alors que les études prouvent la sécurité des prises en charge par les sages-femmes, on nous ressort la rengaine de la complication brutale et imprévisible. Il est vrai qu'il nous reste beaucoup à comprendre sur les mécanismes qui préservent ou perturbent la physiologie de l'accouchement. Mais les études le prouvent, si l'on s'adresse à une population sans facteurs de risques particuliers, si l'on respecte les processus physiologiques, si l'on permet à la femme de lâcher prise en toute sécurité affective et psychologique, les complications sont rares, dépistées souvent bien en amont avec la possibilité d'y remédier sereinement. Dans ces conditions, l'accompagnement global (une même sage-femme tout au long de la grossesse, accouchement et suites de couches) donne d'aussi bons résultats en terme de santé maternelle et néonatale avec moins d'interventions.

Ils sont l’un avec l’autre, un précieux instant d’intimité filmé par les sages-femmes. L’ultime douleur quand le bébé arrive ;
Sacha est né le plus naturellement du monde, sans péridurale. Mais est ce que toutes les femmes doivent accoucher ainsi ?

Bénédicte de Thysebaert, sage-femme : Il n’en est pas question ; les maternités sont là pour la majorité des gens. Les MDN c’est un petit projet avec peut-être une population marginale avec des gens qui n’ont pas envie de fonctionner comme tout le monde. Et pourquoi pas ? On a aussi le droit d’avoir un autre projet.

Retour en plateau avec cette phrase de conclusion : En France, l’expérimentation devait commencer il y a 3 ou 4 ans, le décret n’est finalement jamais paru.

Motifs de cette non-parution ? Analyse sociologique ? politique ? économique ?  Interview de sages-femmes et de parents militant pour ces projets en France ?  Perspectives ?
Nous n'aurons rien de tout cela. Merci France 2 pour ce dossier "fouillé" !

* à la 20ème minute précisément si vous souhaitez le visionner (en ligne pendant une semaine)

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25 août 2010

Mépris

« Le comité de défense de la gynécologie médicale a certes été créé par des gynécologues mais aussi par des femmes inquiètes pour leur santé et celle des générations futures. (...) A l'heure actuelle, il ne reste que 1000 gynécologues pour près de 30 millions de femmes en âge de les consulter. (...) La moyenne d'âge des gynécologues médicaux aujourd'hui en exercice est de 57 ans. Et à chaque départ en retraite, ce sont des centaines de femmes qui se retrouvent sans suivi gynécologique. Sans compter les jeunes filles qui ne trouvent pas de thérapeutes car les consultations sont saturées et que les médecins ne prennent plus de nouvelles patientes.
La proposition de les remplacer par des sages-femmes et des infirmières pour la pilule, à des médecins pour le frottis ne va pas dans le sens d’une protection cohérente. La pose d’un spéculum n’a rien à voir avec celle d’un abaisse langue.
Dévoiler son intimité exige un endroit et un interlocuteur particuliers. C’est faire de cette médecine dédiée aux femmes une sous médecine et peu de cas des patientes ».

Ce texte d’anthologie est extrait d'un article paru dans la revue Prima de septembre 2010.
Si l’auteur de ces lignes (signées "la rédaction") avait voulu déclencher la fronde des sages-femmes et des médecins généralistes, il ne s’y serait pas pris autrement. Je ne sais pas qu’elle est son histoire et quels comptes tentent de se régler ainsi mais son article de soutien à la gynécologie médicale m'apparait bien maladroit !

Je laisse les médecins généralistes se défendre eux même en les assurant de toute ma solidarité.

Et me permets de faire à nouveau - piqure de rappel - une petite mise au point sur les compétences des sages-femmes.
La prescription de contraceptifs (et pas seulement de pilule) par les sages-femmes est possible depuis 2004 en postnatal, et pour toute femme en bonne santé depuis 2009. (Pour les infirmier(e)s, la situation est quelque peu différente puisqu' ils peuvent renouveler la prescription d’un médecin ou d’une sage-femme afin d’éviter qu’une femme ne se retrouve en panne de pilule).

Je rappelle aussi, pour répondre à la louable préoccupation de cohérence, que les sages-femmes pratiquent les frottis. Dans un autre paragraphe de l’article, il est précisé que le nombre de cancer du col de l’utérus a été divisé par 4. Ces résultats seraient-ils liés au type de diplôme du praticien réalisant le prélèvement ? Merci de bien vouloir nous faire partager le mérite de la prévention…

Et si l'on peut déplorer mon inexpérience en matière d’abaisse langue (!), la pose d’un spéculum est un geste banal pour une sage-femme.

Dois-je enfin m’attarder sur "l’endroit et l’interlocuteur particuliers" nécessaire au dévoilement de son intimité ? Il me semble que nous sommes des interlocuteurs très spécifiques et très habituées à l’intimité des femmes…

Que l'on ne se méprenne pas, je ne souhaite pas la disparition des gynécologues médicaux. Je suis heureuse de pouvoir faire appel à des médecins référents, prenant le relai pour les situations complexes dépassant mes compétences. Je demande simplement que l’on réexamine les rôles respectifs de chacun pour une collaboration efficace.
La sage-femme peut être une interlocutrice de "première ligne", parfois moins intimidante pour la jeune fille qui vient se renseigner sur une première contraception, plus facilement accessible pour la femme dont elle a suivie la grossesse. Comme nous le faisons au quotidien pour l'obstétrique, nous nous assurons de la physiologie d'une situation donnée, et dépistons ce qui pourrait faire basculer dans la pathologie. Notre rôle s'arrête précisément là.

Ce n'est pas de la "sous médecine" que de prendre le temps du dépistage et de l'accompagnement. Ce n'est pas faire "peu de cas des patientes" que de s'appuyer sur la prévention et l'écoute.

Mesdames (et Messieurs ?) de la rédaction Prima, je ne vous salue pas !

13 juillet 2010

Factuelle versus factice

A heure de l’EBM (Evidence Based Medecine = médecine basée sur des faits prouvés), nous sommes appelés à démontrer par des recherches la validité de nos théories.
Affirmer la sécurité de l’accouchement à domicile procède des mêmes règles. Une étude, publiée dans le Lancet en septembre 2009 a comparé plusieurs types d'accouchement : à domicile avec une sage-femme /en maternité avec une sage-femme /en maternité avec un médecin. Toujours en 2009, plus modestement, un mémoire de sage-femme a analysé les données provenant de 194 accouchements, pour moitié à domicile - données ANSFL 2006 -  pour moitié en structure. Ces travaux portaient évidemment sur des situations sans facteurs de risque particuliers. Ils ont démontré, entre autres bons résultats, l'équivalence en terme de santé fœtale entre suivi à la maison et en maternité.

Pourtant, le 1er juillet dernier, une publication  de « l’American Journal of Obstetrics and Gynecology » annonce une mortalité néonatale multipliée par trois lors des accouchements à la maison. Cela fait bien évidemment les choux gras de certains obstétriciens, trop heureux de pouvoir dénoncer la pratique des sages-femmes à domicile.

Mon anglais défaillant et mon incompétence en recherche me mettent en mauvaise posture pour critiquer cette meta-analyse (analyse de données provenant de plusieurs études). Heureusement d’autres, nettement plus qualifiés, associations professionnelles et Ciane sont en train de s’y atteler.

Au vu de leurs premiers commentaires, cette recherche manque pour le moins de rigueur. En effet, les études retenues ne devraient concerner que les accouchements répondant aux critères habituels du domicile (dit à bas risque) et distinguer les accouchements accompagnés par des professionnels de ceux non assistés. Par ailleurs, certaines études ont été incluses et d’autres rejetées sans que ces choix soient argumentés. Enfin, sont mêlées données récentes et datant de 30 ans (quasi la préhistoire de l’obstétrique)...

Ces premières remarques n’excluent en rien de découvrir d’autres failles lors d’analyses plus attentives mais elles permettent déjà de prendre quelques distances avec les résultats annoncés.
Les obstétriciens français s’en sont pourtant emparés gaillardement ! Dans un article paru le 4 juillet dans le Figaro, le Dr Marty, secrétaire général du Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France commente "Cet excès de mortalité néonatale corrobore tout à fait l'impression des obstétriciens (...) d'être confrontés à des cas dramatiques qui pourraient être évités".
Je ne peux imaginer que le SYNGOF se base sur de simples impressions... c’est pas de l’EBM ça! J’en déduis donc qu’eux aussi disposent de chiffres : où sont-ils ?
L’ANSFL souhaite faire réaliser une étude d’envergure sur l’accouchement à domicile en France. Le préalable en est la réelle volonté de collaboration de l’ensemble des acteurs… Curieusement, personne ne semble pressé de répondre à cette proposition.

Il y a une dizaine d’année, une autre meta-analyse, celle de Hannah concernant l’accouchement par le siège, avait mis en émoi l’obstétrique française. Le quotidien du médecin écrivait à l’époque : "La césarienne divise par 3 à 4 les décès et pathologies graves du nouveau-né, sans intervenir sur le pronostic maternel". Cette étude, très controversée dès sa publication, comparait des pratiques disparates et omettait les critères de sélection de la voie basse. A peu de choses près, ce sont les mêmes biais que dans le travail de Wax. Les équipes françaises s'étaient immédiatement mobilisées pour réaliser leurs propres recherches, aboutissant à des conclusions inverses.

J’aimerais voir aujourd'hui la même exigence de qualité ! Mais tout est bon pour mettre à mal l'accouchement à la maison et de façon plus large la pratique indépendante des sages-femmes.
Le combat semble au final bien plus politique que scientifique.

6 juin 2010

CHIVA pas

Extrait d'un article disponible ici : «Le CHIVA n'est pas un établissement ouvert»
Claude Lavigne, directeur du centre hospitalier du Val d'Ariège, explique les raisons de son refus à l'ouverture de la maternité de cet établissement aux sages femmes libérales : «La périnatalité est une activité fortement encadrée par les pouvoirs publics. Notamment via le plan périnatalité ou le schéma régional d'organisation sanitaire qui ne prévoit pas l'intervention de sages-femmes libérales au sein du plateau technique d'un établissement titulaire d'une autorisation d'activité périnatale comme le nôtre. En fait, le SROS demande de favoriser les alternatives à l'hospitalisation, ce que nous faisons à la maternité en autorisant, chaque fois que cela est possible et selon un processus réglementé, des sorties précoces pour les mamans. La loi Hôpital/Patient/Santé ne remet pas en cause le plan périnatalité qui impose une règle sanitaire dans l'enceinte des établissements de santé avec du personnel réglementé obéissant à une organisation de service donnée.
Je ne nie pas l'importance des revendications portées par les sages femmes libérales, ni celles des mères qui nous font la même demande ; mais dans l'état actuel des textes, y répondre favorablement relèverait d'une expérimentation dans laquelle le CHIVA ne peut s'engager : il ne peut laisser conduire un processus de naissance dans son bloc technique par des professionnels extérieurs agissant en toute indépendance, c'est une question de responsabilité à la quelle il faut ajouter la probable désorganisation d'un service dont l'activité est dense (1 000 accouchements par an). Dans le système actuel, l'hôpital n'est pas un établissement ouvert. S'il venait à changer par la volonté du législateur, le CHIVA en tiendrait compte dans son nouveau projet d'établissement».

Tout est dit dans cet article. Accoucher à domicile est souvent un choix murement pensé et préparé mais il est parfois un choix contraint. Parents et sages-femmes se retrouvent alors à choisir la naissance à la maison par défaut, faute d’alternatives - maisons de naissance, accès aux plateaux techniques – permettant un accompagnement global. Situation inconfortable au vu de la défiance de nos « partenaires » des réseaux périnatalité transpirant - à grosses gouttes ! - entre les lignes de cet article.

Que demandent ces sages-femmes ? Être accueillies au sein de la maternité, y accompagner lors de l'accouchement les femmes, les couples qu’elles suivent depuis le début de la grossesse et partir quelques heures plus tard poursuivre le suivi postnatal à la maison. Il ne s'agit là que d'exercer le métier pour lequel elles ont été formées.

Cela devrait faire la joie de leurs interlocuteurs. Bien au contraire, l'accès au plateau technique nous est régulièrement refusé par les maternités et je ne peux que me désoler devant les arguments utilisés ici pour expliquer leur position.

Petite analyse de texte car tous les mots ont leur importance…
«Le plan périnatalité ou le schéma régional d'organisation sanitaire (…) ne prévoit pas l'intervention de sages-femmes libérales au sein du plateau technique d'un établissement titulaire d'une autorisation d'activité périnatale comme le nôtre».
Méconnaissance des textes ou mauvaise foi ? - je penche pour la seconde hypothèse  - L'argument légal se voudrait incontournable mais il est faux. La Loi HPST (article L. 6161-9), précise au contraire : "Un établissement de santé ( …) peut être admis par le directeur général de l’agence régionale de santé à recourir à des professionnels médicaux et auxiliaires médicaux libéraux dans la mise en œuvre de ses missions de service public et de ses activités de soins. (…)".

« Ne pas laisser conduire un processus de naissance » Cette façon de présenter notre travail le trahit. La première fonction des sages-femmes est d'accompagner ce "processus" et de s’assurer qu’il se déroule normalement, non pas de le conduire. Nous sommes aux cotés des femmes, de leur utérus, de leurs hormones... et de leur inconscient.
Les sages-femmes pratiquant l’accompagnement global misent d'abord sur la prévention. Elles s’appuient sur les compétences des mères, s'attachent à ce que rien ne viennent les perturber, et considèrent l'accouchement comme un phénomène physiologique. De fait, il ne nécessite souvent pas d'autre intervention que leur présence attentive.
La médecine française part du postulat inverse : l'accouchement est une situation à risque et chacun pourra se féliciter de sa chance si aucune complication n’intervient. Postulat confirmé ici par l’emploi de «bloc technique» pour désigner les salles de naissance, visant à souligner la complexité et la technicité requises pour prendre en charge ce fameux processus.

«Par des professionnels extérieurs agissant en toute indépendance». Quel est le problème ? Les professionnels médicaux, extérieurs ou pas à la maternité, exercent en toute indépendance, les sages-femmes également. Libérales ou salariées, nous sommes pleinement responsables de nos actes et cela est inscrit clairement dans notre code de déontologie (Article R4127-348). Par ailleurs, les quelques sages-femmes libérales ayant accès à une maternité ont signé une convention avec l'établissement afin de préciser les modalités de cette collaboration.

«La probable désorganisation d'un service dont l'activité est dense». Mauvaise foi criante ! Il ne s’agit pas de densifier l’activité mais de l’organiser autrement. Que je sache, l’ouverture d’un plateau technique ne multiplie pas les grossesses. Il n’y aurait pas plus de naissances au sein de l’établissement mais une partie des accouchements seraient réalisés par des sages-femmes libérales plutôt que salariées.

Les libérales sont clairement accusées d'être des électrons libres, voire irresponsables. Les maternités fonctionnent selon les règles et protocoles établis au mieux collégialement, au pire par le seul chef de service. Docilité serait mère de sureté. Aux dernières assises des sages-femmes, il a pourtant été souligné que l’application systématique d'un protocole ne dédouanait en aucun cas le professionnel de sa responsabilité en cas d'incident... Préserver notre libre arbitre pour savoir s'adapter à chaque situation sans suivre aveuglément un protocole est une absolue nécessité. N'avons-nous pas tout à gagner en confrontant nos savoirs et nos savoirs-faire ?

Les sages-femmes salariées de l’établissement devraient s'indigner devant ce refus. Ouvrir le plateau technique à leurs consœurs extérieures permettrait de les dégager d’une partie de leur travail pour mieux se consacrer aux autres femmes.
Ce serait concevoir qu’il y a de multiples façons d’accompagner les naissances et reconnaitre le droit des parents à décider de la façon dont ils veulent vivre ce moment fondateur .
Ce serait réfléchir ensemble à nos prises en charge et à la complémentarité de nos exercices.
Ce serait faire entendre la voix des sages-femmes, praticiennes qualifiées, autonomes, responsables, mais trop souvent soumises.
Ce serait décréter ensemble que la vie ne se formate pas et que chacune, à notre façon, dans notre exercice quotidien, cherchons à exercer au mieux, au plus juste, au plus vrai.

Pure utopie ?

6 mai 2010

Une fois l'an

Hier, nous étions le 5 mai.
Le 5 mai, journée internationale de la sage-femme
Journée à l'impact très relatif... il existe des journées pour tout, il en fallait bien une pour ce qu'il est convenu de nommer le plus vieux métier du monde (enfin, l'un des deux réputé tel).

A cette occasion, l'une des ancêtres de la revue féminine, j'ai nommé ELLE, évoque notre profession dans un article plutôt sympathique qui parvient cependant à me contrarier.

Non, les sages-femmes ne «pratiquent pas certains examens cliniques» mais l'ensemble des examens cliniques nécessaires au suivi gynécologique et obstétrical des femmes en bonne santé.

Oui, elles «prescrivent des échographies» mais peuvent aussi les réaliser et certaines de mes consœurs sont des expertes reconnues. Les sages-femmes prescrivent par ailleurs bilans biologiques, traitements, rééducation, ou contraception et le stipuler aurait quelque peu précisé notre champ de compétence.

Mais surtout les sages-femmes devraient être présentées comme les professionnelles pivot de la prévention pour la santé des femmes, de la puberté à la ménopause, femmes qui désirent un enfant, qui attendent un enfant, qui le mettent au monde, qui le maternent, mais aussi femmes qui souhaitent se préserver d'une grossesse, bénéficier d'un suivi gynécologique ... nombre de raisons peuvent amener une femme à consulter une sage-femme.

Au lieu de cette présentation, je perçois à travers les lignes - ce doit être mon mauvais esprit habituel - une description de notre métier héritée du temps où les bonnes sœurs l'exerçaient  (temps pas si lointain, une amie de promotion a pris son premier poste dans un hôpital, ancien établissement religieux, où il était encore imposé de porter une sorte de cornette). Nous sommes proches, nous rassurons, nous écoutons, nous veillons,  nous participons aux actions, nous assurons les soins...
Bien évidemment...

Mais, même s'ils ne sont jamais cités, les médecins apparaissent en creux tout au long de cet article où je crois comprendre que nous ne serions là que pour mettre en œuvre leurs décisions, exercer sous leur autorité et assurer ce qui n'est pas leur cœur de métier, l'accompagnement... Quid de nos compétences et de notre autonomie ?

Cette journée internationale était célébrée hier à Paris par le CASSF, Collectif des Associations et Syndicats de Sages-Femmes. Elles y ont témoigné de leurs combats pour les femmes, toutes les femmes, pour leurs droits à la contraception, à l'IVG, à un accouchement respecté, mais aussi pour l'accès aux soins ou l'exigence de conditions de vie décentes pour les femmes en situation précaire.

Fortes, combatives, indépendantes, solidaires, en deux mots, sages femmes !

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2 mars 2010

Doubs pas doux

La meilleure façon de rendre les soignants maltraitants n’est-elle pas de les maltraiter eux-mêmes pendant le temps de leur formation ?

L’image de sages-femmes soumises, charmantes petites mains des obstétriciens, a la vie dure.
L’ouverture des études aux hommes (1982) et le passage par la première année de médecine (2002) ne suffisent visiblement pas à contrer les dérives.

Il semble que certains rêvent encore de praticiennes dénuées d’esprit critique, appliquant docilement les décisions des dignes représentants de la faculté, acquiesçant aux injonctions de leurs supérieurs, acceptant sans broncher les rythmes effrénés, l’envahissement paperassier, le management économique appliqué à l’humain.

D’où la nécessité de formater sinon casser les jeunes professionnels…

PS : Si quelque ESF de Besançon s'aventurait par ici, j'aimerais qu'elle (il !) me contacte...

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