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Dix lunes
sages-femmes
6 août 2011

Au tapis mais pas KO !


Round 1  - Eté 2009
La loi HPST valide la compétence des sages-femmes pour le suivi gynécologique de prévention et la prescription de la contraception.
L’article  L5134-1 titre III du code de la santé publique est ainsi rédigé : "Les sages-femmes sont habilitées à prescrire les contraceptifs locaux et les contraceptifs hormonaux. La surveillance et le suivi biologique sont assurés par le médecin traitant."
Cette dernière phrase est un ajout aberrant à coup sur téléguidé par certains syndicats médicaux soucieux de préserver leur hégémonie dans le domaine de la contraception.
Pénurie de praticiens oblige, il était politiquement difficile de s’opposer à l’extension de nos compétences. Les élus ont du s’incliner devant cette évidence : contraception et suivi gynécologique risquent de manquer de "bras" ; nous étions toutes désignées pour pallier le déficit annoncé.
Protectionnisme solidaire, la seconde partie de la phrase vient contredire la première.

Round 2  - automne 2009
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2010 tente de réparer l’anomalie. Un amendement supprimant l’obligation du suivi biologique par un médecin est voté.

Round 3 - hiver 2009
Le conseil constitutionnel censure cette disposition, estimant quelle n’a pas sa place dans le PLFSS car elle n‘aurait pas d’incidence sur les comptes de la sécurité sociale.

Round 4  - printemps 2010
Nous retrouvons par magie notre légitimé contraceptive dans un communiqué du conseil de l’ordre des médecins ... brève alliance imposée pour mieux fustiger pharmaciens et infirmiers !

Round 5  - mars 2011
Un débat peu glorieux pour certains de nos représentants a lieu sur les bancs du sénat. Si vous n’avez pas lu ce billet lors de sa parution, faites-le ! A l'approche de 2012, il est bon de s'informer...

Round 6 - mai 2011
Le Syngof publie un ignominieux communiqué (encore disponible sur le net en cherchant un peu ...)

Round 7 - 25 mai 2011
Le Syngof présente ses excuses et retire le communiqué de son site.

Round 8 - 1er juillet2011
L’amendement 17 bis déposé par Mme Poletti propose de remplacer "La surveillance et le suivi biologique sont assurés par le médecin traitant" par "En cas de situation pathologique, la sage-femme adresse la patiente au médecin traitant". Il est adopté.

Round 9 - 13 juillet 2011
La loi est définitivement votée. Deux ans à batailler mais l'aberration législative est enfin corrigée. Réjouissons-nous !

Round 10 -4 aout 2011
Le conseil constitutionnel considère "que ces dispositions ne présentent pas de lien avec les dispositions de la proposition de loi initiale ont été adoptées selon une procédure contraire à la Constitution". L'article 41 (et d'autres dont hélas l'expérimentation - pourtant très encadrée - de prescription de l'IVG médicamenteuse par les sages-femmes) est déclaré anticonstitutionnel.

Honteux combat au service d'intérets particuliers. Le onzième round verra, j'en suis certaine, notre victoire.
Amère victoire tant d'évidence les questions de santé publique et de droit des femmes n'y auront pas eu leur place.

 


NB 1 : le bilan pour contraception oestroprogestative se résume à trois données facilement interprétables par la femme elle même vu que les normes sont écrites à coté par le laboratoire ! Le plus important est d'éliminer les contre-indications liées à des antécédents médicaux particuliers. Si le bilan biologique peut attendre, cette recherche de contre indications doit être faite dès la première prescription.

NB 2 : Pour en savoir plus : Voir ces recommandations de la Haute Autorité en Santé

NB 3 : le Syngof ne désarme pas. Lors de son dernier CA, le Dr Aubeny (Association française pour la Contraception) a réitérer "son soutien à la loi HPST autorisant les sages-femmes à prescrire la contraception. En effet, les difficultés d’accès à la contraception auprès des médecins généralistes et des gynécologues pouvant contribuer à augmenter le nombre de grossesses non désirées, le principe d’une plus grande ouverture de la prescription, à des personnels dédiés à la santé des femmes et formés en ce sens, ne peut être qu’un atout pour la population féminine",  et présenté un diaporama du modèle québécois sur la prescription partagée

Réponse du Syngof : "La majorité des membres du CA pense que ce qui se fait au Québec n’est pas transposable en France".
Pas transposable ? Ah bon ! J'aimerais tant connaître les raisons de cette impossibilité...

 

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10 juin 2011

Lutter



La maternité du Chiva (centre hospitalier du val d'Ariège), fruit de la fusion de deux petits établissements, s'est ouverte en 2001. Une équipe solide cherche depuis 10 ans à travailler au plus près des besoins des parents en offrant une prise en charge diversifiée. Consultation prénatale, préparation à la naissance, ostéopathie, échographie, hospitalisation à domicile, rééducation périnéale, orthogénie, gynécologie, «des sages-femmes à tous les étages» ainsi que le dit l’une d’elle. Remarquables aussi l'accompagnement respectueux et la réelle liberté laissée aux femmes (baignoire, déambulation, posture …) lors de l’accouchement.

Preuve de leur succès, le nombre de naissances a augmenté de 25% en 9 ans (900 en 2001 - 1181 en 2010). Au final, cette performance n’arrange pas les affaires de l’équipe obligée de faire plus avec un personnel restant stable (les décrets de périnatalité prévoient un poste de sage-femme supplémentaire à partir de 1200 accouchements…)

Elles se sont émues de cette situation, soulignant à leur direction qu’elles ne pouvaient plus exercer en sécurité (perdre en sécurité semble hélas un argument plus efficace que perdre en humanité des soins). Leur récente "victoire" après plusieurs mois de combat sonne amèrement, aucun poste ne sera créé ! Ils seront redistribués pour concentrer l'effectif des sages-femmes en salle de naissance, en abandonnant l'échographie et en délaissant peu à peu leurs autres activités, consultation et rééducation postnatale puis préparation à la naissance puis ...
Intolérable mise en charpie d'une organisation innovante.

Renvoyer à la "ville" le maximum de soins et rentabiliser l'équipement hospitalier spécifique pourraient aussi être à l'origine de ce revirement de la direction du CHIVA. L'ouverture du plateau technique aux sages-femmes libérales semblait inconcevable hier , elle devient envisageable. 

Au CHIVA comme ailleurs, les pouvoirs publics souhaitent réserver l’hôpital aux actes techniques et externaliser les autres. Une opportunité pour développer l'accompagnement global de la naissance ? Pas de réjouissance hâtive !  Une fois les directeurs d’établissement appâtés par l’aspect financier de la démarche (augmenter le nombre d'actes sans majorer la masse salariale), il faudra convaincre assureurs et médecins - peut-être aussi certaines consœurs - de l’intérêt et de la sécurité de cette pratique.

Mais pourquoi l’un devrait-il exclure l’autre ? Plutôt que de démanteler l'hôpital, pourquoi ne pas inventer parallèllement à son ouverture aux libérales de nouvelles formes d'organisation offrant une prise en charge globale par les sages-femmes salariées ?
Les hôpitaux de Genève le proposent depuis peu (cf cet article  et cette vidéo).

La Suisse, paradis bancaire et... périnatal ? !




Bon, c’est pas tout ça mais une nouvelle journée de mobilisation parents /sages-femmes est prévue le 18 juin prochain…
Si des actions sont prévues dans votre région : faites le savoir ici aussi !
Si ce n'est pas encore organisé, il vous reste une semaine … une petite animation sur le marché, une matinée porte ouverte dans les cabinets,  un débat dans la maison de quartier ou le café activiste du coin ... toute initiative  sera bienvenue.
Et si rien n’est prévu ni prévisible, il revient à chacun, professionnels comme parents, d’inonder les médias locaux (plus accessibles) et nationaux (plus audibles) de témoignages  sur la profession et les conditions de la maternité !

Blog et mail vous sont ouverts pour que les infos circulent...

 

 

26 mai 2011

"Nous aurions pu nous sentir blessées ! "

 

Comme signalé dès hier soir dans un commentaire (bravo pour cette réactivité !), le Syngof présente ses excuses aux sages-femmes et les pages en question (cf billets du 14 et du 23 mai) ont été supprimées.

Saluons cette volte face. Mais il est un peu facile d'avoir ainsi porté l'opprobre sur notre profession puis de s'en dédouaner en rédigeant quelques brèves et banales phrases de regret.

La technique est très courue ces derniers temps !
Etape 1 : lancer une belle grosse moche provocation (au hasard, RSA, immigration, échec scolaire, troussage de soubrette...)
Etape2 : attendre les réactions...  
Si elles sont modestes, voire inexistantes, en déduire que l'on peut taper plus fort...
Et passer à l'étape 3 : l'offensive majeure.

Le Syngof s'est fait piéger par l'apparente docilité des sages-femmes. Les réponses au premier communiqué ont été plutôt modérées. De multiples raisons peuvent l'expliquer ; le surbooking de l'ensemble de la profession, la trop faible proportion de sages-femmes investies dans les représentations syndicales et associatives, la volonté de consensus entre ces différentes représentations, la crainte de froisser une profession dans son ensemble (eux ne s’étaient pourtant pas gênés !)... Nos réactions sont restées assez discrètes. Par exemple, la réponse envoyée au Syngof par notre Conseil de l'Ordre, claire et sans concession, n'est pas publiée sur leur site.

Fort de notre supposée soumission, le Syngof a donc entamé l'étape suivante mais s’est montré si violent que nous ne pouvions rester indifférentes.
Cette nouvelle attaque concernait les actuels débats parlementaires sur la prescription du suivi biologique de la contraception par les sages-femmes.
Extraits :
Le SYNGOF y est totalement opposé et veut surtout alerter les femmes et les jeunes filles de la perte de chance que représente cette mesure, si elle était adoptée.
Cette économie attendue compensera-t-elle les indemnisations consécutives à cette gigantesque prise de risques par les femmes ?

Enfin, de toutes parts, les voix des sages-femmes se sont élevées ; menaces de procès, appels à envahir les boites mails des auteurs des communiqués, sollicitations des associations et des syndicats de sages-femmes à réagir fortement... Nous n'étions, au final, pas si dociles !
Les femmes, nos "patientes", se sont aussi fait entendre en soulignant combien elles pouvaient êtres satisfaites de nos soins... et le Syngof a reculé.

Jolie victoire à partager entres sages-femmes et usagers.
Amère victoire car rien n’est résolu sur le fond. Quelques mots d’excuses ne peuvent suffire à balayer le mépris.




23 mai 2011

Lettre à mes amis syngofiens

 

Mes très chers amis du Syngof, j'avais envie d'évoquer ici votre dernier communiqué, nouvelle démonstration de l'harmonie présidant au partenariat entre gynécologues et sages-femmes.

Je me réjouis avec vous de cette autre possibilité donnée aux femmes de consulter avec facilité. Elles n'ont plus à attendre de longues semaines un rendez-vous avec un médecin au planning saturé par des pathologies que lui seul peut gérer.

Je suis comme vous heureuse qu’elles soient reçues par des professionnels disponibles qui peuvent prendre  le temps d’examiner avec elles la méthode de contraception non seulement la plus adaptée à leur santé mais aussi à leur mode de vie, à leurs habitudes et préférences.

Je suis rassurée comme vous l’êtes par la qualité de la formation des jeunes diplômés, par la volonté d’actualisation des connaissances des plus anciens (les DU de gynécologie et d’orthogénie sont pris d’assaut).

Je me félicite de votre réflexion sur la meilleure façon d’articuler nos deux professions, nos compétences respectives, afin que chaque femme en demande de contraception, en attente de grossesse, enceinte, ou en post partum soit accompagnée par l’interlocuteur le plus adéquat.

Cette collaboration se révèlera fructueuse, n’en doutons pas.

Mais, très chers amis du Syngof, je vous en prie, soyez attentifs à la formulation de vos idées.
L'on finirait sinon par croire que votre unique souci est la défense de votre pré carré.


Ce billet est le énième traitant de ce thème. Une petite sélection ci-dessous
14/11/09

27/12/09
08/06/10
25/08/10

 

 

14 mai 2011

TélescopageS

Deux faits divers dramatiques viennent très durement confirmer certaines des revendications portées ce 12 mai.
Au soir de la manifestation, rentrée dans ma province, me suis jetée sur les JT de la nuit pour apprendre ce qui se disait de notre mobilisation.
Le premier journal regardé (France 3) n’en disait absolument rien (!!!) mais développait largement l’histoire de cette jeune femme ayant accouché très prématurément et seule à hôpital de Montauban.
Le jour suivant, nouveau drame à Lille avec l’erreur d’une étudiante qui confond deux patientes et provoque une fausse couche chez une femme hospitalisée pour un cerclage.
Affligeantes histoires.

Pour la première, par charité, je ne m’étendrai pas sur la communication calamiteuse de la direction de l’hôpital, mettant en avant un nombre de sages-femmes conforme aux décrets (ben oui, on le sait bien qu’il faut revoir ces décrets, les normes sont minimalistes) et une trop grande prématurité interdisant tout essai de réanimation. Contre exploit médiatique que de défendre ainsi l’hôpital sans jamais un mot de compassion pour cette mère, sans imaginer que la grandeur de la médecine consiste aussi à savoir être là quand on ne peut plus rien…

Pour la seconde, l’erreur est exemplaire de la mal-communication entre soignants et soignés. Mais le surmenage perpétuel des équipes n’est il pas en partie responsable ? Pour communiquer, il faut la volonté de le faire, mais aussi le temps, la disponibilité…

Alors pourquoi aucun des médias développant ces faits divers* n’a l’idée de les rapprocher des slogans brandis par les manifestants « Une femme, une sage-femme », « Sages-femmes malmenées, sécurité en danger » etc… Pourquoi aucun ne cherche à analyser les causes de ces drames ? **
L’incurie de journalistes refusant de prendre le moindre recul, de tenter un semblant d’analyse, se vautrant dans le pathos sur le dos de parents éplorés aurait presque suffit à gâcher ma joie d'une manifestation réussie.

Pour la gâcher tout à fait, j’apprenais hier soir une nouvelle attaque de nos amis les obstétriciens.
Qui mérite une analyse de texte détaillée…

A la veille de la Journée des sages-femmes, le SYNGOF tient à reconnaître et à saluer leur rôle indispensable dans le confort et l'humanité qui entoure la naissance dans notre pays et qu’elles contribuent à renforcer.
Outre une rédaction manquant quelque peu de grâce, le mépris suinte dès cette première phrase qui nous dénie toute responsabilité médicale et nous renvoie à une caricature de nonnes épongeant avec dévouement le front des femmes en couche.

Mais il convient de demeurer vigilants sur la sécurité de l’accouchement qu'elle ne peuvent assumer seules et dès lors ne pas se laisser entraîner vers un assouplissement des procédures que notre pays a mis de longues années à faire vivre pour garantir à toutes les femmes et tous les nouveau-nés une sécurité constante.
Ainsi, nous ne pouvons assumer un accouchement seules ??? Alors que plus de la moitié des accouchements sont accompagnés/ réalisés/assistés (je cherche le mot juste !) par les seules sages-femmes ???  Et que la totalité des accouchements sont "surveillés" par les sages femmes qui ont en responsabilité le dépistage de toute anomalie ?

Il ne faudrait pas, attirés par des discours démagogiques, voire s’approchant du sectaire, de quelques-uns, que soit baissée la garde des normes et des recommandations.
On retrouve l’accusation sectaire, mise en cause facile, mille fois employée dès que l’on ose un tant soit peu s’affranchir du discours officiel. Pourtant nos propositions s’appuient sur des données scientifiques***, sur l’expérience de nombreux autres pays qui font autrement et mieux que nous. Nous n’invoquons pas la divine providence, nous pensons (si, si je vous assure, une sage-femme peut penser par elle même), nous analysons, nous randomisons…. et nous concluons que notre organisation française est dispendieuse, déshumanisée et pas assez sécuritaire !

Le travail d’équipe des sages-femmes, des gynécologues avec le renfort des nouveaux spécialistes de médecine générale doit toujours être réfléchi en conservant la préoccupation de ne pas laisser réaugmenter la morbi-mortalité périnatale.
Vous noterez le petit appel du pied vers les médecins généralistes, pourtant longtemps négligés par leur confrères spécialistes. Dans le domaine de la maternité et de la gynécologie "normales",  sages-femmes et médecins généralistes ont beaucoup à partager. Devant la fronde des sages-femmes et le soutien grandissant des usagers, on serre les rangs et on appelle à la rescousse ceux que l’on ignorait hier.

Les femmes le savent bien et dans leur quasi-totalité plébiscitent dans les sondages (Etude Magic Maman 2011)****, l’organisation actuelle. Rappelons, pour mémoire, que dans un sondage récent 96% des jeunes mamans estimaient avoir été bien prises en charge médicalement et 85% bien prises en charge humainement. Il faut y voir la signature du travail conjoint des sages-femmes et des gynécologues. Ne laissons pas refleurir périodiquement les modes délétères de l’accouchement "comme chez soi" !
Dans le même temps, laissons les maternités fermer et les femmes parcourir de nombreux kilomètres pour se rendre dans un lieu de naissance ; c’est bien connu, accoucher dans sa voiture sur le bas coté d’une départementale est une approche sécuritaire… Je n’ai pas connaissance d’un communiqué de presse du SYNGOF s’élevant contre les fermetures de maternité de proximité ( lors de l’AG du 12 mai, une sage-femme expliquait qu’après la disparition de son établissement, les femmes se retrouvaient à 80 km de la maternité la plus proche…).
En parallèle, continuons à ignorer les résultats positifs d'expériences étrangères, à hyper-techniciser les accouchements, à dépenser inutilement l’argent public. Continuons à refuser "l'assouplissement des procédures" (sic), à écarter toute innovation dans les prises en charge... ne touchons à rien.
Dormez braves gens, tout va bien !

Je l’ai déjà écrit ici, je ne fais la guerre à personne. Comme le SYNGOF ose le souligner, la périnatalité a besoin d'une équipe, c'est à dire des compétences - médicales ! - conjointes des sages-femmes, des généralistes et de divers spécialistes.
Mais de la même manière que je respecte le travail et les savoirs de ces praticiens, j’aimerais qu’ils respectent les miens.

 

*cf ce très complet billet de Knackie
**une exception découverte ce matin
***lire par exemple ici ou ici ou encore ici...
****cf ce communiqué du Ciane qui n'a pas tout à fait la même analyse...


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13 mai 2011

Nous partîmes 5000

manif_blog

 

Un rapide passage pour témoigner que la manifestation des sages-femmes a rassemblé de nombreux professionnels et étudiants tous unis derrière la banderole "Une femme, une sage-femme".
Nous étions nombreux, joyeux et déterminés à voir la périnatalité se réorganiser autour de notre profession. Comme je l'écris souvent ici, à chacun sa place !

Encourageons les femmes à s'adresser aux sages-femmes pour leur maternité et leur suivi gynécologique. A nous ensuite de les réorienter vers les médecins quand ce suivi sort du cadre de la physiologie.
                                                                             Sages-femmes : premiers recours !

Ne nous leurrons pas, la rencontre au ministère* n'a rien donné de concret. On nous renvoie vers nos divers interlocuteurs (UNCAM, DGOS, CNNSE...) pour tenter de faire avancer les dossiers.

Par exemple, la question de l'assurance pour les accouchements à domicile a été qualifiée de dossier très complexe et en cours d'étude... On avance hein ? On sent de l'enthousiasme et du soutien.
Pour les maissons de naissance,  c'est pas de leur faute non plus. Pourtant, après que le conseil constitutionnel ait retoqué l'article 67, il faudrait bien présenter un nouveau projet de loi non ???

Nous serons fortes grace aux soutien des femmes, des couples et des familles qui devraient, qui vont
- se tourner massivement vers les sages-femmes
- refuser d'être expédiés dans des consultations trop courtes avec dépassements d'honoraires
- refuser de rencontrer x soignants différents en 9 mois
- exiger plus d'  " Humanité, sécurité, proximité"  (titre du dernier plan périnatalité) en réclamant plus de sages-femmes (et en soutenant la revalorisation de notre profession ; les salariées sont sous payées, des cabinets de libérales ferment face à l'augmentation des charges )

Prochaine mobilisation : le 18 juin, partout en France. Toutes les idées sont bonnes à prendre pour faire parler de notre profession et inciter les femmes à venir vers nous... Les initiatives peuvent aussi être menées par vous les "usagers".  Les commentaires sont ouverts à toute suggestion !!!!

 


* compte-rendu à lire par exemple  ici

 

 

5 mai 2011

Célébrées ?!

Le 5 mai est la journée internationale de la sage-femme.

Journée où je découvre cet article publié sur Magic maman : "Grossesse : être suivi par une sage-femme, combien ça coûte ? "

Pour suivre votre grossesse, vous pouvez choisir une sage-femme. Si votre grossesse ne présente aucun risque, son travail sera de vous accompagner avant, pendant et après l’accouchement. Combien coûte les consultations ? Les examens sont-ils remboursés ? Tout ce que vous devez savoir sur la prise en charge de votre grossesse par une sage-femme.

Il n’y a, à priori, aucune différence de prise en charge des frais de votre grossesse selon que vous êtes suivie par un médecin ou par une sage-femme. Votre sage-femme peut pratiquer en milieu hospitalier public ou privé, être libérale ou travailler dans un PMI (qui a essentiellement un rôle de prévention).
Généralement, une sage-femme indépendante est conventionnée, ce qui vous assure l’application de tarifs conventionnels ainsi qu’un remboursement de ses honoraires à 100 %.
Faux,  nos soins sont pris en charge entre 70 et 100 % ;  la prise en charge au titre de l’assurance maternité est de 100%, le reste à 70%
En cas de non-conventionnement, le remboursement s’élève alors à 75 %.
Faux Le remboursement se fait sur un tarif dit d’autorité inférieur à 1€ par consultation.

 
Pour une sage-femme conventionnée, vos consultations de suivi, vos séances de préparation à la naissance, c’est-à-dire l’ensemble de vos examens médicaux obligatoires, sont pris en charge à 100 % dans la limite des tarifs de base de l'Assurance Maladie. Le tarif conventionnel applicable depuis avril 2008 est de 17 € pour une consultation.
Faux 19 € pour une consultation de grossesse.

Au sixième mois, vient la quatrième consultation de suivi. Si pendant les 5 premiers mois de votre grossesse, vos frais médicaux sont remboursés aux tarifs habituels, à partir du premier jour de votre sixième mois de grossesse, tous vos frais médicaux remboursables sont pris en charge à 100 %. 
La première consultation de suivi avec votre sage-femme (qui se déroule avant le troisième mois de grossesse) est prise en charge à 100 %. Vous bénéficiez ensuite de plusieurs consultations de suivi échelonnées au cours des 9 mois.

Lors du premier rendez-vous, votre sage-femme vous prescrit votre première échographie qui est prise en charge à 70 %, ( c’est la même chose lorsque l’échographie est prescrite par un médecin) ainsi que des examens sanguins (groupe sanguin, dépistage de la rubéole, de la toxoplasmose, de l'hépatite B, etc.) qui sont intégralement pris en charge.
Lors de cette première consultation et en fonction de votre situation de votre grossesse, votre sage-femme peut aussi vous préconiser un frottis pour le dépistage du cancer du col de l’utérus qui est pris en charge à 70 %.
Pas en fonction de la grossesse mais de la date du dernier frottis réalisé  (plus de 2 ans)

Afin de détecter certaines maladies génétiques, elle peut aussi vous proposer un caryotype fœtal et une amniocentèse qui sont entièrement pris en charge (sous réserve de l’accord préalable du service médical de votre caisse d’Assurance Maladie pour le caryotype fœtal).
Faux : elle propose (et c’est obligatoire de le proposer) un dépistage sanguin du risque de trisomie 21. Si les résultats montrent un risque supérieur à 1/250, elle vous adresse au médecin et c’est avec ce praticien que la décision d’amniocentèse se prend.

Les examens médicaux du suivi de la grossesse sont tarifés à 19 € selon la Sécurité Sociale.
Ben oui, 19 et pas 17 €
 
Au quatrième mois de grossesse, lors de votre deuxième consultation de suivi, votre sage-femme vous propose de débuter vos séances de préparation à la naissance. Dans la limite des tarifs de base, votre Assurance Maladie prend intégralement en charge vos 8 séances de préparation à l’accouchement classique. A noter : les autres préparations (sophrologie, haptonomie, etc.) ne sont pas remboursées par la sécurité sociale.
Faux : sophrologie, yoga, haptonomie piscine peuvent être remboursés au titre de la préparation à la naissance. Cependant les sages-femmes sont tenues d’associer à ces "techniques" des temps d’informations et d’échanges sur la maternité, la parentalité etc…
 
Au cinquième mois, vous avez rendez-vous avec votre sage-femme pour votre troisième consultation de suivi, ainsi que pour votre deuxième échographie qui est là encore prise en charge à 70 %.
Au huitième mois de grossesse, votre troisième et dernière échographie (si votre grossesse ne présente aucun risque) est prise en charge à 100%.
 
Après l’accouchement, plusieurs examens vous sont proposés par votre sage-femme, ils sont tous pris en charge à 100 % :
- Deux séances individuelles de suivi postnatal, du 8ème jour suivant l’accouchement jusqu’à l’examen médical postnatal, au tarif conventionnel de 18.55 €
Faux : Ce n’est  pris en charge à 100% qu’entre le 7ème et le 11ème jour après l’accouchement (sinon 70%)

- La consultation postnatale obligatoire,
- Ainsi que des séances de rééducation périnéale.

Dommage d'omettre le suivi à domicile  en cas de sortie précoce, les consutations d'allaitement, le suivi du nouveau-né ...

En fonction de votre mutuelle et de ce que votre contrat prévoit, votre complémentaire santé peut prendre en charge les dépassements d’honoraires et compléter le remboursement de la Sécurité Sociale.
C’est vrai. Mais n’oublions pas que la prise en charge des dépassements d’honoraires (dépassements théoriquement interdits aux SF conventionnées) par les mutuelles contribue à augmenter leurs primes et à réduire l’accès aux complémentaires pour les moins riches…

Certaines sages-femmes appliquent également le tiers-payant, n’hésitez pas à interroger la vôtre à ce sujet !

En résumé, un gentil papier qui promeut le recours aux sages-femmes mais qui aurait gagné à un peu plus de précision…


J-7  : Tous à Paris à jeudi prochain à 11h devant la maternité de Port-Royal !


22 mars 2011

Teasing !

Le magazine de la santé consacre cette semaine son "Sept minutes pour une vie" à la maternité de l'hôpital Lariboisière. Le contexte est celui de la restructuration - lire la fermeture - de maternités, obligeant les établissements qui subsistent à des prouesses pour accueillir l'ensemble des femmes enceintes.

Lors du premier épisode, une sage-femme facétieuse piège ses collègues en tendant un fil à travers le passage ...
Plus sérieusement, la maternité est saturée. Faute de place, une femme arrivant pour accoucher se retrouve allongée sur un brancard dans le couloir. Un semblant d'intimité lui est procuré par un paravent de toile gentiment amené par la sage-femme. Le manque de lit ne saurait justifier l'absence du rituel monitoring ; l'enregistrement a donc lieu derrière le paravent. Les prises ponctuent irrégulièrement les murs et l'appareil doit être branché de l'autre coté du couloir.
D'où ce fil électrique élégamment enjambé par les membres de l'équipe vaquant à leurs occupations...

En fin de reportage, les sages-femmes se réjouissent de n'avoir à décompter aucun incident dans la nuit malgré leur manque de disponibilité.

Dans ces moments fondateurs de la parentalité, la présence attentive d'une sage-femme est un acte de prévention tant médical que psychologique et social.
La périnatalité française s'organise couteusement autour du postulat de la pathologie et de la haute technicité. Elle concentre les naissances, morcèle les prises en charges, malmène parents et professionnels.
Elle doit être repensée.

Réservez votre journée du 12 mai !
 
 
Complément d'info : L'explication du transfert des accouchements des Lilas vers Lariboisière est quasi surréaliste du fait de sa brièveté. "Johanna aurait du accoucher aux Lilas mais le monte-charge qui mène aux salles d'accouchement est en panne". En fait, c'est l'ascenseur qui permet le transfert d'une femme de la salle d'accouchement au bloc opératoire qui était en panne. Pour des raisons de sécurité, la maternité a du interrompre son activité. Elle reprenait normalement ce lundi.

14 mars 2011

Politiquement incorrect !

Au lendemain de la journée de la femme, un débat éclairant a eu lieu sur les bancs du Sénat.
L'aberration législative mentionnée dans mon précédent billet se doit d’être corrigée et un nouvel amendement avait été déposé en ce sens,  examiné le 9 mars dernier.

Petit florilège ...

M. Xavier Bertrand, ministre. Je veux être sûr que votre rédaction ne confère pas une compétence exclusive aux sages-femmes, et qu’elle n’instaure donc pas une interdiction de fait pour les médecins.
Ne pas se couper de son électorat, ne pas se couper de …

M. Alain Milon, (médecin UMP) La prise d’hormones peut entraîner des perturbations, ne serait-ce qu’au niveau sanguin. C’est pourquoi, afin de révéler d’éventuels désordres, les textes prévoient qu’une prise de sang doit être faite au moins une fois par an.
Faux ! Les recommandations de la Haute Autorité en Santé prévoient deux bilans à 6 mois d’intervalle lors de la première prescription puis un tous les cinq ans. Comme quoi on peut être médecin et ne pas connaitre les recommandations de la HAS...

Mme Raymonde Le Texier. (PS) répond à juste titre : La sage-femme peut prescrire la prise de sang 

M. Alain Milon s'enferre. Moi, je veux bien, mais elle devra aussi vérifier le cholestérol, la glycémie… 
Il me semblait même que là était le but de cette prise de sang !

Et dans ces conditions, pourquoi ne pas confier le soin de réaliser l’analyse à une personne autre qu’un biologiste ?
??? Il ne s’agit pas de confier une nouvelle compétence aux sages-femmes qui prescrivent et interprètent au quotidien des bilans biologiques mais de leur donner la possibilité de le faire dans un autre cadre que celui de la périnatalité.

Il faut savoir poser des limites.
Affirmation révélatrice. Il faut poser des limites à ces sages-femmes qui ont l’outrecuidance de venir empiéter sur le territoire des médecins !

Mme Muguette Dini. (Union Centriste)  Ce que je veux, c’est rendre service, éviter  les grossesses de très jeunes filles qui se terminent par des catastrophes. Il me paraît préférable de faciliter l’accès à la contraception, ce qui n’exclut pas la nécessité de se montrer d’une extrême vigilance en matière de surveillance.

Mme Nathalie Goulet. (Union Centriste) intervient de la même manière
En premier lieu, il est bien clair que les sages-femmes ne vont pas empiéter sur le travail des médecins, qu’elles leur enverront leurs patientes en cas de problème. Je considère que nous pouvons faire confiance à cette profession, indispensable dans notre paysage médical.
En second lieu, j’attire l’attention du Sénat sur la kyrielle d’articles qui ont été publiés hier, Journée de la femme, faisant notamment état de l’augmentation de 22 % du nombre des IVG chez les mineures.

M. Gilbert Barbier. (Chirurgien RDSE) M. Le rapporteur a souligné un problème très important : si les sages-femmes ont été formées pour assurer le suivi d’une grossesse, la prescription d’une pilule contraceptive constitue un acte médical majeur.
Que toutes celles qui ont reçues une ordonnance de pilule sans avoir été interrogées sur leurs antécédents, leurs éventuels problèmes de santé, leur souhait en matière de contraception lèvent le doigt.

Nous le savons aujourd’hui, chez une femme sous pilule, il faut surveiller attentivement l’apparition de certains troubles thyroïdiens. Si la sage-femme revoit sa patiente en consultation, peut-être lui prescrira-t-elle des examens de ce type, mais je ne suis pas persuadé que la sécurité sociale acceptera de les rembourser.
Voila maintenant que l'on convoque le porte monnaie  ! Evidente mauvaise foi qui met en avant un imaginaire problème de remboursement. La sage-femme peut prescrire tous les "examens nécessaires à l'exercice de sa profession", examens très normalement pris en charge par la sécurité sociale.

Aussi, je ne comprends pas que M. le ministre soutienne une telle disposition. En effet, elle va à l’encontre de la santé publique.
 Favoriser l’accès à la contraception serait donc une menace pour la santé publique !

Je ne suis pas convaincu qu’autoriser les sages-femmes à prescrire des contraceptifs permettrait une diminution du nombre des IVG.
Ah bon ?

D’autant plus que  cette prescription pourrait s’adresser à des mineures. Vous souhaitez qu’une sage-femme puisse prescrire la pilule à des jeunes filles mineures sans avoir recours à l’avis du médecin.
Où est le problème ?

Ces propos sont désarmants.
C’est la stupidité de cette intervention qui est désarmante

Je ne peux que m’opposer à cette disposition. 
Solidarité  médicale et toute puissance masculine obligent...

Mme Catherine Deroche. (UMP médecin) Je considère que l’on mélange les genres en sortant les sages-femmes de leur rôle, qui tourne autour de la grossesse et de l’accouchement, pour leur permettre de faire une prescription qui est médicale.
Notre compétence est plus large et inscrite dans le code de la santé publique. Nul n'est censé ignorer la loi, encore moins celui qui la crée... non ?


M. André Trillard. (Vétérinaire UMP) La contraception n’est ni un acte banal ni un acte sécurisé. Il suffit pour s’en convaincre de considérer les difficultés parfois épiques que doivent surmonter les jeunes femmes âgées de 25 à 35 ans pour avoir des enfants après avoir suivi une contraception orale.
Encore un tout petit effort et il va nous annoncer que la contraception rend stérile...
Et infidèle aussi pendant qu'on y est ? *
 
La prescription de certaines substances larga manu par des professionnels qui ne sont pas au cœur de la problématique présente un risque.
On peut parler du médiator ?

Je respecte les sages-femmes, qui jouent un rôle très important, mais, force est de le constater, quelques-unes d’entre elles n’ont pas le niveau requis pour déceler les problèmes qui peuvent survenir du fait de la prise d’un contraceptif.
L'incompétence de certains, qu'ils soient médecins ou sages-femmes, ne peut être appelée pour discréditer une profession dans son ensemble.Votre "respect" ne m'honore pas...

 

Faut-il s'en étonner... cet amendement n’a pas été voté, à quelques voix près (145 pour, 154 contre)

Ma fibre féministe me fait souligner que l’ensemble des sénateurs ayant soutenu cet article sont des sénatrices.

Ma fibre militante me fait souligner que la seulefemme qui s’est prononcé contre l'extension de la prescription aux sages-femmes est médecin.

 


Vous trouverez l’ensemble des débats ici et les résultats détaillées du vote .

*Jean Coumaros : "Les hommes perdront alors la fière conscience de leur virilité féconde, et les femmes ne seront plus qu'un objet de volupté stérile". (débats lois Neuwirth; juillet 1967)

 

4 février 2011

Unifiées

Un mouvement unitaire des sages-femmes s'est créé fin 2010, rassemblant de nombreuses associations et syndicats professionnels, certaines centrales syndicales et le Ciane, (collectif d'associations de parents).
Ses revendications concernent bien évidemment les conditions de travail et de rémunération des sages-femmes mais il dénonce également la déshumanisation des "usines à bébé", la fermeture des maternités de proximité, le recul sur l'expérimentation des maisons de naissance.
Tout n'est pas encore parfait puisque que certains tiraillements persistent autour de l'ouverture des plateaux techniques aux libérales et de l'accouchement à domicile.
Mais c'est un mouvement riche d'espoir parce qu'il fédère des sages-femmes de tous horizons qui réclament les moyens d'accompagner au mieux chaque femme, chaque couple, en attente d'enfant.

Une pétition est à signer en ligne ici. A faire circuler très largement....

PS : Pardon pour cette info un peu tardive. Je l'ai relayée immédiatement sur Twitter en omettant que les lecteurs de l'un ne sont pas forcément les lecteurs de l'autre...

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